Chapitre I – Evaluation des actifs corporels & incorporels
Section I : Règles générales d’évaluation des actifs et des passifs
I.1. Bases légales
Les règles d’évaluation des actifs et passifs sont organisées par les
dispositions combinées des articles 35 à 64 de l’acte uniforme portant
organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises
(Syscohada).
I.2. Les méthodes d’évaluation prévues par le Syscohada
Le Syscohada a consacré un chapitre entier aux règles d’évaluation des
actifs et passifs. Il précise que qu’à leur date d’entrée dans le patrimoine, les
biens acquis à titre onéreux sont comptabilisés à leur coût d’acquisition, les
biens produits sont comptabilisés à leur cout de production, la valeur
d’apport pour ceux apportés par l’Etat ou les associés, la valeur actuelle
pour ceux acquis à titre gratuit ou, en cas d’échange, par la valeur de celui
des deux éléments dont l’estimation est la plus sûre.
Section II : Evaluation des immobilisations corporelles et
incorporelles
II-1) Entrée dans le patrimoine
A) Cas des immobilisations corporelles
Une immobilisation corporelle est définie comme un élément corporel
destiné à servir de façon durable à l’activité de l’entreprise.
A-1) Coût d’acquisition
Le coût d’acquisition d’une immobilisation est constitué (article 37 du
règlement) :
- de son prix définitif d’achat facturé par le fournisseur
- des charges accessoires rattachables directement à l’opération d’achat ;
- des charges d’installation qui sont nécessaires pour mettre le bien en état
d’utilisation.
* Le prix d’achat définitif est le prix mentionné sur la facture déduction
faite de toutes remises, rabais et ristournes commerciaux. Par contre, les
réductions financières (escomptes de règlement) n'ont aucune incidence sur
le prix d'achat. Elles doivent être inscrites dans le compte 773 Escomptes
obtenus.
Comptabilité approfondie – iface – 2009 / CAK 1Les taxes non récupérables font partie de la valeur bien. En tout état de
cause, le compte 645 ne doit être utilisé.
* Les charges accessoires :
- externes c'est-à-dire de celles qui sont directement liées à
l’acquisition et à la mise en état d’utilisation du bien dans la mesure où elles
ont accru sa valeur vénale. Il s’agit notamment des frais de transport, droits
de douane, frais d’installation et de montage, des taxes non récupérables, la
préparation du site, les commissions et honoraires (d’architecte,
d’ingénierie…).
- internes c'est-à-dire toutes les charges internes liées directement à
l’achat : du coût des transports par les véhicules de l’entreprise (salaires,
fournitures extérieures, assurances, amortissements, etc.), des charges de
personnel (personnel affecté aux achats, et non personnel administratif
"réparti"), du coût de réception, manutention, mise en stock (mais non de
stockage).
Exemple : Le coût d’acquisition d’un terrain inclut les frais destinés à
rendre le terrain libre et nu. Ces frais peuvent être des frais de démolition
de l’immeuble qui y était construit, l’indemnité d’éviction payée en vue de
rendre le terrain libre, le droit au bail des locaux etc.
Sont exclus des coûts d’acquisition les dépenses effectuées au titre des frais
d’acquisition des immobilisations (droits de mutation, commissions
versées, frais d’actes, honoraires notaire). Ces frais sont enregistrés au
préalable dans les comptes de charges par nature mais peuvent être
transférés en charges immobilisées compte 2022. Ces charges sont amorties
sur une durée n’excédant pas 5 ans.
Illustrations
er1) La société ZYX a fait l’acquisition au 1 mars N d’un matériel industriel et a effectué les
dépenses suivantes :
- Prix d’achat brut du matériel : 50.000
- Remise accordée par le fournisseur : 2.500
- Escompte attribué par le fournisseur : 475
- Droits de douane :
6.000
- TVA récupérable :
10.393
- Frais d’installation nécessaires à la mise en utilisation du bien (dont Tva 588) :
3.588
- Frais de transport postérieurs à la mise en utilisation (dont Tva: 392)
2.392
Comptabilité approfondie – iface – 2009 / CAK 2Solution :
Coût d’entrée : 50.000 – 2.500 – 475 + 6.000 + 3.000 = 56.025
er2) La société S réalise l’acquisition au 1 avril N d’un ensemble immobilier
à rénover et effectue les suivantes :
- Prix d’achat du terrain 36.000
- Prix d’achat de la construction 164.000
- Droits d’enregistrement 9.600
- Frais d’acte 700
- Honoraires notaire (dont Tva : 490) 2.990
- Commissions (dont Tva 980) 5.980
- Frais d’architectes (dont Tva : 784) 4.784
- Grosses réparations (dont Tva : 8.624) 52.624
- Charges financières exposées pour l’acquisition du terrain et de la construction (période
allant de la signature de l’acte à la mise en service) 1.000
Solution :
Coût d’entrée du terrain : 36.000 + (1.000* 36.000/(164.000+36.000)) =
36.180
Coût d’entrée de la construction : 164.000 + (1.000*
164.000/(164.000+36.000)) +4.000 + 44.000 = 212.820
A-2) Coût de production
Les biens produits par l’entreprise sont comptabilisés à leur coût de
production correspondant au coût d’acquisition des matières et fournitures
consommées auquel s’ajoutent les charges directes de production qu’elles
soient externes (services extérieurs) ou internes (salaires, amortissements).
Les charges indirectes sont également prises en considération dans la
mesure où elles peuvent être raisonnablement rattachées à la production des
biens.
Le coût d’une construction produite par l’entreprise comprend
notamment les honoraires d’architectes, ceux versés aux surveillants de
travaux (bureaux d’études), le prix d’achat d’un immeuble à détruire en vue
de la reconstruction, les frais de démolition.
Le coût de production des biens produits ou réalisés par l’entreprise pour
elle-même comprend les agios sur découverts ou les intérêts sur emprunts
contractés pour le financement de leur fabrication, à la double condition
Comptabilité approfondie – iface – 2009 / CAK 3que cela soit justifié par des circonstances spécifiques de l’exploitation et
qu’il s’agisse du seul montant des intérêts se rapportant à la période de
fabrication.
Le coût de production peut inclure aussi les pertes, rebuts et déchets qui
sont inévitables et normaux.
N’entrent pas dans le coût de production des biens :
- les charges commerciales et les charges d’administration générale qui
ne rentrent pas dans le processus de production ;
- le coût de stockage du produit fini ;
- la quote part de charges correspondant à la sous activité ;
- les pertes et les gaspillages de caractère accidentel ou anormal.
A-3) Biens acquis à titre gratuit
Les immobilisations transférées gratuitement à l’entreprise ou sous forme
de subvention sont enregistrées en comptabilité pour leur valeur actuelle au
jour du
transfert de propriété.
L’opération est constatée par le truchement du compte 14 Subventions
d’investissement.
S’il s’agit d’une entreprise individuelle, le bien acquis à titre gratuit doit être
inscrit dans les comptes d’immobilisations par le biais du compte 104
Compte de l’exploitant. La dotation aux amortissements de ce bien n’est pas
déductible fiscalement.
A-4) Biens transférés à l’entreprise à titre d’apport en nature
Les biens reçus à titre d’apport en nature sont enregistrés en comptabilité
aux valeurs pour lesquelles ils figurent dans l’acte d’apport.
A-5) Biens acquis par voie d’échange
Une immobilisation est acquise par échange, pour tout ou partie, avec un
autre actif, elle doit être comptabilisée à sa valeur actuelle ou à la valeur
nette comptable de l’actif échangé, compte tenu de tout règlement ou
encaissement supplémentaire ou autre contrepartie (soulte). A cette fin, la
valeur peut être déterminée par référence soit à l’actif donné en échange,
soit à l’actif acquis, suivant celle des deux valeurs qui parait la plus sûre.
Comptabilité approfondie – iface – 2009 / CAK 4A-6) Cas particuliers
A-6-1) Bien acquis avec clause de révision de prix
Lorsqu'un bien est acquis avec une clause de révision de prix, le prix d’achat
définitif est celui qui tient compte de toutes les modifications de prix
consécutives à la clause de révision. Dans ce cas, la valeur d’entrée des
immobilisations sera modifiée en tenant compte des variations de prix.
Illustration
Le 30 Juin 2002, l’entreprise DIOP achète une machine à FCFA 100 000 à crédit sur 2 ans. Le contrat prévoit une
clause de révision de prix à la fin de chaque année de crédit sur la base du cours dollars :
- 30 juin 2002 .................................................................................. cours1 $ = 500 FCFA
- 30 juin 2003 .................................................................................. 1 $ = 600 FCFA
La valeur immobilisée se présente ainsi :
a) 30 juin 2002, montant immobilisé = 100.000 FCFA
b) 30 juin 2003, le montant de l’immobilisation doit être modifié en tenant compte du cours du dollar
Montant immobilisé au 30 juin 2002 = 100.000
Révision du prix 200 (600 - 500) = 20.000
Nouvelle valeur immobilisation = 120.000
La valeur brute de l’immobilisation comptabilisée au 30 juin 2002 doit être modifiée de la variation de prix de FCFA
20 000. En conséquence, la dotation aux amortissements du 30 juin au 31 décembre 2002 doit être réajustée au 31
décembre 2003 pour tenir compte de l’incidence de la révision du prix par le biais du compte 68 Dotations aux
amortissements.
La dotation de l’exercice du 1er janvier au 31 décembre 2003 doit être calculée sur la nouvelle valeur, soit FCFA 120
000.
A-6-2) Biens dont la valeur est exprimée en monnaie étrangère
Lorsque le coût des immobilisations entrées dans le patrimoine est exprimé en
monnaie étrangère, le coût de ces immobilisations est converti en unité
monétaire légale au cours du jour de l’acquisition quel que soit le mode de
paiement.
Si un crédit a été consenti par le fourniseur d’immobilisations, les
différences de change constatées lors du règlement sont inscrites dans le
compte 676 Pertes de change ou 776 Gains de change.
A-6-3) Biens acquis avec clause de réserve de