L'Union européenne est le premier acteur mondial du marché du vin, se plaçant au premier plan de la production (45 % des superficies viticoles, 60% de la production mondiale), de la consommation (60%), des échanges (importation et exportation). Paradoxalement, le secteur vitivinicole connaît une crise de compétitivité (consommation décroissante en Europe, concurrence avec les vins des pays du nouveau monde, régulation jugée inexistante du marché européen...). L'auteur estime que cette crise est aggravée par le fonctionnement de l'Organisation commune du marché (OCM) qui encourage la production d'un vin destiné non pas à la consommation mais au stockage et à la distillation, d'où la nécessité de réformer cette organisation. Il propose des orientations pour préparer la réforme : réguler le secteur en fonction du marché et non plus de la production, mettre en place de nouveaux outils au sein des enveloppes budgétaires nationales, refuser le détricotage de l'OCM via le transfert de crédits vers le développement rural, valoriser les vins européens en simplifiant leur classification...
________________________________________________________________ (1) La composition de cette Délégation figure au verso de la présente page.
La Délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union européenne est composée de :M. Pierre Lequiller,président Elisabeth Abelin, Mme Jean-Pierre; MM. Guigou, M. Christian Philip,vice-présidents François Guillaume, Jean; MM. Claude Lefort,secrétaires Almont, François Calvet, Mme Anne-; MM. Alfred Marie Comparini, MM. Bernard Deflesselles, Michel Delebarre, Bernard Derosier, Nicolas Dupont-Aignan, Jacques Floch, Pierre Forgues, Mme Arlette Franco, MM. Daniel Garrigue, Michel Herbillon, Marc Laffineur, Jérôme Lambert, Robert Lecou, Pierre Lellouche, Guy Lengagne, Louis-Joseph Manscour, Thierry Mariani, PhilippeArmand Martin, Jacques Myard, Christian Paul, Axel Poniatowski, Didier Quentin, André Schneider, Jean-Marie Sermier, Mme Irène Tharin, MM. René-Paul Victoria, Gérard Voisin.
I. VIN »IL FAUT REFORMER LOCM « CAR ELLE NE PEUT AIDER LE SECTEUR A REGLER SA CRISE DE COMPETITIVITE ............... 11
A.Un tableau densemble très préoccupant............................11
B.Une consommation qui décroît globalement en Europe tout en devenant plus exigeante .............................131) 13Une tendance lourde..............................................................2)Que ne peuvent renverser une classification et un étiquetage des vins européens trop savants ............................. 16
C.Une concurrence acharnée livrée par les vins du nouveau monde .....................................................................201)Des produits disposant dune force de frappe redoutable................................................................................... 202)Un excédent commercial européen menacé............................. 223) 25Un assainissement du marché rendu impossible ....................
D. régulation » du marché européen inexistanteUne « du fait des dispositions en vigueur.......................................261)Une règle ancienne de limitation du potentiel de production contournée par de fréquents « bonus » et « amnisties » ............................................................................... 26
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2) 28Un arrachage trop restreint depuis 1996.................................3)Des outils de distillation dévoyés .............................................. 30a)système absurde finançant la production dun vinUn qui nest pas consommé ......................................................... 30b)Une mesure qualitative en revanche justifiée : la distillation des sous-produits .................................................. 35
II.POUR QUE LE PROJET DE REFORME EN PREPARATION SOIT JUSTE ET EFFICACE, LA COMMISSION DEVRA FAIRE EVOLUER SA POSITION ......................................................................... 37
A.Ne pas tout déréglementer, mais se fixer pour ambition de réguler le secteur en fonction du marché et non plus de la production.................................................391)Prévoir un arrachage communautaire sélectif, volontaire et conditionné, couplé à un arrachage temporaire .................................................................................. 39a)Larrachage proposé par la Commission une mesure : coûteuse qui relève de la démesure administrative ................ 39b)Faire de larrachage un levier économique, social et environnemental ..................................................................... 422)Retirer de manière ordonnée les aides à la distillation en prévoyant une exception pour celle concernant les sous-produits de la vinification................................................. 443)un encadrement des droits de plantation toutMaintenir en flexibilisant leurs transferts et en permettant un octroi conditionné de nouveaux droits..................................... 454)Maintenir linterdiction de vinifier les moûts concentrés importés des pays tiers et de mélanger les vins communautaires et non communautaires ............................... 475)Préciser les compétences des organismes de filière sans les attribuer aux groupements de producteurs ....................... 48
B.Mettre en place des outils nouveaux ou rénovés au sein des enveloppes nationales pour ne pas reproduire les travers de lactuelle OCM...........................50
C. de lOCMRefuser le « détricotage »via le transfert de crédits vers le développement rural ...............................53
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D.Valoriser les vins européens en simplifiant leur classification et leur présentation, mais sans sacrifier le lien au terroir.....................................................................541)Reconnaître deux catégories de vins ........................................ 542) 56Renforcer la protection des indications géographiques .........3) 60Rendre létiquetage plus lisible sans nuire à la qualité ..........
E.Ouvrir de manière ciblée les vins européens aux seules pratiques nologiques reconnues par lOIV...........611) » venant toutNe pas noyer nos procédés dans le « nologique ................................................................................. 612)Permettre un recours facultatif au saccharose pour les seules régions septentrionales et supprimer progressivement laide aux moûts de raisins .......................... 64
F. promotion, prospection,Doter lOCM dun volet « commercialisation et innovation » solide ...........................67
Annexe 1 : Liste des personnes entendues par le rapporteur .............................................................................83
Annexe 2 :Prévisions à moyen terme du secteur vitivinicole européen .............................................................87
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
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Le 6 juillet 2006, lAssemblée nationale a été saisie, au titre de la clause dite « facultative » de larticle 88-4 de la Constitution, dune communication de la Commission en date du 22 juin 2006 intitulée «Vers un secteur vitivinicole européen durable»(1).
Ce document prépare la réforme de lorganisation commune du marché (OCM) de ce secteur, actuellement régie par le règlement (CE) n °1493/1999 du 17 mai 1999, en présentant quatre options possibles dévolution.
Lune de ces options, la quatrième, est clairement privilégiée par la Commission ; elle servira de point de départ pour la rédaction de la proposition de règlement réformant lOCM qui, une fois publiée, sera elle aussi transmise, en vertu de larticle 88-4 de la Constitution, à lAssemblée nationale.
Cest dire si ce document de réflexion, qui fait lobjet de discussions au sein du Conseil des ministres de lUnion européenne depuis septembre 2006, est important.De fait, ilannonce des ruptures majeures pour lEurope du vin.
Cest dire aussi à quel point il était indispensable que lactuelle législature puisse débattre, à défaut de la proposition de règlement, celle-ci allant être vraisemblablement publiée au moment où se dérouleront les élections législatives en France, des orientations contenues dans la communication de juin 2006.
(1) Vers un : de la Commission au Conseil et au Parlement européen Communication secteur vitivinicole européen durable, COM (2006) 319 final du 22 juin 2006/E 3184.
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LOCM encadre une production qui, depuis plus de 2000 ans, fait partie des fondements du mode de vie européen. La contribution de la viticulture à notre « vivre ensemble » et à nos paysages est si évidente quil est inutile dinsister sur ce point.
De plus, lOCM vitivinicole a un statut particulier au sein la politique agricole commune. Cest la plus complexe et la plus vaste des organisations de marché, car elle réglemente, ce qui la rend unique, non seulement les mesures de gestion de la production, mais aussi les aspects liés à la circulation et à la vente des produits, les procédés de vinification, létiquetage, etc.
Enfin,lUnion européenne est le premier acteur mondial du marché du vin. Elle se place en effet au premier rang sur le plan :
-de la production le vignoble européen représente environ : 45 % des superficies viticoles du globe et assure, en moyenne, près de 60 % de la production mondiale de vin ;
-de la consommation : lUnion représente près de 60 % de la consommation mondiale ;
-des échanges : lUnion est, à la fois, le premier exportateur et le plus grand marché dimportation mondial(2). En outre, le vin, produit agricole transformé, à forte valeur ajoutée, est lun des plus beaux fleurons de la balance commerciale européenne et française.
Pour mieux comprendre les enjeux traités par le projet de réforme en cours délaboration, le rapporteur, qui a travaillé, en tant que rapporteur du Parlement européen, sur la précédente réforme de lOCM, celle de 1999, en a débattu avec la commissaire européenne en charge de lagriculture et du développement rural, Mme Mariann Fischer Boël, le directeur général de lagriculture et du développement rural à la Commission européenne, plusieurs députés européens spécialisés, le cabinet du ministre français de
(2) «Vin Economie du secteur», document de travail de la direction générale de lagriculture et du développement rural de la Commission européenne, février 2006. Selon lOrganisation internationale de la vigne et du vin, en 2005, lUnion européenne détenait 54 % de la surface mondiale, avec 3,2 millions dhectares.