Discours académiques
102 pages
Français

Discours académiques

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Description

ces textes relèvent de l’activité de Montesquieu membre de l’académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. Lorsque l’Académie voulut, au début des années 1780, publier un recueil de mémoires et sélectionna en particulier ceux de Montesquieu, son secrétaire, Lamontaigne, écrivit en tête d’un volume (828/iii) cette note où se mêlent restriction et vénération : « Quoique plusieurs de ces pièces puissent ne point paraître d’une certaine importance, le seul nom de cet homme immortel semble devoir y attacher une sorte de respect. On ne peut d’ailleurs s’empêcher d’y reconnaître assez généralement cette touche originale, cette vivacité de style dont tous ses ouvrages portent l’empreinte. » Les discours de Montesquieu sont empreints d’une noblesse ingénieuse, ils cultivent l’art de l’allusion et de la citation recherchées, puisées dans la culture antique, même si la plupart d’entre eux sont de simples rapports

Informations

Publié par
Nombre de lectures 12
EAN13 9782824711195
Langue Français

Extrait

MON T ESQU I EU
DISCOU RS
A CADÉMIQU ES
BI BEBO O KMON T ESQU I EU
DISCOU RS
A CADÉMIQU ES
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1119-5
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.DISCOU RS DE RÉCEPT ION A
L’A CADÉMI E DES SCI ENCES
DE BORDEA UX
P RONONCÉ LE P REMI ER MAI 1716.
    l’antiquité r e ce vaient leur s disciples sans e x amen et
sans choix  : ils cr o yaient que la sag esse de vait êtr e commune àL tous les hommes, comme la raison, et que , p our êtr e philosophe ,
c’était assez d’av oir du g oût p our la philosophie .
Je me tr ouv e p ar mi v ous, messieur s, moi qui n’ai rien qui puisse m’ en
appr o c her que quelque aachement p our l’étude , et quelque g oût p our
les b elles-ler es. S’il suffisait, p our obtenir cee fav eur , d’ en connaîtr e
p arfaitement le prix, et d’av oir p our v ous de l’ estime et de l’admiration,
je p our rais me flaer d’ en êtr e digne , et je me comp ar erais à ce T r o y en qui
mérita la pr ote ction d’une dé esse , seulement p ar ce qu’il la tr ouva b elle .
Oui, messieur s, je r eg arde v otr e académie comme l’ or nement de nos
pr o vinces  ; je r eg arde son établissement comme ces naissances heur euses
1Discour s académiques Chapitr e
où les intellig ences du ciel président toujour s.
On avait v u jusqu’ici les sciences non p as néglig é es, mais méprisé es, le
g oût entièr ement cor r ompu, les b elles-ler es ense v elies dans l’ obscurité ,
et les muses étrangèr es dans la p atrie des Paulin et des A usone .
Nous nous tr ompions de cr oir e que nous fussions connus chez nos
v oisins p ar la vivacité de notr e esprit  ; ce n’était sans doute que p ar la
barbarie de notr e lang ag e .
Oui, messieur s, il a été un temps où ceux qui s’aachaient à
l’étude étaient r eg ardés comme des g ens singulier s, qui n’étaient p oint faits
comme les autr es hommes. Il a été un temps où il y avait du ridicule et de
l’affe ctation à se dég ag er des préjug és du p euple , et où chacun r eg ardait
son av euglement comme une maladie qui lui était chèr e , et dont il était
dang er eux de guérir .
D ans un temps si critique p our les savants, on n’était p oint
impunément plus é clairé que les autr es  : si quelqu’un entr epr enait de sortir de
cee sphèr e étr oite qui b or ne les connaissances des hommes, une infinité
d’inse ctes qui s’éle vaient aussitôt for maient un nuag e p our l’ obscur cir  ;
ceux même qui l’ estimaient eu se cr et se ré v oltaient en public, et ne p
ouvaient lui p ardonner l’affr ont qu’il leur faisait de ne p as leur r essembler .
Il n’app artenait qu’à v ous de fair e cesser ce règne ou plutôt cee
tyrannie de l’ignorance  : v ous l’av ez fait, messieur s  ; cee ter r e où nous
viv ons n’ est plus si aride  ; les laurier s y cr oissent heur eusement  ; on en
vient cueillir de toutes p arts  : les savants de tous les p ay s v ous demandent
des cour onnes  :
Manibus date lilia plenis ¹ .
C’ est assez p our v ous que cee académie v ous doiv e et sa naissance et
ses pr ogrès  ; je la r eg arde moins comme une comp agnie qui doit p erfe
ctionner les sciences que comme un grand tr ophé e éle vé à v otr e gloir e  :
il me semble que j’ entends dir e à chacun de v ous ces p ar oles du p oëte
ly rique  :
Ex egi monumentum ær e p er ennius ² .
1. V I RG., Æneid., V I, v . 885.
2. HORA T ., Od., I I I, XX I V .
2Discour s académiques Chapitr e
Nous av ons été animés à cee grande entr eprise p ar cet illustr e pr
ote cteur dont le g énie puissant v eille sur nous ³ . Nous l’av ons v u quier
les délices de la cour , et fair e sentir sa présence jusqu’au fond de nos pr
ovinces. C’ est ainsi que la fable nous r eprésente ces dieux bienfaisants qui
du séjour du ciel descendaient sur la ter r e p our p olir des p euples sauvag es,
et fair e fleurir p ar mi eux les sciences et les arts.
Oserai-je v ous dir e , messieur s, ce que la mo destie m’a fait tair e
jusqu’ici  ? and je vis v otr e académie naissante s’éle v er si heur eusement,
je sentis une joie se crète  ; et, soit qu’un instinct flaeur semblât me
présag er ce qui m’ar riv e aujourd’hui, soit qu’un sentiment d’amour-pr opr e
me le fit esp ér er , je r eg ardai toujour s les ler es de v otr e établissement
comme des titr es de ma famille .
Lié av e c plusieur s d’ entr e v ous p ar les char mes de l’amitié , j’ esp érai
qu’un jour je p our rais entr er av e c eux dans un nouv el eng ag ement, et
leur êtr e uni p ar le commer ce des ler es, puisque je l’étais déjà p ar le lien
le plus fort qui fût p ar mi les hommes. Et, si ce que dit un des plus enjoués
de nos p oëtes n’ est p oint un p arado x e , qu’il faut av oir du g énie p our êtr e
honnête homme , ne p ouvais-je p as cr oir e que le cœur qu’ils avaient r e çu
leur serait un g arant de mon esprit  ?
J’épr ouv e aujourd’hui, messieur s, que je ne m’étais p oint tr op flaé  ;
et, soit que v ous m’ay ez fait justice , soit que j’aie sé duit mes jug es, je
suis ég alement content de moi-même  : le public va s’av eugler sur v otr e
choix  ; il ne r eg ardera plus sur ma tête que les mains savantes qui me
cour onnent.
n
3. Henri-Jacques Nomp ar de Caumont, duc de la For ce , p air de France , membr e de l’ A -
cadémie française (1675-1726). V . plus loin le Discour s pr ononcé à l’ A cadémie de Borde aux,
le 25 août 1726.
3DISCOU RS P RONONCÉ A LA
REN T RÉE DE L’A CADÉMI E
DE BORDEA UX
LE 15 NO V EMBRE 1717.
   sont p as instr uits de nos oblig ations et de nos de v oir s
r eg ardent nos e x er cices comme des amusements que nous nousC pr o cur ons, et se font une idé e riante de nos p eines même et de
nos travaux.
Ils cr oient que nous ne pr enons de la philosophie que ce qu’ elle a
d’agré able  ; que nous laissons les épines p our ne cueillir que les fleur s  ;
que nous ne cultiv ons notr e esprit que p our le mieux fair e ser vir aux
délices du cœur  : qu’ e x empts, à la vérité , de p assions viv es qui ébranlent
tr op l’âme , nous nous liv r ons à une autr e qui nous en dé dommag e , et qui
n’ est p as moins délicieuse , quoiqu’ elle ne soit p oint sensuelle .
Mais il s’ en faut bien que nous so y ons dans une situation si heur euse  :
les sciences les plus abstraites sont l’ objet de l’académie  ; elle embrasse
4Discour s académiques Chapitr e
cet infini qui se r encontr e p artout dans la phy sique et l’astr onomie  ; elle
s’aache à l’intellig ence des courb es, réser vé e jusqu’ici à la suprême
intellig ence , elle entr e dans le dé dale de l’anatomie et les my stèr es de la
chimie  ; elle réfor me les er r eur s de la mé de cine , cee p ar que cr uelle qui
tranche tant de jour s, cee science en même temps si étendue et si b
orné e  ; on y aaque enfin la vérité p ar l’ endr oit le plus fort, et on la cher che
dans les ténèbr es les plus ép aisses où elle puisse se r etir er .
A ussi, messieur s, si l’ on n’était animé d’un b

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