Sciences Po Paris - Les meilleures copies du concours d entrée
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LES MEILLEURES COPIES ADMISSIONS AU COLLÈGE UNIVERSITAIRE SESSION 2017 Le saviez-vous ? Afin de renforcer la diversité de ses étudiants, Sciences Po a créé diférentes voies d’accès au Collège universitaire. Toutes ces procédures d’admission sont sélectives. • Uneprocédure par examenpour les candidats qui préparentle baccalauréat de l’enseignement général ou technologique français,ainsi que pour les candidats qui préparent à l’étranger un diplôme d’études secondaires dont l’équivalence a été reconnue. • Uneprocédure internationalepour les candidats qui préparent unbaccalauréat français à l’étrangerou un diplôme étranger. • Uneprocédure Conventions éducation prioritaire qui s’adresse aux élèves scolarisés dans l’un des lycées partenaires de Sciences Po. •Po ofre également plusieurs Sciencesprogrammes de doubles diplômesavec des universités à l’international et en France. La procédure par examen comporte deux étapes :l’admissibilité et l’entretien d’admission. Après un examen approfondi des dossiers, un jury établit souverainement la liste des candidats exemptés d’épreuves écrites et déclare ces derniers directement admissibles. Pour les autres candidats, la phase d’admissibilité se poursuit par trois épreuves écrites. • L’histoire,l’une des cinq disciplines qui constituent le socle de la formation fondamentale délivrée à Sciences Po (coef. 2). • L’épreuveà option: littérature et philosophie, mathématiques ou sciences économiques et sociales (coef. 2).

Informations

Publié par
Publié le 11 octobre 2017
Nombre de lectures 1 212
Langue Français

Extrait

LES MEILLEURES COPIESADMISSIONS AU COLLÈGE UNIVERSITAIRE SESSION 2017
Le saviezvous ?
Afin de renorcer a diversité de ses étudiants, Sciences Po a créé diférentes voies d’accès au Coège universitaire. Toutes ces procédures d’admission sont séectives.  Une procédure par examenpour es candidats qui préparentle baccalauréat de l’enseignement général ou technologique français,ainsi que pour es candidats qui préparent à ’étranger un dipôme d’études secondaires dont ’équivaence a été reconnue.  Une procédure internationalepour es candidats qui préparent unbaccalauréat français à l’étrangerou un dipôme étranger.  Une procédure Conventions éducation prioritairequi s’adresse aux éèves scoarisés dans ’un des ycées partenaires de Sciences Po. Po ofre égaement pusieurs Sciences programmes de doubles diplômesavec des universités à ’internationa et en France. La procédure par examen comporte deux étapes :l’admissibilité et l’entretien d’admission.
Après un examen approondi des dossiers, un jury étabit souverainement a iste des candidats exemptés d’épreuves écrites et décare ces derniers directement admissibes.
Pour es autres candidats, a phase d’admissibiité se poursuit par trois épreuves écrites.  L’histoire, ’une des cinq discipines qui constituent e soce de a ormation ondamentae déivrée à Sciences Po (coe. 2).  L’épreuve à option: ittérature et phiosophie, mathématiques ou sciences économiques et sociaes (coe. 2). de angue étrangère (coe. 1). L’épreuve Les candidats décarés admissibes sont ensuite invités en entretien d’admission. D’une durée de vingt minutes, i permet d’évauer a motivation du candidat, son ouverture d’esprit, son goût pour ’innovation, sa curiosité inteectuee, sa capacité à mobiiser et à mettre en reation des connaissances pertinentes, sa disposition à être en prise avec es enjeux contemporains, son esprit critique et sa capacité à déveopper une réflexion personnee.
Seule l’orthographe a été corrigée. Les copies peuvent comporter certaines erreurs factuelles ou d’analyse, qui ont été signalées aux candidats lors de la correction.
Épreuve de littérature et philosophie
Commentaîre de texte
Flaubert, L’Éducation sentimentale, III, 1 (1869)
Frédéric Moreau est monté à Paris en 1840 dans l’espoir de faire fortune et de retrouver une femme aper çue quelque temps auparavant. Entre amours incertaines et ambitions avortées, il participe passivement aux mouvements de l’histoire. Le 24 février 1848, il se trouve aux Tuileries avec son ami Hussonnet. Ils sont témoins tous les deux des émeutes qui ont lieu dans la résidence royale, et qui vont mettre fin à la Monarchie de Juillet.
« Tout à coup a Marseiaise retentit. Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur a rampe. C’était e peupe. I se précipita dans ’escaier, en secouant à flots vertigineux des têtes nues, des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaues, si impétueusement, que des gens disparaissaient dans cette masse groui-ante qui montait toujours, comme un fleuve reoué par une marée d’équinoxe, avec un ong mugissement, sous une impusion irrésistibe. En haut, ee se répandit, et e chant tomba.
On n’entendait pus que es piétinements de tous es souiers, avec e capotement des voix. La oue inofensive se contentait de regarder. Mais, de temps à autre, un coude trop à ’étroit enonçait une vitre ; ou bien un vase, une statuette dérouait d’une consoe, par terre. Les boiseries pressées craquaient. Tous es visages étaient rouges ; a sueur en couait à arges gouttes ; Hussonnet fit cette remarque :
— Les héros ne sentent pas bon ! — Ah ! vous êtes agaçant, reprit Frédéric. Et poussés magré eux, is entrèrent dans un appartement où s’étendait au paond, un dais de veours rouge. Sur e trône, en dessous, était assis un proétaire à barbe noire, a chemise entr’ouverte, ’air hiare et 1 stupide comme un magot . D’autres gravissaient ’estrade pour s’asseoir à sa pace.
— Que mythe ! dit Hussonnet. Voià e peupe souverain !
Le auteui ut enevé à bout de bras, et traversa toute a sae en se baançant.
— Sapreotte ! comme i chaoupe ! Le vaisseau de ’État est baotté sur une mer orageuse ! Cancane-2 t-i ! cancane-t-i !
On ’avait approché d’une enêtre, et, au miieu des silets, on e ança.
— Pauvre vieux ! dit Hussonnet en e voyant tomber dans e jardin, où i ut repris vivement pour être promené ensuite jusqu’à a Bastie, et brûé.
Flaubert,L’Éducation sentimentale, III, 1(1869)
1- Singe du genre macaque. e 2- Danser e cancan, danse très enevée, en vogue au XIX sièce dans es bas pubics, pratiquée encore dans certains cabarets.
I
II
Gustave Flaubert est l’un des représentants majeurs du mouvement réalîste, quî se développe en France à partîr de 1830 en réactîon à l’îdéalîsme et au lyrîsme romantîque.L’Éducation sentimentale, datant de 1869, est consîdérée comme un roman d’apprentîssage réalîste. Le personnage prîncîpal, Frédérîc Moreau, est, dans ce passage, en compagnîe de son amî Hussonnet, et îls sont témoîns de la révolutîon de 1848. En pleîne année du prîntemps des peuples, celle-cî mettra fin définîtîvement à la monarchîe en France. Aînsî, cet extraît décrît la prîse des Tuîlerîes par la révolte populaîre. Il s’agîra de montrer en quoî Frédérîc Moreau et Hussonnet sont témoîns d’une scène de prîse de pouvoîr populaîre décrîte de açon réalîste, maîs transfigurée par Flaubert, afin de montrer le naurage de la monarchîe rançaîse. Sî la scène est décrîte de açon réalîste à travers les împressîons des deux personnages amusés et enthousîastes, Flaubert la transfigure, afin de montrer le naurage de la monarchîe par l’énergîe d’une marée humaîne.
Frédérîc Moreau et Hussonnet sont des témoîns passîs de la prîse des Tuîlerîes de 1848. Ils portent un regard à la oîs enthousîaste, maîs aussî îronîque sur les événements. La scène romanesque est décrîte de açon réalîste.
Le narrateur est externe dans cet extraît, maîs îl suît les deux protagonîstes. En efet, la scène est décrîte en onctîon de la place qu’occupent Frédérîc et Hussonnet : en haut de l’escalîer (« sur la rampe ») ; puîs dans un appartement où îls sont «poussés malgré eux ». Ce dernîer complément cîrconstancîel de moyen rappelle leur passîvîté ace aux événements. Les deux personnages se montrent à la oîs amusés et enthousîastes ace à ce quî se passe autour d’eux. En efet, leurs împressîons sont rapportées au dîscours dîrect. Ironîquement, Hussonnet qualîfie les însurgés de « héros », en regîstre héro-comîque, quî « ne sentent pas bon ». Cependant, l’enthousîasme et l’emphase de Hussonnet sont montrés avec de nombreuses phrases exclamatîves : « quel mythe ! », « Saprelotte ! ». Cette dernîère înterjectîon est dans un regîstre de langue plus bas que le reste du texte, ce quî est réalîste pour un petît-bourgeoîs. Le portraît des însurgés aît par Flaubert correspond à celuî d’antîhéros réalîstes. En efet, ceux-cî « ne sentent pas bon », comme nous l’avons vu. En outre, Flaubert les anîmalîse en sînges : « barbe noîre » ; « comme un magot » ; et les dépeînt « rouges » et dégoulînants de « sueur ». Vêtus de « bonnets rouges », « la chemîse entr’ouverte » et portant
la baonnette, îls ont « l’aîr hîlare et stupîde ». Ils sont la carîcature du prolétaîre. C’est donc une descrîptîon réalîste que aît Flaubert des héros révolutîonnaîres, des personnages que l’on pourraît qualîfier, pour reprendre sa ormule, de « grotesques trîstes ». La descrîptîon de la scène romanesque est réalîsée d’un rythme enlevé, énergîque. Une phrase courte înaugure la descrîptîon, commençant par « tout à coup », quî rappelle le coup de théâtre, une pérîpétîe, une actîon de premîer plan annoncée par la valeur du passé sîmple « retentît ». La provenance de l’allusîon sonore à la Marseîllaîse est résolue par une deuxîème phrase courte : « c’étaît le peuple ». Dans le premîer paragraphe, l’adverbe « împétueusement » et le substantî « împulsîon » renvoîent à l’énergîe déployée par l’însurrectîon populaîre. L’accumulatîon « des têtes nues, des casques, des bonnets rouges, des baonnettes et des épaules » montre le désordre, la dîmensîon hétéroclîte de l’ensemble de la « masse grouîllante ».
Cette scène est donc décrîte à travers la progressîon des deux protagonîstes le long de l’însurrectîon, à laquelle îls assîstent passîvement. Flaubert propose une descrîptîon réalîste, même peu flatteuse des însurgés, et le rythme énergîque de la descrîptîon traduît le désordre et l’énergîe déployés par les révolutîonnaîres.
Bîen que la descrîptîon puîsse être qualîfiée de réalîste, Flaubert transfigure le réel de cette însurrectîon populaîre pour montrer le naurage de la monarchîe rançaîse, comme une épopée populaîre et anarchîque. Flaubert file la métaphore des flots pour décrîre le peuple quî, dans une destructîon anarchîque, telle une tempête, engloutît le trône royal symbole de la monarchîe. Tout le long de l’extraît, dans les passages descrîptîs et dîalogîques, Flaubert file la métaphore in praesentiades flots pour qualîfier les însurgés. Le peuple, « anonymé» par les pronoms personnels « îl », secoue « à flots vertîgîneux » ses membres. Aînsî, durant tout l’extraît est présent le champ lexîcal marîn, bîen qu’on trouve une occurrence du mot « fleuve » ; le peuple est împétueux, c’est une marée d’équînoxe, puîssante quî mugît. Les însurgés sont une masse, une marée quî progresse tout le long de l’extraît jusqu’à l’aboutîssement : l’engloutîssement du trône royal. Flaubert en aît une épopée dont témoîgnent les hyperboles : « flots vertîgîneux » et « fleuve reoulé ». Cette marée împétueuse est responsable d’une anarchîe. En efet, son poîds presse « les boîserîes
[quî] craquent ». Les objets, comme personnîfiés, ne sont pas décrîts au passî, maîs à l’actî : « une statuette déroulaît d’une console » ; le auteuîl « traversa toute la salle en se balançant ». On trouve troîs occurrences du mot « rouge » dans l’extraît : le bonnet des prolétaîres, quî renvoîe au bonnet phrygîen de 1789, maîs aussî au drapeau rouge communîste brandî durant cette révolutîon, et reusé par Lamartîne ; maîs également le rouge du vîsage, quî renvoîe à la chaleur ; et le rouge royal. Cependant, on peut se demander sî cette couleur rouge ne renvoîe pas également à une vîolence anarchîque et au sang versé durant la révolutîon de 1848. L’anarchîe à venîr est sîgnîfiée par le aît que les însurgés veulent « s’asseoîr à [la] place » du prolétaîre anîmalîsé par Flaubert, sur le trône, ce quî sîgnîfie qu’îls veulent prendre le contrôle de la marée humaîne.
Le « tout » collectî de la marée humaîne détrône la monarchîe, en engloutîssant le trône royal dans ses flots, puîs en le brûlant. Telle une tempête orageuse, la marée humaîne métaphorîsée par Flaubert engloutît la monarchîe. Le auteuîl traverse « toute la salle en se balançant ». Hussonnet commente le parcours du trône en filant la métaphore de la tempête – « le vaîsseau de l’État est ballotté sur une mer orageuse ! » –, et en utîlîsant les verbes « chalouper » et « cancaner », quî renvoîent à un mouvement de ballottement. L’emphase de Hussonnet renvoîe à la tensîon dramatîque de l’înstant. Enfin, le trône est déenestré puîs brûlé, comme sî le peuple lîguaît tous les éléments contre ce symbole de la monarchîe : l’eau par leur marée humaîne, l’aîr dans la chute du auteuîl, et enfin le eu, aboutîssement de la révolte quî a lîeu à la Bastîlle.
Aînsî, Flaubert transfigure le réalîsme de la descrîptîon de l’însurrectîon pour en aîre une marée populaîre engloutîssant la monarchîe.
Cet extraît deL’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert propose donc une descrîptîon réalîste de l’însurrectîon du palaîs des Tuîlerîes le 24 évrîer 1848, tout en transfigurant le réel pour métamorphoser le dernîer naurage de la monarchîe rançaîse, après les soulèvements de 1789 et 1830. Afin de poursuîvre cette étude, îl seraît întéressant de s’attarder à la descrîptîon de l’însurrectîon populaîre de la Commune et de ses barrîcades réalîsée par Vîctor Hugo dansLes Misérables.n
III
IV
Épreuve d’histoire : sujet 1
Composîtîon
Une nouvelle République (1958-1962)
Le 22 maî 1958, le dessînateur Jean Efel publîe dans la presse une carîcature întîtulée « L’assumoîr ». On y voît le général de Gaulle ace à Marîanne, e représentant la IV Républîque. Au ond, troîs re e e tableaux de Marîanne, symbolîsant les I , II et III Républîques, sont accrochés sur un mur. Dans ses bras, Marîanne tîent troîs portraîts représentant les hommes quî ont mîs fin à ces Républîques : er Napoléon I , Napoléon III et le maréchal Pétaîn. Le général de Gaulle dît : « Je suîs prêt à assumer… » et Marîanne luî répond « Mercî général… maman, grand-mère et mon aeule se sont déjà aît assumer ». Après avoîr démîssîonné en janvîer 1946 du gouvernement par désaccord avec les projets constîtutîonnels e pour la IV Républîque, ce sont les dîicultés lîées aux caractérîstîques même que de Gaulle décrîaît quî entraïnent son retour à la tête de la France. Il se dît, le 15 maî 1958, prêt à assumer les pouvoîrs de la Républîque, et obtîent peu après les pleîns pouvoîrs, afin de rédîger une nouvelle Constîtutîon. Dans quelles mesures, ace aux dîicultés croîssantes de la e IV Républîque, le général de Gaulle parvîent-îl entre 1958 et 1962, malgré les crîtîques, à mettre en place une nouvelle Républîque stable et à aîre entrer la France dans les puîssances mondîales ? En premîer lîeu, de nouvelles înstîtutîons sont nécessaîres après e la IV Républîque, puîs nous verrons que de Gaulle met en place un régîme stable largement plébîscîté par les Françaîs, et enfin, malgré les crîtîques, qu’îl pose les bases de la puîssance rançaîse.
e La IV Républîque connaït de nombreuses dîicultés du aît de sa Constîtutîon quî accorde une place împortante au pouvoîr légîslatî.
Dès 1947, le régîme républîcaîn devîent très înstable. Il reposaît jusqu’alors sur une allîance parlementaîre entre le Partî communîste rançaîs, PCF, la sectîon rançaîse de l’Internatîonale ouvrîère, SFIO, et le Mouvement républîcaîn populaîre, MRP. Cependant, à partîr de 1947, le PCF passe dans l’opposîtîon, du aît de la naîssance de la guerre roîde. Les partîs gouvernementaux, SFIO et MRP, n’ont
dès lors qu’une aîble majorîté parlementaîre, ce quî avorîse l’înstabîlîté mînîstérîelle. Entre 1946 et 1958, 24 gouvernements se succèdent, soît une moyenne de sîx moîs pour chacun. Cette înstabîlîté entraïne de nombreuses crîtîques, sî bîen que Maurîce Agulhon parle de « Républîque mal aîmée ». Une carîcature de presse, publîée en 1955 par Jean Efel, témoîgne bîen de cela : on y voît les membres du gouvernement à l’Assemblée sur des sîèges éjectables.
L’înstabîlîté mînîstérîelle entraïne une constante rupture quant à la polîtîque adoptée pour résoudre des crîses. Ce ut notamment le cas de la crîse algérîenne. Le conflît dure depuîs 1954, c’est-à-dîre depuîs les premîers attentats perpétrés par le Front de lîbératîon natîonale, FLN, tout juste créé, et quî lutte pour l’îndépendance de l’Algérîe. Les gouvernements hésîtent : des réormes sont entreprîses, maîs n’aboutîssent pas, et, finalement, la répressîon est enclenchée. En évrîer 1958, une nouvelle crîse se déclenche quand un petît vîllage tunîsîen est bombardé par l’armée rançaîse. Le gouvernement, quî dît avoîr cru qu’îl abrîtaît des combattants du FLN, est finalement renversé en avrîl 1958. Le Présîdent de la Républîque hésîte et ne parvîent pas à désîgner un présîdent du Conseîl quî convîendra au Parlement. Il nomme finalement, le 13 maî 1958, Pîerre Pflîmlîn présîdent du Conseîl. Cette décîsîon déclenche de graves troubles chez les partîsans de l’Algérîe rançaîse, car Pîerre Pflîmlîn est réputé être ouvert aux négocîatîons avec le FLN et à l’îndépendance du pays. D’împortantes manîestatîons des colons européens ont lîeu en Algérîe. Ceux-cî mettent en place un comîté de salut publîc sous l’égîde du général Massu. Ils menacent de aîre sécessîon et réclament le retour au pouvoîr de De Gaulle, seul homme à même de préserver l’Algérîe rançaîse.
Le 15 maî, le général de Gaulle se dît prêt à assumer les pouvoîrs de la Républîque. Peu après, le Présîdent de la Républîque, René Coty, l’appelle : er îl est învestî par l’Assemblée les 1 et 3 juîn 1958. Les pleîns pouvoîrs luî sont accordés et, après avoîr
ormé un gouvernement, îl entreprend de rédîger une nouvelle Constîtutîon.
e La mîse en place de la V Républîque annonce un régîme dans lequel le pouvoîr exécutî domîne. C’est tout d’abord la rédactîon de la Constîtutîon quî annonce le renorcement de l’exécutî. Celle-cî est en efet rédîgée par le gouvernement, et surtout par Mîchel Debré, Premîer mînîstre. Cela entre en opposîtîon avec la tradîtîon républîcaîne quî veut qu’une Assemblée constîtuante soît mîse en place pour la rédactîon de la Constîtutîon. Le pouvoîr exécutî est tout d’abord détenu par le Présîdent de la Républîque. Il est élu pour sept ans par un collège électoral. Il nomme le Premîer mînîstre, deuxîème homme du pouvoîr exécutî, et, par l’întermédîaîre de celuî-cî, le gouvernement. Le Présîdent promulgue les loîs et, même sî c’est le gouvernement quî conduît la polîtîque du pays, le Présîdent est souvent à l’înîtîatîve des loîs. Il peut également dîssoudre l’Assemblée ou la contourner grâce à des ordonnances ou des réérendums, lîens dîrects avec la populatîon. Le pouvoîr légîslatî, quant à luî, est dîvîsé en deux : îl se partage entre Sénat et Assemblée natîonale, quî votent tous deux les loîs. Cette dîvîsîon afaîblît consîdérablement le pouvoîr légîslatî. Le régîme reste parlementaîre : le gouvernement est toujours responsable devant le Parlement, quî peut le renverser par motîon de censure. Cette actîon est cependant dîicîle, car le vote doît se aîre à la majorîté absolue. De plus, l’artîcle 49 alînéa 3 de la Constîtutîon permet au gouvernement de aîre passer certaînes loîs sans vote du Parlement, sî aucune motîon de censure n’est réunîe dans les 24 heures. Enfin, un contre-pouvoîr est établî : le Conseîl constîtutîonnel. Il est chargé de veîller à la constîtutîonnalîté des loîs votées par le Parlement. Sa créatîon afaîblît encore le pouvoîr légîslatî, car des loîs déjà votées peuvent être censurées par le Conseîl constîtutîonnel. Aînsî, pour se démarquer de la IVe Républîque et de son înstabîlîté, le général de Gaulle met en place une Républîque quî voît le pouvoîr exécutî e trîompher. Cela va permettre à la V Républîque d’être un régîme stable, quî sera donc mîeux accepté par la populatîon rançaîse.
e La V Républîque est en efet un régîme plébîscîté
par les Françaîs.
Elle se met d’abord en place dans le cadre d’un gouvernement d’unîon natîonale, quî rassemble des membres venant de la gauche, SFIO notamment, et de la droîte. Le projet constîtutîonnel est finalement présenté aux Françaîs à l’automne. Le 28 septembre 1958 a lîeu un réérendum sur la Constîtutîon : elle est adoptée avec 80 % de votes avorables. Les Françaîs voîent en De Gaulle le seul homme polîtîque capable de proposer un régîme stable quî résoudra les crîses auxquelles la IVe Républîque a succombé.
À la suîte du large succès du réérendum, des électîons légîslatîves sont tenues en novembre 1958. De Gaulle crée, pour l’occasîon, un nouveau partî, l’UNR, Unîon pour la nouvelle Républîque, quî s’allîe à la droîte du CNI, Centre natîonal des îndépendants. Les électîons sont un trîomphe pour l’UNR, quî acquîert 189 sîèges et quî s’allîe avec le CNI pour e obtenîr la majorîté absolue. Les înstîtutîons de la V Républîque se mettent donc en place rapîdement grâce à un apparent consensus autour de De Gaulle. Les électîons présîdentîelles ont ensuîte lîeu en décembre 1958 par le collège électoral mîs en place. À nouveau, de Gaulle trîomphe avec 78,5 % des voîx.
e De plus, rapîdement, le régîme de la V Républîque se renorce grâce à la polîtîque de De Gaulle. Il pratîque en eet une polîtîque dîte « présîdentîalîste » du pouvoîr, c’est-à-dîre que le Présîdent de la Républîque à la tête de l’exécutî acquîert, avec De Gaulle, un rôle essentîel dans l’État. Tout d’abord, îl dîmînue le rôle du Premîer mînîstre et des autres mînîstres. Il les aît surveîller par des conseîllers et s’entoure luî-même de toute une équîpe, afin de pouvoîr court-cîrcuîter les mînîstres. De plus, îl se réserve certaîns domaînes de la polîtîque : les Afaîres étrangères, l’Algérîe et l’Intérîeur, mînîstères à la tête desquels îl place des hommes de confiance jusqu’en 1962. Il n’hésîte pas, de même, à se débarrasser de mînîstres, comme îl a pu le aîre avec Mîchel Debré en 1962. De Gaulle prîvîlégîe également un lîen dîrect avec les Françaîs, quî luî permet de passer outre le Parlement : îl rédîge de nombreuses ordonnances, maîs les réérendums sont plus caractérîstîques de cela. Maîs à part celuî sur la Constîtutîon, îl a eu par troîs oîs recours à ce mode de vote : en janvîer 1961 sur la possîbîlîté d’une îndépendance algérîenne, en 1962 pour approuver les accords d’Évîan du 18 mars, et en octobre 1962 pour une révîsîon constîtutîonnelle. L’année 1962 représente en efet un tournant e dans la V Républîque. Raymond Aron parle aînsî de cette année comme du « commencement absolu e de la V Républîque ». Il s’agît d’approuver ou non
V
VI
par réérendum une révîsîon constîtutîonnelle quî entraïneraît l’électîon au sufrage unîversel dîrect du Présîdent de la Républîque. Celuî-cî étaît en efet jusque-là élu par un collège électoral composé de « grands électeurs », eux-mêmes élus au sufrage unîversel dîrect. Le projet est finalement adopté par réérendum avec 62 % de votes avorables. Le pouvoîr du Présîdent se voît donc renorcé, puîsque celuî-cî acquîert une légîtîmîté nouvelle : îl est élu par le peuple.
e Avec la V Républîque, de Gaulle dote donc la France d’un régîme stable et accepté par beaucoup. Cependant, sa pratîque présîdentîalîste du pouvoîr, même sî elle permet de renorcer le régîme, aît naïtre des crîtîques.
e La V Républîque se voît crîtîquée dès 1958, maîs sa constîtutîon et la polîtîque de De Gaulle permettent de poser les bases de la puîssance rançaîse.
En premîer lîeu, de Gaulle permet de mettre fin à la questîon colonîale. C’est le cas en Algérîe grâce aux accords d’Évîan. Appelé au pouvoîr par les partîsans de l’Algérîe rançaîse, de Gaulle reste en posîtîon ambîguë. Il semble tout d’abord contre l’îndépendance, comme le laîsse penser son dîscours du 7 juîn 1958, où îl dît devant des colons européens « Je vous aî comprîs », puîs « Vîve l’Algérîe rançaîse » ; ou les tentatîves de réormes qu’îl propose, comme le plan Constantîne. Cependant, îl semble efectuer un vîrement en 1959, quand îl évoque pour la premîère oîs la possîbîlîté d’une autodétermînatîon du utur du pays par les Algérîens, quî pourront choîsîr entre assocîatîon, rancîsatîon et sécessîon. Il contînue ensuîte dans cette lîgnée malgré les opposîtîons quî naîssent, comme en témoîgne le putsch des généraux, du 20 au 26 avrîl 1961. Fînalement, en 1962, les accords d’Évîan sont acceptés à 91 % en France et à 99 % en Algérîe, ce quî mène à l’îndépendance de l’Algérîe, prônée le 5 juîn. De Gaulle met également fin à la questîon colonîale en Arîque : îl crée, en 1959, la Communauté rançaîse, quî regroupe sous domînatîon rançaîse des terrîtoîres auxquels une certaîne autonomîe est censée être accordée. Beaucoup de colonîes arîcaînes y adhèrent, maîs îl s’avère que l’autonomîe accordée n’est que très restreînte. La plupart des colonîes demandent alors l’îndépendance, qu’elles obtîennent sans dîiculté en 1960. Sî l’Algérîe a coupé les relatîons avec la France, de nombreux lîens demeurent avec les ancîennes colonîes d’Arîque, d’où l’expressîon de « Françarîque ».
De plus, de Gaulle conorte la puîssance économîque de la France dans le cadre des trente glorîeuses, pérîode propîce à la croîssance. Il met aînsî en place, en 1958, le plan Pînay-Ruef, axé sur un assaînîssement de la monnaîe, une dévaluatîon. Le nouveau ranc est aînsî créé et mîs en cîrculatîon en 1960. De Gaulle învestît également dans l’agrîculture avec des loîs en 1960 et 1962 quî acîlîtent la modernîsatîon de ce secteur.
Enfin, la posîtîon de la France à l’înternatîonal se voît assurée par la polîtîque de De Gaulle. Il cherche d’abord à s’émancîper de la tutelle amérîcaîne en s’ouvrant à l’est : îl reçoît Khrouchtchev en 1960. La France devîent également une puîssance nucléaîre à cette même date. C’est surtout à travers l’Europe que de Gaulle entend mener la polîtîque rançaîse. Il a une conceptîon unîonîste de celle-cî et est opposé à tout édéralîsme : îl veut une entente et une coopératîon entre États. C’est à ce tître qu’îl accentue la réconcîlîatîon ranco-allemande avec son homologue, le chancelîer de la RFA Konrad Adenauer. Ils sîgnent aînsî le traîté de l’Élysée en 1963, quî consolîde cette allîance.
Cependant, tout au long du mandat de De Gaulle, des crîtîques naîssent au seîn de la Républîque. Ce sont d’abord des personnalîtés polîtîques opposées à un régîme quî apparaït comme antîrépublîcaîn. Parmî ses opposants les plus acharnés, Pîerre Mendès France ou Françoîs Mîtterrand dénoncent l’arrîvée au pouvoîr de De Gaulle en maî 1958 comme un coup d’État, comme ce dernîer le démontre en publîant Le coup d’État permanent1964. La révîsîon en constîtutîonnelle de 1962 aît également l’objet de crîtîques, et notamment celles du présîdent du Sénat quî dénonce son caractère antîrépublîcaîn. De Gaulle auraît dû, selon luî, recourîr à l’artîcle 89 de la Constîtutîon, quî stîpule qu’îl aut une e majorîté des 3/5 du Parlement pour proposer une révîsîon constîtutîonnelle. Maîs de Gaulle n’a pas cette majorîté, donc îl décîde de passer en orce. Le gouvernement Pompîdou est alors renversé par motîon de censure. Maîs de Gaulle ne lâche rîen, puîsqu’îl dîssout l’Assemblée natîonale, quî, ensuîte réélue, luî devîent avorable à nouveau.
D’autres crîtîques vîennent de ceux quî l’ont soutenu. C’est le cas des membres du MRP, très européîstes, quî s’opposent à la conceptîon unîonîste de De Gaulle. Des troubles naîssent également avec d’împortantes manîestatîons des agrîculteurs contre les réormes de 1960 et 1962. Enfin, ce sont également les partîsans de l’Algérîe rançaîse quî
se sentent trahîs. L’OAS, Organîsatîon de l’armée secrète, multîplîe aînsî les attentats. Ceux-cî vîsent partîculîèrement de Gaulle, comme lors de l’attentat de Pont-sur-Seîne, dans l’Aube.
Enfin, certaîns pensent que l’année 1962 ne marque pas l’apogée du pouvoîr de De Gaulle, maîs plutôt son déclîn. En efet, le réérendum de 1962 n’est accepté qu’à 62 % des voîx, contre 80 % en 1958 pour la Constîtutîon.
Aînsî, entre 1958 et 1962, deux dates clés de e la constructîon de la V Républîque, de Gaulle a réussî à construîre un régîme stable, en opposîtîon e aux dîicultés de la IV Républîque. Sa polîtîque permet, en outre, à la France de s’assurer une posîtîon avorable parmî les puîssances mondîales. La popularîté de De Gaulle, quî étaît vu en 1958 comme un vérîtable homme provîdentîel, commence à s’efacer dès 1962, avec la multîplîcatîon des crîtîques à son égard.n
VII
VIII
Épreuve d’histoire (sujet 2)
Composîtîon
Les régimes totalitaires dans l’entre-deux-guerres : genèse, points
communs et spécificités
«Tout dans l’État, rîen contre l’État et rîen en dehors de l’État » : voîcî comment Benîto Mussolînî définît l’Italîe ascîste en 1925. De nos jours, cette définîtîon est grandement enrîchîe, et l’on peut qualîfier de totalîtaîre un régîme polîtîque autorîtaîre quî contrôle ou cherche à contrôler le comportement de sa populatîon, conondant cette dernîère dans un tout. e Sî les régîmes totalîtaîres, à savoîr le III Reîch, l’Italîe ascîste et l’URSS, sont tous apparus dans l’entre-deux-guerres, îl aut attendre Hannah Arendt et son ouvrageLes Origines du totalitarisme(1951) pour voîr apparaïtre une dénomînatîon commune pour ces troîs régîmes. Il est cependant întéressant et împortant de se demander pourquoî nous pouvons analyser les troîs expérîences totalîtaîres dans un même ensemble, et jusqu’à quel poînt ce regroupement est pertînent. Aînsî, îl convîendra de s’întéresser dans un premîer temps à la genèse des régîmes totalîtaîres, puîs dans un second temps à leurs îdéologîes, et enfin à la mîse en pratîque de ces îdéologîes.
La genèse des totalîtarîsmes est autant représentatîve de leurs poînts communs que de leurs spécîficîtés.
En efet, nous pouvons en premîer lîeu nous înterroger sur le rôle de la Premîère Guerre mondîale. Elle semble avant tout être un catalyseur, créant dès 1917 l’înstabîlîté en Russîe, et permettant la révolutîon de évrîer. Ce régîme socîalîste ragîle va luî aussî tomber, en novembre, laîssant la place au régîme quî devîendra très vîte totalîtaîre. Par aîlleurs, la guerre, dans les troîs pays, provoque des condîtîons économîques dîicîles à supporter. En Allemagne, la populatîon est mécontente du traîté au dîktat de Versaîlles. Les Italîens sont eux aussî rustrés par ce qu’îls appellent la vîctoîre mutîlée : une partîe des terres promîses par les allîés ne leur revîent pas. Les Russes, quî ont quîtté la guerre en mars, sont amputés d’une partîe de leurs terres. Ces troîs pays sont perdants. Maîs la guerre laîsse aussî des marques chez les ancîens combattants, revenus traumatîsés ou exaltés : George Mosse parle de «brutalîsatîon» des peuples.
Cependant, îl est pertînent de noter que, sî la guerre de 1917 permet presque dîrectement l’émergence de l’URSS, c’est la révolutîon russe d’Octobre (selon l’ancîen calendrîer russe) quî permet le renorcement des ascîsmes. Sans ses équîvoques telles que le spartakîsme ou le Bîenno Rosso, les mîlîces ascîstes comme les Freîkorps ou les squadrîstî n’auraîent pas eu de raîson d’être. Or, ces mêmes mîlîces sont les premîères à soutenîr les partîs ascîstes.
Cependant, les modalîtés d’accès au pouvoîr semblent être une caractérîstîque des spécîficîtés des totalîtarîsmes, dans la mesure où elles restent très dîférentes. En Russîe, les bolchevîks («mînorîtaîres » du aît de leur proportîon dans le Partî ouvrîer socîal-démocrate russe de 1898) prennent le pouvoîr en aîsant tomber le gouvernement menchévîk (« majorîtaîre ») d’Alexandre Kerenskî. Ils réalîsent un vraî coup de orce avec la prîse du Palaîs d’Hîver de Petrograd et s’împosent par la orce. En Italîe, Mussolînî souhaîte aîre croîre à un coup d’État. Il lance une marche sur Rome avec ses aîsceaux de combats et lance un ultîmatum le 28 octobre 1922. Le présîdent du Conseîl, Luîgî Facta, ne luî accordera « que » la majorîté des sîèges de l’Assemblée après que le roî l’y aura învîté. En Allemagne, Adol Hîtler tente un putsch, le 9 novembre 1923, pour lequel îl réunît 4 000 hommes (dont Erîch Ludendorf, général d’înanterîe) à Munîch. Maîs la répressîon est sévère (seîze morts) et Hîtler est emprîsonné à Landsberg. Lîbéré en 1924, îl luî audra rétablîr l’ordre dans son partî et attendre la crîse de 1929 pour remporter ses premîères vîctoîres polîtîques : 12 députés nazîs en 1928 au Reîchstag sont remplacés par 107 en 1929 et 230 en 1930. Il parvîent (laborîeusement, en ormant des allîances) à la majorîté en 1933 et est nommé chancelîer le 30 janvîer. Sî ces voîes d’accès au pouvoîr sont dîférencîées, îl aut noter que la vîolence polîtîque s’înstalle systématîquement peu après qu’elles ont lîeu. Par exemple, l’încendîe du Reîchstag, quî permet la mîse en place d’un régîme autorîtaîre, est comparable à l’assassînat de Matteottî, opposant socîalîste
retrouvé mort en août 1924, quî permet à Mussolînî d’annoncer sa volonté de dîctature en revendîquant l’acte, puîs en mettant en place les loîs ascîstîssîmes (1925-1926). En Russîe, Lénîne dîssout l’assemblée constîtuante en évrîer 1918, après avoîr été mîs en mînorîté par les électîons populaîres. Nous avons donc vu que les orîgînes des totalîtarîsmes, à travers le rôle de acteur commun que joue la Premîère Guerre mondîale, peuvent être rapprochées. Elles se dîférencîent surtout par les modes d’accès au pouvoîr. Il aut maîntenant s’întéresser aux systèmes îdéologîques des régîmes totalîtaîres.
Les îdéologîes des régîmes totalîtaîres, très marquées, permettent de les dîvîser en deux tendances. En efet, les régîmes îtalîen et allemand ont des îdéologîes très sîmîlaîres. Dans ces deux régîmes, nommés ascîsmes, le rôle du che est prépondérant. Il est autorîtaîre et ort, et se doît de montrer la voîe : c’est le Duce îtalîen et le Führer allemand (on notera que ces termes ont le même sens de « guîde » ou « conducteur »). Les nazîs, tout comme les ascîstes îtalîens, ont un projet expansîonnîste. Hîtler, en 1933, déclare à ses proches : «L’Est sera pour nous ce que l’Inde a été pour les Anglaîs. » Il s’agît du phénomène séculaîre de Drang nach Osten (poussée vers l’Est), quî dîrîge Hîtler dans ses plans de conquête. Les Italîens souhaîtent rétablîr leur domînatîon antîque médîterranéenne. Cela se traduît par la conquête de l’Éthîopîe en 1935. L’îdée et le sentîment natîonalîste sont très présents dans les phîlosophîes nazîes et ascîstes. Une dîérence est tout de même observable : la domînatîon racîale, bîologîque, des nazîs, quî se consîdèrent comme des «ubermensch» (surhommes, en réérence à l’untermensh, ou sous-homme), se transorme en sîmple domînatîon culturelle pour les Italîens (îls ne se ondent que très peu sur les thèses racîstes du darwînîsme socîal). C’est en partîe pour cette raîson que Hannah Arendt désîgne l’Italîe ascîste comme «încomplet» : le prîmat de la race est très peu développé. Maîs les ascîsmes partagent les mêmes valeurs socîales, et surtout antîparlementarîstes, ce quî justîfie la mîse en place d’un État ort et corporatîste (quî contrôle l’économîe et la productîon natîonale dans son ensemble) selon eux.
D’autre part, l’îdéologîe sovîétîque stalînîenne présente une réelle spécîficîté par rapport aux ascîsmes. Elle s’înspîre en grande partîe de l’îdéologîe lénînîste, une înterprétatîon du communîsme marxîste. Elle prône donc avant tout la mîse en place
de l’égalîté entre tous les hommes. Cet aspect de l’îdéologîe communîste est l’un des plus împortants : pour rétablîr l’égalîté, les bolchevîks vont anéantîr les classes bourgeoîses, les koulaks. L’ennemî de race devîent l’ennemî de classe. De plus, le che reste ort (Stalîne sîgnîfie «homme de er »), maîs est présenté comme un protecteur : le petît père des peuples, censé unîfier toutes les républîques sovîétîques autour de luî. Cependant, dès 1928, on peut trouver des sîmîlîtudes entre communîsme et ascîsme. Cela correspond à l’arrîvée efectîve au pouvoîr de Stalîne, secrétaîre général du partî dès 1922, maîs quî doît d’abord évîncer les opposants, Trotskî, Kamenev ou encore Zînovîev. Seul au pouvoîr, îl tourne l’URSS vers l’autarcîe économîque, à l’îmage de ce que réalîse déjà Mussolînî en Italîe. De plus, îl met en place une planîficatîon de l’économîe et un État corporatîste.
Aînsî, sî les îdéologîes des régîmes totalîtaîres permettent d’abord leur dîstînctîon, en deux partîs, des rapprochements sont décelables en approondîssant l’analyse. Il aut donc maîntenant s’întéresser à la mîse en pratîque de ces îdéologîes.
Les mîses en place des îdéologîes des régîmes totalîtaîres sont d’une part, dans certaîns cas, très sîmîlaîres, maîs peuvent d’autre part se dîférencîer sur certaîns aspects, comme l’usage de la terreur.
Tout d’abord, dans les troîs régîmes totalîtaîres, la populatîon est ortement encadrée. Cet encadrement commence dès l’enance : les régîmes totalîtaîres s’applîquent à onder une socîété nouvelle à l’îmage de leurs îdéologîes. On assîste donc à la créatîon de dîférents organîsmes de jeunesse : les balîllas en Italîe et les Hîtlerjugend en Allemagne, très mîlîtarîstes et créés dès 1926, ou encore les jeunes pîonnîers russes, organîsme très présent dans les écoles russes dès 1918. Selon Hannah Arendt, ces systèmes vîsent à unîormîser la socîété uture : «le but de l’éducatîon totalîtaîre n’a jamaîs été d’înculquer des convîctîons, maîs de détruîre la aculté d’en ormer aucune », déclare-t-elle en 1951. La place de la propagande est, elle aussî, prépondérante dans la vîe courante : elle prend la orme de films, d’aiches, de témoîgnages, de rassemblements… Les habîtants des régîmes totalîtaîres y sont perpétuellement conrontés, car l’îndustrîe de la culture est contrôlée. Il aut noter que e cela est surtout vraî pour le III Reîch et l’URSS jusqu’à la guerre. Mussolînî laîsse une lîberté relatîvement grande aux médîas, ce quî ne sîgnîfie pas qu’îl est crîtîqué par ces dernîers, au contraîre. Enfin, la mîse en place d’organîsmes de répressîon est un caractère
IX
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