Le rapport présente la situation politique et économique de Cuba, souligne le caractère spécifique du modèle cubain de socialisme, lié notamment à la défense de l'identité cubaine face aux Etats-Unis, et pose le problème du maintien par Cuba d'un système économique opposé au modèle dominant caractérisé par le phénomène de la mondialisation et par la diffusion de l'idéologie libérale. La mission aura constaté la permanence du thème de la lutte contre l'impérialisme et le refus du régime de se voir dicter son évolution politique de l'extérieur, notamment sur le plan des droits de l'homme ou de la démocratie. La deuxième partie du rapport d'information est consacrée aux relations franco-cubaines (politiques et économiques) et à la mise en place d'une relation euro-cubaine.
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue
Français
Extrait
N2401 (rectifi) ______
ASSEMBLE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIME LGISLATURE
Enregistr la Prsidence de l'Assemble nationale le 17 mai 2000.
RAPPORT D'INFORMATION
DPOS
en application de l'article 145 du Rglement
PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES TRANGRES(1)
sur la mission effectue par une dlgation de la Commission
Cuba
ET PRSENT
PARM. GEORGESHAGE,
Dput
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(1) La composition de cette commission figure au verso de la prsente page.
Affaires trangres
La Commission des Affaires trangres est compose de : M. Franois Loncle,prsident ; MM. Grard Charasse, Georges Hage, Jean-Bernard Raimond,sisrtnedvice-p; MM. Roland Blum, Pierre Brana, Mme Monique Collang,secrtaires; Mmes Michle Alliot-Marie, Nicole Ameline, M. Ren Andr, Mmes Marie-Hlne Aubert, Martine Aurillac, MM. Edouard Balladur, Raymond Barre, Dominique Baudis, Henri Bertholet, Jean-Louis Bianco, Andr Billardon, Andr Borel, Bernard Bosson, Pierre Brana, Jean-Christophe Cambadlis, Herv de Charette, Yves Dauge, Patrick Delnatte, Jean-Marie Demange, Xavier Deniau, Paul Dhaille, Mme Laurence Dumont, MM. Jean-Paul Dupr, Charles Ehrmann, Jean-Michel Ferrand, Raymond Forni, Georges Frche, Jean-Yves Gateaud, Jean Gaubert, Valry Giscard d'Estaing, Jacques Godfrain, Pierre Goldberg, Franois Guillaume, Robert Hue, Mme Bernadette Isaac-Sibille, MM. Didier Julia, Alain Jupp, Andr Labarrre, Gilbert Le Bris, Jean-Claude Lefort, Guy Lengagne, Franois Lotard, Pierre Lequiller, Alain Le Vern, Bernard Madrelle, Ren Mangin, Jean-Paul Mariot, Gilbert Maurer, Jean-Claude Mignon, Charles Millon, Mme Louise Moreau, M. Jacques Myard, Mme Franoise de Panafieu, MM. Etienne Pinte, Marc Reymann, Franois Rochebloine, Gilbert Roseau, Mme Yvette Roudy, MM. Ren Rouquet, Georges Sarre, Henri Sicre, Mme Christiane Taubira-Delannon, MM. Michel Terrot, Mme Odette Trupin, MM. Joseph Tyrode, Michel Vauzelle, Philippe de Villiers, Jean-Jacques Weber.
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INTRODUCTION
SOMMAIRE ___
I Cuba dans le monde actuel : une Singularit HISTORIQUE
A Une exprience originale du socialisme7 1) Un rgime dont la lgitimit est fonde sur la dfense de lidentit cubaine 2) Le socialisme voit dans lhomme le capital le plus prcieux8 B Quid de la perptuation du modle ?9 1) Laspect positif : Cuba est le dernier pays lutter contre limprialisme 2) Laspect controvers : une certaine crispation sur la dmocratie et les droits de lHomme 3) Lincertitude sur la transition12
II Cuba, la France et l europe
A Des relations franco-cubaines excellentes
fondes sur un respect rciproque 1) Les relations politiques15 2) Les relations conomiques16
B La difficile mise en place d une relation euro-cubaine17
CONCLUSION
EXAMEN EN COMMISSION
ANNEXE
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Mesdames, Messieurs,
Une dlgation de la Commission des affaires trangres sest rendue La Havane du 15 au 19 avril 2000, afin de faire le point de la situation politique et conomique de Cuba et des relations entre ce pays et la France.
Maccompagnaient en cette mission, que je dirigeais, Mme Bernadette Isaac-Sibille et M. Jean-Yves Gateaud. Il faut noter que ctait la premire visite dune dlgation de la Commission des affaires trangress qualits Cuba. Je me flicite quelle sinscrive dans la nette impulsion des relations franco-cubaines en ces dernires annes.
Nous avons rencontr tout dabord des personnalits parlementaires : le prsident de lAssemble nationale du pouvoir populaire, M. Ricardo Alarcon, le prsident de la commission des relations extrieures, M. Ramon Pez Ferro, le prsident du groupe damiti Cuba/France, M. Miguel Barnet. Nous avons galement pu avoir des contacts avec des membres du gouvernement chargs de secteurs qui intressaient plus particulirement notre mission, comme M. Angel Dalmau, le vice-ministre des relations extrieures ou M. Ricardo Malmierca, vice-ministre des investissements trangers et de la coopration. Enfin, la dlgation a pu visiter certaines ralisations remarquables, tels un complexe touristique en voie damnagement, linstitut de recherche scientifique et mdicale Finlay ou lcole de mdecine latino-amricaine.
Hors programme officiel, Mme Bernadette Isaac-Sibille a rencontr le cardinal de La Havane, Mgr. Jaime Ortega, et M. Jean-Yves Gateaud, le prsident de la commission cubaine des droits de lHomme, M. Elizardo Sanchez Santa Cruz.
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I Cuba dans le monde actuel : une Singularit HISTORIQUE
A Une exprience originale du socialisme
1) Un rgime dont la lgitimit est fonde sur la dfense de lidentit cubaine
Qui veut comprendre Cuba se doit de prendre connaissance de lalongue et tumultueuse histoire de ses relations avec les Etats-Unis. Le Prsident Jefferson (lun des auteurs de la Dclaration dindpendance) souhaitait dj au tout dbut du 19mesicle que les Etats-Unis sapproprient Cuba, le situe 200 kilomtres des ctes de Floride. Ainsi, les Amricains sengagent dans la guerre dindpendance cubaine contre lEspagne (1895-1898) avec dimportantes arrire-penses. Ils imposent en effet un droit unilatral dintervention aux Etats-Unis dans la constitution cubaine de 1902, connu sous le nom damendement Platt (qui ne sera abrog que dans les annes vingt). Ds lors, les Etats-Unis sont non seulement matre du jeu politique par lintermdiaire de dictateurs fantoches, mais aussi les vritables propritaires de lconomie cubaine. La possibilit dingrence inscrite dans lamendement Platt nest pas reste lettre morte, que ce soit directement (envoi de soldats amricains en 1906 ou en 1917) ou indirectement (coups dEtat de Batista en 1934 et 1952). Ainsi, pendant la priode qui va de 1898 1959, Cuba est un pays conomiquement, voire politiquement aux mains des Amricains, qui possdent 50 % des terres, les principales entreprises du pays, ainsi que de trs nombreux casinos, htels ouautres tablissements de plaisir
La lutte mene partirde 1953 par Fidel Castro et ses partisans a dabord pour but de renverser le rgime dictatorial et proamricain de Batista. La rvolution de 1959 nest donc pas une rvolution communiste, mme si elle est fonde ds lorigine sur un appui populaire et sur une mfiance lgard des possdants, dans la mesure o ceux-ci sont lis aux intrts amricains. Il faut dailleurs remarquer quil existe alors un parti communiste Cuba, le PSP, auquel nappartient pas Fidel Castro et qui ne sest ralli que tardivement ce dernier.
Aprs la rvolution, lhistoire des relations entre Cuba et les Etats-Unis se complique encore. La tentative de dbarquement dexils cubains soutenus par la CIA dans la Baie des Cochons en 1961, lactivisme des Cubains de Floride, et bien sr lembargo impos par les Etats-Unis, que
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chacun Cuba qualifie de blocus, ont considrablement renforc la ferveur nationaliste du peuple cubain. Pour une grande majorit de Cubains, la dfiance des Amricains lgard du rgime castriste nest pas sparable du refus qui leur est prt daccepter un Cuba rellement indpendant. Dailleurs, la disparition de lUnion sovitique ne sest pas accompagne dun assouplissement de la position amricaine lgard de Cuba. Au contraire, le dsir disoler Cuba sest encore renforc avec ladoption en 1992 de la loi Torricelli qui renforce lembargo et celle de la loi Helms-Burton en 1996 qui vise sanctionner les entreprises trangres qui utiliseraient Cuba des biens confisqus la rvolution. Lhostilit lencontre de Cuba est telle que le Congrs amricain na pas hsit prendre des mesures dont le caractre extraterritorial constitue une violation flagrante des rgles de lOrganisation mondiale du commerce.
Il nest pas possible de comprendre Cuba si on ne prend pas en compte le souci fondamental que le peuple cubain a de sa dignit. En effet, mme les adversaires les plus acharns du rgime reconnaissent que si celui-ci tombe, Cuba passera automatiquement sous la coupe des Etats-Unis, ou du moins des Cubains exils aux Etats-Unis. Ces derniers se sont en effet en quelque sorte arrog le monopole de lopposition au rgime. Laffaire du petit Elian Gonzalez a confirm limpopularit des exils cubains de Floride, considrs comme tratres la patrie. Fonde sur une raction avant tout identitaire et nationaliste, la rvolution cubaine simpose avant mme dtablir des liens privilgis avec lUnion sovitique. Il est alors comprhensible que cette rvolution survive leffondrement du communisme en URSS.
2) Le socialisme voit dans lhomme le capital le plus prcieux
Lvolution de Cuba vers le socialisme a rpondu une certaine logique. Comme on la montr, une rvolution nationaliste Cuba devait ncessairement tre dfavorable aux plus riches, dont les intrts taient lis aux milieux daffaires amricains. De plus, la mfiance lgard des Etats-Unis tenait aussi laccaparement des richesses du pays par une petite minorit, protge par le puissant voisin. En consquence, les rformes agraires et foncires interviennent ds 1959. En outre, les biens appartenant des Amricains ou des Cubains ayant fui le pays sont confisqus et redistribus la population. Par ailleurs, lhostilit persistante des Etats-Unis au nouveau rgime cubain a conduit celui-ci se rapprocher trs rapidement de lUnion sovitique.
Le rgime socialiste cubain est donc une construction originale. Il en restera toujours certaines spcificits, qui ont expliqu lextraordinaire popularit de cette rvolution qui manifeste un prestige sans commune mesure avec la puissance relle, militaire,
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conomique, dmographique de Cuba. En effet, le socialisme cubain a tou jours considr que lhomme tait le capital le plus prcieux, pour reprendre une vieille formule de Joseph Staline. Nous avons pu constater que cet humanisme concret est lorigine de succs rels du rgime. Ses russites en matire de sant et dducation sont connues et elles nous ont paru relles. La lutte contre lanalphabtisme a enregistr des rsultats incontestables puisquil a pratiquement disparu, alors quil concernait en 1959 prs du quart de la population. Leniveau scolaire moyen est lev Cuba, o tous les jeunes enfants sont scolariss, et o une proportion remarquable suit des tudes secondaires, voire universitaires.
Cest dans le domaine de la sant que nous avons observ les russites les plus marquantes du rgime. La proccupation pour la sant tmoigne du niveau de dveloppement humain dune nation. Du moins lorsque la sant est considre comme une composante de la dignit des individus, et non comme un bien marchand. Trop souvent, dans les pays occidentaux, la sant est considre comme un secteur conomique comme un autre. Au contraire, Cuba la proccupation pour la sant relve vritablement dune politique soigneusement dlibre et exprime un enthousiasme certain. Les moyens qui lui sont consacrs sont donc considrables : un vritable maillage de la population par des mdecins de famille , 1 pour 120 familles, permet un suivi efficace dans toutes les couches de la population. Il en rsulte que les indicateurs de sant (esprance de vie, mortalit infantile) sont comparables, voire dpassent ceux que lon peut observer dans les pays occidentaux. Pourtant, lembargo est un handicap considrable dans le domaine de la sant. Tout dabord, il explique largement la pnurie de certains mdicaments, ensuite, il empche le dveloppement dune vritable industrie pharmaceutique alors que Cuba dispose dun potentiel formidable dans ce secteur.
Nous avons eu la chance de pouvoir visiter linstitut de recherche scientifique et mdicale Finlay, spcialis dans la recherche de nouveaux vaccins. Nous avons t particulirement impressionns la fois par le niveau de comptence scientifique et par lesprit altruiste de lquipe de lInstitut. En effet, cet institut a russi mettre au point de nouveaux vaccins notamment contre la mningite. Son histoire est un vritable paradoxe, puisque ce vaccin, unique au monde dans son genre, a finalement pu tre utilis aux Etats-Unis, grce une autorisation spciale. Lexcellence du systme de sant cubain a ainsi pu sauver des enfants amricains
B Quid de la perptuation du modle ?
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Dans un monde domin par le phnomne de la mondialisation et par la diffusion de lidologie librale, est-il possible pour Cuba de maintenir un systme oppos au modle dominant ?
1) Laspect positif : Cuba est le dernier pays lutter contre limprialisme
Notre mission a commenc au lendemain de la clture du sommet du Sud ( lorigine duquel on retrouvele groupe des 77 ) qui r unit lensemble des pays de ce qui est de moins en moins appel le tiers monde. Nos interlocuteurs ont donc insist juste titre sur le rle de Cuba dans la lutte contre limprialisme, rle dautant plus important quelle est souvent une des seules oprer cette dnonciation car les problmes provoqus par le capitalisme et le libralisme sont plus que jamais dactualit. Fidel Castro les a dnoncs avec force au cours du Sommet du Sud, rappelant que le libralisme provoque chaque anne plus de morts que la deuxime guerre mondiale. Il a en outre prn la dmolition du FMI et souhait la mise en accusation et un procs de Nuremberg lencontre de lordre conomique.
Cette dnonciation du capitalisme est salutaire alors que les solutions proposes par le FMI et la Banque mondiale montrent de plus en plus leurs funestes effets. A linverse Cuba peut se permettre dmettre des critiques : alors quelle est exclue de laide des institutions de Bretton Woods, et donc quelle emprunte des taux usuraires, Cuba a atteint un niveau de dveloppement bien suprieur celui des autres les des Carabes. De plus, contrairement ce qui se passe dans toute lAmrique latine, il ny a pas de misre et tout le monde mange sa faim et vit sous un toit Cuba. Au Venezuela, pays qui possde dimmenses richesses naturelles, 80 % de la population vit en dessous du seuil de pauvret. Nos interlocuteurs cubains sont attentifs larrive au pouvoir de Hugo Chavez.
En outre Cuba ne se contente pas de critiquer le modle nolibral, elle en pointe galement les carences par ses actions. Ainsi, Cuba a mis au point un systme de coopration mdicale Sud/Sud trs intressant. Cuba envoie des mdecins dans des lieux sinistrs, comme en Amrique centrale aprs le cyclone Mitch, o ils sont souvent les seuls saventurer dans les zones les plus recules. Dans le mme registre, Fidel Castro a dcid il y a un an la cration dune cole latino-amricaine de sciences mdicales, que nous avons visite, charge de former des tudiants en mdecine issus dautres pays latino-amricains. Ils profitent ainsi du savoir-faire cubain, et du financement de lensemble de leurs tudes. Dans un autre domaine, tel celui du cinma, Cuba a fond une cole destine la formation des ralisateurs, cole prside par le prix Nobel, Gabriel Garcia Marquez. Ces ralisations exemplaires et trs rcentes montrent que
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Cuba na pas renonc exporter sa conception du monde.
2) Laspect controvers : une certaine crispation sur la dmocratie et les droits de lHomme
Fidle sa conception des droits de lHomme, Cuba refuse une volution impose de lextrieur. Du point de vue politique, les volutions ont donc t trs timides : le multipartisme, les liberts politiques restent des concepts suspects pour Cuba. Pour autant, nos interlocuteurs acceptent dvoquer ces questions et sont manifestement trs peins que Cuba passe pour une dictature sur la scne internationale.
Les Cubains stonnent tout dabord du caractre disproportionn des critiques qui leur sont faites. Pour eux largument des droits de lHomme nest quun prtexte pour critiquer le rgime. La condamnation, pendant notre voyage, le 18 avril, de Cuba par la Commission des droits de lHomme des Nations Unies pour la seconde anne conscutive a t considre comme une vritable injustice sur largument du deux poids, deux mesures : pourquoi condamner Cuba et pas lArabie Saoudite par exemple ? Dailleurs le front des pays du Sud sest oppos cette condamnation, dnonant cet argumentaire gomtrie variable. Ils font remarquer qu une norme majorit, lAssemble gnrale des Nations Unies condamne chaque anne lembargo amricain sur Cuba. La phrasologie des droits de lHomme est donc suspecte au Sud.
Une autre justification souvent voque tient au caractre socialiste du rgime : il en rsulte une prvalence en faveur des droits sociaux sur les liberts formelles. La persistance de la misre dans les pays latino-amricainsqui ont choisi la voie dlections libres et dmocratiques est souvent donne en exemple.
Enfin, encore une fois, les relations avec les Etats-Unis psent sur la vie politique cubaine. Comme on la dj montr, la seule opposition organise est celle des Cubains de Floride. Le vice-ministre des relations extrieures, Angel Dalmau, nous a expliqu que le multipartisme, dans le contexte des relations actuelles avec les Etats-Unis, sapparenterait un suicide politique. En effet nous lavons vu -, aux sanctions se sont ajoutes ladoption de la loi Torricelli en 1992 et de la loi Helms-Burton en 1996. Aucune tude srieuse ne met en doute lefficacit redoutable de ces mesures. Fidel Castro, peut-on observer, en tire un bnfice politique : il fait de lembargo la cause unique des difficults conomiques du pays, qui en outre renforce le sentiment national cubain.
Sans vouloir soulever un dbat idologique, on peut avancer que lide selon laquelle la dmocratie sociale serait plus importante que la
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dmocratie politique dans les pays pauvres peut tre mise en doute. Certaines erreurs - comme par exemple le choix de structures tatiques dans le domaine de lagriculture - nauraient-elles pu tre vites par le dbat dmocratique ? De plus, une information libre et large nest-elle pas ncessaire pour expliquer et combattre la contagion idologique du mode de vie amricain ?
Depuis la visite du Pape en janvier 1998, trs peu de progrs ont t raliss dans le domaine politique. Ce voyage avait t en effet loccasion dune certaine dcrispation au plan politique, notamment dansle domaine de la libert religieuse. Notre collgue Bernadette Isaac-Sibille a pu assister la procession dans la rue du dimanche des Rameaux. Cest donc tort que le journal Le Monde avait annonc le 12 avril que le rgime avait interdit les processions publiques de la semaine sainte. En outre, un certain nombre dopposants ont le droit de safficher comme tels, cest le cas par exemple de M. Elizardo Sanchez Santa Cruz, prsident de la commission cubaine de dfense des droits de lHomme, que Jean-Yves Gateaud a pu rencontrer. Cependant, si les opposants intrieurs ne sont pas traqus, leur action nest pas pour autant favorise, ce qui est en contradiction avec le constat dune opposition par trop aux mains des Etats-Unis.
Notons nanmoins que la condamnation de Cuba par la Commission des droits de lHomme ne sest pas traduite par un durcissement vis--vis de la dissidence, comme cela tait attendu. Au contraire, le rgime a libr au mois de mai Felix Bonne, Marta Beatriz Roque et Rene Gomez, membres du Groupe de travail de la dissidence interne. Arrts en juillet 1997 avec Vladimiro Roca, toujours emprisonn, les quatre avaient t condamns pour sdition en mars 1998 des peines de prison allant de trois ans et demi cinq ans. Ils avaient publi notamment un document intitul "La patrie appartient tous".
3) Lincertitude sur la transition
Officiellement, il nest jamais question de transition Cuba. Cependant, le pays a d sadapter lvolution de la situation internationale suite la disparition du bloc socialiste, et incontestablement le visage du pays a chang dans de nombreux domaines depuis le dbut des annes 1990. En effet, les consquences de la disparition du camp socialiste ont t dramatiques pour Cuba dont lconomie tait entirement dpendante des biens imports dUnion sovitique et des achats de produits cubains, notamment de sucre, raliss en retour. La premire raction suite