La RD Congo doit renaître… Conférence de presse par Ghislain ...
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La RD Congo doit renaître…
Conférence de presse par Ghislain TSHIKENDWA Matadi, SJ, Directeur de Renaître et de Dia
Son Excellence Monseigneur l’archévêqueMesseigneurs les Evêques ; Honorables, Excellence, Distingués invités, Distingués collègues chevaliers de la plume
La culture Tshokwe à laquelle j’appartiens exige qu’àdes hôtes de marque comme vous, on adresse la salutation de manière solennelle, en prononçant les paroles et en posant des gestes. «J’aurais aimé toucher le ciel, dit la salutation, pour saluer votre grandeur et votre présence dans cette splendide salle de réunion du Centre Interdiocésain, siège de la Conférence Episcopale Nationale du Congo et aussi du Magazine Renaître et de l’Agence Catholique de Presse DIA.Oui, c’est le ciel qu’il me fallait toucher pour vous saluer. Ne le pouvant pas, je me contente de toucher la terre, celle qui nous nourrit, et nous accueille, le moment venu, quand nous retourner à la vie et à sa source. Soyez forts, soyez salués ».Simple salutation, dirions-nous. Non ! Une leçon de sagesse, au contraire, leçon d’humilité, celle qui reconnaît la fragilité humaine. L’homme incapable de toucher le ciel, mais capable de toucher la terre et de saluer, de bénir et de vouloir ka paix. Nous avons et continuer d’expérimenter dans ce pays fragilité humaine, la vulnérabilité des institutions, l’échec de nos ambitions.Nous avons expérimenté et continuerons de le faire, j’en suis sûr, la force qui se dégage de cette fragilité et qui, heureusement, nous rapproche, en nous lefaisant admirer, l’omniprésence et l’omnipuissance deDieu, le seul capable à toucher et le ciel et la terre parce qu’il les a faits.
Le Magazine Renaîtreque j’ai l’honneur dediriger, aidé par une équipe de collaborateurs dynamiques et dévoués, est né dans un contexte à la fois de crise et de renaissance. Crise à laquelle nous a conduits notre égoïsme, notre distraction, notre tribalisme, notre refus de Dieu qui est justice, paix, et réconciliation. Mais petit à petit, notre crise a ouvert à d’autres perspectives, à un questionnement radical, à une rupture.
Si l’on considère l’histoire récente de la RD Congo, force nous est de reconnaître que larupture a été engagée de manière irréversible en 1990. Je me rappelle le discours historique du 24 avril 1990. Moment historique, en effet, où le Président Mobutu avait engagé le pays au multipartisme. Les Evêques de la RD Congo, nos Pères dans la foi, avaient alors saisi ce moment capital pour accompagner le peuple congolais dans son désir de renouveau et de larenaissance qu’impliquait la rupture. Ils créèrentRenaître pour compenser le vide qu’avait créée lasuspension, le 8 février 1973, d’Afrique Chrétienne.C’est l’époque de la Conférence Nationale Souveraine. Cette fameuse CNS qui avait permis au peuple congolais de rêver: rêver la beauté et la bonté, la beauté d’un pays que nous avons promis de rendre plus beau qu’avant; rêver la bonté et l’efficacité que nous attendions de ème dirigeants de la 3République que nous appelions de nos vœux les plus sincères.
Permettez, auguste assemblée, que je rappelle à votre souvenir ce que disait Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, notre archevêque,alors Président de la Conférence Episcopale du Zaïre, lors du lancement de Renaître :
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«Le titre du Journal, notait-il, est à la fois une invitation et un programme : invitation à renaître à la vie, lancée à un peuple plongé dans la léthargie ; programme de reconstruction nationale visant le renouvellement moral, spirituel et socio-culturel d’unpays sinistré qui a besoin de ressusciter».
J’aime beaucoup cette tension positive que la vie de Jésus a réussi à résumer de manière éloquente: Passion-Résurrection, Souffrance-Gloire. C’est de là que naît notre espérance, espérance de construire à partir de la crise, ou, pour le dire avec Achille Mbembe, à partir de la faille.Les médias catholiques, en général, et Renaître et DIA en particuliers ont comme mission de créer des passerelles d’espérance et inviter le peuple à espérer contre toute espérance.
Dans cette perspective et s’inspirant, en cela, de la sagesse Biblique, plus précisément de la démarche d’un notable juif, Nicodème,le Père Vata Diambanza, premier directeur et rédacteur en chef de ce Magazine qui a l’ambition de s’imposer par la différence, précisait, dans l’éditorial du numéro 1 de Renaître, la pensée de Mgr Monsengwoen ouvrant à des perspectives dignes d’espérance:
« Vieillipar trois décennies de tâtonnement et de la stagnationdont 26 ans de régime autocratique, le Zaïre, «Nicodème »à sa façon, a impérativement besoin de renaître afin de réaliser la destinée qui a, de tout temps, été la sienne: celle de devenir une nation grande, prospère et puissante au cœur du continent africain. Interpelléscomme le notable juif, bon nombre de Zaïrois, aujourd’hui Congolais,se demandent comment la naissance d’un pays aussi démoli est encore possible. Ils sont persuadés que tout est déjà joué, que le pays est condamné et qu’il n’y a plus rien à faire pour tenter de se sortir du marasme où il s’est enfoncé. Ceux-là ont désespéré, et d’eux-mêmes et de Dieu qui les aime toujours. C’est l’attitude fataliste de qui ignore la capacité des peuples à se régénérer».
19 ans après sa fondation, Renaître se sent le devoir de renouveler sa mission: celle d’inviter le peuple congolais à la renaissance intégrale. Il invite les uns et les autres à regarder autour d’eux et en eux, les signes de renaissance qui attendent de chacun de nous un engagement ferme, une volonté robuste, la foi qui fait déplacer les montages. Renaître rappelle solennellement au peuple congolais que si, dans la vie humaine ou celle des institutions, il y a un tempsoù le désir d’un nouveau départ s’offre et s’impose, ce temps est arrivé chez nous.
Paraphrasant le Père Vata, permettez que je le redise : Le Congodoit renaître. Il en a l’obligation et celle obligation est sacrée parce qu’elle découle du serment légué à la postérité: celui de rendre ce pays plus beau qu’avant. Le Congo doit renaître, disais-je, mais renaître par la grâce divine et avec la volonté de chacun et de tous. Volonté de chacun et de tous, précisément. La Renaissance, toute renaissance, a des préalables et je voudrais en mentionner quelques-uns en m’inspirant ici encore de l’éditorial duPère Vata :
Il nous faut une véritable révolution morale, celle dont a parlé le Chef de l’Etat dans son discours du 30 juin dernier. Je voudrais être clair: il ne s’agit pas de crier à la tolérance zéro tout en tolérant à 100% les antivaleurs. Ce n’est pas de cette hypocrisie que je parle et je ne pense queIl s’agit plutôt d’unc’est de cela que le Président de la République parle. changement radical de mentalitésqui implique un refus radical de la corruption qui, aujourd’huicomme hier, gangrène nos institutions. Il s’agit de lalutte acharnée contre l’impunité, cette attitude rétrograde qui récompense les détourneurs et les assassins de
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l’Etat, ceux qui exigent des pourcentages ridicules pour tout projet qui veut rendre ce pays plus beau qu’avant; un changement radical qui renonce à la compromission facile et au règne de la peur et du soupçon qui gèle toute initiative.Il s’agit du respect de la femme et de son implication réelle dans le leadership politique et social. Il nous fautl’amour du travail bien fait. Le peuple congolais a prouvé qu’il peut semettre au travail quand il est mis dans des conditions qui le favorisent. Nous sommes un peuple courageux mais distrait. Le temps de l’utilisation de la chicote pour contraindre quelqu’un à travailler est dépassé. Regardons les Chinois dont la présence nous est familière. Imitons d’eux leur passion au travailqui découle de la sagesse de leurs ancêtres qui enseigne qu’il vaut mieux apprendre à pêcher qu’à recevoir du poisson. Regardons-les à l’œuvre et admirons leurfidélité au travail…Les Congolais sont capables de faire mieux…. Le Magazine Renaîtreles a vus au travail. Il y a du génie dans le peuple congolais et j’en vois le signe à travers l’engagement de mes collaborateurs à renaître notre Magazine toujours attrayant. Vous l’avez sans doute remarqué:Renaître a pris l’engagement solennel de médiatiser les actions positives des nos compatriotes et de ceux et celles qui aiment ce pays. Il nous faut aussi et surtout comptersur ses propres forces. C’est à nous d’abord, peuple congolais, que revient la lourde responsabilité de travailler à la renaissance de ce pays. Dieu a doté ce pays de potentialités dont nous ne profitons pas encore suffisamment. Par notre propre faute, nous sommes devenus mendiants et nous empressons à quitter ce pays pour aller chercher ailleurs le bonheur que d’autres ont réussi à créer chez eux. Assis sur des mines d’or, de diamants, de cuivre, nous tendons la main vers l’extérieur pour recevoir notre nourriture et nos vêtements.Dieu qui a été si généreux en notre égard nous en demandera des comptes. Il nous faut une vision claire de ce que nous voulons être. Que pensons-nous devenir dans 20, 30, 50 ans? Comment nous préparons-nous aux défis nationaux et mondiaux qui nous attendent ?Comment entendons-nous gérer notre eau dans les années qui viennent? Comment profiter de nos ressources? Comment rendre notre diplomatie compétitive, respectueuse des valeurs ?Tout cela ne peut s’inscrire que dans une vision réaliste qu’il nous faut définir manière courageuse, lucide et concertée. Il nous faut une éducation qui serve au développement de notre pays. A quoi servent les fleuves et les rivières si nous ne savons pas de l’eau qu’ils contiennent pour notre nourriture et nos différents travaux? Pourquoi continuer à nous dire intellectuels si nous sommes incapables de transformer en richesses utilisables nos différentes ressources naturelles? « Sansune bonne éducation, pas de développement», aime à dire le Père Martin Ekwa, l’auteur de l’ « Ecole trahie ». . Que faisons-nous de notre jeunesse ? Il nous faut faire preuve de maturité politique : notre classe politique nous offre parfois des scènes décevantes où ses intérêts priment sur celles des nations. Les échéances électorales qui s’annoncent devraient être un moment d’un tri sans complaisance. Il s’agit non seulement d’élire des personnes de valeur, mais d’exiger de ces personnes qu’elles tiennent les engagements pris de promouvoir le Bien commun ; Il nous faut une presse libre et respectueusede l’homme, image de Dieu. Je pense que la ème presse congolaise n’a toujours pas joué le rôle de 4pouvoir qu’on attend d’elle. Elle est, en grande partie, responsable de la déliquescence politique dans la mesure où elle est partisane et complaisante.Le temps est arrivé pour la presse d’arracher sa liberté que nos
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textes fondateurs lui reconnaissent, une liberté respectueuse de la vérité qui humanise et libère. Il ne faut pas abuser de votre temps. Je voudrais conclure : Inviter à Renaître comme le fait et continuera de le faire le Magazine Renaître est exigeant. C’est un programme ambitieux quenous poursuivrons quoi qu’il en coûte. Notreambition est de relever, en les encourageant les initiatives des uns et des autres qui redonnent espoir au lieu de rechercher à tout prix ce qui décourage et démobilise. Le Congo doit renaître et il a besoin d’un magazine qui l’accompagne dans sa renaissance tout en décourageant sa déchéance.C’est cela que nos Evêques attendent de nous: être un lieu de débats constructifs et vrais. Merci.
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