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Les risques et impacts
Cette
note répond à une demande du Département EDD (CNRS) en vue du colloque de prospective
(Année 2009) et de la mise en place de l’Institut.
Cynthia Ghorra-Gobin
(CNRS) et collaborateurs (équipe VAAM), Novembre
2008
L’équipe VAAM (Villes anglo-américaines et mondialisation), réunit outre les enseignants du
département de géographie de l’ENS
(Sébastien Velut et Magali Reghezza),
de
jeunes chercheurs
travaillant sur différents aspects et objets de la métropolisation et pratiquant la démarche comparative.
VAAM (une équipe constituée il y a cinq ans),
a privilégié la thématique de la métropolisation pour
rendre compte de l’impact de la
globalisation de l’économie et de la mondialisation des flux
migratoires sur les mutations économiques urbaines
(restructuration de l’économie urbaine et
restructuration spatiale du marché du travail), les inégalités sociales (allant dans le sens de la
concentration spatiale des populations en difficulté dans quelques municipalités supportant par ailleurs
les coûts écologiques du développement économique) et sur l’extension du tissu urbain au détriment
des terres agricoles et de l’environnement naturel.
La thématique de la métropolisation se présente
comme un créneau pertinent pour la recherche en France, en Europe et dans les Amériques.
Elle est
susceptible de mobiliser différents angles d’attaques selon que l’on s’intéresse à l’économique, au
social et à l’environnemental tout en prenant en compte aussi bien le niveau global que les échelles
territoriales.
La spécificité de VAAM repose sur son souci permanent de territorialiser les enjeux
sociaux, environnementaux et économiques.
Au cours de l’année 2007, l’organisation de quatre journées d’études ont permis d’inviter des
collègues impliqués dans des structures de recherche en Europe et dans les Amériques.
Ces quatre
journées ont permis d’approfondir deux thématiques : - l’attractivité économique et les inégalités
sociales au travers notamment des disparités spatiales infra-métropolitaines.
Il a été ainsi démontré (1)
que l’avantage comparatif se jouait de moins en moins à l’échelle nationale et de plus en plus au
niveau de la ville-archipel ou ville-métropole et (2) que l’analyse des inégalités sociales ne pouvait se
passer d’une grille de lecture prenant la municipalité comme unité d’analyse.
C’est par exemple dans
le cadre municipal que s’élabore le potentiel fiscal par habitant qui connaît en fait une très grande
variabilité à l’échelle nationale.
Au printemps 2008, VAAM a accueilli grâce à un partenariat entre le
département de géographie (ENS) et la fondation Fulbright, le directeur du Metropolitan Institute de
l’Université de Virginia Tech, Robert E. Lang, afin de discuter (dans le cadre de séminaires) de la
pertinence de la catégorie ville-métropolitaine (synonyme de ville-archipel ou ville-région) pour
rendre compte de la vie économique et sociale des sociétés contemporaines et des enjeux qu’elle
représente en termes de gouvernabilité.
VAAM se propose de prolonger la réflexion sur l’échelle métropolitaine en privilégiant cette fois
l’analyse des risques et impacts à l’heure où parallèlement à l’avènement d’une société (globale) du
risque, ces deux notions soulèvent de nouveaux enjeux épistémologiques.
Réinterpréter le couple “risque et impact” à partir de l’échelle
métropolitaine
Cette note part du principe que le risque quelle que soit son origine (naturelle, anthropique,
sanitaire, sociale ou économique), sa genèse et indépendamment de la probabilité de son occurrence,
ne peut être appréhendé dans toute sa complexité que s’il est associé à la notion de territoire.
Analyser
le couple risque et impact en dehors d’une prise en compte explicite de leur territorialisation ne permet
pas d’expliquer les dynamiques en jeu : les impacts peuvent en effet varier aussi bien en fonction de la
nature du risque que des caractéristiques du territoire exposé et selon une échelle temporelle peu
prévisible.
A l’heure où nos sociétés se définissent à la suite d’ Ulrich Beck en tant que « sociétés du
risque », nous proposospns donc d’étudier le couple « risque et impact » en privilégiant l’échelle
métropolitaine, comme un élément constitutif de la compréhension du risque.
Du risque et de l’impact : les limites d’une vision a-spatiale
Contrairement à la phase industrielle d’un capitalisme bien encadré par l’Etat où -dans la
lignée des travaux de l’influent économiste de l’Ecole de Chicago, Franck Knight-, la notion de risque
avait été clairement définie et théorisée comme ce qui est mesurable et donc maîtrisable, les risques
relèvent aujourd'hui de plus en plus de l'incertitude.
Les conséquences des processus dommageables
sont de plus en plus difficiles à appréhender.
Du fait des effets domino et de la complexité des
systèmes affectés, les impacts échappent en partie à l'évaluation et à la spatialisation.
Dans le même
temps, nos représentations du risque ne sont plus les mêmes
1
.
A l’heure de la globalisation de
l’économie (la nouvelle étape du capitalisme), de la mondialisation des flux migratoires, des flux
d’informations et de connaissances, de la croissance de menaces terroristes (catastrophes
intentionnelles) ainsi que de l’avènement d’une ère de changement climatique (propice donc à des
catastrophes naturelles), de nombreux experts sont d’accord
pour qualifier nos sociétés
contemporaines de « sociétés du risque ».
L’expression « société du risque » ne signifie pas qu’il y a
forcément un accroissement des dangers mais
indique combien les risques ne se limitent plus
seulement à des menaces extérieures et participent du fonctionnement
des sociétés.
D’où une
demande sociale accrue en faveur d’une prise en compte des risques dans la sphère politique.
Afin de
dépasser le décalage entre les représentations scientifiques du risque et les attentes des citoyens, nous
proposons une démarche visant à territorialiser le risque et ses impacts.
En privilégiant l’échelle
métropolitaine, nous nous donnons pour objectif d’analyser autrement la complexité des relations
entre le risque et son impact.
L’analyse des risques et de leurs impacts dans un cadre urbain a été initiée par les Nations
unies à l’occasion de la Conférence Internationale sur les Megacities et les Désastres en 1994 à
Tokyo
2
.
Comme l’indique clairement James K. Mitchell (Université de Rutgers, USA) –en charge de
la direction de l’ouvrage collectif
faisant suite à la conférence et publié en 1999-, associer risque et
megacities s’avère pertinent parce que ces dernières concentrent une vaste population susceptible
d’être vulnérable.
Leur analyse
prenant comme terrain d’étude les megacities des Amériques
(Amérique latine et Amérique du Nord), d’Asie et d’Australie a privilégié les risques naturels
(tremblement de terre, inondation ainsi que tornades et cyclones) et a mis en avant la croissance
démographique et urbaine, c'est-à-dire l'augmentation de l'exposition directe aux aléas, comme facteur
explicatif de l'augmentation des dommages.
Nous nous proposons d’aller plus loin que Mitchell et ses
collègues en abordant la notion de risques et d’impacts dans leur diversité et leur hétérogénéité tout en
1
.
La recherche sur le risque
s’est inspirée, tout au long du XXème siècle,
des travaux pionniers de
l’économiste de l’Ecole de Chicago et notamment de son ouvrage
Risk, uncertainty & profit
.
Toutefois le souci
d’un repositionnement épistémologique de la notion de risque dans nos sociétés contemporaines a été notamment
étudié dans le cadre des thèses de Magali Reghezza (2006) et de Stephanie Beucher (2008), deux
chercheurs de
l’équipe VAAM.
2
.
Megacities
est un terme utilisé à la suite des chercheurs des Nations unies pour faire référence à toute ville
dont le chiffre de population dépasse 5 millions d’habitants indépendamment de ses performances économiques.
prenant en compte la dynamique de spatialisation
3
.
Il a en effet été
démontré qu’il n’y a pas
forcément coïncidence entre
l’espace directement exposé au risque et l’espace affecté par ses
conséquences, en raison du possible décalage temporel entre le risque et ses impacts, ce qui nécessite
de prendre en compte l’échelle de diffusion des effets.
Utile également de préciser que l’échelle peut
difficilement être définie une fois pour toute dans la mesure où elle est souvent spécifique à chacun
des risques et des enjeux considérés.
Le choix de l’échelle métropolitaine autorise donc une analyse scientifique soucieuse de
dépasser la perspective a-spatiale du couple risque-impact tout en contribuant au débat sur la
pertinence du périmètre de gestion des risques. L’échelle métropolitaine facilite en particulier la prise
en compte de l’hybridité des aléas tout comme celle du risque et de l'espace affecté.
La pertinence d’un périmètre de gestion : l’échelle métropolitaine
Choisir comme périmètre d’analyse l’échelle métropolitaine permet d’appréhender le couple
risque/impact dans toute sa complexité dans la mesure où l’analyse aborde de manière explicite la
territorialisation du risque comme dimension constitutive de ce dernier.
Cette échelle correspond à la
catégorie « aire urbaine » définie par l’INSEE et incluant les bassins d’emplois et
de vie.
La scène
métropolitaine se caractérise par une certaine concentration spatiale d’individus et d’activités, mais
elle représente aussi un enjeu pour l’économie globale.
En effet la recherche centrée sur la question
urbaine a souligné combien l’« avantage comparatif » avait tendance à se déplacer de l’échelle
nationale à l’échelle métropolitaine et combien les territoires métropolitains participaient au
commandement de l’économie globale.
Ce qui légitime le choix de l’échelle métropolitaine pour
analyser le couple risque-impact.
Le
territoire métropolitain, synonyme de ville-région
(traduction de
city-region
) ou encore
de ville-archipel, se caractérise
par (1) sa diversité morphologique et son hétérogénéité dans la mesure
où il inclut des espaces urbanisés denses (du point de vue du cadre bâti comme du point de vue
humain) et des espaces urbanisés peu denses (péri-urbain notamment), (2) la présence d’espaces
naturels (forêts urbaines, parcs urbains) et la proximité d’espaces ruraux,
(3) une integration
fonctionnelle de l’ensemble au travers d’ infrastructures de différentes natures (réseaux techniques
comme le réseau routier, autoroutier, électrique, fibre optique) sans oublier la gestion des déchets
ménagers ainsi que par (4) l’hybridation entre la dynamique du risque et l’espace urbain.
La
dynamique du territoire métropolitaine repose sur l’interconnexion entre différents réseaux et flux
ainsi que sur le principe d’une mobilité autorisant l’individu à circuler librement d’un point à un autre,
pour travailler mais également pour avoir accès aux différents services urbains.
Mais cette mobilité
devenue au fil du temps un enjeu métropolitain considérable, constitue désormais un élément
sensible,
sujet à des aléas divers qu’il convient de prendre en compte comme l’ensemble des risques sanitaires.
Avec la métropolisation, la localisation des emplois n’obéit plus forcément à une logique de la
concentration spatiale
autour d’un centre –telle qu’elle a fonctionné à l’ère industrielle- et concerne
désormais l’ensemble du territoire métropolitain avec des polarités de type
edge cities
(comme La
Défense) ou encore une diffusion plus fine dans le périurbain.
Outre la diversité des risques (naturels, écologiques, financiers et sociaux, etc. sans oublier les
3
.
James K. Mitchell (ed.),
Crucibles of Hazard: Megacities and Disasters in Transition
, United Nations
University press, 1999.
Mitchell a publié en 1995, “Coping with Natural Hazards and Disasters in Megacities:
Perspectives on twenty first century”,
GeoJournal
37 (3) 303-312.
risques liés à l’exploitation délibérée de la vulnérabilité de la société civile moderne dans le cadre de
catastrophes intentionnelles -terrorisme-), l’échelle métropolitaine se présente comme un périmètre
pertinent pour analyser l’interférence des impacts des risques dans leur complexité multiscalaire,
réticulaire et temporelle.
De plus, sa pertinence pour la gestion renvoie au fait qu'elle amène à
combiner dynamique économique, quête d'une cohésion sociale (en raison des sérieuses inégalités) et
prise en compte de l'équilibre des écosystèmes et des problèmes environnementaux; autrement dit
encore, elle permet (et demande) d'articuler les trois piliers du développement durable.
L’esquisse d’un programme
Les interactions entre géographes spécialistes du couple risque-impact et des spécialistes de la
recherche urbaine permettront de contribuer à l’analyse scientifique du couple risque-impact
en
privilégiant le multi-aléas dans sa dimension territoriale et de participer au débat sur l’échelle
pertinente de la gestion des risques.
Certes l’aléa n’est pas spécifique à un territoire mais son impact
le devient.
Le territoire métropolitain présente l’intérêt de se décliner aussi bien comme un périmètre
où naît et se développe une dynamique de risques que comme une échelle pertinente pour une gestion
spécifique des
risques.
La poursuite de cette réflexion déjà entamée sur des régions métropolitaines en Europe,
Amérique du Nord et Amérique du Sud selon une
démarche comparative
.
En effet la notion de risque
a certes une valeur universelle mais elle est également un construit social et culturel.
Ce qui signifie
que le couple risque-impact est susceptible d’être appréhendée sur le plan conceptuel et théorique de
manière différente selon le contexte politique.
D’où l’exigence d’une permanente clarification des
concepts et enjeux inhérente à la démarche comparative.
Aussi la recherche peut s’organiser autour de
trois pôles :
- l’inventaire des concepts et implications théoriques spécifiques au contexte linguistique de la
région métropolitaine étudiée, les prises de positions et débats sur les enjeux du couple risque-impact
tout en identifiant les principaux acteurs du discours (pouvoirs publics, chercheurs, ONG, acteurs
privés, assurances) ainsi que leurs responsabilités respectives dans la mises en oeuvre de politiques
publiques.
- une réflexion approfondie sur les modalités de résolution des tensions entre (1) dynamique
économique (notamment au travers des décisions des acteurs économiques et des assurances), (2)
principe d’innovation (recherche scientifique) et (3) principe de précaution (textes réglementaires)
dans les régions métropolitaines étudiées, tout en prenant en compte l’influence de l’opinion publique.
- l’analyse de l’influence de l’organisation spatiale de l’échelle métropolitaine caractérisée par
une certaine hétérogénéité (faisant référence aussi bien à une certaine densité du cadre bâti et du
peuplement qu’à un étalement urbain),
par une structure polycentrique (émergente ou bien intégrée) et
des modalités de l’organisation des réseaux techniques dont l’influence s’exerce notamment sur la
gestion des risques et impacts
Au travers d’une démarche comparative ancrée dans quelques territoires métropolitains, nous
nous proposons de contribuer à l’analyse scientifique du couple risque-impact en répondant à la triple
interrogation :
1- Comment territorialiser un risque ?
2- Comment gérer un risque territorialisé ?
3- Comment gérer un territoire à risques ?
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