Le nouvel ordre globalitaire
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Description

  • cours - matière potentielle : installation étendue
  • mémoire - matière potentielle : populaire
  • exposé
Le nouvel ordre globalitaire Par Jean-Luc Mélenchon - 47
  • caractère global du système
  • système dominant des programmes actuels de la gauche
  • comportements d'adultes… pourtant
  • esprit d'insoumission sociale
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  • systèmes

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Langue Français

Extrait

Le nouvel ordre
globalitaire
Par Jean-Luc Mélenchon
- 47 ans la conception républicaine, le citoyen est l’acteur central
du système politique. Car c’est à lui de formuler l’intérêt général qui,
seul, légitime l’action publique. Dans cette approche il est demandé à
chacun de dire non ce qui lui parait bon pour lui-même mais ce qui l’est
pour tous. Le discernement qui est ici requis commence donc par une
prise de distance avec ses propres intérêts autant qu’avec la foule des
autres intérêts particuliers, les modes du moment et les préjugés de
l’époque.
Cette capacité de discernement est donc politiquement essentielle. Elle
est censée s’acquérir dans les apprentissages intellectuels de l’école
laïque, par l’exercice d’un esprit critique, la pratique des vertus civiques
et l’expérience sociale,…. entre autres choses. C’est là davantage une
ligne d’horizon qu’un mode d’emploi établi une fois pour toute. Car,
bien sur, sa mise en œuvre n’est pas la même selon les époques et les
conditions qu’elles imposent. De plus, une telle exigence ne se présente
pas de la même façon selon les appartenances sociales et culturelles.
Mais surtout, l’environnement général dans lequel elle se présente est
déterminant.
Or notre temps est celui d’une déformation particulière de cet environ-
nement où les conditions requises pour exercer ce discernement civique
sont rendues incroyablement plus difficile qu’à n’importe laquelle des
époques contemporaines.
La dimension subjective
Mon propos concerne la force nouvelle des mécanismes par lesquels les
individus sont d’ordinaire conduits à adopter spontanément les règles
de comportement individuel profitables pour le système politique et
économique dans lequel ils vivent. Je vise ici non seulement la façon
dont ils sont conduits à consentir à ces règles mais aussi le processus par
lequel ils en assimilent littéralement la grammaire qui les organise.Sont
concernées non seulement les occasions où ils le font en quelque sorte
sans le savoir mais aussi les très nombreuses fois où il s’agit d’un
consentement actif et enthousiaste qui se croit pourtant dénué de toute
implication idéologique. Il est utile, pour le comprendre, de se référer d’abord à ce que nous
apprend à ce sujet le savoir de notre temps. Bien sur il faut d’abord
admettre que l’économie ne résume pas tout ce que l’on peut
comprendre des comportements humains… Cela enjoint notamment
d’admettre qu’un fait social ne se donne jamais à voir «à nu» comme tel
aux yeux de ceux qu’il implique.Tout rapport au collectif humain se
présente plutôt le plus souvent à travers les significations morales,
culturelles et affectives qu’il implique aux yeux de ses protagonistes. Dès
lors, les enjeux sociaux eux-mêmes, lorsqu’ils sont identifié comme tels
par ceux qu’ils concernent, sont évalués d’après une large palette
d’éléments d’appréciation où ces dimensions dites «idéologiques» vont
peser très lourd.
Pour en parler, il faut évidemment utiliser les outils ordinaires de diverses
sciences, chacune pour la part qui la concerne, comme la sociologie,
l’économie, la psychologie, l’ethnologie et quelques autres encore.
Souvent je ne ferais donc que rappeler sans originalité ce qui est déjà
bien banal dans ces disciplines. Cependant, il me semble utile d’en
passer par le rappel de ces nombreuses évidences dans la mesure où
leur utilisation ne fait plus référence à gauche.
Cette occultation de la dimension «subjective» des comportements
humains est tout à fait étrange quand on sait combien, dans le même
temps, les partis de gauche se montrent de plus en plus gourmands
d’onéreuses études dites qualitatives en vue de mieux connaître ce que
sont censé souhaiter «les gens» sur les sujets les plus divers... On devrait
s’attendre à ce que les commanditaires de telles études finissent par se
dire que la compréhension des processus mentaux à travers lesquels les
êtres humains s’impliquent intimement dans un système pour réaliser leur
socialisation à une grande importance pratique dans l’action pour la
transformation de la société. Surtout si l’on vise le changement de
l’ordre établi. Pourtant, il n’en est rien. Cela tient sans doute au
caractère plus faiblement alternatif au système dominant des
programmes actuels de la gauche. Mais il s’agit surtout d’une habitude
qui vient de loin. Il est vrai qu’un économisme grossier domine toujours
largement la pensée de gauche, prolongeant ainsi dans sa conversion
lamentable à la société de marché la vulgate mécaniste grossière qui
s’imposait déjà fréquemment à l’ère calamiteuse d’un certain marxisme
officiel.
Sur ce point, libéraux et socialistes ont souvent porté la même vision
simpliste de l’identité humaine. Ils la résument à son insertion, supposée
consciente, dans les mécanismes économiques de la production, la
répartition et la consommation des richesses.Pour les uns comme pour
les autres,les êtres humains sont essentiellement déterminés par leur
ventre. Et s’ils ont une tête ce n’est que pour faire des calculs de coûts
comparés. Etendu aux faits historique majeurs, la méthode ne produit
rien de bon pour comprendre ce qui se passe. Exemple lointain pour ne vexer aucun de mes contemporains : voyons
comment nous sommes parfaitement capables de montrer en quoi la
guerre est radicalement sans intérêt pour les peuples en 1914, sans être
capable d’expliquer pourquoi les appelés y vont la fleur au fusil et
endurent tant de souffrances et de morts avant de se révolter. Les
connaisseurs apprécieront de se souvenir que «l’idéalisme républicain»
du socialiste Jean Jaurès le fait assassiner parce qu’il s’oppose à cette
guerre tandis que l’ouvriérisme du non moins socialiste Jules Guesde le
conduit à participer au gouvernement d’union nationale qui la
conduit… On doit donc constater que le mécanisme global du
consentement à l’autorité et sa déconstruction est de longue main un
angle mort dans la gauche traditionnelle. Sa réduction aux aspects
strictement économiques part du préjugé mécaniste d’après lequel les
idées sont sans autonomie dans tous les domaines et se limitent à de
simples réfractions idéelles des rapports sociaux.
Un bon révélateur de cet aveuglement est la méfiance à l’égard de
tous les courants libertaires, la condescendance à l’égard des
discussions sur le contenu culturel des doctrines politiques, et un mépris
de fer pour les réformes dites «sociétales« qui n’engagent pas
directement les taux de redistribution de la richesse produite…
Global et globalitaire
Le point de vue que j’exprime ici se situe du côté de ceux pour qui le
système économico-politique actuel n’est pas seulement global au sens
économique ni même politique du terme mais d’une façon bien plus
étendue. La nouvelle phase du capitalisme dominé par la sphère
financière transnationale forme un univers «sans bord», sans zone
extérieure à son emprise. De la sorte, aucune activité humaine ne peut
s’accomplir sans que les normes de ce système ne la reformule
conformément à ses propres objectifs de conservation. Ce processus
concerne naturellement les grands rouages macro-économiques. Mais il
implique les micros mécanismes par lesquels les individus construisent
leur insertion intime dans l’univers social et culturel qui les entourent.
Cette articulation entre les très grandes échelles de la réalités et les très
petites de l’ordre intime a été considérablement renforcée dans la
période, de sorte qu’un mécanisme effectif à toutes les époques est
devenu à présent prégnant au point de s’être rendu quasiment
indétectable. C’est en cela que le système peut-être qualifié de «globalitaire».
L’expression est formée sur le modèle du mot «totalitaire» auquel il ren-
voie très explicitement. Comme un système totalitaire, l’ordre «globalitai-
re» tend absolument à inclure dans son espace normatif l’ensemble des
éléments qui composent la vie en société. Le mot contient donc l’idée
d’une tyrannie en cours d’installation étendue à tous les aspects de la
vie en société incluant également les comp

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