ACTES colloque 110524.odt - NeoOffice Writer
27 pages
Français

ACTES colloque 110524.odt - NeoOffice Writer

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
27 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

  • cours - matière potentielle : langue des signes
  • cours - matière potentielle : formation
  • cours - matière potentielle : sémiologie dans le service
  • cours - matière potentielle : la pensée
Surdité et santé mentale : expérience d'un travail en binôme au sein d'une équipe bilingue Dr. Anna Ciosi, médecin psychiatre Carole Gutman, interprète français < > langue des signes Présentation Merci de votre accueil à Lausanne. Nous sommes heureuses de pouvoir venir vous présenter le travail que nous menons à Marseille depuis plusieurs années. AC: Je suis Anna Ciosi, médecin psychiatre à Marseille depuis 2003, j'ai commencé à travailler avec les personnes sourdes tout doucement à partir de 2004.
  • personnel hospitalier
  • retard mental
  • personnel administratif au personnel
  • patients sourds
  • patient sourd
  • troubles du comportement
  • psychiatrie
  • interprète
  • interprètes
  • langue des signes
  • langues des signes
  • temps
  • patient
  • patients
  • patiente
  • patientes

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 80
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Surdité et santé mentale : expérience d’un travail en binôme au sein
d’une équipe bilingue
Dr. Anna Ciosi, médecin psychiatre
Carole Gutman, interprète français < > langue des signes
Présentation
Merci de votre accueil à Lausanne. Nous sommes heureuses de pouvoir venir vous
présenter le travail que nous menons à Marseille depuis plusieurs années.
AC: Je suis Anna Ciosi, médecin psychiatre à Marseille depuis 2003, j'ai commencé à
travailler avec les personnes sourdes tout doucement à partir de 2004. Je suis responsable d
'une unité qui s'appelle «Unité ambulatoire surdité et santé mentale» qui est un service
d'accueil des personnes sourdes en langue des signes à l'hôpital de la Conception à
Marseille.
CG: Je m'appelle Carole GUTMAN, je suis interprète depuis 1996, j'ai travaillé à Paris puis
suis arrivée à Marseille en 2003. A l'époque pour situer le contexte de Marseille, j'étais la
première interprète à arriver à Marseille; auparavant il n'y avait que des personnes non
diplômées qui faisaient office d'interprète ou les patients étaient accompagnés par les
familles. Depuis 2003, je travaille en partie en médecine somatique, j'accompagne le patient
lors de rendez-vous en consultations spécialisées et on va vous expliquer comment nous
avons travaillé dans la santé psychique. Je travaille un peu moins maintenant avec Anna,
nous allons vous expliquer la
progression du projet et vous montre
comment les choses ont évolué en
quelques années.
AC: je voulais commencer en
précisant qu'il n'y a pas de
psychologie de la surdité ou de
psychopathologie de la surdité.
Il n'y a pas de profil psychologique
particulier chez les personnes
sourdes, il n'y a que des
sourdes chacune différentes qui
Colloque Santé Surdité 37/159souffrent de manière différentes de leur surdité, en fonction de la vie et des rencontres.
On ne peut pas considérer la surdité comme une co-morbidité d'une pathologie
psychiatrique. Comme le dit Marie-Françoise Laborit, la surdité ne peut se réduire à une
maladie organique en cela qu'elle détermine avant tout un rapport particulier au langage.
Prise en charge des patients sourds en psychiatrie: différentes études
Je voulais vous présenter et reprendre un peu ce qui s'est écrit sur la prise en charge des
patients sourds en psychiatrie; on trouve très peu d'écrits. On retrouve surtout des études
autour de patients sourds hospitalisés en psychiatrie et la première date de 1929 en Norvège
du Dr. Hansen.
On trouve seulement une 15aine d'études de ce type en une centaine d'années. Je vous l'ai
synthétisées car c'est l'étude la plus récente qui a été faite auprès d'une structure aux Etats-
Unis qui accueille les personnes sourdes en langues des signes dans des équipe bilingues.
C'est une étude de Black et Glickmann publiée en 2006, qui reprenait un peu une étude sur
64 patients qui ont été hospitalisés sur une période de 5 ans.
C'est une étude diagnostique; ils ont fait une sorte d' inventaire des diagnostics, des
pathologies qu'on retrouvait chez les patients sourds hospitalisés dans leur service pendant
cette période.
Ce qu'on retrouve
beaucoup et le diagnostic
le plus fréquemment
représenté c'était le
symptôme de stress post-
traumatique, quasiment
30% des patients étaient
hospitalisés pour un
syndrome de stress post-
traumatique. On retrouvait
« seulement » 28% de
psychoses, parce que dans
un service de psychiatrie
où sont accueillis les
entendants, généralement
la psychose représente la
plus grande majorité des
hospitalisations (88-89%
de psychoses); des troubles de l'humeur très fréquents; il ne s'agit pas uniquement de
trouble de l'humeur bi-polaires (maladie psychiatrique) mais aussi des troubles de l'humeur
comme la dépression, beaucoup plus présents pour la catégorie de patients sourds que
chez les entendants (21%), beaucoup plus de troubles anxieux aussi (quasiment 40%
comparativement à 8% chez les entendants); les abus de substances qui sont quand même
inférieurs à la proportion d'abus de substances chez les patients entendants. Ce qui est
étonnant, c'est qu'on ne retrouvait pas du tout la notion d'abus de substances dans les
premières études. Ensuite 25% (donc 1 quart) de retard du développement dont le retard
mental, alors que c'est une catégorie de pathologie qu'on ne retrouve pas du tout ou très
peu (6,6%) pour les patients entendants hospitalisés en psychiatrie. Des troubles de la
personnalité en plus grande proportion et ça c'est assez important car on le retrouve dans la
pratique clinique, tant à Marseille qu'aux Etats-Unis, plus de la moitié des patients
Colloque Santé Surdité 38/159hospitalisés en psychiatrie, et en souffrance psychique en général, ont un antécédent de
maltraitance et/ou d'abus sexuel dans l'enfance.
Ce qui est intéressant dans leurs études, c'est pour des antécédents de maltraitance ou
d'abus sexuel assez élevés aussi pour des entendant hospitalisés en psychiatrie (48,8%)
quasiment 30% des patients sourds vont développer un syndrome de stress post-
traumatique, alors que seulement 6,6 % des patients entendants qui ont subi de la
maltraitance ou des abus sexuels développent un syndrome de stress post-traumatique.
Quand on voit des chiffres pareils, ce qu'on se dit c'est que pour éviter le stress post-
traumatique, on a besoin de pouvoir s'exprimer après un traumatisme, de pouvoir en parler,
de pouvoir le dire, de pouvoir évacuer cela pour ne pas le garder... et que cela revienne sans
arrêt. On voit que les patients sourds ont beaucoup plus le syndrome de stress post-
traumatique probablement par le fait d'avoir une incapacité à pouvoir le dire facilement.
C'est une sorte de synthèse de la quinzaine d'études que j'ai pu retrouver. Ce qu'on trouve
en général c'est que la prévalence des maladies mentales est sensiblement la même chez
les sourds que chez les entendants, à savoir qu'il y a 1% de schizophrénie dans la
population générale, que la population soit sourde ou entendante; il n'y a donc pas plus de
schizophrénie ou de psychoses chez les sourds.
Il n'y a pas non plus plus de
trouble de l'humeur de type
troubles bi-polaires, il y a
1% de la population aussi,
mais on retrouve en
revanche chez les sourds
plus de troubles de l'humeur
de type dépressifs et plus
d'anxiété que dans la
population entendante. La
durée moyenne de séjour
d'hospitalisation en
psychiatrie pour les
patients sourds est
beaucoup beaucoup plus
longue que chez les
patients entendants, à
travers les différentes
études.
En fait ce problème de durée de séjour beaucoup pus allongée, s'explique de par le fait que
les patients sont hospitalisés dans des structures sans langue des signes, sans possibilité de
s'exprimer dans sa langue, ce qui amène à des retards ou erreurs de diagnostic, à des
retards dans la prise en charge et donc à des durées moyennes de séjour plus longues.
Ces chiffres sont intéressants quand on voit dans les services qui accueillent les patients en
langue des signes, la durée moyenne de séjour diminue considérablement et est
sensiblement la même que pour un patient entendant. A partir du moment où on résout le
problème de la langue et de la communication, les patients ne restent pas plus longtemps à
l'hôpital.
Le 2ème point est que s'ils restent plus longtemps à l'hôpital c'est que souvent il n'y a pas de
structure ambulatoire adaptée pour prévenir les hospitalisations et essayer de gérer la crise
en amont.
Colloque Santé Surdité 39/159Si on attend trop longtemps, les patients seront plus souffrant et on mettra plus de temps à
les soigner. En général, un patient sourd hospitalisé en psychiatrie vit souvent son
hospitalisation comme un isolement, une punition, quelque chose de difficile à vivre sans
bénéficier véritablement de soins, dans les structures où il n'y a pas de langue des signes.
Dans les études, on retrouve souvent les troubles du comportement comme motif
d'hospitalisation. Chez les entendants aussi c'est quand il y a un trouble du comportement
qu'on hospitalise en psychi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents