À l Aube de l Éveil ( extrait première partie )
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À l'Aube de l'Éveil ( extrait première partie )

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À l'Aube de l'Éveil Tome 1 Le jour où j'ai choisi de vivre! Jason Lapointe À l'Aube de l'Éveil Tome 1 Le jour où j'ai choisi de vivre «À tous les chercheurs et chercheuses de vérité qui sentent, au plus profond de leur cœur, que la vie est tout autre que ce que l'on croit» INTRODUCTION Seul devant cette fenêtre givrée par ce froid hivernal, je contemple les flocons qui tombent, en douceur d’un ciel grisonnant, pour se fondre sur un paysage recouvert d'un épais manteau blanc. Je crois que ma mort approche, car ces derniers temps j'ai vieilli de beaucoup. J'ai appris tout au long de cette aventure qui fut ma vie que tout phénomène terrestre est éphémère. Face à cette réalité, aucune fuite n’est possible. Mais j'ai aussi compris que, comme dans tout cycle, ce qui meurt renaît toujours sous une autre forme... Telle une projection cinématographique, c'est toute ma vie qui se défile dans mon esprit ce soir auprès du feu. Comme je l'ai appris au fil du temps, je tends de nouveau l'oreille à cette petite voix en moi qui m'invite à transcrire, de ma plume, tout ce que j'ai reçu comme enseignements, tous ces moments passés emplis de joie et de tristesse qui m'ont amené jusqu'ici, jusqu'à ce que je suis devenu... Par ce récit, je vous partagerai mon cheminement, qui s'est amorcé en grande partie, le jour où j'ai choisi de vivre.

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Publié le 12 décembre 2012
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Langue Français

Extrait

  
À l'Aube de l'ÉveilLe jour oTome 1 j'ai choisi de vivre!                    Jason Lapointe
  À l'Aube de l'ÉveilTome 1Le jour o j'ai choisi de vivre                     «À tous les chercheurs et chercheuses de vérité qui sentent, au plus profond de leur cœur, que la vie est tout autre que ce que l'on croit»  
                       INTRODUCTION Seul devant cette fenêtre givrée par ce froid hivernal, je contemple les flocons qui tombent, en douceur d’un ciel grisonnant, pour se fondre sur un paysage recouvert d'un épais manteau blanc. Je crois que ma mort approche, car ces derniers temps j'ai vieilli de beaucoup. J'ai appris tout au long de cette aventure qui fut ma vie que tout phénomène terrestre est éphémère. Face à cette réalité, aucune fuite n’est possible. Mais j'ai aussi compris que, comme dans tout cycle, ce qui meurt renaît toujours sous une autre forme...
Telle une projection cinématographique, c'est toute ma vie qui se défile dans mon esprit ce soir auprès du feu. Comme je l'ai appris au fil du temps, je tends de nouveau l'oreille à cette petite voix en moi qui m'invite à transcrire, de ma plume, tout ce que j'ai reçu comme enseignements, tous ces moments passés emplis de joie et de tristesse qui m'ont amené jusqu'ici, jusqu'à ce que je suis devenu... Par ce récit, je vous partagerai mon cheminement, qui s'est amorcé en grande partie, le jour où j'ai choisi de vivre. Comme vous tous, je suis venu au sein de la matière pour expérimenter la vie sur terre. J'ai grandi, parfois en me rebellant, mais j'ai fini par me résoudre à n’avoir d'autres choix que de devenir un adulte. J’en ai même développé le désir, une certaine hâte, à devenir homme. (Au lieu de : J'avais si hâte à ce moment-là lorsque j'étais encore jeune.) J'imaginais cette phase remplie de liberté, de plaisir et de possibilités infinies mais, tristement, en vieillissant j'ai réalisé douloureusement que la vie est toute autre chose que ce que je croyais… Oubliant l'enfant que j'étais, l'essence même de mon être, j'ai fini par trouver ma place et par décrocher un rôle dans cette grande pièce de théâtre qu'est la scène de la vie. Projeter dans un monde déboussolant, je me suis adapté tant bien que mal.Oui, je pourrais vous faire le récit de ce que vous savez tous déjà, mais voilà! Cette histoire concerne quelque chose de nouveau et de plus précis, celle de la véritable naissance, celle de l'esprit.Tout a débuté au creux d'une nuit par ce rêve... Mais, était-ce bien un rêve?                    
      Première partieQui s uis­je?-1- L’éveil Je marche seul au cœur d'une étendue obscure qui m’est inconnue. Affolé, je me suis égaré. Avec toute l'intensité d'une âme effrayée, je lance un appel à l'univers. Un rayonnement lumineux et éblouissant surgit du néant, s'approche et m'absorbe. La peur, qui me tenait alors au creux de ses griffes, délicatement lâche son emprise. Immergée dans cette lueur, la paix refleurit au centre de mon être. La flamme s'adresse à moi d'une voix harmonieuse et chaleureuse : << Une fleur, tu es comme une fleur qui ne cherche qu'à éclore pour partager toute la pureté qui t'habite. Longtemps, tu fus sous la terre, dans la pénombre, mais maintenant, il est temps d'en sortir. Perce-la de ta conscience afin de grandir et de t'épanouir vers la lumière, vers ta lumière. Écoute bien ceci petit frère. Il fut un temps pour toute l'humanité, où la gloire de chaque être humain se trouvait dans la réalisation de son potentiel intérieur. Nous avons tous, jadis, vécu à cette ère où la peur, la haine et la colère étaient encore étrangères à notre nature véritable. Nous étions constamment liés avec cette voix en nous; notre guide, notre intuition. Pleinement épanouis, en équilibre avec notre âme, notre esprit et notre corps. Presque androgynes, le mâle et la femelle en chacun fusionnaient. Plus que jamais, nous vivions notre spiritualité...ne connaissant pas le sens de la dualité. (Suggestion)
Nous pouvions alors saisir toute la beauté de chaque instant, le vivre, quasi de le palper. Nous étions le présent. Dans la grande fraternité humaine, chaque journée se vivait simplement, en éprouvant une profonde gratitude envers notre grande mère la terre qui, un jour, nous a accueillis en son giron et a pris soin de nous, ses enfants. Reconnaissance aussi face au père céleste le soleil ; symbole d'amour qui baigne de lumière toute vie, sans condition aucune… Oui, la vie était douce et belle...Mais qu’êtes-vous devenus? Qui es-tu et que crois-tu être réellement? ˃˃ Beep, beep, beep! Le cadran s’époumone à m'extirper de ce monde onirique plutôt étrange. Ce rêve est  encore clair dans mon esprit, mais plus les secondes passent et plus un voile de brume l'entoure, le pénètre jusqu'à ce qu'il ne me reste qu'un vague souvenir de cette mystérieuse aventure nocturne. Mais peu importe, car pour le moment, je ne souhaite que profiter du confort éphémère de ces couvertures moelleuses et chaleureuses. Le monde semble si froid au-dehors. Hélas, je devrai de nouveau me résoudre à me lever pour faire face à ce monde et assumer ma vie, ce qui se veut aussi le lot de milliers de gens.Étrangement, ce matin, au travers ce flot continuel de pensées qui me visitent, je suis porté à me remettre en question. Je me demande sincèrement où se cache en moi le combattant avec son profond désir de vivre. Las et vaincu par la routine quotidienne depuis déjà trop d’années, je me sens emprisonné par le travail de bureau qui est mon lot à moi. Tout est terne et, au fil du temps, est devenu si morne et si semblable. Mais après tout, je ne suis qu'un triste humain du 21e siècle...Je bâille très profondément, je m'étire, puis je m'extirpe enfin hors du lit. Nu dans l'aube grandissante, je jette un regard admiratif vers la fenêtre. J'assiste avec grand bonheur à l'une des représentations de l'astre solaire. Timidement, il perce de ses rayons les quelques nuages qui se prélassent encore sous un ciel enflammé d'un teint rosé, quasi orangé. Le soleil flamboie de toute sa splendeur et s'offre au monde, en ce jour, comme à tous les jours. C'est curieux que ce matin je m'émeuve si facilement de ce cliché. Mais je me sens légèrement différent, comme plus vivant qu'à l'habitude.Mon regard se pose sur le cadran, déjà 15 minutes de perdues dans mes réflexions. Telle une racine qui cherche la bonne terre, ma routine quotidienne, qui est très bien ancrée en moi, me ramène très vite à la réalité; le temps c'est de l'argent et je n'ai pas ce temps et cet argent à perdre à songer à des choses si anodines. Machinalement, j'entame donc le rituel journalier qui se veut sans grand intérêt, semblable à un boulet...J'enfile ma robe de chambre pour me protéger de la froideur de ces grandes pièces vides. En traversant l'appartement, je rumine comme par habitude les mêmes pensées… que vais-je porter aujourd'hui… qu’est-ce qui m'attend comme travail au bureau… L’idée de boire un bon café chaud me réconforte déjà, à la bonne heure ! Mais…lorsque j'entre dans la salle de bain, comme à tous les jours, je me vois confronté à cette image qui me reflète dans ce foutu miroir. Je n'aime plus ce que je vois. Je courbe l'échine essayant de me persuader que j’assume cette fatalité. Je me rappelle que dans mes jeunes années, j'ai déjà été un grand sportif avec un somptueux corps d’athlète. Mes muscles étaient aussi durs que le béton et ma silhouette était svelte et harmonieuse... Néanmoins voilà que je vieillis et que mon corps devient flasque! Il est certain que mon emploi me prend presque tout mon temps et par conséquent je fais moins de sport. Mais pour être honnête, je crois avoir abdiqué…avoir baissé les bras. Tel un navire dont le capitaine aurait quitté le commandement, je me retrouve à la dérive et abandonné de moi-même. À chaque jour, je me sens de moins en moins maître de moi, de ma vie... Péniblement, je me suis résigné à subir ma vie au lieu d’oser agir pour la construire! Que puis-je y changer d’ailleurs?Je saute sous la douche en tentant d'oublier l’image projetée par le miroir. Tout comme une fine pluie d'été, un léger jet d'eau m'enveloppe d'une douce chaleur qui parcourt tout mon corps. J’éprouve une
telle sensation que je ne désire que demeurer là, ne plus bouger…Mais encore une fois le devoir m’appelle et je me dois d'aller gagner ma vie dignement.Mon complet enfilé et mon damné nœud de cravate ajusté, me voilà prêt à affronter ce combat quotidien. Il ne me manque que mon élixir de vie qui m'aide encore à passer la matinée sans trop grommeler; un café et quelques rôties.L’horreur, lorsque j'ouvre la porte de mon appartement, j'ai un haut-le-cœur! Trop d'effluves nauséabonds envahissent mon espace vital. De la fumée de cigarette, à la friture, jusqu'aux odeurs animales et de produits ménagers polluent l'atmosphère matinale de mon antre de béton. Avec le temps, je m'y suis presque habitué, mais ce matin, cet air vicié m'étouffe littéralement. Je retiens presque mon souffle en accélérant le pas jusqu'à la sortie. Aussitôt les portes franchies, je respire un bon coup ! Wow! Galarneau brille de ses mille feux. Pour un bref instant, le chant de quelques rares oiseaux parvient à mes oreilles et me berce de la même manière que les arbres le sont par le vent. Ce gazouillis m’élève jusqu'à ce qui me semble être une portée mélodieuse, aux notes enjouées. BEEP, BEEP... Le klaxon d'une voiture, l'odeur lourde et crasseuse de la ville, le temps qui se défile devant moi comme la souris devant le chat, me ramène très vite au stress du citadin moyen. Face à ces rêveries inhabituelles, je dois maintenant courir pour rattraper mon autobus. À bout de souffle, je suis le dernier à monter à bord. Évidemment, il n’y a plus de sièges libres et ce n'est que le début d'une course effrénée, traversant les obstacles des nombreux transferts, de l’attente interminable jusqu’au fils d'arrivée… la bouche de métro. Premier échelon de passé, il me faut maintenant braver une masse humaine encore plus dense qui se meut tout autour de moi afin d'y pénétrer. Qui le vendeur de journaux qui s’égosille pour quelques dollars, qui le gars là-bas sur le côté de la porte qui mendie pour quelques sous. Tête baissée, d'un pas rapide je le contourne, je l'ignore dans l'espoir qu'il me laisse tranquille. J'agis, comme tout le monde, comme à tous les jours. Je dois suivre le troupeau... Pourquoi donc ce matin, est-ce encore plus difficile de jouer la comédie?Je m’engouffre rapidement dans le wagon entrant dans le seul but d'y trouver un siège vacant. Soulagé d’en trouver un, je m'assois prêt à affronter le long et pénible trajet. Le métro se met en branle. Étrangement, au lieu de fixer le vide ou de lire mon journal comme à l'habitude, mon regard se porte tout autour de moi. Quelle lassitude! Quelle atmosphère lourde, bondée de visages accablés et vides! Les uns sont absorbés par leurs livres ou leurs journaux et les autres sont isolés dans leur monde musical. D'autres sont profondément endormis ou simplement perdus quelque part au fond d'eux-mêmes, le regard loin, très loin... Qui suis-je, moi, parmi cette foule? Suis-je vraiment différent d’eux?Je me surprends à sourire face à toutes ces nouvelles réflexions qui occupent mon esprit en ce début de nouvelle journée. J'ose même espérer croiser un regard, un visage souriant qui devinerait ce trésor d'une grande richesse qui m’envahi soudainement afin de le partager. Mais hélas, chacun est habité par ses propres chimères ! On baisse le regard, ont-ils peur de moi ? J’opte alors de revêtir le masque qui affiche la joie, je suis tel un étranger qui provient d'un autre monde. Je n’aime pas cette sensation qui naît en moi face à toute cette indifférence. Je délaisse donc mon sourire, qui est venu d'une partie encore inconnue de mon être, pour le laisser s’évanouir dans l’air.Me revoilà affranchi de ce qui cherche à s’insinuer en moi depuis ce matin. Libéré, momentanément oui, mais de nouveau comparable à cette foule incognito qui m'entoure. C’est avec une grande tristesse que je constate que je ne suis que le reflet de cette foule. Malgré moi je suis devenu la triste réplique d'un idéal social égocentrique. J’y découvre avec mépris une sorte d'automate au regard mort, d’une enveloppe vide de moi-même. Je suis stupéfait par la gravité de mes propres réflexions et par cette soudaine ouverture d'esprit. Il est parfois douloureux d'ouvrir les yeux...
Les portes s'ouvrent sur ma station. Je me lève rapidement et, tel un mouton suivant son troupeau, je vais vers la sortie pour aboutir à mon pâturage ; ce lieu qui représente presque tout ce que je suis devenu aujourd'hui : mon travail!Les vendredis me semblent toujours interminables. Mon regard reste constamment attiré vers la fenêtre de mon étroit bureau. C'est ma seule ouverture sur le monde extérieur, là, où le soleil brille et où toute la nature se réjouit de cette splendeur estivale. Les oiseaux voltigent d'un arbre à l'autre, sautillent et se réjouissent de l'harmonie de cette vie. Un vent léger fait valser le feuillage des quelques arbres qui subsistent encore au creux de ce petit parc tout en bas de l'édifice. Quant à moi, je peine à survivre sous ce faible éclairage artificiel, étouffant sous ce complet beaucoup trop ajusté et dont le nœud de cravate semble chercher à m'étouffer. Mon seul compagnon reste cet écran d'ordinateur où circulent indéfiniment des chiffres et des lettres.Viens enfin la pause puis l'heure du lunch avec tous mes confrères et consœurs de travail. Je partage la majeure partie de mon existence avec eux et pourtant, je connais à peine leurs noms. Comme à l'habitude, on échange des propos habituels sur la météo, les affaires, la politique, les nouvelles. On évite tous les sujets qui nous permettraient de nous connaître les uns les autres comme s’il s’agissait d’une maladie infectieuse. Nous parlons beaucoup, nous écoutons peu, nous fumons, nous mangeons et nous parlons encore. Puis, nous retournons à notre bureau en laissant ces heures interminables s’étirer jusqu'à quatre heures! L'enthousiasme alors revenu, je me lève avec entrain pour saisir mon porte-documents. Sur mon chemin, je croise le patron. Je prends le temps de le saluer pour qu'il sache que je m'intéresse à lui et à l'entreprise. Mais surtout dans l'espoir caché d’obtenir un jour un poste mieux rémunéré. — Bonjour! Voici le dossier que vous m'avez confié, je viens tout juste de le terminer.— C'est bien, vous me surprenez aujourd'hui... Que faites-vous cette fin de semaine?— Cette fin de semaine, j'ai un souper avec ma copine, c'est l'anniversaire de notre première rencontre!— Dommage, car je souhaitais vous inviter personnellement à cette formation pour les cadres supérieurs. J’ai réservé un endroit enchanteur pour l'occasion, en pleine nature et toutes les dépenses sont aux frais de la compagnie.Wow! Quelle chance! Je ne sais quoi lui répondre... Néanmoins, comme à l'habitude, je me résous à faire passer mon travail avant toutes les autres sphères de ma vie.— Vous pouvez compter sur moi, comme toujours...— Tant mieux, car vous savez que c'est nécessaire si vous voulez gravir les prochains échelons. Les normes seront de plus en plus sévères. Le personnel doit suivre ces formations pour continuer de se surpasser.Mes salutations distinguées faites, je le quitte. Je suis satisfait, car désormais il reconnaît mon potentiel et semble manifester son appréciation, après toutes ces années à son service.Pensif, je descends l'escalier, encore absorbé par cette journée. Lorsque j'ouvre les portes de l'édifice, le soleil me frappe de plein fouet. Toute cette chaleur et cette beauté me ramènent en moi, à l'instant présent. Une légère brise rafraîchit mon corps épuisé et balaie doucement les quelques mèchent de cheveux qui s'étaient égarées sur mon visage. Un arbre fait valser sa ramure en chantant doucement la complainte du vent. La fontaine qui orne ce parc public fait miroiter quelques rayons qui se dissolvent à la surface en milliers de paillettes dorées. Un oiseau, qui vient s'y baigner, me regarde curieusement tout en gazouillant timidement, comme s'il cherchait à me saluer, pour s'envoler ensuite vers toute la liberté que lui donne ses deux ailes. J’aurais savouré cet instant indéfiniment, mais mon ventre qui gargouille sa faim me ramène rapidement sur la terre et à mes besoins primaires.Je m’arrête devant l’habituel restaurant à service rapide, mais je me sens anormalement épris par des goûts innovateurs de savourer un plat revitalisant. Cependant, guidé par l’odeur de fritures qui vient me chatouiller les narines, j’opte machinalement d’y entrer. Affamé, je me place derrière la longue file de
clients. Ce restaurant offre quand même un menu varié, qui inclut beaucoup de plats que je n'ai encore jamais goutés. J’aurais normalement eu l’envie d’ingurgiter quelque chose de bien gras, s’il n’eut été de cette conscience et de ces réflexions inusitées qui me poursuivent depuis mon réveil. Or, pourquoi me gaverais-je encore de toutes ces calories inutiles qui ne font qu’affecter ma santé physique et mentale? Suis-je réellement devenu l’esclave de mes désirs? Mon corps a-t-il véritablement besoin de tout ceci?En venant dans ce restaurant, je n'ai fait que suivre ma routine. Toutefois, aujourd’hui, j’ai envie de transformer mes habitudes de vie.— Bonjour, puis-je prendre votre commande?— Oui. J'aimerais essayer quelque chose qui est pauvre en gras, mais qui a tout de même du goût.— Nous avons de bons choix de salades à vous proposer.— Euh… Des feuilles vertes et quelques légumes croquants noyés dans une vinaigrette?— Nous avons de très bons menus complets que l’on appelle salade repas.— Je vais essayer la végétarienne à la grecque avec un verre d’eau.— Ce sera tout?J’hésite un peu en regardant encore une fois le menu qui offre de nombreux desserts, cependant je reste plus que motivé à tenter cette expérience santé jusqu'au bout. Lorsque je reçois ma commande, je remets mes bonnes intentions en question, car je crains d'être affamé si je me nourris seulement de légumes et de quelques morceaux de fromage blanc! J'avale une bouchée, puis une autre et une autre tout en prenant le temps de mastiquer afin de mieux digérer, mais surtout pour mieux déguster toutes ces nouvelles saveurs. J'apprécie grandement l’expérience, car à la fin de mon repas, je ne ressens pas cette sensation de lourdeur habituelle due à une digestion difficile.Je regarde ma montre. Bon, il est temps pour moi de refaire tout ce trajet pour retourner chez moi. Je suis épuisé juste à y penser! Arrivé, d'un pas pressé, à la bouche de métro, voilà que la sourde vibration de mon cellulaire stoppe mon élan : c’est Catherine.— Allô, chérie!— Allô, où es-tu?— Je rentre à la maison. Je viens tout juste de sortir du restaurant, et veux-tu savoir ce que j’ai osé manger ce soir?— Vas-y !— Bien, je n’ai mangé qu'une salade! Et j’ai bien aimé l’expérience.— Tu n’as mangé que des légumes? Tu m’étonnes, mais ça ne peut que te faire du bien.— Tu trouves que j’ai besoin de perdre du poids?— Non, je veux simplement dire que les légumes c’est bon pour la santé et que ça ne peut que te faire du bien. C’est tout…— Excuse-moi, je suis un peu fatigué. Alors, on se voit ce soir?— Non, ce sera impossible pour moi… D'ailleurs, c’est la raison de mon appel. Je suis prise par ce nouveau travail et mes nombreux cours du soir pour le reste de la semaine, alors ne m'attend pas. Ce sera plus commode pour moi de dormir chez mon amie qui habite plus près. Nous nous reverrons en fin de semaine.
— Euh, je ne penserais pas chéri! — Quoi, c'est encore ton travail?— Oui, le patron m’a offert de participer, cette fin de semaine, à une formation pour tous les cadres supérieurs de l'entreprise. Dans une pourvoirie en plein cœur de la nature et toutes les dépenses seront aux frais de la compagnie. Cette formation m’ouvrira toutes grandes les portes vers un autre poste qui serait mieux rémunéré. Tu te rends compte, c'est ce que j'attends depuis si longtemps déjà et il me l'offre presque sur un plateau d'argent. Je n’ai pu refuser.(Silence)— Tu es toujours là?— Oui, mais je suis déçue.— Mais, essaie de me comprendre.— J’essaie, depuis déjà un bon moment. Je crois que je vais prendre ce temps pour réfléchir.— Mais tu veux penser à quoi? On remet notre souper à une autre fois, c’est tout!— Pour moi c’est plus que ça, mais je ne peux te l'expliquer maintenant, car ce n’est pas tout à fait clair, mais j’ai besoin de temps.— Tu m’inquiètes. Et en plus tu me dis cela au téléphone. Je t’aime et je vais attendre de tes nouvelles. À bientôt alors.Affligé par cette nouvelle inattendue, je reste figé devant cette fontaine, qui tout à l'heure m'émerveillait au travers toute cette clarté qui la baignait. Or, avec ce voile obscur qui se lève en moi, elle semble n'avoir plus aucun charme. Elle est comme mon cœur, le soleil l’a quittée et l'obscurité l’envahit peu à peu. Je viens de perdre cette sensation de bonheur qui m'avait accompagné en cette fin d'après-midi. Accablé, je m'assois sur un banc pour ne pas m'effondrer sur le sol, car mes jambes faiblissent. Elle veut me quitter après tout ce temps, mais qu'est-ce qui lui prend? Plusieurs sentiments font rage en moi. Je lui en veux, je m'en veux, mais plus que tout j'en veux à la vie. Mais voilà que, sans que je ne puisse comprendre ce qui m'arrive, une petite voix en moi m'invite à me détendre et à écouter. Je respire doucement et profondément. Toute mon attention s'amplifie et se focalise sur l'instant présent. Je peux alors de nouveau entendre le vent qui souffle dans les arbres et qui caresse ma peau. Je peux même percevoir jusqu'au doux frémissement des feuilles qui se font chatouiller. Je reste surpris par la profondeur de cette mystérieuse expérience. La tempête s’adoucit au creux de mon être. Il se fait tard, je rentre enfin chez moi.Lorsque j'ouvre la porte de l'appartement je ne peux que remarquer la vacuité de cette grande pièce blanche qui reflète tristement mes sentiments et ce qui se passe en moi. Ce n'est que le premier soir sans elle et pourtant j’aurais envie de lui téléphoner pour la supplier de ne pas me laisser tomber et pour qu'elle vienne me rejoindre. Nous pourrions alors nous enlacer, nous embrasser et faire tendrement l'amour pour que, comme à l'habitude, tout rentre dans l'ordre. Cependant j'hésite, peut-être ai-je le cœur trop triste. Je décide d’attendre qu'elle me rappelle. Je vais me coucher, je suis si crevé par cette bouleversante journée. La nuit est affreusement longue et parsemée de rêves exténuants. Mon sommeil reste tourmenté jusqu'au petit matin. Il est six heures, je me réveille avec ce foutu cadran qui ne cesse de hurler ce son qui déchire les oreilles. J'ouvre les yeux, mais encore trop désespéré, je les referme...
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