La création pour l écoute l écoute pour la création
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Niveau: Secondaire, Collège, Sixième
APPLICATIONS PÉDAGOGIQUES 27 D e s o u tils p o u r la m u siq u e La création pour l'écoute, l'écoute pour la création Deux scénarios pédagogiques éprouvés pour montrer que la création musicale est désormais accessible à l'École avec un haut niveau d'exigence. Daniel Marfaing PROFESSEUR À L'IUFM DE GRENOBLE 1. Caractéristiques du son et création musicale en classe de 6e Ce travail sur les caractéristiques du son(hauteur, durée, etc.) et la structuration dudiscours musical est mené d'une part autour de l'étude d'un chant d'oiseau, d'autre part autour d'une pièce électroacoustique Mouvement, rythme, étude : exercice 2 de Pierre Henry. Durant la première partie de la séquence, les élèves évoluent alternativement dans la salle de musique pour le travail collectif d'audition et de pratique vocale et dans la salle informatique de l'établissement pour le travail d'audition com- plémentaire et de « composition » musicale indi- viduelle. Le logiciel Cubasis2 y accueille alors le travail des élèves en binômes sur la base de fichiers préparés préalablement par le profes- seur. Les manipulations autorisées sont stricte- ment limitées – lecture pour l'écoute et tirer-glis- ser de rectangles contenant les données sonores pour la création, « mute » de certaines pistes (sorte de « lego » sonore) – afin de permettre aux élèves de se concentrer sur l'essentiel : l'écoute et la réalisation musicale.

  • rec- tangles contenant les données sonores pour la composition

  • travail des élèves en binômes sur la base de fichiers

  • possibilités de jeu ryth- mique et de jeu de timbre

  • postes de travail de la salle informatique

  • education musicale


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APPLICATIONS PÉDAGOGIQUES
27
D
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t
i
l
s
p
o
u
r
l
a
m
u
s
i
q
u
e
La création pour l’écoute,
l’écoute pour la création
Deux scénarios pédagogiques éprouvés pour montrer
que la création musicale est désormais accessible à
l’École avec un haut niveau d’exigence.
Daniel Marfaing
PROFESSEUR À L’IUFM DE GRENOBLE
1. Caractéristiques du son et création
musicale en classe de 6
e
C
e travail sur les caractéristiques du son
(hauteur, durée, etc.) et la structuration du
discours musical est mené d’une part autour
de l’étude d’un chant d’oiseau, d’autre part autour
d’une pièce électroacoustique
Mouvement,
rythme, étude : exercice 2
de Pierre Henry.
Durant la première partie de la séquence, les
élèves évoluent alternativement dans la salle de
musique pour le travail collectif d’audition et de
pratique vocale et dans la salle informatique de
l’établissement pour le travail d’audition com-
plémentaire et de « composition » musicale indi-
viduelle. Le logiciel Cubasis
2
y accueille alors le
travail des élèves en binômes sur la base de
fichiers préparés préalablement par le profes-
seur. Les manipulations autorisées sont stricte-
ment limitées – lecture pour l’écoute et tirer-glis-
ser de rectangles contenant les données sonores
pour la création, «
mute
» de certaines pistes
(sorte de « lego » sonore) – afin de permettre
aux élèves de se concentrer sur l’essentiel :
l’écoute et la réalisation musicale.
Découvrir, identifier, structurer…
La première partie de la séquence débute par
l’écoute, en salle d’éducation musicale, d’un chant
d’oiseau choisi pour sa structure liée aux hau-
teurs et durées et sa qualité musicale intrinsèque.
Cette démarche de caractérisation des différents
aspects d’un matériau amène naturellement un
savoir-faire qui va ensuite être réinvesti par les
élèves lors du travail de recherche et de création
en salle informatique. Ils utilisent alors quatre
sons mis à leur disposition : note de xylophone,
bruit de mer, bruit de frottement, sifflement d’oi-
seau, proposés chacun dans trois registres diffé-
1.
La Musique est un jeu
d’enfant,
François Delalande
Éditions Buchet-Chastel,
1984.
2. www.steinberg.fr
D
ans
La Musique est un jeu d’enfant
1
,
François Delalande montre que si la
musique est perçue et vécue par l’enfant
comme un jeu, l’écoute active doit être le lieu et
le temps d’une exploration. Même s’il fait réfé-
rence à des enfants plus jeunes que nos collé-
giens, l’expérience nous enseigne que cette
dimension exploratoire liée à l’écoute peut être
fondatrice de l’acquisition d’une vraie culture
musicale par nos élèves. Les potentialités
ouvertes par la diversité et la puissance des tech-
nologies permettent une mise en oeuvre aujour-
d’hui simple et, comme hier déjà, particulière-
ment efficace de cette attitude pédagogique.
Les élèves manipulent les données sonores et
créent leurs propres pièces grâce au logiciel
de traitement du son installé dans l’ordinateur
de la salle d’éducation musicale ou sur les
postes de travail de la salle informatique.
« Ils utilisent alors
quatre sons mis à
leur disposition:
note de
xylophone,
bruit de mer,
bruit de
frottement,
sifflement
d’oiseau… »
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APPLICATIONS PÉDAGOGIQUES
Des outils pour la musique
Les élèves souhaitaient ici faire percevoir à l’auditeur un refrain qui ne
faisait entendre que des sons de nature (oiseau, mer), et des couplets
superposant tous les sons. La répartition des registres participe
également à la structuration; couplet 1. aigu, 2. médium, 3. grave, le
refrain allant du grave à l’aigu.
Ici, il s’agissait de faire entendre un fond sonore continu de sons de
frottement au-dessus duquel seraient disposés, de façon presque
symétrique, les autres sons.
rents : aigu, médium, grave. Le choix de ces
quatre échantillons n’est bien entendu pas ano-
din : il s’agit de faire entendre des sons à hau-
teurs déterminées et indéterminées certes, mais
également de lier le travail initial (chant d’oi-
seau) à celui qui va suivre (oeuvre électroacous-
tique).
Plusieurs étapes marquent le travail des élèves :
– la découverte, l’identification, le classement
des sons imposés ;
– l’identification des hauteurs (ou de leur
absence) et leur classement selon ce paramètre ;
– la construction du « lego » selon un parcours
de hauteurs successives ;
– un temps d’écoute collectif des pièces et de
commentaires sur les réalisations ;
– la composition d’une nouvelle pièce, à partir
du même matériau sonore, en inventant une
structuration différente, non nécessairement liée
aux hauteurs, qui doit en outre être explicitée
oralement à toute la classe ;
– la présentation, l’écoute et le commentaire
des nouvelles pièces ainsi réalisées.
À défaut de représentation… sonore du tra-
vail réalisé, deux représentations graphiques sont
reproduites ici telles qu’elles apparaissent à
l’écran de l’ordinateur de travail de l’élève. Elles
soulignent des démarches et choix différents
effectués par deux binômes à partir de consignes
et de matériaux identiques.
quelques traitements électroacoustiques qui leur
sont appliqués. La « culture », l’expérience
acquise préalablement par la classe permettent de
mener facilement, dans cette deuxième partie de
la séquence, l’écoute de cette pièce de « musique
concrète » délicate à aborder tant les
a priori
sont souvent difficiles à vaincre.
Après ce premier travail, nous étions à même
de présenter à un public désormais averti d’autres
possibilités de composition par ordinateur en pro-
posant la création d’une pièce, mais cette fois à
la manière de… Pierre Henry ! Cela supposait
d’exploiter les logiciels de traitement du son ins-
tallés sur l’ordinateur de la salle d’éducation musi-
cale et de choisir de nouveaux matériaux : ce
seraient cette fois des voix d’élèves prononçant
le nom de leur établissement.
Le travail se déroule de la manière suivante :
1. Étude expérimentale des qualités acous-
tiques des six syllabes constitutives de « Collège
la Mandallaz » : longueur, qualité plus ou moins
percussive, couleur ; cela permet d’établir une
correspondance avec les sons travaillés par Pierre
Henry.
2. Enregistrement des syllabes isolées, par des
voix d’élèves différentes, avec une diction cari-
caturée pour renforcer la correspondance avec les
sons de l’oeuvre de référence ; « LLÈÈÈGGGE »,
« LLLAAZZZ » très allongées, « KO » très percu-
tante par des voix de garçons, « LA », « MAN »,
« DA », très courtes. Un travail collectif de sélec-
tion termine cette étape importante.
3. Traitement électronique de ces enregistre-
ments grâce aux GRM Tools
3
;
4. Montage des fichiers son obtenus dans
Cubase en ayant pour référence la structuration
« pseudo-aléatoire » de l’oeuvre de Pierre Henry.
Un fichier informatique « réservoir » a été préparé
avec les échantillons disponibles sur des pistes
muettes ; le professeur les glisse à la demande
sur des pistes actives. Le montage est ainsi réa-
lisé de façon empirique par tâtonnement, en écou-
tant, corrigeant, annulant, déplaçant en direct
de nombreuses fois les fichiers son sur les pistes
actives.
Ce projet pédagogique sollicite la faculté des
élèves à utiliser ou réinventer intuitivement des
formes ou des procédés d’écriture qui n’ont pas
été encore étudiés en cours (témoins la forme
rondo, l’écriture en miroir, la « double pédale »
dans les exemples cités) mais qui peuvent tou-
jours être explicités lors des séances d’écoute
collective. La facilité avec laquelle ces créations
ont été réalisées doit beaucoup à la proposition
de créer une oeuvre originale, alliée à celle d’uti-
liser les ordinateurs. Mais surtout, à l’étonnante
évidence de la musique concrète, pour qui a ren-
contré les plaisirs de sa création !
3. Modules de traitement
d’échantillons
audionumériques
développés par le Groupe
de recherche musicale
(GRM) et disponibles, en
plug-in, au standard VST,
c’est-à-dire qu’ils peuvent
facilement venir enrichir un
logiciel séquenceur MIDI
audionumérique comme
Cubase.
www.ina.fr/grm/outils_dev/g
rmtools/index.fr.html
« Étude
expérimentale des
qualités
acoustiques des
six syllabes
constitutives de
“Collège la
Mandallaz”
.
»
… à la manière de Pierre Henry
La pièce de Pierre Henry
Mouvement, rythme,
étude : exercice 2
est bâtie sur la répétition aléa-
toire de cinq « objets sonores » caractérisés par
leur timbre, leur registre, leur enveloppe et les
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2. Autour de la 2
e
pièce de
Musica Ricercata
de Ligeti
D
ans ce recueil, Ligeti se livre à un petit jeu
de composition : la première pièce ne
contient que deux notes, la seconde, trois
notes, la troisième, quatre notes et ainsi de
suite… Il s’agit donc d’amener les élèves à
entendre la virtuosité du compositeur dans l’uti-
lisation des registres, des intensités, des rythmes
masquant l’indigence des hauteurs disponibles
mais permettant de créer de véritables petits
chefs-d’oeuvre. Le recours aux technologies va
être ici encore déterminant.
Les élèves travaillent toujours en binôme par
poste avec le logiciel Cubasis, sur un fichier
sonore initial réalisé par le professeur. Gage d’une
appropriation solide des notions musicales ou des
concepts d’écriture mis en oeuvre, les manipula-
tions autorisées sont toujours strictement limitées
et encadrées : lecture pour l’écoute, réglages d’in-
tensité,
mute
de pistes et tirer-glisser de rec-
tangles contenant les données sonores pour la
composition.
Plusieurs consignes complémentaires sont don-
nées pour l’utilisation du fichier de départ pro-
posant une banque de notes limitée :
– composer une mélodie constituée de deux
périodes : la première, suspensive ; la seconde,
conclusive ;
– réaliser une première partie faisant entendre
cette mélodie selon différentes intensités et dans
diverses associations de registres (de l’extrême
grave à l’extrême aigu) ;
– réaliser une seconde partie avec une seule
note en exploitant les possibilités de jeu ryth-
mique et de jeu de timbre autour des registres ;
– réaliser une troisième partie, sorte d’écho
des première et seconde parties superposées.
Ces productions sont le fruit du travail d’élèves
ne pratiquant la musique qu’au collège. Elles illus-
trent concrètement ce que l’informatique permet
de réaliser, certes en matière de création mais
aussi en pédagogie interactive de l’écoute dans le
cadre d’un cours d’éducation musicale. La diver-
sité des productions abouties d’après des
consignes toujours très strictes – et qui pour-
raient sembler limiter la créativité des élèves – est
particulièrement remarquable. C’est qu’une
notion musicale, lorsqu’elle est porteuse de sens,
a fortiori
un concept générique du langage, per-
mettent à chaque individu d’élaborer une création
personnelle tout en s’appropriant les techniques
qui y président.
Cette pédagogie de l’écoute en éducation musi-
cale est éminemment motivante et formatrice.
Tout en ouvrant à la connaissance et à la com-
préhension des oeuvres d’hier et d’aujourd’hui,
elle rend l’élève véritablement acteur de ses
apprentissages. La multiplication des pratiques de
cette nature, leur mise en ligne sur les sites dédiés
à l’éducation musicale et l’amélioration constante
de l’offre logicielle nous engagent à investir avec
sérénité ces possibles d’aujourd’hui et de
demain.
Deux représentations d’une banque de notes
proposée pour construire la mélodie: 4 notes
selon 4 durées différentes.
– Partition de la banque.
1
re
partie
2
e
partie
3
e
partie
– La fenêtre principale dans laquelle les élèves
tirent-glissent à leur gré les notes (rectangles)
pour composer la mélodie.
Un exemple de réalisation par deux élèves de 5
e
:
en orange, dans diverses associations de registres
et d’intensités, la mélodie composée;
en vert, le jeu de rythmes, de registres avec une seule note.
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