La mixité filles garçons dans les établissements scolaires conduit sou vent une sorte de neutralité dans le déni des différences Ainsi en est il des différences de sexe et de leurs traductions subjectives et corpo relles particulièrement l adolescence Elles sont d autant plus occultées qu elles peuvent sembler ne pas concerner les apprentissages et de surcroît ne pas engager la responsabilité de l école La question est là certes l école n est pas l origine de ces différences mais œuvre t elle empêcher qu elles ne se structurent en inégalités sociales ou au contraire accentue t elle leur évolution en ce sens
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Français

La mixité filles garçons dans les établissements scolaires conduit sou vent une sorte de neutralité dans le déni des différences Ainsi en est il des différences de sexe et de leurs traductions subjectives et corpo relles particulièrement l'adolescence Elles sont d'autant plus occultées qu'elles peuvent sembler ne pas concerner les apprentissages et de surcroît ne pas engager la responsabilité de l'école La question est là certes l'école n'est pas l'origine de ces différences mais œuvre t elle empêcher qu'elles ne se structurent en inégalités sociales ou au contraire accentue t elle leur évolution en ce sens

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Description

Niveau: Secondaire, Collège
185 La mixité filles-garçons dans les établissements scolaires conduit sou- vent à une sorte de neutralité, dans le déni des différences. Ainsi en est- il des différences de sexe, et de leurs traductions subjectives et corpo- relles, particulièrement à l'adolescence. Elles sont d'autant plus occultées qu'elles peuvent sembler ne pas concerner les apprentissages et, de surcroît, ne pas engager la responsabilité de l'école. La question est là : certes l'école n'est pas à l'origine de ces différences, mais œuvre-t-elle à empêcher qu'elles ne se structurent en inégalités sociales ou, au contraire, accentue-t-elle leur évolution en ce sens ? On peut comprendre la résistance du monde de l'école face aux diver- sités sociales des élèves. Leur prise en compte ne conduirait-elle pas à Ville-École-Intégration, n° 116, mars 1999 « ELLES PAPOTENT, ILS GIGOTENT » L'indésirable différence des sexes… Annick DAVISSE (*) (*) Inspectrice pédagogique (IPR-IA) d'EPS, formatrice. Les différences de sexe chez les adolescents au collège et leurs tra- ductions subjectives et corporelles – éducation physique et sportive ou activités langagières – sont d'autant plus occultées qu'elles semblent ne pas concerner les apprentissages et, de surcroît, ne pas engager la res- ponsabilité de l'institution.

  • inégalités sociales

  • échec scolaire des garçons de milieux populaires dans le registre des activités langagières

  • activité sportive

  • question des pratiques sociales de référence des disci- plines scolaires

  • mixité filles-garçons dans les établissements scolaires


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Publié le 01 mars 1999
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Langue Français

Extrait

Ville-École-Intégration, n° 116, mars 1999
« ELLES PAPOTENT, ILS GIGOTENT »
L’indésirable différence des sexes…
Annick DAVISSE (*)
Les différences de sexe chez les
adolescents au collège et leurs tra-
ductions subjectives et corporelles –
éducation physique et sportive ou
activités langagières – sont d’autant
plus occultées qu’elles semblent ne
pas concerner les apprentissages et,
de surcroît, ne pas engager la res-
ponsabilité de l’institution.
L’école œuvre-t-elle vraiment pour
empêcher que ces différences ne se
structurent en inégalités sociales ou,
au contraire, accentue-t-elle leur
évolution en ce sens ?
La mixité filles-garçons dans les établissements scolaires conduit sou-
vent à une sorte de neutralité, dans le déni des différences. Ainsi en est-
il des différences de sexe, et de leurs traductions subjectives et corpo-
relles, particulièrement à l’adolescence. Elles sont d’autant plus
occultées qu’elles peuvent sembler ne pas concerner les apprentissages
et, de surcroît, ne pas engager la responsabilité de l’école. La question
est là : certes l’école n’est pas à l’origine de ces différences, mais
œuvre-t-elle à empêcher qu’elles ne se structurent en inégalités sociales
ou, au contraire, accentue-t-elle leur évolution en ce sens ?
On peut comprendre la résistance du monde de l’école face aux diver-
sités sociales des élèves. Leur prise en compte ne conduirait-elle pas à
(*) Inspectrice pédagogique (IPR-IA) d’EPS, formatrice.
185une « adaptation » de l’enseignement selon le milieu et le sexe, à
l’abandon de l’idée républicaine au bénéfice d’un relativisme culturel ?
Deux expériences me semblent illustrer qu’au contraire l’école peut
prendre en considération les différences en œuvrant à une avancée de la
culture commune : la première a trait au décrochage des adolescentes
en éducation physique et sportive (EPS) et à l’éventuelle voie de réus-
site qu’elle pourrait, à l’inverse, constituer pour les garçons ; l’autre
concerne l’échec scolaire des garçons de milieux populaires dans le
registre des activités langagières. Ces cas de figure ont en commun
d’interroger le monde de l’école sur la construction de ses références
culturelles d’une part, sur la prise en compte de l’activité réelle des
élèves d’autre part.
Adolescentes et adolescents, en sens inverse en EPS ?
La méfiance à l’égard de la diversité est plus vive encore lorsqu’est en
cause la différence des sexes (1) ; les femmes ont en effet payé cher, et
longtemps, un biologisme qui les résumait à la fonction maternelle, à la
séduction et à la fragilité. Au nom de la lutte contre ce passé d’enferme-
ment, faut-il devenir aveugle sur l’importance des corps sexués dans la
construction de l’image de soi ? Elle est pourtant très visiblement agis-
sante dans un domaine de corps comme celui de l’éducation physique et
sportive (EPS), et cela d’autant plus qu’approche l’adolescence.
Les adolescentes en prise de distance
Dans une étude de l’INSERM sur les adolescents (2), à la rubrique
« Le temps des loisirs », on peut lire en sous titre « Sport pour les gar-
çons, lecture pour les filles… ». Les auteurs précisent ainsi les écarts
qui différencient selon le sexe les loisirs des adolescents : « Les garçons
sont plus nombreux à pratiquer un sport (73 %) et de manière plus
intensive que les filles (48 %) qui, en revanche, apprécient davantage la
lecture (53 % des filles contre 35 % des garçons lisent souvent). Les
garçons sont aussi plus intéressés que les filles par les jeux vidéo (59 %
contre 27 %). » Cet écart augmente avec l’âge puisque, si 79 % des gar-
çons et 62 % des filles disent pratiquer souvent du sport en dehors de
l’école dans la tranche 11/13 ans, après une érosion continue, on
compte encore à 18 ans 64 % des garçons et seulement 33 % des filles.
Ce sont les filles scolarisées en lycée professionnel qui déclarent les
taux de pratique les plus bas : 27 %.
186Ces différences de pratiques « hors école » ont leur équivalent sco-
laire puisque les associations sportives d’établissement voient leurs
effectifs féminins fondre avec l’âge : alors que l’on compte 47 filles sur
100 licenciés dans la catégorie benjamin (3), la proportion descend à
43 % parmi les minimes, 37 chez les cadets et 33 chez les juniors-
seniors.
Quant aux cours d’EPS, c’est-à-dire au socle obligatoire de pratique,
le recul net du phénomène des « dispenses » (souvent à prétextes) peut
indiquer une meilleure adhésion des filles qu’il y a dix ou vingt ans,
mais – comme dans d’autres enseignements – cette présence, en parti-
culier en lycée, ne garantit pas leur engagement dans l’activité phy-
sique. En témoignent les notes d’EPS au baccalauréat qui, même si
elles restent élevées, mettent les filles plus de un point… « derrière »
les garçons (4). Témoignent également de difficultés les aléas de la
mixité ; ainsi, en collège, si les sixièmes et les cinquièmes restent
mixtes (à 90 %), à partir de la quatrième, une classe sur deux au moins
est « démixée » pour les cours d’EPS. C’est en particulier à ce niveau
du système éducatif que s’observe un désengagement des filles dans la
plupart des activités sportives, particulièrement en sports collectifs et en
athlétisme. Cette distance ne fera que croître au lycée, notamment pour
les élèves des classes tertiaires et littéraires, les effets statistiques de
sexe se trouvant, comme il est de règle, redoublés par ceux du milieu
social et de la réussite scolaire.
Ces différences d’adhésion lorsque le corps devient adulte sont-elles
des inégalités sociales ? Et après tout, faut-il être sportive ? Il faut
pouvoir choisir de l’être ou non, et c’est bien la mission de l’école,
propre à ce service public et sous la responsabilité nationale, de garan-
tir à tous, et en tout point du territoire, des chances égales de pouvoir
vraiment faire ce choix après ou hors le temps de l’école. Cette fonc-
tion d’initiation, au sens fort, n’est en rien comparable à ce que font
les clubs sportifs ou les conservatoires dont le public est volontaire,
adhérent et cotisant. L’école doit donc se colleter la question difficile
de faire que des non-volontaires accèdent à un acquis culturel suffisant
et partagé, élément d’une vision du monde permettant de vivre
ensemble. Qu’elle échoue, et l’on pourra durablement voir se croiser
sans se voir, sur des trottoirs différents, les jeunes filles des conserva-
toires de danse et les jeunes rappeurs des cités, les footballeurs et les
joueurs de tennis.
187L’institution scolaire tient-elle ce défi ? Peut-on considérer que l’EPS
a joué tout son rôle pour que les différences d’images et de rapports aux
pratiques du corps ne dérivent pas en inégalités culturelles ? Oui et non.
L’efficacité de l’action contre le décrochage des adolescentes est liée à
la capacité à interpréter les différences d’activité des élèves.
Les goûts (et les rejets) des élèves méritent à cet égard un examen
attentif, non pas pour faire « ce que les élèves aiment », mais pour
essayer de comprendre ce que ces affinités indiquent de différences de
rapports aux activités culturelles de référence. Ainsi, aux dires des élèves,
certaines activités apparaissent nettement plus « mixtes », d’autres plus
sexuées. Dans le premier groupe citons les activités de pleine nature (ski,
équitation, escalade, canoë, voile, planche à voile, etc.) et la natation.
Dans le second, le patinage, la danse et « l’expression » sont privilégiés
par les filles, tandis que le football et les activités dites « de rue » comme
le roller ou le skate le sont par les garçons. Les répulsions disent plus net-
tement encore des différences puisque les filles rejettent le rugby, la lutte
et la boxe, les garçons la danse et la gymnastique.
Les garçons, fans de l’EPS
Ce qui complique incontestablement les choix didactiques des ensei-
gnants, c’est que, lorsque précisément les filles s’éloignent des activités
sportives, les garçons, eux, les survalorisent, assurés qu’ils sont dans
cette adolescence qui les trouble d’y trouver de

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