Les chemins du paysage et le paysage des chemins. Mars 2010.
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Description

Ce rapport se décline selon les 5 chapitres suivants : "le réseau de chemin" (analyse spatiale, modélisation en fonction des paysages agraires...), "représenter les réseaux de circulation agricole pour mieux intégrer les problématiques de gestion territoriale des exploitations agricoles et de gestion-aménagement du paysage", "les chemins en conflit" (trouver un accord pour réguler les chemins), "la végétation des bords de routes et chemins : indicatrice des activités humaines et composante des trames vertes du paysage" (biodiversité, typologie des habitats des bords de route et chemins), "les chemins et le paysage".
Le Du Blayo (Laurence). Rennes. http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/document.xsp?id=Temis-0075277

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Publié par
Publié le 01 janvier 2010
Nombre de lectures 11
Licence : En savoir +
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français
Poids de l'ouvrage 19 Mo

Extrait

Programme de recherche "PAYSAGES ETDEVELOPPEMENTDURABLE"  Rapport final d'activité Mars 2010 T :
ITRE DU PROJET LES CHEMINS DU PAYSAGE ET LE PAYSAGE DES CHEMINS 
Responsable : Laurence Le Du-Blayo MC en géographie, COSTEL UMR CNRS LETG 6554 Equipe: o Thenail Claudine, CR en Agronomie, INRA SAD Paysage o Van Tilbeurgh Véronique, MC en Sociologie, COSTEL, UMR LETG CNRS 6554 o Codet Christophe, IE en agronomie, INRA SAD Paysage o Gouéry Pascal, IR en informatique et cartographie, CRI Rennes 2 o Le Cur Didier, MC en écologie, Agrocampus Rennes, INRA SAD Paysage o Le Louarn Patrick, MC en droit public, Université Rennes 2 o Marchand Jean-Pierre, Pr émérite de géographie, COSTEL UMR CNRS LETG 6554 o Manceau Mathilde, vacation séminaire, COSTEL UMR CNRS LETG 6554 o Roger Jean-Luc, IE en écologie, SAD Paysage o Vappreau Kevin, vacation cartographie, COSTEL UMR CNRS LETG 6554
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 Sommaire Introduction : 1) Les chemins : un objet détude partagé par différentes disciplines 2) Une recherche interdisciplinaire : aspects méthodologiques
 
 
p 4 p 4 p 15
Chapitre 1 : Le réseau de cheminp 23 1) Réseau de chemin et réseau de haies p 23 2) Lanalyse spatiale des réseaux de chemins p 30 3) Vers une modélisation des chemins en fonction des paysages agraires p 42 4 ) Les modèles et le pouvoir local p 53 Chapitre 2 : Représenter les réseaux de circulation agricole pour mieux intégrer les problématiques de gestion territoriale des exploitations agricoles et de gestion-aménagement du paysage.p 62 1) Introduction p 62 2) Schéma conceptuel danalyse p 63 3) Résultats p 77 4) Discussion p 88 5) Conclusion p 90 Chapitre 3 Les chemins en conflit p 91 1)  91Trouver un accord pour réguler les chemins p 2)  pLes régulations et la règle 109 Chapitre 4 : La végétation des bords de routes et chemins : indicatrice des activités humaines et composante des trames vertes du paysagep 119 1) Le chemin, creuset de biodiversité p 119 2) Inventorier la diversité floristique p 121 3)Biodiversité et entretien p 123 4)Vers une typologie des habitats de bords de route et chemins p 127 5)Spatialiser la contribution des chemins à la trame verte p 131  Chapitre 5 : les chemins et le paysage p 142 1)Le réseau de chemin comme ouverture au paysage p 143 2) Les pratiques des randonneurs et les paysages p156
Conclusion générale 1)Apports et limites dun regard interdisciplinaire 2)La question de la multifonctionnalité Bibliographie    Annexe: Séminaire du 24-26 juin 2009 Programme , Liste des participants , Sortie terrain , Synthèse
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 p 175  p 175 p 176
p 181
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 Marcher permet de se prémunir contre ces atteintes à l’intelligence, au corps, au paysage, fût il urbain. Tout marcheur est un gardien qui veille pour protéger l’ineffable. Rebecca Solnit,L’Art de marcher, traduit de laméricain par Cristelle Bonis, 2002, Edition Actes Sud.    Introduction : Le chemin, un enjeu à partager pour des paysages multifonctionnels 1) Les chemins : un objet d’étude partagé par différentes disciplines  1 a) Cheminements bibliographiques
Létude de la bibliographie sur les chemins fait état de nombreux travaux, dont on peut
tirer deux premiers constats : un investissement variable des disciplines, les chemins étant
parfois absents des réflexions pendant de longues périodes, lévolution des angles dintérêt
vis-à-vis des chemins en fonction de lépistémologie de chaque discipline, et enfin la rareté de
synthèses pluridisciplinaires.
Lintérêt porté aux routes et chemins, vecteurs de flux économiques mais également
militaires, est sensible à différentes périodes historiques, notamment dans des états centralisés
où le pouvoir exprime une volonté de contrôle du territoire national. Les premières entreprises
de cartographie du royaume de France intègrent un inventaire précis des routes et chemins
afin den partager une connaissance exhaustive. Cest le cas de « lItinéraire complet de la
France » édité en 1788 et qui sur près de 600 pages dans son premier tome propose un
répertoire des « routes et chemins de traverse », classés par ordre alphabétique à partir des
villes principales, considérées ici comme les nuds du réseau (Louette, 1788). Une amorce de
hiérarchisation est employée, sans être clairement explicitée : grande route, route romaine,
route de traverse, autre route, chemin de traverse, autre chemin. Cette recherche de
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systématique du réseau est assez sèche en terme danalyse et laborieuse en terme dinventaire,
comme lexprime lauteur dans son préliminaire : « Nous prévenons le lecteur que ce livre
neft ni frivole ni amufant : les répétitions fréquentes & indispensables qui fe trouvent dans le
corps de lOuvrage, engendrent une monotonie qui en rend la lecture défagréable. On fera
même étonné de la patience quil nous a fallu, pour compofer & écrire un Ouvrage auffi long
et peu récréatif ».
Le développement dun réseau de transport est une marque tangible dappropriation du territoire par une société et révèle son rapport à lespace et aux déplacements. De nombreux
travaux darchéologues et dhistoriens restituent la connaissance des réseaux de routes et
chemins à différentes périodes, leur hiérarchie et leur fonction (Remond A., 1947 ; Lepetit B.,
1984).
La mise en regard de la complexité des réseaux de déplacement et la reconstitution
diachronique de leur évolution amènent les historiens et géographes à transformer leur
conception même de lobjet de recherche qui devient plus flou dans lespace (dédoublement
de voies, « chemins anastomosés », « route faisceau », « vibrations du réseau ») et composite dans le temps : « Passer par une approche génétique permet de dépasser les limites des raisonnements typo-chronologiques, et fonctionnels. Cela invite à dépasser lidée dune
sédimentation unique pour en arriver à des phases qui se succèdent en fonction de
temporalités complexes. Dès lors, la durée prend un sens nouveau et le réseau transmis nest
plus romain, ou gaulois, voire médiéval ou moderne. Chaque période innove soit, mais en
sappuyant sur lexistant et en se lappropriant parfois pour des usages imprévus » (Roberts
S., Verdier N, 2009).
La géographie française sest peu intéressée aux chemins, alors que la géographie des transports a toujours connu un courant de travaux, le plus souvent articulés autour de la problématique de la vitesse comme facteur de différenciation spatiale. Les cartes par
anamorphose dilatant la distance en fonction du temps sont des apports théoriques utiles à
léchelle régionale, mais les problèmes de vitesse jouent peu dans le cadre de recherches sur
les paysages des chemins, sauf cas spéciaux dépreuves sportives type marathon, ou course
dorientation.
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Les premiers travaux notables sont de Vidal de la Blache (1902) dans une conférence
sur « route et chemins de lancienne France » à forte connotation historique. Les chemins
évoqués sont soit des axes majeurs, soit des axes de pèlerinage. Par un changement déchelle,
Vdl Blache passe ensuite aux routes locales, dont les traces existent encore dans la toponymie
locale et qui marquent encore les limites territoriales. Il oppose les bons pays, relativement
autarciques, avec les pays rudes (terres froides) et le rôle des sentiers muletiers en Montagne, comme dans les pays schisteux de lOuest et du centre: « Dans ces sentiers creux oucavées, bordées darbre, hérissée dechironsou saillies pierreuses, effondrée par des ornières où lon risque de s’emmollervieille expression de lOuest, il fallait pourtant bien que, suivant la passât la bête de somme qui portait la charge de chaux ou de terreau destinée à amender le sol
trop pauvre ! ». Dans ces terres pauvres -et donc paysages de désolation- les paysans
utilisaient également les chemins pour leur migration saisonnière afin de fournir en main
duvre des bonnes terres et gagner un complément de revenu. « Les heureux habitants des
bons pays voyaient arriver périodiquement les pauvres hères des pays bocageux. Cela leur
faisait leffet dune sorte dhommage ». On retrouve ici, non sans jugement de valeur, un
déterminisme entre les types de sols, les types de paysages agraires, les types de chemins, les types de déplacementset les types dhommes. Vidal de la Blache souligne également la superposition de différents réseaux locaux, régionaux, voir nationaux, les déplacements se
faisant à vitesse constante. Ce nest que récemment dans lhistoire, avec labandon du cheval
et larrivée du tracteur que va apparaître la vitesse différenciée (selon lexpression de Jean
Ollivro) sur les chemins ruraux : la vitesse lente du piéton, la vitesse moyenne du tracteur, la
vitesse rapide de la voiture, et ce sur les mêmes chemins. On trouve en tous cas en Vidal de la
Blache un fidèle pratiquant des chemins, comme le souligne Marie-Claire Robic (2004) :
« Paul Vidal de la Blache est un de ces géographes moderne qui ont préféré la déambulation
et le contact rugueux de la route à la contemplation du panorama. Plutôt que le surplomb, il
affectionne la vision au ras du chemin ».
Gaston Roupnel, dans son « Histoire de la campagne française » (1931) consacre deux chapitres aux chemins. Il développe notamment le rôle du chemin comme bâtisseur de parcellaire, structure première des paysages agraires : « Ces chemins de desserte rurale sont,
nous lavons dit, les traits essentiels, les lignes de force, dans la construction de la clairière
culturale ». Cette affirmation du chemin primitif induit une rémanence dans le paysage en tant
que trace toujours visible pour lobservateur attentif du paysage, et milite pour une
reconstitution intuitive et presque sensorielle des réseau de chemins : « Une herbe lépreuse,
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une broussaille anormale, une saillie du sol, une piste pierreuse, une tâche sur les blés verts,
un jalonnement dont le pointillé à peine esquissé se réalise de touches disparates, et, par-
dessus tout cela, lallure du morcellement parcellaire, tous ces témoignages [] finissent
par prendre une signification catégorique : devant nous ressuscite le chemin primitif !! ». De
cette genèse du champ par la limite du chemin, Gaston Roupnel tire également des
conclusions sur la dégradation du chemin, lorsque la parcelle est suffisamment établie dans
ses limites pour durer dans le temps : «Quand la clairière culturale correspondit au territoire agraire, les champs reçurent alors limites et formes définitives, et gardèrent un façonnement que ne purent altérer les brèves périodes de jachère. Dès lors, le chemin cessa son rôle ouvrier. [] Le chemin nest plus au service des champs. Réciproquement, lhomme des
champs cesse dêtre au service du chemin. Des règlements, il est vrai, lastreignent à
maintenir en état la voir commune, mais ce sont là des contraintes autrement moins pressantes
que les nécessités originelles. [] A la période de laffermissement continu, succéda peu à
peu lâge dun progressif déclin. Cette voie qui commence à soffrir à la ruine va soffrir aussi
sans défense aux empiètements des riverains ». Le processus est ainsi bouclé, à la phase de
genèse succède la phase deffacement, dans une vision dominée par la séparation
fonctionnelle du chemin et du champ.
Louvrage le plus aboutit est sans nul doute celui de Marcel Gautier, « Chemins et véhicules de nos campagnes » (1971). Pour lui le chemin est avant tout agricole et rural.
Lusage touristique est oublié et le paysage est le grand absent de ce travail par ailleurs très
complet sur les types de chemins, les types dusages agricole, les types de véhicules
agricolesLa variété des réseaux est décrite en fonction des régions et illustrée par de
nombreuses cartes et photographies. Lauteur développe notamment la notion de chemin
mort, sa fonction vitale ayant disparu (limite, pèlerinage, desserte proto-industrielle,
modification des dessertes locales). « Si les chemins sont déchus par suite de la disparition
de liaisons lointaine, les chemins de desserte sont morts dinanition ». Ici le réseau de chemin
est plus labile, lhypothèse de la minimisation des distances par les sociétés rurales prend le pas sur lhypothèse de la pérennité du chemin : les raccourcis apparaissent, les chemins sont dédoublés, se recoupent, créent un écheveau de chemins anastomosés plus ou moins
éphémères.
Ce qui frappe dans les travaux des géographes jusque dans les années 1970, cest dune
part la focalisation sur les chemins ruraux, dautre part la place faite aux démarches
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diachroniques : la dimension historique semble prioritaire dans les facteurs explicatifs du
réseau (Cavaillès 1946, Meynier A., 1943).
Cette approche des chemins ruraux via les déplacements agricoles est approfondie par
les agronomes avec le souci doptimiser ladaptation du réseau de chemin, du parcellaire agricole et des systèmes techniques de production (Ingrand S et al., 1993 , Gonzales XP et al., 2007). Lactualité de la problématique des chemins est réaffirmée : « La motorisation de lagriculture a fait croire que les problèmes des déplacements étaient dépassés ou limités aux
agricultures du Tiers Monde. Or il na jamais cessé de jouer comme cela a été montré dans le
cas de lélevage laitier au pâturage. De plus, partout où il se produit, lagrandissement des exploitations entraîne celui des surfaces par travailleurs et de la distance entre les lieux daction, ainsi que souvent laugmentation de la taille des machines, qui ont de plus en plus de mal à circuler sur des routes étroites ou à grande circulation, et à traverser villages et ouvrages dart » (Benoît M., et al., 2006). Le lien avec le paysage et lanalyse spatiale est
particulièrement développé dans cet ouvrage qui intègre les travaux menés par Jean Pierre Deffontaine et Roger Brunet. Lanalyse du paysage via les unités agrophysionomiques (UAP) est complétée par une cartographie à dire dacteurs et traduite dans une modélisation graphique basée sur les chorèmes. Les problématiques de développement durable et dadaptation des pratiques agricoles renouvellent la question des routes et chemins et de leur
interaction avec le fonctionnement de lexploitation agricole (Pauwels F., Gulinck, H., 2000).
Lintensification de lagriculture, impacte doublement le rôle des chemins vis-à-vis de
la biodiversité. Dune part la modification du réseau induit une fragmentation et réduction des
tronçons de chemins les plus intéressants du point de vue de la biodiversité, dautre part la
réduction des jachères, prairies permanentes et zones humides diminue les parcelles les plus intéressantes écologiquement. Dans certains systèmes très intensifs, les chemins et bords de routes sont finalement les seuls espaces où la biodiversité peut sexprimer et ces espaces marginaux et mineurs, eux même fragilisés, prennent alors pour les écologues une grande
importance (Cousins S. A. O., 2006 ; Munguira M. L. and J. A. Thomas, 1992). La problématique est voisine de celle des bords de champ, même si lentretien nest pas le même et donc la pression anthropique différente (Croxton P.J. et al. 2002 ; Le Cur et al, 2002). La préservation de la biodiversité via les chemins et bord de routes est souvent articulée avec la problématique des corridors, et plus récemment en France, suite au Grenelle de
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lEnvironnement, avec la question des trames vertes (Viles R. L. et al. , 2001). Beaucoup de
travaux se sont focalisés sur la notion de connectivité développée en écologie du paysage,
mais pour autant la pression humaine via lentretien et lhistoire des paysages agraires via
lâge des chemins sont reconnus comme des facteurs clés (Deckers B. et al. 2005):
Nevertheless, due to our rigorous study design we are confident that the structural
differences observed in the five road-age classes are primarily the result of temporal and not spatial differences (Spooner P. G., Smallbone, Lisa, 2009).
En lien avec le virage épistémologique de la nouvelle géographie, lapproche des chemins est totalement revisitée après les années 1970. Les chemins ruraux sont analysés sous
langle de leur valeur touristique, de leur potentiel pour la randonnée et le développement
local, comme cest le cas dans la thèse dOlivier Etcheverria «Les chemins ruraux et leur revalorisation touristico-culturelle. L'exemple du Pays basque »publiée en 1999. Au-delà de
lagriculture et du tourisme, le chemin saffirme comme un outil de développement et de
construction territoriale (Offner J, Pumain D ., 1996).
Le paysage des chemins en milieu rural est relativement peu étudié en tant que tel, et jusque très récemment ne constitue que rarement un patrimoine reconnu : « La place que les spécialistes ont accordé aux chemins dans leurs inventaires est révélatrice de leur difficulté à
les considérer comme des éléments importants du patrimoine. Force est de constater que les
chemins ne sont pratiquement jamais considérés comme tels, sauf dans deux cas déjà
évoqués : les sentiers balisés et les voies romaines » (Montalieu J., 1996).
A linverse les chemins du paysage constituent un champ de réflexion très développé,
notamment autour de la question de laccès aux paysages, ou plus exactement du non accès
aux paysages (Curry N., 1994 ; Cury N., 2002). Cette problématique a été particulièrement virulente au Royaume Uni, du fait de la structure foncière et des enclosures. Les espaces ruraux sont caractérisés par leur potentiel douverture à des déplacements non agricoles et non privé, avec tout un gradient entre les espaces ruraux public dédiés au tourisme, par exemple
les terrains du National Trust et à linverse les espaces ruraux totalement privatifs, par
exemple les grandes exploitations fermées (Sandell K., 1998).
La question de laccès à lespace rural pour les randonneurs débouche sur des analyses
foncières et juridiques. « La liberté daller et venir, comme toutes les autres libertés, ne suse
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