Charbon propre : mythe ou réalité ? - Groupe de travail sur le charbon du Délégué interministériel au développement durable
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Description

Sous-estimé en France, le charbon connait des hausses de prix plus modérées que ceux du pétrole et du gaz et est basé sur les réserves d'énergie fossile les plus vastes : tel est le constat du groupe de travail sur le charbon mis en place en 2005 par le Délégué interministériel au développement durable. Les auteurs de ce rapport cherchent à concilier une plus grande utilisation du charbon, qui reste le plus fort émetteur de CO2 à quantité d'énergie donnée, avec la maîtrise de l'effet de serre. Dans ce contexte, la solution retenue par le groupe de travail en faveur de l'usage du charbon est le recours à des systèmes de captage et de stockage du CO2.

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Publié par
Publié le 01 août 2006
Nombre de lectures 51
Licence : En savoir +
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Charbon propre mythe ou réalité ?
Groupe de travail sur le charbon du Délégué interministériel au développement durable
Traduction du document en langue anglaise intituléClimate change, energy and sustainable develop-ment : How to tame King Coal ?, publié par le Groupe de travail sur le charbon du Délégué intermi-nistériel au développement durable.
Traduit par Marie-Claude Stark © 2006 Charbonnages de France et Délégué interministériel au développement durable, pour l’édition en langue française
Charbonnages de France 100 avenue Albert 1er BP 220 92503 Rueil Malmaison Cedex
Ministère de l'écologie et du développement durable 20 avenue de Ségur 75302 paris 07 SP
ISBN : 2-212-11964-x
Tous droits réservés. En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans l’autorisation de l’éditeur.
Charbon propre : mythe ou réalité ?
Le présent rapport a été rédigé par le Groupe de travail sur le charbon du Délégué interministériel au développement durable. Nous remercions Pierre Bacher et Gilbert Ruelle de l’Académie des technologies, Bernard Bigot, Haut-Commissaire à l’énergie atomique, Christian Brodhag, Délégué interministériel au développement durable, Patrick Criqui & Jean-Marie Martin du LEPII (Laboratoire d’Économie de la Production et de l’Intégration Internationale) de Grenoble, Philippe de Ladoucette et Robert Pentel des Charbonnages de France, Nicole Dellero d’AREVA, Gérald Doucet, Elena Nekhaev & Liz Seok du Conseil mondial de l’énergie, Dominique Dupard du WWF, Stéphane Dupré La Tour de la Présidence de la République, Christine Fedigan de Gaz de France, Jean-Michel Gires de TOTAL, Jean-Pierre Hauet de BEA Consulting, François Kalaydjian, Pierre Le Thiez et Alexandre Rojey de l’Institut Français du Pétrole, Mustapha Kleiche de l’Agence Française de Développement, Robert Mahler et Jean-Xavier Morin d’ALSTOM, François Moisan de l’ADEME, Macdara O’Connor de GEOS, Cédric Philibert de l’AIE (Agence internationale de l’énergie), Grégoire Postel-Vinay de l’Observatoire des stratégies industrielles, Henri Prévot du Conseil Général des Mines et Jacques Varet du BRGM. L’entière responsabilité du document est assumée par le Groupe de travail sur le charbon, animé et coordonné par Tristan Mocilnikar, Conseiller expert dans l’économie des filières énergétiques auprès du Délégué inter-ministériel au développement durable.
Contact : antoine-tristan.mocilnikar@mines.org
Sommaire
Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Avant-propos. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  17. . . . . . . . .
Demande mondiale de charbon en hausse d’après les scénarios « business as usual ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
La demande de charbon a plus que doublé au cours des trente cinq dernières années.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23. Une croissance rapide…. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23. . … entraînée par la production d’énergie électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
La pression de la Chine et de l’Asie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Seule une fraction relativement réduite de cette consommation fait l’objet d’échanges internationaux (environ 17 %) mais celle-ci a augmenté bien plus rapidement que la demande globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Il y a beaucoup de charbon disponible pour l’avenir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Suivant un scénario d’évolution normale, la demande de charbon devrait augmenter durant les trois décennies à venir partout dans le monde, excepté en Europe occidentale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Accroissement de la demande entraîné par l’Asie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28. Augmentation de la demande due aux centrales électriques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Augmentation de la demande due aux combustibles synthétiques. . . . . . . . . . . . . . . . 30 Scénario d’activité normale contre scénario de développement limité. . . . . . . . . . . . . 30 Investissements dans l’extraction et la combustion du charbon. . . . . . . . . . . . . . . . . . 31. .
Le charbon va devoir réduire ses effets sur l’environnement.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Agenda technologique du charbon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35. . . Réduction induite des émissions de CO2grâce à l’augmentation du rendement des centrales électriques à cycle de vapeur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Combustion de combustible pulvérisé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36. . Combustion par lit fluidisé (CLF). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37. . .
Les technologies encore peu déployées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 Cycle combiné à gazéification intégrée (IGCC). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 Combustion de charbon pulvérisé sous pression (PPCC). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Combustion à lit fluidisé sous pression (CLFP). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 Cycle combiné à combustion externe (EFCC). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Les procédés encore plus futuristes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
7
8
Efficacité de différentes technologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Production de carburants de synthèse à partir du charbon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Co-combustion de biomasse et de charbon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Avec le projet ULCOS, l’Europe entre dans une nouvelle ère de la sidérurgie . . . . . . . . . 45 Captage et stockage du carbone (CCS). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46.
Technologie de captage du CO2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47. . . Post-combustion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48. . . . Pré-combustion. . . . . . . 4 8. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oxy-combustion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Transport et stockage du CO2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Questions juridiques et réglementaires concernant la mise en œuvre du stockage de CO2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Impacts environnementaux du stockage géologique : probablement réduits, mais peu explicités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Projets et travaux de R & D en cours. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 R & D concernant le captage et le stockage géologique du charbon . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Europe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  .. . . . . . . . . . . . . . . . 58 Allemagne. . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  . . . 65 . États-Unis & Australie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Partenariats internationaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
R & D dans le domaine de la production d’énergie électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Scénarios sur les émissions de GES liées à l’énergie : Le déploiement total de technologies très peu polluantes est indispensable pour limiter les émissions. . . 72 Les aspects économiques des émissions à long terme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Projections selon plusieurs scénarios . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Postface . . . . . . . 77. . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Annexes. . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . . 79 .
Annexe 1 . . . . . . . 81. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  .. . . . . . . . .
Scénarios relatifs à l’énergie, élaborés par le CME et la Commission de l’Union européenne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81. . .
Sommaire
Les scénarios de l’IIASA (CME) ont été utilisés pour le Rapport spécial sur les scénarios d’émissions (SRES) du GIEC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
L’étude WETO de la Commission de l’Union européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Scénario de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Scénario de réduction des concentrations de carbone. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Rapport sur l’énergie mondiale de l’AIE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Scénario de référence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86. . . Scénario de politique alternative. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
Les perspectives de l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Annexe 2 . . . . . . . 89. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’exemple de la Chine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89. . .
Annexe 3 . . . . . . 93 .. . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CASTOR, du captage au stockage du CO2, objectifs et situation au bout de 18 mois de travail (septembre 2005). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Introduction – Aperçu du projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Travaux effectués et principaux résultats obtenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Stratégie de réduction du CO2(10 % du budget). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95. Captage post-combustion (65 % du budget). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Études sur les performances du stockage et l’évaluation des risques (25 % du budget). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97. Diffusion des connaissances et activités de formation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
Annexe 4. . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . 105 . Engagement du BRGM dans les programmes relatifs au CO2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Annexe 5. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 Sigles et acronymes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  111. . . . . . . . .
Annexe 6 . . . . . 115. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  .. . . . . . . . . Bibliographie . . . . . . 115 .. . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Charbon propre, mythe ou réalité ?
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Préface
Peu avant la première guerre mondiale, Winston Churchill, alors premier lord de l’Amirauté, fit passer la Royal Navy du charbon au fioul. En parlant des risques asso-ciés à ce changement historique, il déclara : « La sûreté et la certitude en matière de pétrole reposent sur la variété et la variété seulement ». D’après Dan Yergin, Churchill énonçait ainsi « le principe fondamental de la sécurité énergétique, à savoir la diver-sification de l’approvisionnement ». Le principe de la sécurité énergétique fait partie de toutes les politiques énergétiques que ce soit en Europe ou dans d’autres régions du monde. Pourtant, avec la fin de la Guerre froide, la crise de courte durée d’avant la guerre du Golfe et des prix de l’énergie plutôt bas ou modérés dans l’ensemble depuis 1986, le monde a traversé une longue période de confiance exagérée.
Mais le temps de la satisfaction est passé. Pour paraphraser l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le monde doit relever un défi « triple E » avec le besoin d’assurer, en même temps, la sécurité de l’approvisionnement en Energie, l’Efficacité écono-mique et la protection de l’Environnement. Ce défi était au centre Sommet Mondial sur le Développement Durable qui s’est tenu à Johannesburg du 26 août au 4 sep-tembre 2002. Comme l’a fait observer Jean-Marie Chevalier, le monde doit résoudre une énigme et « concilier les besoins mondiaux en énergie avec la protection de l’en-vironnement, tout en assurant le développement économique nécessaire pour nour-rir trois milliards de personnes qui survivent actuellement avec moins de deux dollars par jour ». Il est clair pour tout le monde qu’il est impossible de se passer de combustibles fossiles. Tous les scénarios, y compris ceux de l’AIE, montrent qu’ils resteront une des composantes clés de toute poli-tique de sécurité de l’approvisionne-ment pendant les trente années à venir. C’est le cas du pétrole dans le domaine des transports et encore plus celui du gaz et du charbon dans le secteur de l’énergie. Les statistiques de 2004 le montrent clairement : le charbon conserve une part écrasante dans la production d’électricité. Il représente 40 % de la production mondiale égale à 17 400 TWh, alors que le gaz y contribue à hauteur de 20 % et les énergies hydraulique et nucléaire à raison de 16 % chacune.
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Le lecteur français sera peut-être surpris du rôle aussi important attribué au charbon. En effet, la France est passée progressivement du charbon au nucléaire pour produire de l’électricité, et sa dernière mine de charbon a été fermée en 2004. Ce changement ayant été provoqué par le choc pétrolier de 1973, quelques éclaircissements peuvent être utiles.
Comme la France ne disposait pas de res-sources naturelles aussi abondantes que le Royaume-Uni ou l’Allemagne, notre pays dut importer une partie de ses besoins en charbon dès leXIXesiècle. Cette dépendance poussa les autorités françaises à réflé-chir à une diversification des sources d’énergie dès la fin de la première guerre mon-diale. C’est ainsi que s’ouvrit l’ère de l’énergie hydraulique avec la construction des barrages. Quelques-uns furent construits avant la seconde guerre mondiale, mais la tendance s’accentua lorsque EDF déploya son programme à grande échelle entre 1946 et 1960. Durant ces années-là, l’utilisation du charbon fut dévolue à la reconstruction du pays, c’est-à-dire aux besoins de l’industrie et au chauffage. Pendant une courte période, entre 1960 et 1973, le prix peu élevé du pétrole permit au fioul de faire irrup-tion dans la production d’énergie électrique. Mais le premier choc pétrolier inversa la tendance au bénéfice du charbon, tandis que les centrales nucléaires prenaient len-tement le relais. Dès 1984, la France devint un exportateur d’électricité et le nucléaire représenta 70 % de la puissance installée du pays. Comme il fallait creuser de plus en plus profond pour extraire le charbon, les coûts grimpèrent au détriment de la com-pétitivité. Finalement, en 1994, il fut décidé de mettre progressivement, mais défini-tivement, fin à l’exploitation des mines. Cette décision fut soutenue officiellement par la plupart des syndicats.
Grâce à cette politique dans le domaine de la production d’électricité, la France a réussi à assurer à la fois son indépen-dance et sa sécurité en matière d’approvisionnement en éner-gie tout en réduisant au minimum les incidences sur l’environnement en ce qui concerne les gaz à effet de serre.
Comme ce succès est dû à un ensemble bien particulier de cir-constances : d’importantes ressources hydrauliques, des res-sources en combustibles fossiles très limitées, une capacité technologique de pointe et d’énormes investissements dans la recherche et le développement, je n’irai pas jusqu’à dire qu’il s’agit là d’un exemple à copier in extenso. Cependant cette expérience nous apprend une chose, à savoir que le nucléaire doit rester une option, et nous confirme que les réalisations de demain dépendent des avancées technologiques et de la recherche.
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