Chris Salter, Entangled : Technology and the Transformation of ...
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Description

  • cours - matière potentielle : des dernières décennies
1 Chris Salter, Entangled : Technology and the Transformation of Performance, Cambridge (Mass.), MIT Press, 2010, 480 p. Écrire (voire récrire) une histoire de la performance en s'intéressant à la façon dont la technologie l'a transformée, voilà ce que propose Chris Salter. Avant d'aller plus loin, il importe d'abord de comprendre ce qu'entend l'auteur par « performance » et « technologie » car cette vision motive le choix des nombreux exemples de pratiques artistiques (extrêmement diversifiées) exposées tout au long des huit chapitres de l'ouvrage.
  • acteurs humains
  • office d'outil de référence
  • complexes installations médiatiques
  • outils techniques
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  • idée de performativité
  • définition inclusive
  • performance
  • performances

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Langue Français

Extrait

Chris Salter,Entangled :Technology and the Transformation of Performance,
Cambridge (Mass.), MIT Press, 2010, 480 p.
Écrire (voirecrire) une histoire de la performance en s’intéressant à la façon
dont la technologie l’a transformée, voilà ce que propose Chris Salter. Avant d’aller plus
loin, il importe d’abord de comprendre ce qu’entend l’auteur par «performance »et
« technologie »car cette vision motive le choix des nombreux exemples de pratiques artistiques (extrêmement diversifiées) exposées tout au long des huit chapitres de l’ouvrage.
Les termes «performance »et «performativité »se définissent différemment
selon le champ d’études et Salter prend soin en introduction de récapituler les quelques
glissements de sens qui se sont opérés au cours des dernières décennies, sans toutefois
s’en tenir à une seule signification.
« Performance » peut donc être entendu au sens de prestation dans le domaine des
arts de la scène (performing arts) et/ou d’art de la performance (performance art). De
plus, peuvent aussi être considérées comme performances, entre autres, des architectures,
des installations et des interventions urbaines aux qualités performatives, c’estàdire
lorsque l’accent est mis sur l’action (doing) au détriment de la représentation, qu’il y a un
intérêt marqué pour le processus, la relation performeur/spectateur, la matérialité de
l’œuvre. Autrement dit, lorsque l’acte artistique revêt un caractère événementiel et est
situé dans le temps et dans l’espace. Sont donc exclues de ce livre les pratiques artistiques
purement « virtuelles », se déroulant strictement sur le web.
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Pour ce qui est de la notion de performativité, l’auteur relate brièvement le
performative turn survenudurant les années 1970 dans les sciences sociales (Austin,
Goffman, Turner, Butler, Schechner, etc.) et conclut en présentant l’idée de
performativité telle qu’employée en sciences et en économie (Callon, Law, Latour,
Pickering, etc). Refusant de se cantonner dans une définition, Salter préfère dégager les
caractéristiques communes à l’idée de performativité dans chacune de ces disciplines et
naviguer entre ces définitions, à l’instar des différentes pratiques artistiques présentées
dans le livre. Cependant, deux idées générales traversant cet arsenal de définitions
teintent l’ouvrage. D’abord, on y propose une vision non représentative du monde qui se
manifeste, par exemple dans un happening où l’action performée se substitue à la
représentation d’une réalité. L’autre idée générale présente une vision dynamique du
monde où tout est interrelié et en constante transformation. Cette conception se retrouve
notamment dans la théorie de l’acteurréseau (ActorNetwork TheoryouANT) qu’aborde
Salter en introduction. Celleci propose un modèle où différents actants (acteurs humains
et non humains) constituent un réseau dans lequel ils transforment ou sont transformés
par d’autres actants à travers leurs relations (xxviii). Cette théorie rejoint une idéeforce
du livre, soit l’intrication ou l’enchevêtrement (entanglement) entre la performance et la
technologie.
Quant à la technologie, elle doit aussi être comprise dans un sens large. Reprenant
la notion de «médiation »chez Latour et celle de «machine »chez Guattari (xxxv),
l’auteur ne s’intéresse pas tant à définir ce qu’est la technologie, mais se penche surtout
sur sa fonction. La technologie agirait donc comme médiateur entre humains, outils
techniques, processus et environnements (xxxv) et participerait à la construction de
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relations sociales, culturelles et politiques.Cette définition inclusive permet donc
d’aborder tout autant la rudimentaireskeneque de complexes installations grecque
médiatiques et architectoniques. Cependant, pour circonscrire quelque peu le panorama
d’artistes, Salter s’intéresse strictement aux œuvres où la technologie est volontairement
intégrée au concept de création.
Afin d’organiser toutes ces pratiques, les exemples sont regroupés par chapitres
thématiques et présentés de façon chronologique à l’intérieur de ceuxci. Ainsi, les deux
premiers chapitres s’intéressent aux innovations scénographiques de la première et de la
deuxième moitié du vingtième siècle. On y remarque, entre autres, à quel point
l’architecture y a occupé un rôleclé, mais aussi comment cette discipline s’est souvent
servie de la scène comme laboratoire pour expérimenter ce qui n’était pas encore possible
dans la réalité du quotidien, la scène se trouvant à michemin entre la maquette et le
« vrai »édifice projeté. Le troisième chapitre traite plus en détail d’architecture, en
particulier d’architectures performatives, très souvent mouvantes et/ou en interaction
avec l’environnement, qu’il soit social ou physique. Le chapitre quatre qui porte sur la
projection d’images (vidéo, filmiques, sur écran) est le plus long— doitons’en
surprendre dans une société dominée par l’image ? Ici, il est intéressant de constater que
bien que l’utilisation de l’image soit aujourd’hui monnaie courante dans tous les arts de la
scène, la tension demeure entre, d’une part, la crainte que l’écran remplace la scène et,
d’autre part, l’intégration consentie de l’écran sur scène comme autre scène en même
temps qu’élément physique en relation avec les autres «actants »scéniques (179). Le
chapitre cinq, qui traite du son, rappelle la nécessité d’une présence corporelle pour que
son il y ait, que ce soit une simple action physique permettant de produire le son ou la
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présence d’un récepteur, par exemple (219). Le corps et ses différents rapports à la
technologie (le corps versus la machine, le corps comme machine, les ressemblances
et/ou les dissemblances d’effets de présence entre objets non vivants et corps humains,
etc.) sont présentés au chapitre six. Certains questionnements sont élaborés davantage au
chapitre suivant, mais cette foisci, à partir de la machine et du robot. On constate que
plus on avance dans le temps, moins le performeur est nécessaire aux installations. En
effet, l’auteur donne plusieurs exemples de performances où l’appareil technologique
devient performeur ou, encore, le spectateur, en interaction avec la technologie, devient
en même temps performeur. Finalement, cette mince frontière entre performeur et
spectateur est développée dans le dernier chapitre qui traite d’œuvres interactives.
Chris Salter affirmait, lors d’une conférence donnée le 11 janvier 2011 au CRI
(Centre de recherche sur l’intermédialité), vouloir avec ce livre décloisonner les
disciplines en retissant des liens oubliés ou souvent escamotés dans certains ouvrages
théoriques et historiques. Par exemple, selon l’auteur, le théâtre, parfois méfiant à l’égard
de la technologie, aurait une histoire jalonnée d’innovations technologiques qui n’ont
cessé de le transformer. Autre exemple: si l’on se donne la peine de prendre en
e considération l’histoire de la performance au 20siècle, les arts médiatiques auraient une
histoire plus ancienne que celle généralement contée. Il sera donc intéressant de voir
l’impact qu’aura cet ouvrage sur les différentes disciplines (artistiques et «non
artistiques »), auxquelles Salter s’adresse.
Force est de constater que ce livre met en évidence à quel point plusieurs
innovations ne sont pas si neuves et peutêtre, seulement, mieux rendues par une
technologie plus sophistiquée et/ou plus répandue grâce à une plus grande accessibilité.
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Quant à la position inclusive et transdisciplinaire, si elle a le mérite de souligner des
filiations rarement mises de l’avant, elle peut aussi étourdir le lecteur par une trop grande
hétérogénéité des pratiques. Finalement, on se doit de saluer l’exhaustivité de l’ouvrage
pouvant faire office d’outil de référence.
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Eaubelle DaoustCloutier
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