La Bretagne en devenir (Octant n° 94)
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Inscrite dans la dynamique de l'histoire actuelle, la Bretagne est incertaine quant à son devenir. Au regard de la « longue durée », elle nous renvoie sa tradition, ses caractères particuliers, ses permanences qui servent d'appui à sa forte identité. Région périphérique, elle ne s'est pas moins inscrite dans les grands mouvements d'un monde qui change ; volontairement moderne, elle s'est normalisée au point d'apparaître plutôt en avance dans bien des réalités d'aujourd'hui. Mais le temps des incertitudes est revenu, de quoi donc « Demain, la Bretagne » sera-t-elle faite ? Populations, activités économiques, territoires, modes de vie forment la trame d'un portrait socio-économique de la Bretagne qui dans certains de ses aspects est aussi celui de l'Ouest atlantique.

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Nombre de lectures 74
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Prospective
La Bretagne en devenir
Alain Even, professeur à l'université de Rennes II, est président de la section prospective du Conseil économique
et social régional. S'inspirant des travaux de cette section ainsi que de travaux d'équipes universitaires, il a ac-
cepté de nous faire part de son regard sur la Bretagne en devenir.
Si l’écriture de ce portrait prospectif de la Bretagne est gouvernance » locale s’appuyant sur une intercom-
personnelle, et selon la formule consacrée, n’engage munalité vivante fédérée en pays et agglomérations.
que l’auteur, elle est pour l’essentiel le fruit de travaux
1réalisés en collaboration . Cet article reflète des conver- Innovante et participative, la Société bretonne est ca-
gences d’objets, des croisements d’analyses, des ques- ractérisée par une forte identité et une plutôt bonne
tionnements formulés à l’occasion d’études récentes cohésion sociale.
menées en région pour lesquelles les contributions de
2l’INSEE ont été déterminantes , il est le témoignage Un regard plus prospectif conduit à dégager des fai-
d’une riche coopération. blesses et des incertitudes qui interrogent. Le vieillis-
sement inéluctable de la population va peser et né-
Ce regard porté sur la Bretagne reflète à la fois un état cessitera des réponses qui ne sont pas toutes faites :
des lieux aussi objectif que possible et une approche développement des services aux personnes, apport
prospective plus hypothétique des « futurs possibles ». de population active en provenance de l’extérieur…
Ce tableau est à double entrée : une vision plutôt opti-
miste du présent à nuancer d’incertitudes pour l’avenir . Le modèle agro-industriel est interrogé quant à son
avenir, son affaiblissement pèserait tout particulière-
En effet, certains des caractères dominants constatés à ment sur le devenir des petits bassins d’emploi. Quoi-
partir de l’analyse de la Bretagne d’aujourd’hui condui- qu’il en soit, les nouveaux usages pluriels des campa-
sent à l’optimisme. Au regard de ce que fut la région gnes (production, résidence, nature) sont à anticiper
dans un passé encore récent l’observateur est d’abord et maîtriser.
frappé par la modernité de la Bretagne, illustrée tout
particulièrement par le mode de vie et les pratiques so- Le remodelage territorial en cours est caractérisé par
ciales des populations, les indicateurs démographiques des formes et des rythmes de développement très
sont de ce point de vue tout à fait éclairant. contrastés des territoires bretons qui peuvent mena-
cer une cohérence déjà fragilisée. L’éventualité, le
La qualité des ressources humaines, faite d’un bon ni- risque ( ?) d’un dualisme territorial entre des territoi-
veau de formation et d’une capacité à agir ensemble, est res de production très polarisés et une économie rési-
sans nul doute une des clefs de l’explication du chemin dentielle diffuse tributaire des revenus distribués est à
parcouru et reste un atout majeur pour l’avenir. prendre en compte dans les politiques d’aménage-
ment et de développement.
L’attractivité attestée par les flux migratoires positifs, en
particulier de jeunes cadres actifs et de retraités, illustre L’habitat n’est-il pas le nouvel enjeu du développe-
à la fois la vitalité économique et l’appréciation positive ment territorial ? Quelle sera la réalité de l’urbanisa-
du cadre de vie. tion de demain ? Poursuite du modèle de la ville dif-
fuse, sans limite, où campagnes et ville
Le système productif apparaît dynamique, marqué par s’entremêlent ? Réponses aux contraintes du foncier,
un bon développement de l’économie immatérielle et des transports et de l’environnement par un urbain
des fonctions supérieures. plus concentré, plus dense ?
La Bretagne n’est pas un isolat mais n’est pas à l’abri
En ces temps où les territoires sont bousculés par la mo- d’une certaine forme de périphérie au sein de l’Eu-
bilité des populations, une métropole régionale en forte rope, le déficit d’internationalisation est à réduire. La
croissance et un bon maillage urbain sont un atout in- nécessité immédiate de lever l’hypothèque du TGV
contestable. Il en va de même d’une « bonne Bretagne/Pays de Loire n’en est que plus impérative.
1 : Études conduites au sein d'équipes de recherches de l'Université de Rennes 2 (Lessor/Reso), activités de la section prospective du CESR de Bretagne, préparation du
SRADT (schéma régional d'aménagement et de développement du territoire)…
2 : cet article est dans certains de ses aspects une synthèse d'études réalisées par / ou en collaboration avec l'INSEE
4 Octant n° 94 - Juin 2003Prospective
Inscrite dans la dynamique de l’histoire actuelle, la Bretagne
est incertaine quant à son devenir. Au regard de la « longue
durée », elle nous renvoie sa tradition, ses caractères
particuliers, ses permanences qui servent d’appui à sa forte
identité. Région périphérique, elle ne s’est pas moins inscrite
dans les grands mouvements d’un monde qui change ;
volontairement moderne, elle s’est normalisée au point
d’apparaître plutôt en avance dans bien des réalités
d’aujourd’hui. Mais le temps des incertitudes est revenu, de
quoi donc « Demain, la Bretagne » sera-t-elle faite ?
Populations, activités économiques, territoires, modes de vie
forment la trame d’un portrait socio économique de la
Bretagne qui dans certains de ses aspects est aussi celui de
l’Ouest atlantique.
Le potentiel humain
La région Bretagne a longtemps été l’appartenance culturelle, il en est ainsi naissances hors mariage représentent
marquée par une démographie caracté- de la nuptialité, de la fécondité, des 45 % des naissances bretonnes dont
risée par une surfécondité et une sur- naissances hors mariage… Si pour la 61 % pour le premier enfant, ce qui est
mortalité relatives. Malgré une émigra- France entière on peut observer une légèrement au-dessus de la moyenne
tion séculaire, la Bretagne pouvait faire modification profonde des comporte- française. C’est ainsi également que
valoir la jeunesse structurelle de sa po- ments dans le début des années l’âge moyen au mariage est plus élevé
pulation. Ces dernières années, la crois- soixante dix, c’est avec dix ans de déca- en Bretagne qu’au niveau national.
sance démographique est due pour l’es- lage que la fécondité bretonne a rejoint
sentiel au solde migratoire positif. la moyenne nationale. Dans les nou- Compte tenu des âges concernés, la sur-
veaux comportements familiaux, do- mortalité - essentiellement masculine -
Mis à part une certaine surmortalité des maines où les femmes pour l’essentiel est le reflet de la permanence des prati-
hommes par rapport à la moyenne fran- font la décision, la Bretagne est presque ques sociales anciennes plus marquées
çaise la région est caractérisée par des « en avance » par rapport à l’évolution à l’ouest qu’à l’est. La population
indicateurs socio démographiques qui nationale, si ce n’est pour la proportion d’Ille-et-Vilaine, beaucoup plus
attestent qu’elle n’est plus « décalée » des familles monoparentales qui, « brassée », a en 2002 une espérance de
mais totalement normalisée en termes comme la divortialité, évolue dans le vie à la naissance pour les hommes
de pratiques sociales. même sens que la France entière mais (75,7 ans) nettement supérieure à celle
avec une intensité qui reste légèrement du Finistère (73,2). Par contre, avec son
Certaines attitudes relèvent profondé- moins forte. Il est par exemple remar- taux de mortalité infantile particulière-
ment de l’intime des personnes et de quable de constater qu’en 2002, les ment bas (3,8 décès d’enfants de moins
Octant n° 94 - Juin 2003 5Prospective
Repères démographiques (année 2002)
Espérance de vie à la Proportion deTaux de Indicateur Age moyen au mariage
naissance (en années) Proportion famillesmortalité de fécondité
de naissances mono-infantile (nb d'enfants
hors mariage parentalesHommes Femmes Hommes Femmes(en °/oo) par femme)
(1999)
Bretagne 3,8 74,1 82,4 1,93 45% 33,0 31,0 10,7 %
er1 enfant :
61 %
France 4,3 75,6 82,8 1,91 45 % 30,2 28,1 12,3 %
er1 enfant :
57 %
Source : Insee
1 (34,3 % de 60 ans et plus en 2030). CeRépartition des retraités par pays en 1999
phénom

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