Le monde hellénistique, l ancienne Pologne et nous
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  • redaction
  • exposé - matière potentielle : portant le titre
  • mémoire - matière potentielle : collective des intellectuels européens
  • cours - matière potentielle : du vingtième siècle2
  • exposé - matière potentielle : remarquable de l
  • cours - matière potentielle : la dite époque
53 Le monde hellénistique, l'ancienne Pologne et nous analogies et divergences Hans HAUBEN Katholieke Universiteit Leuven Nulle époque n'est sans doute mieux faite que la nôtre pour lire, dans le bruit et la fureur, l'histoire hellénistique Édouard WILL1 Le vingtième siècle a largement reçu sa part des catastrophes et des bouleversements qui ont frappé l'humanité dès l'aube de son histoire2. Particulièrement l'Europe centrale et le Moyen-Orient furent le théâtre de génocides et de déplacements de populations sans précédent.
  • numéro récent du national geographic
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  • veille de la seconde guerre mondiale4
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Langue Français

Extrait

Le monde hellénistique, l’ancienne Pologne et nous
analogies et divergences
Hans HAUBEN
Katholieke Universiteit Leuven
Nulle époque n’est sans doute mieux faite que la nôtre
pour lire, dans le bruit et la fureur, l’histoire hellénistique
1Édouard WILL
Le vingtième siècle a largement reçu sa part des catastrophes et des bouleversements
2qui ont frappé l’humanité dès l’aube de son histoire . Particulièrement l’Europe centrale
et le Moyen-Orient furent le théâtre de génocides et de déplacements de populations
sans précédent. Voilà un des paradoxes d’un monde qui se voulait éclairé, ne cessant de
proclamer les droits de l’homme et des nations, mais au sein duquel les idéaux
d’œcuménisme, de fraternité et de tolérance allaient de pair avec des manifestations
3inouïes de barbarie et d’obscurantisme .
1 E. WILL, « Le monde hellénistique et nous », in : AncSoc 10 (1979), p. 79-95, spéc. 95.
2 Les renvois dans la présente contribution n’aspirent aucunement à l’exhaustivité.
3 Dans le numéro de janvier 2006 du National Geographic, L.M. SIMONS (« Genocide and the Science of
Proof », p. 28-35 ; diagramme p. 30) donne un aperçu déconcertant des différents génocides qui ont eu
lieu au cours de ce « century of mass murder », le génocide étant devenu « a recurring tool used against
political, ethnic, and religious groups ». Certains de ces massacres – nous pensons surtout à l’holocauste
juif et au génocide arménien – ont été d’une telle envergure qu’ils ont adopté des traits quasi mythiques,
en ce sens qu’ils ont fondamentalement contribué à la (re)définition de l’identité nationale et religieuse
des nations concernées, assumant en quelque sorte le rôle de mythes (‘re’) fondateurs. Aux yeux de bon
nombre de Juifs, pour qui l’Holocauste a revêtu un caractère absolument unique dans l’histoire de
l’humanité tout court, la portée réelle et symbolique en doit être mise sur un pied d’égalité avec celle de
l’Exode. Sous cet angle, on saisit mieux les motifs profonds derrière certaines formes de négationnisme à
première vue incompréhensibles (car contre toute évidence historique) de la part de publicistes
occidentaux plus ou moins isolés ou de dirigeants fondamentalistes de certains pays musulmans, le
président Ahmadinéjad d’Iran étant le premier chef d’état à nier ouvertement l’historicité de la Shoah.
Mais n’oublions pas non plus que le gouvernement turc refuse toujours obstinément de reconnaître le
caractère génocidaire du massacre des Arméniens (massacre à interpréter, évidemment, dans son contexte
historique, mais dont les véritables implications ne font plus aucun doute). Des auteurs turcs
contemporains, comme Elif Shafak et Orhan Pamuk, qui ont osé en parler sans réticences, en ont ressenti
53Tandis que la Grande Guerre sonna le glas des empires multinationaux, donnant lieu au
1premier génocide et entraînant à sa suite une première vague de nettoyages ethniques,
la seconde guerre mondiale causa l’expulsion, l’échange, voire même l’anéantissement
pur et simple, d’une quantité de minorités nationales, culturelles et religieuses. Les
mosaïques variées et multicolores qu’avaient constituées les empires, s’avéraient
désormais irréversiblement fragmentées.
N’évoquons pas ici les atrocités morales et physiques commises contre tant de gens et
de populations, atrocités qui, d’ailleurs, n’ont pas manqué d’affecter de façon profonde
et durable la psychologie individuelle et collective des survivants. Tâchons simplement
de nous rendre compte à quel degré la disparition soudaine, quasi totale et définitive de
certaines communautés a changé le climat spirituel, intellectuel, social, économique et
culturel des régions où elles avaient été établies depuis des siècles : impossible d’en
évaluer aujourd’hui les conséquences à long terme. Prenons le cas des Juifs d’Europe
centrale et du Moyen-Orient, ou celui des Allemands d’Europe centrale (et orientale),
ou encore celui des Grecs du Moyen-Orient.
Tout d’abord, il y a l’anéantissement virtuel des communautés juives, victimes des
nazis, en Pologne, dans les états baltes, en Grèce, et dans bien d’autres pays d’Europe.
A son tour, le conflit israélo-palestinien a causé leur disparition dans bon nombre de
pays arabes tels que l’Égypte.
Ce n’est qu’en parcourant les terres étendues de l’Europe centrale ou en se plongeant
dans des œuvres littéraires comme les récits d’un Isaac B. Singer, qu’un occidental de
nos jours est capable de saisir en quelle mesure les Juifs ont autrefois contribué à forger
la mentalité complexe et tout à fait particulière de pays tels que l’ancienne Pologne, qui,
alors, englobait encore la Galicie orientale, appartenant aujourd’hui à l’Ukraine. Tout ce
les conséquences (en vertu de l’article 301 du code pénal turc, interdisant de faire outrage à la république
ou à l’identité turque). Voir aussi la note suivante. [De façon plus ou moins analogue, l’expulsion des
Grecs d’Asie Mineure en 1923, ressentie par eux comme une des plus grandes catastrophes de leur
histoire, a profondément reforgé la conscience nationale hellénique.]
1 Le génocide arménien (1915-1917), perpétré par le mouvement jeune-turc, continue à occuper les
esprits : voir récemment encore R. FISK, De grote Beschavingsoorlog. De Verovering van het Midden-
Oosten, Amsterdam 2005 (= The Great War for Civilisation), p. 429-479 : « De eerste Holocaust ». Voir
également J. VERHEIJ, « Tussen Oost en West : een verkenning van de Armeense genocide (1915) », in :
Nieuw Tijdschrift van de Vrije Universiteit Brussel 12 (1999), n° 3, p. 99-126 (excellent article, détaillé,
balancé, bien documenté et pourvu d’une ample bibliographie, dans un numéro complètement consacré au
phénomène du génocide : « Genocide : actuele en historische perspectieven »); Annie et J.-M. MAHE,
L’Arménie à l’épreuve des siècles (Découvertes Gallimard, Histoire 464), Paris 2005, p. 94-103, 138-141.
54monde plein de mystères, misérable du point de vue matériel mais imprégné d’une
1richesse spirituelle sans pareil, appartient irrévocablement au passé .
Et combien sont-ils aujourd’hui, qui, en flânant dans le parc du vaste campus de
l’Université Aristote aux abords de la vieille ville de Salonique, se doutent que le béton
des constructions modernes recouvre ce que fut jadis un paisible cimetière juif ? Seul le
visiteur curieux qui se donne la peine d’aller fureter chez les bouquinistes locaux,
découvrira à sa grande surprise que Salonique, il n’y a pas si longtemps encore, fut une
cité multiculturelle, hébergeant même, jusqu’au grand incendie de 1917 et la
catastrophe de Smyrne (1922), une majorité juive. Ce ne fut que l’occupation nazie qui
mit réellement fin à la présence des Juifs à Salonique comme d’ailleurs dans toute la
2Grèce .
Or, à n’en pas douter, ce qu’écrit Stephen Mitchell au sujet de l’apport substantiel des
Juifs à la civilisation des cités d’Asie Mineure aux époques hellénistique et romaine –
« it is beyond question that Sardis, Aphrodisias, Acmonia, and Apamea would have
3been lesser places without their participating Jewish population » – vaut tout aussi bien
pour des villes modernes comme Salonique, ou Cracovie, ou encore
Lwów/Lviv/Lemberg, telles qu’elles se présentaient jusqu’à la veille de la seconde
4guerre mondiale .
Mais ce fut cette même guerre qui mit également fin à la présence tout aussi séculaire
des populations germaniques dans des régions comme la Poméranie, la Silésie et la
Prusse, sans parler de la Transylvanie ou de la Bohême. Ces Allemands ont dû payer, et
1 Tandis qu’en 1939 la Pologne comptait 3.460.000 Juifs (environ 10% de la population), dont
approximativement 90% furent exterminés, il n’en restait plus que 3.500 en 2000 : voir A. DYLEWSKI,
Where the Tailor Was a Poet. Polish Jews and Their Culture, Bielsko-Biala 2002, p. 15-18.
2 Pour la situation des Juifs en Grèce, voir St. BOWMAN, « Jews », in : R. CLOGG (ed.), Minorities in
Greece. Aspects of a Plural Society, London 2002, p. 64-80. Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’environ
5.500, tandis qu’avant la dernière guerre on en comptait 75.000. La seule ville de Salonique, où leur
présence remonte à la haute époque hellénistique, hébergeait plus de 55.000 Juifs (en majorité séfarades à
partir de 1492). Il n’en reste plus que 1.000 environ (p. 64, 70-72). Des quelque 60.000 Juifs grecs qui
furent déporté

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