Ils sont les acteurs d une autre mondialisation
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Ils sont les acteurs d'une autre mondialisation

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L E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 2 E T D I M A N C H E 1 3 N O V E M B R E 2 0 1 1 SCIENCE & CULTURE PRIX DU QUÉBEC Janette Bertrand est la première lauréate du prix Guy-Mauffette pour la radio et la télé Page 3 Jean Provencher passe de l'histoire à l'Histoire avec le prix Gérard-Morisset, qui consacre une œuvre dédiée au patrimoine Page 8 CAHIER F N O R M A N D T H É R I A U L T «P our moi,il est uneforce dela
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L E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 2 E T D I M A N C H E 1 3 N O V E M B R E 2 0 1 1 CAHIER FSCIENCEPRIX D&U QUÉBCECULTURE Janette BertrandJean Provencher passe est la première lauréate de l’histoire à l’Histoire avec le prix du prix Guy-Mauffette Gérard-Morisset, qui consacre pour la radio et la télé une œuvre dédiée aupatrimoine Page 3 Page 8
SOURCE REMY BOILY Les lauréats des Prix du Québec, en compagnie de Sam Hamad, ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Expor tation, et de Christine St-Pierre, ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine
Ils sont les acteurs d’une autre mondialisation La liberté accordée au « laisser-penser » s’opère au profit de tous
Le Québec doit être une terre d’innovation: tel est le slogan qui pourrait donner paroles au chant que répètent inlassablement les ténors économiques en cette ère où le mot «mondialisation» devrait figurer, lui aussi, en bout de l’autre rime. Si certains fre-donnent, voire beuglent, ces airs, d’autres passent à l’action et accumulent les réalisations. Félicitations en cette année 2011 aux récipiendaires des Prix du Québec.
N O R M A N D T H É R I A U L T our moi, il est une force de la nature i m p r e s -sionnan-il us d’être une véritable encyclop trldpdslpqgnqdcvmemWullauiiuiueaohisuieeipniean-Taleitnmtqjmnvsd«ôiormaidtteetuatlaeceuimsêmhcedisreétdh,-tobnetapmibrPeufueéhiemescpnuenaenyb,rlenccdasunmidiraiaàuihdocovslroeegonneiineoosfpumNètumileneasPmràcterdnpéataee,éaheJabusttdmarrucsitodieiuiétnvcctlalqceiaerisomeroutvaigséeSengarérlbenreêaiaerei,eue!ttuqtttvD.iv,ernixeIéreudaaélalusrcleCeqvvatneurseàoileuiae.thssidgesnsnile,Inylttdaq.anptllspcnlrvuercoqoEureeoeeuarie.unsésenrcntn-s»-nx-it,--ique, motivé par les défis, élo-amment centré sur les méca-les travaux de son équipe à l’Institut de recherches cli-niques de Montréal ont permis la mise au point de médica-ments pouvant traiter plus
d’une maladie de ce siècle, soit le mauvais cholestérol, l’anxié-té, le cancer et autres maladies cardiaques. Rien de moins. Et le même jour, c’était mardi dernier, à l’Assemblée nationale, l’œuvre de Jean Grondin a reçu aussi reconnaissance. Si le fait qu’il reçoit le prix Léon-Gérin, qui consacre une carrière poursuivie en sciences humaines, n’en fera pas pour autant unestardes émis-sionspeople, il n’en demeure pas moins que rares sont les philo-sophes qui ont pu inscrire, entre autres titres, dans leur curricu-lum vitae des ouvrages aussi ma-jeurs que le sontIntroduction à la métaphysique,Philosophie de la re-ligion,Universalité de l’herméneu-tiqueetIntroduction à Hans-Georg Gadamer. Si le Québec se félicite déjà d’être identifié aux produc-tions d’un Klibanski ou d’un Bris-son, il avait jusque-là attendu pour rendre hommage à celui pour qui Kant, Heidegger et Nietzsche sont des compagnons de pensée.
Savoir Chaque année, les Prix du Québec mettent à l’avant-scène plus d’une et plus d’un qui ont
La m a e qu accompagne attr ut on un Pr x u u ec est signée cette année MARC, soit Marinescu Constantin. travaillé, souvent dans l’ombre, piendair e du pr emier prix à faire avancer les connais- Guy-Mauf fette a répétée du-sances ou à produire des ou- rant plus de 600 heures dra-vrages qui transfor ment la matiques! Il y aurait des re-connaissance des choses. cords Guinness qui seraient Ainsi, un soir, assis devant ainsi plus dignes de mention un téléviseur, il a été donné à que d’autres... plusieurs de r evoir leur Notoriété conception de ce qu’étaient la schizophrénie, ses causes ou Et on pourrait poursuivre ainsi le triste sort souvent réser vé à la liste. Si le travail d’un Gilles qui en était atteint. Pourquoi? Mihalcean, lauréat du prix Paul-Janette Ber trand signait alors Émile-Borduas, est à l’occasion à Télé-Québec un télé-théâtre, vu dans un lieu public, plus d’un un autre dont le volet informa- ignore en retour qui est l’auteur tif comptait autant que le déve- de cette œuvre, quand d’autres loppement dramatique de la ignorent que si le général de trame: une chose que la réci- Gaulle se fait entendre dans un
film de Jean-Claude Labrecque, c’est parce qu’un Marcel Carriè-re, lauréat du prix Albert-Tessier, a su trouver la façon d’enregis-trer des paroles qui ont marqué notre histoire. Par contre, par les ondes, les Jean Provencher, lauréat du prix Gérard-Morrisset, et Jacques Duval, lauréat du prix Georges-Émile-Lapalme, ont leur public, ce qu’aimerait pouvoir procla-mer un Joël Des Rosiers, lauréat du prix Athanase-David: les poètes fredonnent souvent avant de pouvoir déclamer. En retour, le nom d’un Yan-nick Nézet-Séguin est répété même à l’extérieur des salles symphoniques: si le récipien-daire du prix Denise-Pelletier a une tribune en étant à la di-rection de l’Orchestre métro-politain, il possède toutefois déjà, à 36 ans, une feuille de route impressionnante: n’a-t-il pas dirigé en neuf saisons, avec les risques que cela en-traîne, pas moins de 60 or-chestres différents? Et il n’est pas le seul à faire la preuve que la valeur, comme on disait, n’attend pas le nombre des année: à 47 ans, Jean-Claude Tar dif est non seulement directeur du Centre de recherche de l’Institut de cardiologie, mais il est aussi ti-tulair e de la Chair e de r e-cherche en athérosclérose de l’Université de Montréal. Le ré-cipiendaire du prix Armand-Frappier évolue donc en re-cherches cliniques dans un ré-
seau de partenaires qui rejoint quelque 2000 hôpitaux situés dans plus d’une vingtaine de pays. À lui seul, il établit que, si mondialisation il y a, le Qué-bec en est un des acteurs. Et qui fait des recherches portant sur le monde nordique ne peut le faire sans tenir comp-te des recherches d’un Serge Payette: lui qui reçoit cette an-née le prix Marie-Victorin s’at-telle d’ailleurs à compléterFlore du Québec nordique, ouvrage qui découle de vingt années d’engagement à faire connaître cette autre flore, celle au nord de la laurentienne.
Liberté Réalisations, donc, mais ac-complies souvent à l’extérieur d’une tendance, l’actuelle qui voudrait que la recherche por-te fr uit immédiatement. À la création immédiate d’emplois, d ’ a u t r e s o n t a i n s i r é p o n d u que, mondialisation ou pas, il faut savoir investir pour qu’il y ait un jour rentabilisation ef-fective et rentabilité réelle. Ainsi, un Nabil Seidah pousse-ra un cri du cœur:«Il faut lais-ser aux scientifiques une liberté de pensée.» Et si ce cri est entendu, qu’on sache que c’est tout le Québec qui ne déméritera pas. À l’heure des Prix du Québec, il faut ad-mettre que certains et certaine, plus que d’autres, ont su faire œuvre.
Le Devoir
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Prix Guy-Mauf fette Madame multimédia signe une première Soixante ans de carrière à la télé et à la radio, et bientôt un nouveau roman
Janette Ber trand a l’honneur de recevoir un nouveau Prix du Québec saluant une car rière exceptionnelle dans les do-maines de la radio ou de la télévision. La formule peut aussi s’inverser: c’est tout à l’honneur de cette haute distinction décernée par le gouvernement du Québec de marquer le pre-mier coup avec la nomination de Janette Ber trand. S T É P H A N Ecelui-là, je le redis, c’est un très B A I L L A R G E O Nbeau cadeau.» La rencontre a lieu chez elle, e seul résumé de ses activités dans son magnifique appar te-L professionnelles donne le ver- ment perché tout en haut d’une tige: 60 ans de car rière, 600 tour au centre-ville de Montréal, heures de dramatiques, des mil- la ville qui l’a vue naître en 1925. liers d’heures d’animation, près Les grandes parois de ver re de 25 émissions de radio et de inondent le salon de lumière et télé, plus de 800 textes dans di- permettent de contempler toute vers médias, 25 prix et distinc- la ville, l’Université McGill, le da-tions (dont le Prix du Gouver- mier des boulevards, le fleuve neur général et le prix Condor- comme un ruban. Elle habite cet cet), une décennie et demie d’en- espace hypermoderne depuis seignement, quatre rôles au ciné- trois décennies et ce lieu transpa-ma, deux romans (et bientôt rent, en surplomb, offre une bel-trois), une biographie et mainte- le métaphore des rapports entre nant un prestigieux Prix du Qué- Janette Bertrand et le monde. bec pour couronner tout ça. Fran-«Dans ma vie, le privé et le pu-chement, qui dit mieux commeblic s’entremêlent. Dans ma vie, il carrière multimédia?arrive que j’aie besoin de créer et il «Je suis surprise chaque fois arrive que cette réaction entraîne qu’on me remet un prix,confieune réponse du public. Le prix fait Janette Bertand, première lau-partie de cette réponse, j’imagine. réate du prix Guy-Mauffette.suis aussi heureuse que le prixJe Je ne pense jamais aux récompenses rende hommage à Guy-Mauffette, et quand elles arrivent, c’est com- un immense communicateur.Son me un cadeau. Je ne suis pas un émission de radioLe cabaret du homme. Les hommes, ce n’est passoir qui penche, on l’écoutait reli-leur faute, ils sont comme ça, ils gieusement à la maison. Un peu trouvent ça important la pérenni- comme la grand-messe deTout le té. Nous, les femmes, on pense àmonde en parlemaintenant.» ne rien laisser d’autre que de « J’ai beaucoup écrit » l’amour à nos enfants et à nos pe-tits-enfants. J’en ai huit et j’aiElle est entrée dans ce mon-deux arrières-petits-enfants. Je nede après des études à l’Univer-pense pas à laisser mon nom sursité de Montréal.«J’ai commen-un monument. Je veux que ces cé à gagner ma vie en écrivant à gens que j’aime se rappellent de 18 ans. Je ne sais pas si je suis moi en disant: “Mamie était le écrivaine, mais en tout cas j’ai funbeaucoup écrit sur moi et sur les”, “Mamie elle cuisinait bien”. Moi, mon bonheur le plus profond autres, sur mon temps.» est là. Mais bon, un prix commeElle a commencé auPetit jour-
nal. Elle a signé la chronique Opinions de femmes,«très féminis-te, très fâchée», sur l’attitude des hommes d’alors, avant de s’occu-per pendant 16 ans du courrier du coeur (Le refuge sentimental). C’est là qu’elle a pris conscience des épouvantables secrets en-fouis dans les tréfonds de ses contemporains, de toute la dé-tresse du monde, d’épouvan-tables histoires d’inceste, de viols, de sévices en tous genres. «Je ne voulais pas ce travail. Mon patron, Jean-Charles Harvey, m’a demandé de lire des lettres avant de prendre ma déci-sion. Quel choc! C’était l’aîné d’une famille de douze qui écri-vait: “Mon père les a toutes pas-sées et je ne veux pas que la plus petite y passe, qu’est-ce que je fais?”. Combien de fois encore, dans la rue, je croise des gens qui me rendent des témoignages. C’est un gai, par exemple, qui me dit: “Je vous ai écrit. Vous m’avez dit que c’était correct. Vous avez changé ma vie.” Au fond, j’ai fait ce travail parce que je ne voulais pas que mes enfants soient aussi ignorants que je l’avais été de la condition de leur société.» Comme scénariste-comé-dienne de la série téléQuelle famille!, comme animatrice de radio (J e a n e t J a n e t t e ,puis Mon mari et nous, enr egis-trées dans sa cuisine), finale-ment, Janette Ber trand a tou-jours parlé de la société à par-tir de l’intime et des premiers cercles identitaires. Son style franc, simple et sensible, sa prose journalistique, pourrait-on dir e, lui per mettent de communiquer sa touchante vi-sion de la quotidienneté contemporaine, enfer climati-sé pour les uns, paradis ardent pour les autres.
«Quand la télévision est arri-vée, mon mari[Jean Lajeunes-se]et moi avons été approchés pour écrire. Le patron de la sta-tion de radio CKAC nous a dit que c’était une bien mauvaise idée. Selon lui, personne ne vou-drait s’asseoir devant une petite boîte à images. On a pris le risque avecToi et moi,qui a duré six ans à Radio-Canada.»
« La télé, c’est devenu un monstre » Janette Ber trand a énormé-ment nour ri la lanter ne ma-gique. Elle fait une par t des comptes: 54 productions d’une heure et demie chacune de la sé-rieAvec un grand Aà Télé-Qué-bec,«ce qui veut dire 54 films, et je faisais ma recherche et la direc-tion des comédiens moi-même». Elle apprécie ce qu’elle y voit encore, regarde«pas mal»la télé française et peu la télé américaine. D’ici, elle aime par-ticulièrement30 Vies,Mirador, La galère. EtLes Parents, ceQuelle Fa-mille!d’aujourd’hui? Elle n’ac-croche pas, même si elle pour-rait y voir les conséquences de l’excès de communication et de consensus qu’elle exposait déjà. «Mon émission était boudée par les intellectuels d’ici, qui ont commencé à changer d’avis après la dif fusion deQuelle fa-mille!en France avec un succès monstre. Les Français tr ou-vaient ça très osé. En tout cas, ça n’existe pas en France, les sous-sols où leurs enfants sont laissés seuls. Ils nous trouvaient extraterrestres.» Elle n’y retournerait pas ce-pendant.«La télé, c’est devenu un monstre, unebusiness. J’étais habituée à des rappor ts beaucoup plus simples.»
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RÉMY BOILY En 60 ans de carrière, Janette Ber trand compte 600 heures de dramatiques, près de 25 émissions de radio et de télé et a publié plus de 800 textes dans divers médias.
Elle préfère écrire des livres. Son troisième roman va sortir en avril. Il s’intituleraLit double et entrecroisera cinq histoires de couples à travers différentes crises surmontées ou pas. Une autre histoire d’intimité. Une autre manifestation de son obsession pour la vie réussie. «On n’a que ça, finalement. Réussir ses amours, c’est telle-ment fondamental.» Janette Ber trand continue aussi à réussir sa vie profes-sionnelle. Elle adore particuliè-rement enseigner. L’infatigable Mme Bertrand, arrière-grand-mère très choyée, dispense trente heures de cours par se-maine à l’Institut national de l’image et du son. Une manière de creuser encore une peu plus le c.v., qui donne déjà le vertige, et de passer le témoin à une nouvelle génération de créa-teurs multimédias...
Le Devoir
« La télé, c’est devenu un monstre, une business. J’étais habituée à des rapports beaucoup plus simples. »
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Prix Marie-Victorin Toute la flore du Québec nordique, rien de moins «Les arbres poussent pratiquement deux fois plus qu’il y a une centaine d’années»
Pionnier dans l’étude de l’ef fet des changements climatiques sur la végétation, Serge Payette est d’abord tombé amoureux de la nature sauvage nordique. «J’ai utilisé la science après ça, presque indistinctement, pour aller dans le nord.» Pé-riple qu’il répète tous les étés, mais aussi lors de nombreux hivers. «J’aime tellement ça», s’exprime le volubile et pas-sionné récipiendaire du prix Marie-Victorin, qui se dit «tou-ché» par cette reconnaissance.
E T I E N N E P L A M O N D O N É M O N D lors qu’il reçoit le prix Ma-A rie-V ictorin, nommé en l’honneur de celui qui a réper-torié la flore laurentienne en 1935 dans la publication ma-jeure du même nom, Serge Payette boucle un ouvrage qui s’intituleraFlore du Québec nor-dique. Cet inventaire botanique et phytogéographique du nord e du 54 parallèle représente pour M. Payette plus de 20 ans d’en-gagement.«On sait ce que c’est comme travail»fle M., souf Payette, responsable de ce pro-jet colossal dont il compare les efforts de son équipe avec ceux du frère Marie-Victorin. Serge Payette a toujours été préoccupé par la dif fusion scientifique, comme en témoi-gnent sa participation à la mise sur pied de la revue internatio-naleEcoscience, les nombreux ouvrages qu’il a écrits au sujet de l’écologie nordique, ainsi que plusieurs ar ticles rédigés pour les publications scienti-fiques, dont la prestigieuse re-vueNature. Le premier volume deFlore du Québec nordique, qui se dé-ploiera dans une série de quatre, sera quant à lui lancé le printemps prochain, si tout se déroule comme prévu. Ces livres, en plus d’être illustrés de photographies des dif férents spécimens obser vés, contien-dront des cartes détaillées de la répartition de la flore et des es-pèces récoltées.«L’intérêt pour ces cartes sera grandissant, pré-voit M. Payette,car les gens pourront peut-être voir, dans le futur, ces espèces qui vont se dé-placer avec les changements cli-matiques. Donc ce sera un ins-trument de base à partir duquel on pourra vérifier l’état de la si-tuation», assure-t-il, en parlant de possibles migrations ou dé-gradations de la végétation dans ce coin du pays. Historien des écosystèmes Flore du Québec nordiqueper-mettra, en somme, de mettre une nouvelle balise dans l’his-toire de nos écosystèmes nor-diques. Car cet agronome et géographe de formation sou-ligne que dans tous ses travaux et ses recherches,«en filigrane, il y a toujours l’histoire». Il tente, en quelque sorte, de
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retracer l’évolution des pay-sages nordiques, de la forêt bo-réale et de la toundra, moins bien connue que celle de la na-ture de la vallée du Saint-Lau-rent.«Tout est dans la généalo-gie naturelle. Il faut voir ce qu’il y avait là avant pour com-prendre ce qui s’est passé ou ce qui va se passer. On doit connaître l’histoire, en rétrospec-tive, de nos environnements na-turels pour comprendre.»Spécia-lisé dans l’analyse des perturba-tions,«le moteur qui fait la di-versité de nos paysages», selon ses mots, il porte une attention par ticulière aux incendies de forêts, à l’influence des insectes et aux effets de la faune. Titulaire de la Chaire de re-cherche en écologie des per-turbations, il a d’ailleurs déve-loppé avec son équipe une mé-thode innovatrice de dendroé-cologie, qui permet de retracer l’histoire de l’environnement au regard de la forme du bois
RÉMY BOILY Serge Payette est un pionnier dans l’étude de l’ef fet des changements climatiques sur la végétation.
et des cernes annuels de crois-sance présents dans les plantes ligneuses. Cette mé-thode a d’ailleurs ser vi à de nombreuses études sur l’évolu-tion des populations de cari-bous, dont le piétinement sur des racines laisse des cica-trices révélatrices.
Changements climatiques Mais l’exper tise de ce pro-fesseur de l’Université Laval est plus que jamais sollicitée
au sujet des perturbations éco-logiques engendrées par les modifications de température, alors que planent de nom-br euses incer titudes quant aux impacts des changements climatiques.«C’est clair que c’est la priorité dans le nord du Canada.» Dans les douze années où il fut directeur du Centre d’études nordiques (CEN), il a mis en place un réseau de télé-métrie environnementale qui donne aujourd’hui des résultats stupéfiants. Depuis 1994, dans la région de la station de re-cherche de la rivière Boniface, e aux environs du 57 parallèle, une hausse de 2 degrés Celsius a été notée par rapport à la tem-pérature moyenne annuelle, passant de -7 à -5 degrés en moins de 20 ans.«C’est fulgu-rant», s’exclame le chercheur toujours actif au sein du CEN, qui précise que le réchauf fe-e ment s’est amorcé au XIX siècle mais a commencé à s’ac-célérer br usquement à par tir du milieu des années 90. De visu, la dégradation du pergélisol constitue l’une des conséquences les plus impor-tantes en bousculant la solidité des infrastr uctures, forçant même cer tains à déménager. D’ailleurs, Serge Payette a mis au jour en 2010, suite à des vé-
rifications sur le terrain par du forage, que depuis 50 ans la li-mite du pergélisol a reculé de 130 km vers le nord.
La dif ficile régénération des forêts La forêt, l’un des ter rains d’études impor tants de Serge Payette, constitue elle aussi un endroit influencé par les chan-gements climatiques. La haus-se des températures et de l’hu-midité, voire des précipitations, entraîne une«croissance des arbres nettement meilleure». «Les arbres poussent pratique-ment deux fois plus qu’il y a une centaine d’années», remarque-t-il dans les limites de la forêt boréa-le, à l’est de la baie d’Hudson. «Du pain béni pour les arbres», admet-il, et une situation, à pre-mière vue, plus encourageante que si l’augmentation des tem-pératures s’accompagnait de faibles précipitations, ce qui en-gendrerait une sécheresse. Par contre, Serge Payette note que depuis 50 ans les fo-rêts d’épinette noire se régénè-rent plus difficilement après les incendies. Il émet ce constat après avoir gratté les sols, effec-tué des coupes anatomiques des arbres et analysé le char-bon de bois, trace des incen-dies de forêt du passé, qui dé-montre que la forêt y était beau-
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coup plus dense si l’on remonte avant 1960. Sur les lieux d’an-ciennes forêts dites «fermées» ou «à mousses», on retrouve aujourd’hui des forêts dites «ouvertes» ou «à lichens».«Ce n’est peut-être pas climatique. On ne sait pas encore. Mais le type de feu semble responsable de cette faiblesse dans la régénéra-tion de l’épinette noire.» Un phénomène impor tant à étudier, selon celui qui appa-rente un peu son travail face à la nature à celui d’un démo-graphe qui analyse la popula-tion humaine:«Dans un jardin, plus on augmente la températu-re et plus on arrose, plus ça va pousser. Mais dans la nature, ça ne se passe pas comme ça. Ce n’est pas parce qu’il va faire plus chaud que la forêt sera meilleure. Il y a d’autres fac-teurs qui interviennent.» «Il y a des interactions com-plexes», menant parfois à la bais-se du taux de natalité des arbres, si l’on maintient la comparaison de Serge Payette, qui étudie de-puis les années 70«la naissance, la croissance et la mort des écosys-tèmes dues à des conditions clima-tiques particulières». Aujourd’hui, ses recherches semblent plus pertinentes que jamais.
Collaborateur du Devoir
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Prix Athanase-David Après l’écoute des premiers bruits... « Je plains les poètes qui ne sont pas médecins » Le suc de Joël Des Rosiers? Il se distille entre poésie, méde-portier, cerbère de ser vice, lui cède un petit coin au chaud cine, pensée et vie. L’homme, si occupé qu’on croirait qu’il a sous condition qu’il se tienne mille vies, redit, pourLe Devoir, son parcours d’auteur au-coi.«C’est là que j’apprends la dessus d’un petit-déjeuner de resto, avenue du Mont-Royal. langue poétique et oppressante Intarissable, carnet de notes en main afin de ne rien oublier,du jazz: le tempo, le solo, l’impro-visation. C’est là que je vais ap-le poète lauréat du prix Athanase-David 2011 — un des plus prendre comment écrire. En impor tants prix de la littérature d’ici — repasse, de sa voix voyant les plus grands: Miles Da-enveloppante comme la mer, le tracé de ses propres lettres. vis, Thelonious Monk, Sonny Rollins, Lester Young, Wes Mont-C A T H E R I N E L A L O N D Equi pose beaucoup de questions, gomery et le génie de la batterie qui est déjà bibliomane et échange Tony Williams. C’est mon ap-e suis né blessé aux mains à Noël ses jouets contre un livre.» prentissage rythmique.» «J lors d’une césarienne. CetteCette mer, dont le son mènera Et les voyages blessure m’est œuvrée, dépiste plus tard au poème, c’est celle de lui-même Joël Des Rosiers. des Cayes, où Des Rosiers est né Viennent ensuite les voyages, Cette blessure inconsciente,en 1951, celle de l’Haïti natal. qui réinculquent l’amour déme-puisque trop jeune, développe «Le second bruit, c’est celui desuré de la langue, cette«passion chez moi une hypersensibilité la pluie sur les tôles des toits. charnelle, caraïbe, pour la langue aux mots, à cette bataille pour Mon premier poème d’enfant, je française», part héritée de son que le mal puisse se transformer l’ai écrit à huit ans, sur cettepère«prof de latin qui jugeait les R MY BOILY Joël Des Rosiers en mots.» symphonie. Le troisième bruit hommes à l’aune de la grammai-L’homme, on le devinerait, estformateur, c’est le jazz.»Mu-re».Même les études, selon Des psychiatre, psychanalyste actuel- sique échappée des fenêtres, Rosiers, le mènent à la poésie.que la parole pourra repousser le lement en formation, et joue écorniflée par un petit espion«J’ai choisi les deux spécialités les trauma, chasser la mort, s’ouvrir avec délice de la pâte humaine dans les escaliers, qui attendplus difficiles de la médecine[chi-à l’amour, et voilà comment la — qu’elle soit affective, symbo- que sa mère, psychologue, ait rurgie générale et psychiatrie] lique ou cérébrale. Sa pensée fini son boulot. Un bruit qui lepour passer de la clinique à l’es-chante et décor tique à la fois. poursuivra à Montréal, où Desthétique. Y’a pas eu que le jazz: «Mon père faisait avec moi derive à 10 ans.Rosiers ar «Il y Freud parlait à Mingus, Lacan longues promenades. Le son de sa avait ce club de jazz, le Black parlait à Coltrane, c’était dans voix qui disait des poèmes était Bottom. J’avais 14 ou 15 ans et ma façon d’être. Et même lorsque couvert par la mer. C’est le pre- pas le droit d’entrer, alors je res- j’écris le poème, c’est de la médeci-mier bruit, le premier moment tais dehors en resquillant la mu- ne que je fais. Chaque poème est très précieux pour ce petit garçon sique.»Jusqu’à ce que l’énormeunpharmakon, est l’espérance
Prix Wilder-Penfield Et la patience porte fruit « Il faut laisser aux scientifiques une liberté de pensée »
Dès sa plus tendre enfance, Nabil Seidah rê-vait de découvrir comment fonctionne le cer-veau. Or voilà qu’à présent il dirige une équi-pe de chercheurs qui met au point une série de médicaments qui pour raient un jour trai-ter des problèmes de santé aussi variés que le mauvais cholestérol, l’anxiété, le cancer et les maladies cardiaques. Pour ses travaux et découver tes, le directeur du Laboratoire de biochimie neuroendocrinienne de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) a reçu le prix Wilder-Penfield.
C L A U D E L A F L E U R our moi, il est une force de la nature im-«P pressionnante avec un des cerveaux les plus rapides, incisifs et créateurs qu’il m’ait été donné de rencontrer dans ma carrière scientifique, rap-por te Jean Davignon, chercheur émérite à l'IRCM.En plus d'être une véritable encyclopédie ambulante, cet être dynamique, motivé par les dé-fis, éloquent et pragmatique, est incessamment cen-tré sur les mécanismes physiopathologiques. Il est plutôt difficile à suivre. C'est un gentilhomme et un savant avec qui j'ai beaucoup aimé travailler.» Du Caire à Montréal «J’ai vraiment commencé à m’intéresser aux sciences lorsque j’avais cinq ans, raconte Nabil Seidah.J’habitais alors chez ma grand-mère, en banlieue du Caire. Elle avait une collection de La-rousse médicaux illustrés dans lesquels on présen-tait différentes maladies et pathologies humaines. Ça m’a fasciné! À sept ans, j’avais une grand-mère qui était schizophrène — même si, dans ce temps-là, on ne savait pas qu’il s’agissait de cela. Ça m’a beaucoup ébranlé. Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai décidé de faire quelque chose pour elle, que je chercherais à comprendre le fonctionnement du cerveau.» Le jeune Seidah entreprend donc des études qui le mènent, en 1969, à entreprendre un docto-rat à l’Université Georgetown, à Washington D.C..C’était l’époque de la guerre du Vietnam, rappelle-t-il,ce qui m’a plongé dans une grande agitation; dans les rues, on marchait contre l’utili-sation du napalm au Vietnam. Eh oui, comme tout le monde, je suis descendu dans les rues…» Son doctorat en poche, en 1973, il décide de s’installer à Montréal, plutôt que de retourner dans son pays, alors en guerre contre Israël. «Pourquoi Montréal?pose-t-il.Parce que d’abord ma langue maternelle est le français et que ma sœur et deux de mes frères s’y trouvaient déjà.»Le r jeune chercheur se joint alors à l’équipe du D Michel Chrétien, qui venait d’ouvrir un laboratoi-re d’endocrinologie à l’Institut de recherches cli-niques de Montréal.
14 ans… avant de trouver ! r «J’ai tout appris avec le D Chrétien, dit-il.Nous cherchions à comprendre comment le cerveau com-munique avec les différents organes. Cela nous a fi-nalement menés à découvrir, en 1976, la bêta-en-dorphine, ce qui nous a catapultés sur la scène mondiale.» «Mais nous voulions comprendre comment les hormones étaient construites. Et ç’a été long — 14 ans! — avant de finalement réussir à percer ce mystère. En 1990, on a découver t les deux pre-mières enzymes, PC1 et PC2, les plus importantes pour fabriquer certaines des hormones.»Puis, du-rant la décennie suivante, son équipe identifie les sept autres membres de la famille. En particulier, les deux derniers (PCSK8 et 9) sont directement liés à la synthèse et à la régulation du cholesté-rol. Depuis ce jour émergent de nouvelles appli-cations à partir de ces molécules.
RÉMY BOILY Nabil Seidah, directeur du Laboratoire de biochimie neuroendocrinienne de l’Institut de recherches cliniques de Montréal
Fort de ces découvertes, l’équipe de Nabil Sei-dah se consacre désormais à la conception d’un médicament destiné à contrôler le cholestérol. «On a déjà mis au point ce médicament et il s’agit maintenant de le tester pour s’assurer qu’il n’y a pas de toxicité, précise le chercheur.C’est un long pro-cessus, puisqu’il faut tout vérifier afin de s’assurer qu’il n’y a pas d’effets secondaires. On en est là.» Si tout va bien, il espère que ce médicament sera disponible d’ici une dizaine d’années — le temps de réaliser tous les essais cliniques et d’obtenir les diverses approbations gouverne-mentales.«Pour le moment, tout va bien, indique le chercheur,puisque les patients se portent bien. Il faut cependant encore réaliser les phases 3 et 4 des essais cliniques, mais je crois qu’on est en très bonne voie…» En outre, son équipe continue à étudier les autres membres de la famille des PC.«Certains jouent un rôle dans le comportement de la mémoi-re ou sur l’anxiété, illustre le chercheur.Nous pourrions donc parvenir à obtenir de nouveaux médicaments…»
Tuer la recherche fondamentale ? En près de quarante ans de carrière, Nabil Sei-dah observe que la recherche scientifique a bien changé, à tel point que le cheminement qu’il a réalisé ne serait peut-être plus possible aujour-d’hui.«Je reviens d’un congrès aux États-Unis, dit-il,et tout le monde se pose une question: est-on en train de “tuer” la recherche fondamentale au profit de la recherche appliquée?» Nombre de chercheurs, rapporte-t-il, s’inquiè-tent de ce que nos dirigeants politiques, les orga-nismes subventionnaires et, plus globalement, la société en général exigent de plus en plus que la recherche scientifique donne des résultats concrets. On laisse par conséquent moins de li-berté aux chercheurs pour qu’ils explorent des avenues moins proches des applications. «Il faut que nos gouvernements nous soutiennent dans nos recherches fondamentales, et pas juste pour la recherche appliquée, insiste M. Seidah. Par exemple, dans mon cas, au dépar t, mes tra-vaux n’étaient pas orientés vers le traitement du cholestérol… Et je crois qu’il faut laisser aux scien-tifiques une liberté de pensée qui peut nous mener dans des directions inattendues. C’est impor tant que l’on comprenne cela.» Selon lui, les exigences imposées aux cher-cheurs ont beaucoup changé depuis les années 1980.«J’ai eu la chance d’être subventionné depuis toujours par les gouvernements, dit-il,et de bénéfi-cier de collaborateurs extraordinaires, car la re-cherche, ça se fait toujours en équipe. Toutefois, il est possible que si, aujourd’hui, c’était à recommen-cer, je ne parvienne peut-être pas à faire les mêmes découvertes!»
Collaborateur du Devoir
sensorialité, les sonorités et l’éro-tisme de la phrase auront une im-por tance chez moi; voilà com-ment l’anatomie, le corps humain en seront aussi.» Pour mener cette vie double, triple, multiple et léguée, puisque l’homme a neuf enfants, où puiser l’énergie? Joël Des Ro-siers se strie d’un de ses im-enses et calmes sourires:«Ça e pourrait que la fatigue soit an-oissante. Un jour, j’ai arrêté tout a, et l’année où je devais me re-oser, je me suis présenté six fois ux urgences. Mon organisme ne emble pas m’autoriser au repos!»
«Maîtres à être» Dès son premier livre,Métro-olis Opéra(Triptyque) en 1987, Des Rosiers peut compter sur Gaston Miron, qui va lui donner, oujours, un coup de pouce, jus-qu’à parler de lui en France.Tri-bu(Triptyque), deuxième opus, est déjà finaliste au Prix du Gou-erneur général. Le poète est nspiré —«ses m’être, ses maîtres être», s’amuse-t-il — par Rabe-lais, Rimbaud, Mallarmé, Lau-tréamont, Baudelaire, Saint-John Perse, Édouard Glissant, Aimé Césaire, et maintenant Jude Sté-fan et Pascal Quignard.
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Le transpor tent aussi les ar ts visuels — Basquiat peut-être en tête — et l’architecture. «Je plains les poètes qui ne sont pas médecins, poursuit le lau-réat.Je dis souvent que ce sont les médecins qui ont inventé la littérature, de Céline à Ferron, de Rabelais à Tchekhov, Ara-gon. Même Maurice Blanchot est neuropsychiatre et l’a caché. Même Victor-Lévy Beaulieu a voulu être biologiste. Ils sont happés, tous, en raison de cette proposition: toute souffrance est en quête de récit.» Ainsi,Gaïac(Triptyque), der-nier recueil de Des Rosiers, porte le nom de la panacée de Rabelais. Et le prochain,Méta-spora, sur la table, s’attardera «à la capacité qu’on a de trans-por ter avec soi ses patries in-times, au-delà de la diaspora». Entre le poète et l’homme mé-decin, aucune faille. La main porte le même geste, du stylet au stylo, dans l’éternelle quête de guérison et de style.«Le poè-te offre autour de sa blessure une nomination du monde. Il va nommer le monde, écrivant», conclut Joël Des Rosiers.
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