Mettre la table, ou le discours sur ma méthode

Bruno Schulz

Description

• mémoire
• cours - matière potentielle : sur le cerveau

Texte et images de la séance 1 de « Parlons cerveau » (15 février 2011) Mettre la table, ou le discours sur ma méthode Je me suis demandé longtemps si c'était nécessaire de prendre toute cette première séance pour vous exposer la démarche de ce cours. On aurait très bien pu entrer tout de suite dans le vif du sujet, avec la « vraie affaire », le cerveau humain, ce petit chou-fleur de 1,5 kilo qui représente environ 2 % du poids du corps, mais qui consomme près de 20% de son oxygène pour alimenter l'activité incessante de ses 85 milliards de neurones qui font chacun

• esquisse des neurosciences au xxe siècle
• frustrations de journaliste scientifique
• sympathique mollusque marin répondant au nom d'aplysia californica…
• cerveau humain
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• Publié par: zieg
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Extrait

Texte et images de la séance 1
de « Parlons cerveau » (15 février 2011)

Mettre la table, ou le discours sur ma méthode


Je me suis demandé longtemps si c’était nécessaire de prendre toute cette
première séance pour vous exposer la démarche de ce cours. On aurait très bien
pu entrer tout de suite dans le vif du sujet, avec la « vraie affaire », le cerveau
humain,



ce petit chou-fleur de 1,5 kilo qui représente environ 2 % du poids du corps, mais
qui consomme près de 20% de son oxygène



pour alimenter l’activité incessante de ses 85 milliards de neurones qui font
chacun plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de connexions avec leurs
semblables.


Parce qu’après tout, tout ce qu’on dit, qu’on pense ou qu’on fait implique que ces
85 milliards de neurones font aussi, à ce moment-là, quelque chose de bien
précis. Et ce quelque chose, on peut essayer de le comprendre. Et donc que ce
soit le langage, la pensée, la perception ou l’action, ce sont toutes des portes
d’entrée intéressantes pour commencer à s’intéresser au fonctionnement du
cerveau.

Mais moi j’aimerais ce soir vous présenter l’approche un peu particulière qu’on
va adopter durant ces séances. Donc une recette originale (pour rester dans la
métaphore du repas du plan du cours), une recette dont je ne peux pas vous
garantir le succès, mais il me semble que tous les ingrédients sont là pour que
ce soit ça lève et que ce soit trippant pour vous comme pour moi.

N’empêche, quand on essaie justement des choses un peu nouvelles, et même
si je suis bien convaincu que l’UPop c’est quand même l’endroit tout désigné
pour faire ça, on expérimente un autre drôle de phénomène qui peut survenir
dans un cerveau humain : le doute !

Et laissez-moi vous dire que j’ai douté en criss depuis une couple de mois…
Mais à chaque fois que j’ai eu la chienne, pis que je me suis dit « dans quoi je
me suis embarqué », j’ai relu cette citation de Pierre Vadeboncoeur qu’on avait
publiée dans le numéro du Couac de mars 2010 (dont j’ai des copies gratuites
ici),


donc immédiatement après son décès en février dernier. Et ça dit : « L’action,
comme la politique, est impossible sans marge de manœuvre, sans
expérimentation, sans tâtonnements, sans liberté d’invention. Il faut agir comme
on vit, comme on invente, comme on fait des tentatives, parfois risquées. »

Cette citation traduit super bien ce que j’aimerais essayer de faire avec vous
dans les séances qui vont suivre. Et ça traduit aussi pas mal bien l’esprit qui
avait mené à l’élaboration du site web Le cerveau à tous les niveaux

LE CERVEAU À TOUS LES NIVEAUX
www.lecerveau.mcgill.ca


qui va être utilisé durant nos séances pour expliquer différentes notions reliées
aux neurosciences.

Je vous en parle tout de suite, parce que ça va me permettre de vous présenter
brièvement mon parcours, et ensuite je vais vous raconter une petite anecdote à
son sujet qui évoque un peu ce qu’on va essayer de faire avec ce cours.

J’ai donc créé ce site web il y a 9 ans maintenant, après avoir fait une dizaine
d’années de vulgarisation scientifique, tant pour des magazines comme Québec
Science ou pour des séries télé comme Les Débrouillards.


J’ajouterai simplement que j’avais fait avant ça une maîtrise en neurobiologie sur
les neurones d’un sympathique mollusque marin répondant au nom d’Aplysia
californica… et dont j’aurai l’occasion de vous reparler parce que ses gros
neurones peu nombreux en ont fait un modèle pratique pour étudier le système
nerveux.

De par ce parcours, vous voyez que j’ai beaucoup plus le profil d’un généraliste,
c’est-à-dire comme je le dis souvent en boutade, quelqu’un qui « sait rien sur
tout », par opposition au spécialiste qui lui, bien sûr, « sait tout… sur rien ».

Donc je suis très loin d’avoir réponse à tout, et je me ferai un devoir et un plaisir
de dire « je sais pas » quand vos questions dépasseront mes compétences.


J’aimerais donc poursuivre, si vous le voulez bien, en vous racontant une petite
anecdote personnelle reliée au Cerveau à tous les niveaux et qui n’est pas sans
rapport avec la genèse de ce cours sur le cerveau. C’est aussi, d’une certaine
façon, une introduction à la démarche de ce cours qui va s’attarder à l’histoire
biographique de chaque cerveau humain…

Car au tout début de ce projet de cours, que certains auraient qualifié
« d’audacieux », y paraît, je me suis senti un peu comme lorsque j’avais
commencé à approcher des bailleurs de fonds, il y a plus de 9 ans maintenant,
pour trouver du financement pour Le cerveau à tous les niveaux.


Au début, j’avais eu une petite bourse appelée « Étalez votre science » qui
m’avait permis de créer le site et d’ouvrir les 2 premiers thèmes. Cette bourse
étant venue à échéance au bout de 9 mois, je me suis donc mis à la recherche
d’une source de financement plus stable pour le projet.

Mais quand j’expliquais que je voulais à terme avoir 12 grands thèmes, avec
plusieurs sous-thèmes dans chacun d’eux, de manière à couvrir l’ensemble des
comportements humains, on me disait que mon projet était trop vaste, pas assez
ciblé, et que je ferais mieux de me concentrer sur un sujet précis, la vision ou le
mouvement, par exemple.

Mais ça, il y en avait plein de bons sites sur la vision ou le mouvement… Ce que
je voulais moi c’était faire des liens entre tous les comportements humains,
montrer que tout est relié dans le cerveau…

Alors imaginez en plus quand je leur expliquais ensuite le mode de navigation
particulier du site,

3 niveaux
d’explication

avec ses 3 niveaux d’explication différents pour rejoindre tous les publics.
Une réponse, en quelque sorte, à mes frustrations de journaliste scientifique où
l’on doit toujours choisir un public auquel on s’adresse (et si j’écris pour mon frère ingénieur, mon père ne comprendra pas; mais si j’écris pour mon père, mon
frère va trouver ça platte…)

Et puis, il y avait aussi les 5 niveaux d’organisation du site

5 niveaux
d’organisation


pour aller voir ce qui se passe non seulement au niveau cérébral, celui des
différentes régions du cerveau, mais aussi au niveau cellulaire et moléculaire, en
plus de pouvoir remonter au niveau psychologique ou même social.

Et ça, ça me venait d’un autre type de frustrations accumulées (comme vous
voyez je suis un grand frustré…) qui était d’être contraint, souvent par manque
de place dans les magazines, à ne traiter que ce qui se passe à un ou deux
niveaux d’organisation, quand j’écrivais sur des sujets complexes comme la
mémoire ou la douleur, par exemple, qui en comptent beaucoup plus.

Alors quand j’expliquais que je voulais tout ça dans le même site web, là c’était
vraiment too much pour bien des subventionneurs potentiels...


Finalement pour faire une histoire courte, j’ai fini par rencontrer la bonne
personne et le bon organisme au bon moment, et ils financent maintenant depuis
8 ans Le cerveau à tous les niveaux, qui est pas mal devenu un site de référence
dans son domaine. Il jouit d’une fréquentation très acceptable pour un site
d’information scientifique, avec environ 4000 visiteurs par jour en français, et
e4000 autres en anglais. Il sort 2 quand ton tape le mot cerveau dans Google
e(après juste après wikipédia) et 10 quand on tape brain en anglais. Il a reçu
diverses mentions d’institutions reconnues, entre autres dans le magazine
Science, et quand on en parle, on souligne souvent bien sûr sa navigation multi-
niveaux, mais aussi, et ça ça me fait toujours bien plaisir, sa capacité à nous
faire faire des liens.

Donc fin de cette anecdote qui, contrairement à ce qu’on pourrait croire, n’a pas
pour but de me vanter, mais bien de vous mettre en confiance par rapport à ce
drôle de cours qui s’en vient…

Parce que là, je viens de vous parler des frustrations qui m’avaient amené à
concevoir le site web Le cerveau à tous les niveaux, eh bien imaginez-vous donc
qu’après ça, il me restait encore une couple d’autres frustrations. Alors j’ai
essayé de concevoir ce cours p