Baccalauréat Philosophie 2016 série L sujet 3 corrigé
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Corrigé : Baccalauréat 2016 – Philosophie – série L Sujet 3 : Texte de Hannah Arendt, « Vérité et politique », 1964. Problématisation possible : Ce texte aborde la question assez classique del’interprétation propre aux sciences humaines, compréhensives, qui les distingue des sciences de la nature ou explicatives et qui, pour certains, est un des obstacles pour pouvoir parler de vérité ou de scientificité en Histoire ou en philosophie de l’Histoire par exemple. Cette interprétation est d’autant plus inévitable en Histoire qu’elle fait le récit du passé humain, qui, par définition, n’est plus et qui est le résultat d’une action humaine, dont l’explication ne peut être réduite à un déterminisme naturel comme les phénomènes physiques ou mécaniques et dont le récit présuppose une narration selon un fil conducteur unifiant et intelligible. Mais cette nécessaire et attendue interprétation historique est‐elle pour autant sans garde‐fou ? Si l’historien interprète, toutes les interprétations sont‐elles permises et possibles ? N’y a‐ t‐il pas des limites et, par là, une vérité du récit historique envisageable ? Faire le récit de l’Histoire est‐ce raconter des histoires ? Hannah Arendt soutient ici que la limite est celle de« l’existence de la matière factuelle ».

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Publié le 15 juin 2016
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Langue Français

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Corrigé : Baccalauréat 2016 – Philosophie – série L Sujet 3 : Texte de Hannah Arendt, « Vérité et politique », 1964. Problématisation possible : Ce texte aborde la question assez classique del’interprétation propre aux sciences humaines, compréhensives, qui les distingue des sciences de la nature ou explicatives et qui, pour certains, est un des obstacles pour pouvoir parler de vérité ou de scientificité en Histoire ou en philosophie de l’Histoire par exemple. Cette interprétation est d’autant plus inévitable en Histoire qu’elle fait le récit du passé humain, qui, par définition, n’est plus et qui est le résultat d’une action humaine, dont l’explication ne peut être réduite à un déterminisme naturel comme les phénomènes physiques ou mécaniques et dont le récit présuppose une narration selon un fil conducteur unifiant et intelligible. Mais cette nécessaire et attendue interprétation historique est‐elle pour autant sans garde‐fou ? Si l’historien interprète, toutes les interprétations sont‐elles permises et possibles ? N’y a‐ t‐il pas des limites et, par là, une vérité du récit historique envisageable ? Faire le récit de l’Histoire est‐ce raconter des histoires ? Hannah Arendt soutient ici que la limite est celle de« l’existence de la matière factuelle ».Quelle est sa pertinence, et ne pourrait‐on pas en envisager d’autres en complément, comme l’intersubjectivité (qui est d’ailleurs, peut‐ être, dans les sciences de la nature, le seul critère de vérité d’une théorie, à en croire Kant ou la dimension critique de la science comme aventure collégiale, selon Popper) ou le déroulement de l’Histoire lui‐même, comme le suggère Schopenhauer ? Idées principales du texte et plan possible du texte Pas de difficultés majeures dans ce texte à la structure claire. Lignes 1 à 8 Hannah Arendt pose l’enjeu de sa réflexion à travers deux questions qui sont l’occasion de rappeler que toute histoire est choix et reconstruction du cours de l’Histoire par un historien ou un philosophe de l’Histoire. Tous deux proposentun récit(« racontée ») et pas une simple chronologie, ce qui présuppose une intrigue (« une perspective ») et donc un travail de reconstruction et de mise en ordre, un arrangement qui donne une unité et une cohérence à la succession des faits. Il est intéressant de noter la distinction que fait Hannah Arendt entre « faits » et « purs événements, qu’on retrouve en science avec l’idée de « fait » comme résultats d’une « observation polémique » chez Bachelard.
L’historien se doit d’« extraire » du « chaos » des événements des « faits », ce qui présuppose une théorie, une hypothèse de travail pour que cela soit possible. Ce travail d’« extraction » et de mise en récit ordonné pose évidemment deux questions, deux « difficultés » : celle de la subjectivité de l’historien (pointée dès la première ligne du texte) et celle de la correspondance entre le discours de l’historien et la réalité du cours des événements (tout comme celle du discours de la science sur la réalité, si on admet que la théorie est ce qui permet à un phénomène naturel de devenir un fait) Lignes 8 à 18 Hannah Arendt, après avoir reconnu ces « difficultés » comme inhérentes aux sciences historiques comme à toute science humaine (il fallait ici rappeler les spécificités de celle‐ ci pour opposition aux sciences de la nature, autour de la notion de sujet (humain), et de la distinction entre expliquer et comprendre), soutient trois arguments permettant de poser des limites à cette interprétation, encore une fois nécessaire dans tous les sens du terme : 1. L’existence de la matière factuelle, c’est‐à‐dire de faits et de traces de ceux‐ci (documents, bâtiments, vestiges…) qui s’imposent à l’historien et le contraignent ; 2. la distinction entre « opinion » et « interprétation », qui oblige l’historien, même s’il ne peut être d’aucun temps et d’aucun lieu, à un travail de distanciation par rapport à ses positions en tant qu’individu et de faire preuve d’une authentique volonté d’objectivité et d’intégrité en tant qu’historien ; 3. le déni et le mépris de « la matière factuelle » (on pouvait ici penser à certaines thèses révisionnistes qui écrivent l’histoire contre les faits). Lignes 18 à 27 Le texte se clôt sur un exemple illustrant cette « matière factuelle » incontournable qui pose ses limites à l’interprétation historique (impossible d’écrire l’Histoire de la première guerre mondiale en disant que « la Belgique a envahi l’Allemagne ») mais en même temps qui souligne une certaine latitude interprétative car, hormis ce type de propos absurdes, il est possible de donner des sens différents à ce moment de l’histoire. Hannah Arendt souligne donc ici à la fois les limites de l’interprétation en Histoire mais aussi les différentes écritures possibles de ce passé humain. Ce texte ne permet donc pas de parler d’une interprétation plus « vraie » qu’une autre, il permet simplement d’écarter des interprétations « fausses », car contre les faits. Mais on pourrait dire que dans les sciences de la nature, on ne peut peut‐être finalement n’être « sûr » que du faux, si on en croit Popper, cependant critiqué à son tour par Duhem ou Quine. Donc, on pouvait se questionner à partir de ce texte sur les conditions de la « vérité historique ».
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