de rousseau à starobinski
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  • mémoire - matière potentielle : collective
Roger Francillon de rousseau à starobinski Littérature et identité suisse Presses polytechniques et universitaires romandes C O L L E C T I O N 70_litterature_identite_CH.indd 3 17.03.11 15:14
  • double signe d'ouverture sur le monde et de fermeture
  • installation des burgondes sur les rives du léman
  • vision extensive du territoire helvétique
  • bâlois jean
  • évêques de genève
  • développement du droit naturel
  • saint empire romain
  • helvétie romaine
  • civilisation romaine après la chute de l'empire
  • genève

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Langue Français
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Extrait

Roger Francillon
de rousseau
à starobinski
Littérature et identité suisse
COLLECTION
Presses polytechniques et universitaires romandes
70_litterature_identite_CH.indd 3 17.03.11 15:141
naissanCe d’une ConsCienCe roMande
au diX-HuitièMe sièCLe
La question d’identité nationale se pose de manière parti-
culièrement complexe dans le cas de la suisse dont l’unité est
problématique avec ses vingt-six cantons et demi-cantons, ses
quatre langues nationales, ses divergences confessionnelles, sa
géographie tourmentée impliquant une vie économique très dif-
férente d’une région à l’autre.
Y a-t-il une identité helvétique ? ou en d’autres termes, pour
reprendre une expression utilisée par Gonzague de reynold,
existe-t-il un « esprit national » suisse ? Cette question iden-
titaire peut paraître obsolète à une époque où la planète n’est
plus qu’un grand village ; elle refait cependant surface, comme
si le retour aux racines était un antidote à cette uniformisation
effrayante. Cette quête identitaire n’est du reste pas propre à la
suisse ; en France, elle renaît immanquablement lors des élec-
tions présidentielles.
Ce problème d’identité se pose de manière particulièrement
aiguë pour les suisses romands, minoritaires dans la Confédé-
ration helvétique et entrés relativement tard dans cet ensemble.
il leur est possible de marquer leur spécifcité par rapport aux
Français dans les mœurs et la morale, dans une vision particu-
lière du monde et du rôle accordé à la religion, dans une certaine
attitude face aux institutions politiques ou enfn dans le langage
même, que ce soit au niveau du lexique, de la syntaxe ou de
l’accent. t ous ces facteurs socioculturels ont leur source dans
l’Histoire.
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De l’Helvétie romaine à la Suisse romande
de l’Helvétie romaine à la suisse romande actuelle, on peut
relever différentes strates historiques : d’abord l’héritage celte
avec l’implantation sur le plateau suisse des Helvètes vaincus
par César en 58 avant Jésus-Christ. Puis une progressive roma-
nisation de l’Helvétie qui a laissé de fortes traces jusqu’à nos
jours dans les domaines juridique et culturel. Viennent ensuite
la christianisation de la région, la création des premiers évêchés
et des premiers couvents qui vont conserver et transmettre la
civilisation romaine après la chute de l’empire.
Mais l’événement le plus déterminant pour l’avenir de la
esuisse romande fut au 5 siècle l’installation des burgondes
sur les rives du Léman. Cette tribu barbare, à la différence des
alamans qui occupèrent la partie orientale de l’Helvétie, s’as-
simila aux élites gallo-romaines et adopta le latin (vulgaire)
comme langue. Ce sont les burgondes qui ont en quelque sorte
permis que perdurent dans l’espace romand la langue et les cou-
tumes romaines. Le royaume burgonde, qui naquit sur les bords
du Léman avec Genève pour capitale et qui s’étendit le long de
la vallée du rhône vers Lyon et la Méditerranée, fut absorbé à
l’époque de Clovis par les Mérovingiens, puis par leurs succes-
seurs carolingiens.
en 843, lors du t raité de Verdun par lequel les petits-fls de
Charlemagne se partagèrent son empire, l’espace romand ft
partie de l’éphémère Lotharingie sur les ruines de laquelle se
créa en 888 le second royaume de bourgogne. C’est à saint-
erMaurice d’agaune que son fondateur rodolphe i se ft cou-
ronner. ainsi, de 888 à 1032, durant 150 ans, l’espace romand
constitua le centre de gravité de ce royaume. C’est de cette
époque que date le règne de la reine berthe, épouse de rodolphe
ii, restée comme le modèle des vertus domestiques et chré-
tiennes dans la mémoire collective.
a la mort de rodolphe iii, en 1032, son royaume échut par
erhéritage aux descendants d’othon i , qui avait fondé le saint
empire romain germanique en 966. dès lors, l’espace romand
devint terre d’empire : les évêques de Genève, de Lausanne, de
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70_litterature_identite_CH.indd 12 17.03.11 15:14naissanCe d’une ConsCienCe roMande au diX-HuitièMe sièCLe
sion et de bâle y jouissent de l’immédiateté impériale et veillent
jalousement sur leur domaine temporel convoité par des sei-
gneurs féodaux comme les comtes de neuchâtel dans le Jura, les
ducs de Zaehringen fondateurs des villes de Fribourg et de berne
sur le plateau, la maison de savoie sur les bords du Léman.
Ce sont les savoie qui ont su établir leur puissance entre
e ele 12 et le 15 siècle: maîtres du bas-Valais pour contrôler le
passage du Grand-saint-bernard, ils ont peu à peu étendu leur
infuence dans le Pays de Vaud, se sont imposés à Genève en fai-
sant monter sur le trône épiscopal des membres de leur famille,
ont reçu l’hommage des comtes de neuchâtel et se sont heurtés
en direction de l’alémanie aux Zaehringen, puis aux Habsbourg.
Parmi les nouvelles puissances qui se sont développées grâce
eau commerce à partir du 13 siècle, les villes de Fribourg et de
berne vont jouer un rôle fondamental dans ce que l’on peut
appeler la création de la suisse romande. berne, cet etat-Cité,
membre de la Confédération helvétique depuis 1353, va profter
e de la faiblesse des ducs de savoie au 15 siècle pour étendre son
infuence sur l’espace romand : allié des dizains valaisans en lutte
econtre l’évêque de sion dès le 14 siècle, berne va profter des
guerres de bourgogne pour prendre pied dans le Pays de Vaud
en conservant, au t raité de Fribourg, les mandements d’aigle,
de bex et des ormonts ainsi que les bailliages communs avec
Fribourg, de Morat, Grandson et orbe-echallens. Cinquante ans
plus tard, pour venir en aide aux Genevois auxquels les liait un
traité de combourgeoisie, ils conquièrent le Pays de Vaud qu’ils
partagent avec les Fribourgeois, contrôlent également la princi-
pauté de neuchâtel occupée par les troupes suisses et conver-
tie au protestantisme par Farel. ils font également prêcher la
réforme dans le sud de l’évêché de bâle à la faveur de combour -
geoisies signées avec les villes de bienne et de La neuveville.
sans l’hégémonie bernoise et son extension en pays romand, la
suisse francophone n’existerait pas. dans cette mutation his-
torique, la religion a joué un rôle capital. s’est ainsi constitué
un bastion protestant francophone dont le rôle sera fondamen-
tal dans l’évolution « identitaire » des trois principales villes de
l’espace romand : Genève, Lausanne et neuchâtel.
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Fribourg, d’abord vassale des savoie, s’est émancipée de
ecette tutelle au cours du 15 siècle pour entrer en 1481, à la
faveur des guerres de bourgogne, dans la Confédération helvé -
tique. bien que dans l’ombre de berne, sa puissante voisine, elle
eest restée fdèle à l’eglise romaine et devint dès le 16 siècle la
citadelle du catholicisme en suisse romande. elle profta de la
conquête du Pays de Vaud pour s’étendre en direction du sud
sans parvenir à se constituer un débouché sur le Léman, puis
partagea avec berne les dépouilles du comte de Gruyère. dès
lors, avec une majorité d’habitants de langue romane, le gou-
vernement resta germanophone jusqu’à la révolution bien que
l’oligarchie patricienne se soit progressivement francisée dès le
e17 siècle.
allié des Confédérés, république épiscopale où les dizains
se disputent le pouvoir avec l’évêque de sion, le Valais s’est
également agrandi au détriment de la savoie en s’emparant du
territoire francophone allant de Martigny à saint-Gingolph.
Quant à l’évêché de bâle, dirigé par un prince-évêque alle -
mand, qui fut contraint de quitter la cité rhénane lorsque celle-ci
passa à la réforme et se replia à Porrentruy, il subit lui aussi le
contrecoup de la réforme puisque berne parvint, grâce à ses
traités de combourgeoisie, à imposer la religion nouvelle dans le
sud du Jura et à bienne.
La Suisse romande d’Abraham Ruchat
eainsi, dès le 16 siècle, l’espace romand est entré dans
l’orbite helvétique Mais c’est en 1712, dans Les Délices de la
S

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