Les Français en Russie et les Russes en France au XVIII siècle ...
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Les Français en Russie et les Russes en France au XVIIIesiècle. Note sur la lexicographie français-russe et leDictionaire manuel en quatre languesde Veneroni (Moscou, 1771)  STEFANIABARTOCCIONI Université de Bologne
   À lépoque actuelle, période dample ouverture de lEurope occiden-tale sur lEurope orientale et de lEurope de lest sur lEurope commu-nautaire, trois cents ans après la fondation de Saint-Pétersbourg, nous assistons à un renouveau remarquable de lintérêt pour les rapports poli-tiques, économiques, artistiques, littéraires et linguistiques, entre la France et la Russie, du point de vue synchronique et du point de vue dia-chronique. Les études dans telle(s) direction(s) se multiplient et portent non seulement sur des aspects spécifiques, mais elles donnent également une vision densemble; ce qui est attesté par deux événements récents concernant létude des relations franco-russes au Siècle des Lumières: le colloque de Paris surLinfluence française en Russie au XVIIIe siècle (14 et 15 mars 2003, Poussou, Mézin, Perret-Gentil éd 2004) et la publi-cation à venir dunDictionnaire des Français en Russie au XVIIIe siè-cledAnne Mézin et Vladimir Reutskij (cf. Mézin,, sous la direction Reutskij 2002). Nouvelles étapes dun parcours qui vise à discerner les nuances et les conséquences du vaste réseau1 entre lest et déchanges louest de lEurope. Nouveaux témoignages de la vivacité des recher-ches dans ce domaine, en France et en Russie certes, mais aussi aux États-Unis, en Angleterre  Dans notre étude, nous voulons dabord réfléchir sur les questions de la diffusion et de lenseignement du français en Russie pendant les Lu-mières, puis illustrer la portée remarquable de la production lexicogra-phique français-russe et français-russe-autre(s) langue(s) à cette époque-là, pour concentrer enfin notre attention sur une édition du célèbre dic-tionnaire de Veneroni (Jean Vigneron) contenant, non plus le français,  1André Bandelier (1997 et 1998) insiste sur limportance de la notion de ré-seau en forme de toile daraignée.   Quaderni del CIRSIL  4 (2005)  www.lingue.unibo.it /cirsil
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Stefania Bartoccioni
litalien, lallemand et le latin  comme bien dautres quadrilingues qui paraissent sous le nom du même auteur avant et après 1771  mais le français, litalien, lallemand et le russe.  1. De Pierre le Grand à Catherine II: louverture à lOccident et la diffusion de la langue française en Russie  Dans sesAnecdotes sur le czar Pierre le Grand, Voltaire affirme que Pierre Iera été surnommé le grand parce quil a entrepris et fait de très grandes choses, dont nulle ne sétait présentée à lesprit daucun de ses prédécesseurs (Voltaire 1748: 323). Avec ses réformes (notamment lintroduction de lagradanskij črift, lécriture laïque) et ses voyages en Europe occidentale, il inaugure une nouvelle et prodigieuse période pour la Russie, et  nous nous servons encore une fois des mots de Vol-taire  ses entreprises ont subsisté, et se sont perfectionnées sous les impératrices Anne et Élisabeth, mais surtout sous Catherine II, qui a aire 1760: 3 . portDé us ir lèoginne l ad eg loiPreet rdoe  Plari Rmuoss iàe c e(lVuio ltde Catharina5 3S)e  cunda2, du dé-but à la fin du XVIIIesiècle, on assiste donc à la création et au dévelop-pement dun vaste réseau déchanges, dun tissu complexe de rapports politiques, économiques et culturels entre la Russie et lOccident, sur-tout avec la France. Circulation dhommes et de marchandises, de murs et de coutumes, darts et de métiers, de modes. Diffusion des li-vres, des idées, de la culture de la France des Lumières. Comme dans le reste de lEurope, si lon demande en Russie quelle est la nation dont elle tire le plus, une voix générale séleve & crie: cest la France, af-firme un auteur français anonyme (Essai sur le commerce en Russie, avec lhistoire de ses découvertes1777: 148). Dans lunivers charmant de la Russie Impériale, la langue française, ainsi que la littérature, la philosophie et lart, jouissent donc inévitable-ment dun prestige immense. Mais quels sont les agents, les canaux et les modalités qui ont poussé si loin la diffusion du français, qui pénètre dans la cour, dans lesprit et dans la production écrite des Russes, à tel point que beaucoup dentre eux parlent presque exclusivement français et ignorent la douce langue et la belle culture de leur propre nation? Avant le règne du tsar Pierre [affirme Brunot], il ny a, à vrai dire, entre Français et Moscovites que des rencontres intermittentes et très es-pacées (1967: VIII, 489). Effectivement, cest pendant le règne du czar  2Petro Primo-Catharina Secunda: inscription quon peut lire sur le monument consacré à Pierre le Grand réalisé par Falconet (Saint-Pétersbourg).   Quaderni del CIRSIL  4 (2005)  www.lingue.unibo.it /cirsil
Note sur la lexicographie français-russe 
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quon commence à traduire des textes de sciences appliquées (et que, par conséquent, des termes français des domaines politique, militaire, mondain, technique pénètrent dans la langue russe). Cest à cette même époque que les Huguenots réfugiés en Russie après la révocation de lÉdit de Nantes (1685), commencent leur activité de traducteurs et quon voit arriver en Russie les premiers précepteurs français, notam-ment pour les deux filles d3 u czar . Cest sous Anne que le français est introduit et cest sous Élisabeth que linfluence française devient remarquable (Brunot 1967: VIII, 497 et suivantes): en effet, Élisabeth favorise la diffusion du théâtre et larrivée de beaucoup dartistes français (cf. Danilčenko 2003). Les précepteurs deviennent de plus en plus faciles à repérer et léducation des grands sei-neurs date de cette époque: les frères Dakovy ont une éducation toute fgrançaise4; Sophie dAnhalt-Zerbst, future Catherine II, avait eu, elle aussi, des gouvernantes françaises, les deux surs Cardel. Pendant son règne, on enregistre la présence de philosophes et de loges franc-maçon-niques où la langue de communication est le français,on crée de nouvel-les colonies dartistes et dartisans, on commence à rédiger (à partir de 1776) les mémoires de lAcadémie en français à coté du latin, le théâtre français5devient une véritable institution (Sumarokov est appelé le Ra- 3Mais comme pendant les guerres lEmpereur Pierre I. étoit souvent hors du pays, & que lImpératrice Catherine le suivoit partout dans les pays étrangers, les deux Princesses Anne et Elisabeth Petrovna navoient aucune Cour & nétoient sous la main que de deux femmes [], ainsi léducation nétoit pas telle que lexigeoit leur naissance, & ce nétoit quaprès la mort de Pierre le Grand quon leur donna une Françoise, Md Launoy, pour leur apprendre le françois: mais cette dame ne lo-geoit pas à la Cour & ne voyoit pas les Princesses quaux heures quelle les infor-moit (Ebauche pour donner une idée de la forme du gouvernement de lEmpire de Russie 164-165). Dans cette citation et dans toutes les citations qui suivent, 1774: nous respectons lorthographe des auteurs, ou lorthographe de lédition utilisée. 4À la fin du XVIIIeléducation dun gentilhomme russe était toute fran-siècle, çaise. Voyez ce que raconte de ses premières années Alexandre Voronzof, le futur chancelier de Paul Ier. Son frère Sémam est mis dabord entre les mains dune M.me Ruinan, puis dune M.me Berger, auprès desquelles ils apprirent le français sans presque sen apercevoir. [] Leur sur, Catherine Vorontzov, la future princesse Dachkov, fut élevée de même (Rambaud 1878: 1221 . 5 Il a yitva l àoc ad ru xuesiof par semaine, coémid erfnaaçsi;eon mèr pnoe  us) faisait aller dans une loge quil obtint. Il fit venir pour nous de Hollande une biblio-thèque assez bien choisie où il y avait les meilleurs auteurs et poètes français et des livres historiques, de manière quà douze ans, jétais familiarisé avec Voltaire, Ra-cine, Corneille, Boileau et dautres littérateurs français (Autographe du prince Alexandre Voronzov, dansArchives Voronzov, t. V, p. 12, cité par Rambaud,ivi).   Quaderni del CIRSIL  4 (2005)  www.lingue.unibo.it /cirsil
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