Les nouveaux usages de l'habitat

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• Publié par: efizubaq
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Extrait

Les nouveaux usages de l'habitat C HRIS Y OUNES , ENSEIGNANTE À L 'E NSACF

Lundi 13 - 9h30 //////////

Je vais vous parler de paradoxes, car c'est à des paradoxes qu'on est confronté lorsqu'on évoque l'habitat. Une mutation s'opère, liée au problème d'un environnement détruit par le “progress”. On pense maintenant qu'il faut ménager ce qui a été fait précédemment et non pas faire "tabula rasa” du passé. On estime qu'il faut optimiser le milieu. L'idée du développement durable a changé la donne. Pour ménager l'eau, le sol cultivable, l'air, il faut inventer de nouvelles formes de partage, de solidarité. D'autant que les anciens modèles se révèlent avoir aggravé les inégalités. Il faut donc trouver un système qui profite à tous. Et cela sous-entend d'habiter avec, de cohabiter.

On propose plus de densité, plus de mixité. Qu'est-ce que cela veut dire ?

Nous vivons le paradoxe de la massification simultanée à l'individualisation. Dans l’ouvrage de Jackson, dans le paysage contemporain, l'idée du vernaculaire revient en force. On abandonne le modèle porté par Le Corbusier de la “tabula rasa” pour faire un homme nouveau, avec une architecture nouvelle et en effaçant les traces du passé. Il aboutissait à un habitat homogène, uniforme et qui finalement ne fait pas très envie. Ce livre résiste à l'uniformité et la banalisation. Il montre que l'homme est attaché à des lieux et qu'il est affectivement attaché à son habitat. Lequel n'est pas qu'un produit du marché. Toutes les formes d'habitat aujourd'hui, en Europe et à mon avis dans le monde, sont touchées par le paradoxe de la massification et de l'individualisation. A Clermont-Ferrand, on ressent moins la masse qu'à Paris, par exemple. Dans les grandes villes, lorsqu'on y arrive, il faut s'adapter à un effet de masse qui fait que l'autre n'existe pas complètement. Dans le monde rural, l'autre existe dans sa singularité, familiale, historique… Le top pour un parisien est d'avoir une maison de ville. Ce qui appelle une réflexion : comment ré-interpréter l'habitat individuel ? Pourrait-on faire des tours d'habitation, pas très grandes, pour y empiler de l'habitat individuel ? Une réflexion est menée à ce sujet à l'île de la Réunion. La maison individuelle, c'est un dedans et un dehors, ce dernier étant très précieux. Jackson montre bien à quel point les hommes ont toujours su fabriquer un habitat qui tenait compte des conditions climatiques, économiques et culturelles. Ce n'est qu'avec la “modernité”, dans les années 1950, avec la reconstruction post-Seconde guerre mondiale, qu'on a vu proliférer, dans les systèmes capitaliste ou communiste, des cages à lapins. Un lieu auquel on s'attachait quand même parce que l'homme s'attache au lieu où il est né, où il vit, mais où la promiscuité est pénible. Le refus de la promiscuité fait désirer l'habitat individuel. Il est bon d'habiter ensemble mais à condition d'avoir la distance nécessaire. Aucun habitat vernaculaire n'est tout à fait “enfermé dedans”.Aujourd'hui, on développe à nouveau les balcons. On améliore l'acoustique, car la promiscuité est liée au fait d'être vu, mais aussi au fait d'entendre ce qui se passe chez les voisins, ce qui place dans la situation d'être voyeur.

Le bon habitat, c’est souvent celui de son enfance ou celui dont on rêve. C'est souvent plus un habitat idéal que réel. Il y a des personnes qui vivent loin de la ville et rêvent d'un appartement pour bénéficier des services de la ville. Celui qui a toujours vécu en appartement peut rêver d'une maison, ayant l'impression qu'elle n'offre que des avantages. Ceux qui ont expérimenté les deux savent qu'il n'y a pas de lieu idéal, mais 41 Campus d’été Europe-Internaional 2010 ////////////