L Expérience française des drogues illicites : rapport final de recherche
167 pages
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Description

Ensemble d'études tentant de faire le point sur l'etat de la réflexion concernant la validité de la distinction entre drogues licites et drogues illicites et sur la fonction de l'usage des médicaments psychotropes (confort ou usage thérapeutique) ; ces questions sont envisagées sous les angles économiques, sociologiques, comportementaux et du point de vue des politiques de santé publique

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Publié par
Publié le 01 mars 1998
Nombre de lectures 25
Licence : En savoir +
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

L’EXPERIENCE FRANCAISE DES DROGUES ILLICITES
Michel Schiray
RAPPORT FINAL DE RECHERCHE
Convention MIRE 10/95
Mars 1998
Nos remerciements vont à la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la
Toxicomanie (MILDT), à la Mission Recherche Expérimentation (MIRE) et au Centre
National de la Recherche Scientifique (CNRS) pour leur aide financière.
en page parLa relecture du manuscrit a été assurée par Daniel Percheron et sa mise
Marie-Claude Jahan.
La documentation Française : "L’Expérience française des drogues illicites : rapport final de recherche / Association de recherche sur les psychotropes ;
Michel Schirey ; Alain Ehrenberg, Claude Le Pen, \(et al.\) ; Mission interministérielle recherche expérimentation."SOMMAIRE
Alain Ehrenberg, Questions croisées 4
Chapitre 1 - Claude Le Pen, Économie de la dépression 17
Chapitre 2 - France Lert, Méthadone, Subutex? : substitution ou
traitement de la dépendance à l’héroïne ? Questions de santé publique 41
Drogues illicites et médicamentsChapitre 3 - Virginia Berridge,
psychotropes en Grande-Bretagne : histoire d’une frontière incertaine 65
La consommation de médicaments - EssaiChapitre 4 - Olivier Faure,
historique 79d’approche
Albert Ogien, Grammaire de la drogue 91Chapitre 5 -
Chapitre 6 - Claudie Haxaire, J. Brabant-Hamonic, E. Cambon, avec la
collaboration d’E. Rougeot, « C’était pas comme une drogue si vous
voulez, mais enfin » 108
Chapitre 7 - Anne Biadi-Imhof, L’usage thérapeutique du médicament
psychotrope - Son rôle dans la relation soignant-soigné en psychiatrie
de secteur 132
Chapitre 8 - Philippe Le Moigne, L’usage chronique des médicaments
psychotropes - Problèmes d’analyse et de méthode 148
La documentation Française : "L’Expérience française des drogues illicites : rapport final de recherche / Association de recherche sur les psychotropes ;
Michel Schirey ; Alain Ehrenberg, Claude Le Pen, \(et al.\) ; Mission interministérielle recherche expérimentation."INTRODUCTION
QUESTIONS CROISÉES
*Alain Ehrenberg
Cet ouvrage part de l’hypothèse que deux changements globaux ont affecté les domaines
des drogues illicites et des médicaments psychotropes au cours des années 80 en France.
1. Le consensus sur l’interdit des drogues illicites s’est érodé parmi les corps
Le VIH aprofessionnels intervenant dans ce domaine. Quelques signes le suggèrent.
conduit à l’émergence de politiques de réduction des risques qui mettent en question
l’accord sur la prohibition. Les rapports produits ces dernières années en France
1proposent la légalisation du cannabis et la dépénalisation des usages des autres drogues .
Par ailleurs, la neurobiologie considère que la distinction entre produits licites et illicites
2, tandis que recherches de terrain enrepose sur des bases scientifiques douteuses
sciences sociales et enquêtes longitudinales ont montré que la toxicomanie n’est pas le
destin inéluctable de ceux qui consomment des drogues, y compris les plus dures comme
3l’héroïne . La signification de l’interdit des drogues devient flou.
2. Les limites entre fonctions thérapeutiques et fonctions dites de confort des
ont d’abord porté surmédicaments psychotropes sont l’objet de vives polémiques : elles
les benzodiazépines (anxiolytiques et hypnotiques), puis sur les antidépresseurs (avec la
mise sur le marché d’un nouveau type d’antidépresseur dit inhibiteur sélectif de la
recapture de la sérotonine - ISRS - aux effets secondaires réduits). Soulage-t-on des
détresses sociales ? Soigne-t-on d’«authentiques» pathologies mentales ? Se contente-t-
on d’alléger des symptômes-cibles ? L’opinion est-elle bien informée des risques
d’usages chroniques de psychotropes ? En tout cas, détournements d’usage,
prescriptions mal assurées, demandes de mieux-être psychologiques, etc., ont fait
basculé la perception de ces médicaments dans un conflit entre soin, confort et
dépendance. L’objet du soin devient incertain.
4Le séminaire annuel du Groupement de recherche Psychotropes, Politique, Société a
voulu interroger quelques aspects de ces transformations en croisant les questions de
drogues illicites et de médicaments psychotropes. Ces questions sont traditionnellement
la drogue ne s’intéressentabordées séparément en sciences sociales - les sociologues de
pas à la sociologie des médicaments, et vice versa - comme dans les politiques publiques
- les politiques de lutte contre la drogue et celles de santé mentale sontprises en charge
par des organes administratifs différents. Pourtant entre les deux catégories de
substances, les frontières ne sont plus nettes, ne l’ont jamais été et ne le seront sansdoute
pas plus à l’avenir. La raison ne tient évidemment pas au fait qu’il s’agisse à chaque fois
La documentation Française : "L’Expérience française des drogues illicites : rapport final de recherche / Association de recherche sur les psychotropes ;
Michel Schirey ; Alain Ehrenberg, Claude Le Pen, \(et al.\) ; Mission interministérielle recherche expérimentation."de substances qui ont des effets sur le système nerveux central et modifient en
conséquence l’humeur. Autrement dit, la raison relève moins de questions de
pharmacologie que d’institutions qui font la part entre ce qui appartient au médical et ce
qui en est exclu, d’une part, de types d’usages et de types d’usagers, d’autre part.
Quelques exemples puisés dans cet ouvrage le suggèrent nettement. En Grande-Bretagne,
« c’est moins le produit que l’usager qui a conduit à penser les frontières licite/illicite »
(Virginia Berridge). L’usage même montre que le médicament a certes pour fonction de
vivre », comme l’indique l’histoire française desguérir, mais il doit aussi « aider à mieux
lemédicaments de l’esprit (Olivier Faure). L’ethnologie de la pharmacie familiale dans
bocage normand montre que, pour les consommateurs, l’usage de psychotropes prescrits
rencontre la peur d’être pris par le produit : la crainte de la dépendance aux médicaments
psychotropes et l’idée que le médicament peut être considérée comme une drogue
semblent être un élément central de l’expérience vécue par ces populations (Claudie
et alii.). Par ailleurs, il existe un consensus en psychopathologie pour affirmerHaxaire
que l’héroïne, et plus généralement les comportement addictifs, constituent bien souvent
des tentatives d’automédication. Elles visent en général à alléger des symptômes
dépressifs. Ainsi, pour le psychiatre suisse Jean-Jacques Deglon, «la dépression paraît
aujourd’hui un facteur capital dans le développement de la pharmacodépendance. Elle
entraîne des difficultés considérables dans le traitement de cette affection et explique
Il importe donc de savoir reconnaître les états dépressifs et de lesbeaucoup de rechutes.
5traiter à bon escient si l’on veut éviter l’échec de la prise en charge des toxicomanes » .
Daniel Bailly, dans une synthèse d’enquêtes épidémiologiques sur les pathologies
alimentaires, qui sont globalement considérées par la psychiatrie contemporaine comme
des addictions, estime, « au vu des résultats des études familiales, [que] les relations
entre troubles du comportement alimentaire, alcoolisme et toxicomanie, pourraient
s’établir autour de la dépression. Si les chiffres varient considérablement d’une étude à
et de la méthode d’évaluation utilisée, lal’autre en fonction des populations étudiées
fréquence de la dépression dans les troubles du comportement alimentaire, l’alcoolisme et
6la toxicomanie peut être estimée chez les sujets jeunes de 30 à 50 % » . On peut par
ailleurs noter une montée parallèle du souci pour les conduites addictives et les usages
dépendants de substances psychoactives, d’une part, et pour la dépression, d’autre part,
dans la psychiatrie contemporaine.
Cette introduction voudrait indiquer les lignes directrices de la réflexion portées par les
ce séminaire a fait appel : l’histoire, la sociologie, l’ethnologie etdisciplines auxquelles
l’économie.
En Grande-Bretagne, pays auquel est consacré le texte de Virginia Berridge, l’opium fut à
la fois un stimulant largement consommé et une substance

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