Point de vue et regards croisés_interview entier
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  • cours - matière potentielle : en science - fiction depuis le début des années
Bureau d'agglomération – Place de l'Ancienne-Poste 4 – 1400 Yverdon-les-Bains – Tél. 024 423 62 72 – Fax 024 423 62 71 – Regards croisés de deux personnalités sur AggloY Marc Atallah, directeur de La Maison d'Ailleurs, enseignant à l'EPFL et à l'UNIL Xavier Veuthey, administrateur-délégué d'Y-Parc Quelle a été votre première vision de la région? Marc Atallah : Yverdon se résumait pour moi à la Rue de la Plaine, qui accaparait toutes mes perceptions quand j'arrivais à Yverdon depuis Lausanne.
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Langue Français

Extrait

Regards croisés de deux personnalités sur AggloY Marc Atallah, directeur de La Maison d’Ailleurs, enseignant à l’EPFL et à l’UNIL Xavier Veuthey, administrateur-délégué d’Y-Parc Quelle a été votre première vision de la région? Marc Atallah : Yverdon se résumait pour moi à la Rue de la Plaine, qui accaparait toutes mes perceptions quand j’arrivais à Yverdon depuis Lausanne. Le reste de la ville était un peu flou dans ma tête. Pour être plus précis, l’image la plus prégnante qui demeure en moi coïncide avec cette longue rue saturée de voitures au milieu et sur les côtés qui conduit au Château, comme si une intention silencieuse en avait décidé ainsi. Ce qu’il y avait derrière cette rue, je ne le connaissais pas et rien ne m’a jamais poussé à explorer ce qui représentait pour moi une énigme. Xavier Veuthey: Ma toute première impression est celle d’un ornithologue en herbe, qui, à l’âge de 15 ans, découvre en observant les migrations dans la plaine de l’Orbe, la présence d’une ville à l’embouchure de la Thièle. Quand je descendais du train à Ependes, j’étais surpris de découvrir que, au-delà de mon monde imaginaire, il existait une ville dont je ne connaissais même pas le nom. Ensuite, j’ai fait mes études. J’ai connu Yverdon grâce au WWF et à Champ-Pittet. Puis, j’ai commencé mon métier en Afrique de l’ouest. Quand je suis rentré, ma femme était enceinte et on a décidé de s’installer en Suisse. J’étais invité à une exposition à l’Hôtel de Ville, sur les artistes d’art brut contemporain. En sortant de l’Hôtel de Ville, j’ai vu qu’il y avait un appartement à louer sur la Place Pestalozzi. Les terrasses étaient bondées de monde, la place était magnifique; c’était un endroit de rêve, un peu un voyage dans le temps, une atmosphère méditerranéenne. Je me suis dit que j’avais envie de m’installer dans cette ville. Cette exposition a joué un rôle important, car elle m’a attirée dans la ville. Je travaillais à Genève, j’habitais à Lausanne et j’ai choisi de m’installer dans le Nord-vaudois. MA :Il est vrai que cette place Pestalozzi est intéressante et ce, à plusieurs titres. Elle évoque, par exemple, le projet AggloY sur le mode de la poupée gigogne. On a, en effet, une place centrale et, autour de cette place, de nombreuses choses différentes apparaissent petit à petit : le Château, le Temple, l’Hôtel de ville, des commerces, des restaurants, la Maison d’Ailleurs, etc. La centralité de la place est évidente pour quiconque y déambule : les gens vaquent à leurs occupations, entourés des institutions que je viens d’évoquer. Dans AggloY, on a cette même idée d’un centre réunissant une diversité et un centre donnant un nouveau sens à cette diversité. Le nom même « AggloY » l’indique : le centre, c’est Yverdon, et les communes environnantes donnent l’impression de se greffer, d’entrer en interférence avec la ville – comme si Yverdon voulait assumer un rôle de centre urbanistique et de mobilité, peut-être aussi, je l’espère du moins, un centre culturel et économique. Cette place, qui est centrale et rayonne, évoque pour moi AggloY. Un élément important correspond à cette idée de créer un centre ou plutôt que ce qu’il y a autour de ce nouveau centre concourt à la mise en valeur de ce centre. S’il n’y avait pas la place Pestalozzi, les institutions qui y sont associées auraient moins de rayonnement et, inversement, s’il n’y avait pas ces institutions, la place serait sûrement moins fréquentée... J’ai retrouvé cette double influence dans AggloY, en tous cas au niveau de la mobilité et de l’urbanisme. Les communes vont vers Yverdon et Yverdon s’ouvre aux communes qui l’entourent. La place Pestalozzi est donc une sorte de micro-AggloY... XV : C’est vrai. On peut illustrer cela par les producteurs et marchands de fruits et légumes des alentours qui viennent à Yverdon les jours de marché.
Bureau d'agglomération– Place de l’Ancienne-Poste 4 – 1400 Yverdon-les-Bains– www.aggloy.ch Tél. 024 423 62 72 – Fax 024 423 62 71 – info@aggloy.ch
MA : C’est une place qui est impressionnante. Sur le Temple, il y a un œil de Dieu. C’est la place où tout le monde se voit et où tout le monde voit tout le monde. On passe tous sur cette place. Tout est centralisé là. Il y a une sorte de présence de la tradition, qui regarde, qui supervise. Même à Lausanne, il n’y pas cette centralité, qui est dissolue. A Yverdon, il y a ce cœur et cet œil qui regarde ce cœur. Quels sont les lieux forts et marquants de l’agglomération pour vous ? Comment imaginez-vous qu’il évolue ? XV :Quand je me suis installé à Yverdon, j’ai tout de suite senti cette relation avec le lac. Pour me détendre le soir, je traversais les quartiers, ces quartiers qui vont prochainement être retravaillés. Certains quartiers me rendaient très rêveurs, comme le quartier des Cygnes, avec ces petites maisons bien soignées ; chacune est un petit monde. Il y avait aussi ces usines, vides. On se disait que ce serait bien que quelque chose s’y passe. Il y aussi le grand bâtiment St-Roch, qui, suite à sa reconversion, a participé à la renaissance économique de la ville, en permettant à de petites sociétés de s’installer dans le centre-ville. On attendait d’Expo 02 que la zone des Rives du Lac soit remodelée. Ça a été le début de quelque chose. 30% de la population avait voté pour le maintien du nuage. C’est un signe fort : 3 yverdonnois sur 10 attendaient que l’on ait quelque chose en lien avec le lac. Non pas l’équivalent du jet d’eau de Genève, mais je pense que le nuage serait devenu assez célèbre, en tous les cas un symbole culturel, emblématique, architectural lié au lac. En ce moment, on ne l’a toujours pas. C’est un élément qui nous manque. Qu’est-ce qui nous distingue aujourd’hui, en termes de positionnement, de villes comme Villeneuve, Vevey, Morges, Rolle, voire Nyon, des villes importantes, qui vivent un développement économique, qui ont une urbanisation considérable? Les clients étrangers que je rencontre à Y-Parc ne font pas la distinction entre Yverdon et ces villes « secondaires » par rapport à Lausanne dans notre canton. Tout se ressemble. Il se présentera sans doute un jour un projet marquant, identitaire, rassembleur, qui pourrait être lié à la Maison d’Ailleurs, j’en suis certain, car elle a une originalité mondiale et a une influence bénéfique sur Y-Parc. La Maison d’Ailleurs, malgré ses moyens limités par rapport à d’autres institutions, a permis un partenariat avec l’Agence Spatiale Européenne, qui a ouvert la porte à de nouvelles technologies. On a besoin d’une tension entre le passé, nos racines, ce qui justifie que l’on existe, et le futur. Nous devons créer cette tension vers le futur. Très loin dans le futur, c’est la Maison d’Ailleurs. Entre deux, se trouve Y-Parc. La vision, c’est celle des utopistes, des rêveurs. Après, ce sont les ingénieurs qui œuvrent pour essayer de réaliser tout cela.MA : J’ai le regard du nouveau. Ce qui m’a le plus frappé, c’est cette tension entre traditions et futur. Les traditions doivent être conservées, en tant qu’assises sur lesquelles s’appuyer. En même temps, cette tension vers l’avenir est représentée par Y-Parc et les milieux économiques et, dans une moindre mesure, la Maison d’Ailleurs, puisque, en tant qu’institution culturelle, notre poids social ou politique est limité. C’est plutôt par les partenariats. AggloY est un projet « matériel », qui s’inscrit dans la ville, dans les rues, dans l’agglomération et, en même temps, un projet symbolique, que je ressens, pour l’instant, comme un projet centré sur les aspects « écologie », mobilité et urbanisme, comme une volonté d’épurer le côté trafic et la surcharge de véhicules. Ce qui me frappe, c’est le problème de l’identité. J’aime bien ce lien et les partenariats entre l’Agence Spatiale Européenne, Y-Parc et la Maison d’Ailleurs. Ils démontrent bien, et c’est rare en Suisse, la connivence entre les milieux culturels et économiques, des milieux qui, à première vue, s’opposent. Quelque chose d’original s’est créé là : l’imaginaire, au sens large, crée des projets concrets et, inversement, les projets concrets de l’économie vont servir les milieux culturels, grâce aux partenariats.
Bureau d'agglomération– www.aggloy.ch– Place de l’Ancienne-Poste 4 – 1400 Yverdon-les-Bains Tél. 024 423 62 72 – Fax 024 423 62 71 – info@aggloy.ch
Ce qui est intéressant, c’est de voir cette tension : entre un avenir qui s’appuie sur deux institutions (Y-Parc et la Maison d’Ailleurs) et la tradition, représentée par le Château d’Yverdon. Entre les deux, mon cœur balance. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de choix fort qui est fait, pour l’instant. Comment unifier cela ? Comment élever un avenir sur la tradition, et non pas une concurrence entre les institutions ? Voilà l’énigme pour moi.J’espère qu’AggloY participera à la résolution de cette interrogation : où allons-nous ? Pour l’instant, je vois qu’AggloY instaure une politique de type « écologique » dans la cité, ce que je trouve intéressant, mais la politique « écologique » est une fin en soi. Comment unifier, au niveau identitaire, une politique qui ne soit pas seulement urbanistique, économique et culturelle en vue de quelque chose qui dépasse ces aspects. Peut-être est-ce rêveur…Vers quoi avance-t-on ? Comment poursuivre la collaboration entre Y-Parc et la Maison d’Ailleurs ? Comment la Maison d’Ailleurs peut-elle collaborer avec le Château, qui représentent respectivement le futur et le passé ? Sur le panneau annonçant Yverdon lorsqu’on arrive depuis Yvonand, la seule institution culturelle mentionnée est le Château d’Yverdon. Le choix n’est pas clair. XV : C’est un choix politique. MA :Pour moi, c’est l’idée de centraliser. La place Pestalozzi est un modèle pour cela. Les acteurs convergent vers un endroit, la place Pestalozzi, qui n’a rien à voir avec chacun de ces acteurs-là. Ce n’est pas la place de l’Hôtel de ville, ni celle du Château, ni du Temple. C’est là que les citoyens se retrouvent pour discuter. XV : C’est le forum, l’agora. MA :Quand j’ai repris la Maison d’Ailleurs, je me suis demandé comment nouer des relations, non pas pour valoriser la Maison d’Ailleurs, mais pour apporter quelque chose sur cette agora symbolique, économique, en vue de faire rayonner Yverdon et, par là-même, les acteurs qui y participent. Cette unité crée, pour moi, l’identité d’une ville. AggloY, qui fait cet effort de faire collaborer les communes environnantes, donne cette idée-là. Tout le monde se met ensemble. AggloY est intéressant d’abord au niveau symbolique. C’est l’idée de la collaboration, des partenariats. Quand je suis arrivé à la Maison d’Ailleurs, je me suis demandé pourquoi il n’y avait pas de lien avec Y-Parc, la HEIG-VD. Comment se fait-il qu’il n’y a pas de tissu ? AggloY pourrait être à l’origine de ce tissu-là, à condition que le projet ne reste pas « écologique ». Lausanne, par exemple, est à la fois une ville de culture, de divertissement, une ville universitaire. Tous ces aspects peuvent exister en même temps. Yverdon a tout ce qu’il faut : au niveau culturel (le Château, la Maison d’Ailleurs, qui sont les deux grands musées d’Yverdon), économique (Y-Parc qui fait le lien entre formation technologie et monde économique), paysager (proximité du lac, de la campagne). Mais il n’y a pas de lien entre ces différents secteurs, comme s’il fallait choisir entre ces différents secteurs. On peut créer plusieurs pôles avec ses spécificités, sans que cela soit antagoniste. Il y a besoin d’unifier. Avec Y-Parc et la Maison d’Ailleurs, c’est facile. Avec la HEIG-VD, c’est facile au niveau thématique, le contenu le permettrait. Par exemple, lors de l’université d’été, des étudiants ont développé des projets de mobilier urbain (en lien avec les énergies durables) pour Yverdon, à la fois des projets d’ingénierie et des projets qui se basent sur un imaginaire. On a ouvert nos fonds documentaires pour que les étudiants puissent voir ce que les auteurs de science-fiction disent de l’énergie. On peut donc lier l’ingénierie, l’économie, le politique, l’urbanisme, le culturel. Mais ce n’est pas institutionnalisé ; cela dépend des volontés de chacun. C’est cette synergie globale que je sens manquer dans les contacts.
Bureau d'agglomération– www.aggloy.ch– Place de l’Ancienne-Poste 4 – 1400 Yverdon-les-Bains Tél. 024 423 62 72 – Fax 024 423 62 71 – info@aggloy.ch
XV : Lorsque nous sommes à Yverdon, nous n’avons pas l’impression d’être dans une ville estudiantine. Je me demande où sont les étudiants à Yverdon, alors que, à Lausanne, on remarque que c’est une ville estudiantine. Il faudrait créer un lien entre la Place Pestalozzi et le cœur de la HEIG-VD pour que les étudiants, au lieu d’être des pendulaires, aient un point d’accroche qui leur donne envie de s’arrêter dans la ville. MA :Une ville où les étudiants se font voir, est une ville saine. Certes, les étudiants peuvent perturber ; mais c’est une chance! Si rien n’est perturbé, si rien n’est déstabilisé, on n’avance pas, on crée un système qui peut devenir sclérosé. La mixité passé-futur que j’évoquais pourrait commencer par cette mixité des générations. De cette mixité-là peut, en effet, naître quelque chose d’agréable ou de moins agréable, mais jamais d’indifférent. Sur l’indifférence, on ne peut rien construire: si on élimine cette mixité, on ne peut pas imaginer un changement. Y-Parc pourrait montrer aux étudiants le type de débouchés auxquels leurs études les prédestinent. Avec le parc technologique, on a un endroit intéressant, qui plus est localisé, où les entreprises se multiplient et montrent que l’on travaille sur des projets avant-gardistes. Si je laisse aller mon imaginaire, je me dis qu’il faudrait créer un événement entre Y-Parc et la Maison d’Ailleurs ! L’innovation, le futur, l’avant-garde sont des substantifs qui correspondent, en effet, aux deux «institutions » !Cet événement pourrait, par exemple, permettre aux étudiants de voir ce que font les industriels, tout en appréciant comment les artistes s’emparent de ces projets afin d’en représenter les conséquences sociales et humaines. Ce serait quelque chose d’original, de novateur et, à ma connaissance, d’inédit en Suisse : une collaboration entre le milieu culturel, politique, économique et estudiantin, soit avec la HEIG-VD, soit avec l’EPFL. Et, justement, pourquoi Yverdon ne profiterait-elle pas de cette magnifique Place Pestalozzi pour organiser un tel événement ? Cela aurait pour incidence de concourir à l’unification de la ville. L’agora serait le lieu où l’on expose des choses, c’est-à-dire où ces choses sont données à voir, sont appréhendables, pensables. Pour moi, la collaboration entre la Maison d’Ailleurs et Y-Parc dans le partenariat avec l’Agence Spatiale Européenne est un bon exemple de ce qui pourrait être fait et qui pourrait être réitéré plus systématiquement. Ce qui se fait au niveau des prothèses, des biotechnologies, de l’énergie à Y-Parc pourrait, par exemple, résonner avec ce que nous avons à disposition à la Maison d’Ailleurs. « Synergie », « innovation » sont des maîtres-mots pour moi, des mots permettant d’associer le passé et le futur: on n’innove, en effet, jamais à partir de rien. AggloY devrait être la première pierre de cette synergie, de cette mise en réseau, de ce projet desociété. Mais c’est à nous, acteurs culturels, économiques et industriels de montrer qu’AggloY est une matrice efficiente. Si on crée des partenariats entre nous, si l’on crée des réseaux, alors cette matrice devient opératoire et peut fonctionner dans ce projet de société. Les acteurs institutionnels sont les seuls à pouvoir montrer la plus-value de ces synergies innovantes XV :Je digresse. On a reçu le Maire de Xi’an, il y a quelques mois. C’est une grande ville de Chine, pourtant naine par rapport à d’autres, qui a une forte industrie aérospatiale. Nous leur avons présenté Y-Parc. J’ai choisi de leur présenter une image, une photo aérienne de l’agglomération yverdonnoise, et de la commenter. J’ai commenté d’abord le fond, les arrière-plans, jusqu’à Y-Parc, au premier plan. Cela donnait une vision de l’agglomération. J’ai expliqué que la main d’œuvre, celle qui a le réel savoir-faire en mécanique ou qui touche le rêve mécanique et ses produits dérivés (la montre de luxe, la boîte à musique), est centrée sur Yverdon, sur l’arc jurassien, qui a un climat particulier qui fait que ce savoir-faire est dans cette zone-là. J’ai montré qu’on avait une ville et une agglomération magnifique vues du ciel. Pour ces personnes, comme pour nous, le lac et l’association lac-montagnes sont importants. Le lac est un élément identitaire.
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Pour les personnes de ces sociétés internationales, la notion d’élever une famille en sécurité est importante. Pour qu’elles acceptent de changer d’environnement et de conditions de vie, on doit leur montrer qu’il y a, ici, une grande qualité de vie, une sécurité, une grande qualité de soins. Cette qualité de vie ressort sur la photo. On a envie d’habiter dans l’agglomération. La photo ne nous positionne pas dans la Suisse, mais c’est l’agglomération dans son ensemble que l’on voit. De plus, on s’aperçoit que de nombreux terrains et de grandes surfaces sont disponibles autour d’Yverdon, alors que c’est devenu très rare en Suisse. Le jour où Y-Parc est saturé, on pourra gagner des terrains ailleurs. Ils sont là, alors que, à l’EPFL, c’est saturé. Y-Parc en dispose à 20 minutes de l’EPFL. Les sociétés étrangères le perçoivent de suite, alors même qu’elles arrivent de très loin. Ce sont des arguments indéniables en faveur de l’agglomération, qui a su rapidement développer son urbanisme pour s’adapter aux nouvelles familles. Parlez-nous d’AggloY en lien avec la cité utopique ? MA :Je vais rebondir sur ce que tu dis pour parler de l’utopie. Ce qui ressort de ce que l’on vient d’évoquer, c’est qu’il y a de nombreuses virtualités à Yverdon, au sens positif du terme : développement d’Y-Parc, de l’urbanisme yverdonnois, de la mobilité entre les communes, du rapport à la nature, etc. Or, je pense qu’il faut accepter que tous ces projets soient des virtualités – certaines se réaliseront, d’autres pas et ce n’est pas grave! Car lorsqu’il n’y a plus de virtualités, quand tout ce que l’on voulait voir se réaliser s’est réalisé, on est dans l’utopie, dans la cité parfaite. À mon sens, et en me rappelant les leçons offertes par l’utopie, il faut impérativement lutter à chaque instant contre la volonté de concrétiser la cité idéale. En revanche, selon moi, il est nécessaire de toujours se demander quelles virtualités nous pouvons actualiser – en sachant qu’une fois réalisées, ces virtualités en créeront d’autres, etc.. En fait, l’utopie est un faux-semblant qui arrête la pensée : on ne doit surtout pas changer ce qui est parfait ! Dans les cités utopiques, les gens ne parlent pas – à la limite, ils n’existent pas, puisqu’ils ne sont que des fonctions mobilisées pour que la perfection perdure. Que voulez-vous dire ou faire delibre, si tout est parfait ? Sur la Place Pestalozzi, les gens parlent, car ce n’est pas parfait – et tant mieux ! Comme je l’ai déjà dit, ce qui est intéressant dans AggloY, c’est que ce projet représente une matrice, dont l’une des fonctions est de lier, symboliquement, les communes. Je pense que la « couche » symbolique, au-delà de la matérialité de la ville, c’est-à-dire les partenariats spontanés entre partenaires et institutions, va permettra à AggloY de constituer un sens qui dépasse ce projet. Il s’agit d’une structure qui permet de faire autre chose, par exemple des partenariats qui, ensuite, pourront se faire avec d’autres villes. Et pourquoi ne pas mettre certains laboratoires de l’EPFL à Y-Parc, qui se trouve à 30 minutes de Lausanne ? Ces virtualités-là sont réalisables par la matrice qu’est AggloY, à condition que la finalité dépasse le projet : AggloY doit déjà se diriger vers AggloY au carré ! Donc, pour répondre à votre question, non, AggloY ne doit surtout pas tenter de concrétiser la cité utopique et j’espère que ce ne sera jamais le cas. L’humain, en sa qualité d’homme libre, est d’ailleurs assez fort pour toujours éviter l’utopie ! La question est de définir quelles sont les virtualités que l’on veut ou peut actualiser entre les partenaires dans le cadre de cette matrice qu’est AggloY : si la mobilité fonctionne mieux, on n’attend plus son bus ; si la signalétique est bien pensée, alors on saura comment se rendre à Y-Parc depuis la Maison d’Ailleurs, et respectivement. L’utopie est un horizon qui arrête la pensée. On ne peut pas aller plus loin. C’est pour cela qu’AggloY est, pour moi, un passage obligé, certes, mais unpassage– et qui doit se percevoir comme tel. C’est ce qui va permettre aux virtualités et aux partenariats de se former. Quelques idées, en vrac: ce serait bien qu’une navette circule d’Y-Parc à la Maison d’Ailleurs et inversement ; ce serait excellent d’imaginer qu’Y-Parc ait une présence, même minime, à la Maison d’Ailleurs et la Maison d’Ailleurs, à Y-Parc. De même avec le Château, le Musée de la mode, le bord du lac, etc. Cette petite présence permettrait d’unifier les différentes institutions sans, pour autant, les dénaturer. Le but d’AggloY est d’unifier toutes ces institutions
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et toutes ces communes qui se sentent isolées, alors qu’elles sont toutes si proches les unes des autres… Et pourquoi ne pas imager aller au-delà ? Un des nombreux exemples qui m’a surpris, c’est de constater qu’il n’y a quasiment aucun «pass » culturel dans la région, qui donnerait accès à plusieurs institutions avec un seul et unique billet. Pourtant, on ne me fera pas croire que le public intéressé par l’art, les sciences et les technologies, n’existe pas ! Le « pass », pour ne citer que ce cas, est un bon opérateur d’unification. A Lausanne, par exemple, ce système est mis en place pour les restaurants, les musées, etc. Ici aussi, AggloY est une bonne matrice pour faire cela. Le concept de « matrice » m’est immédiatement venu à l’esprit lorsque je me suis penché sur AggloY. La matrice est ce qui permet à un système informatique de fonctionner et d’instaurer les conditions de possibilité pour que des virtualités surgissent. Mon rêve serait d’avoir un lieu qui permette une synergie entre l’art (la Maison d’Ailleurs), la technologie et l’industrie (Y-Parc et l’EPFL) et la formation (la HEIG-VD), afin de montrer qu’Y-Parc a besoin de l’imaginaire et que l’imaginaire, par exemple celui de la science-fiction, a besoin d’Y-Parc. Je pense, entre autres, à l’entreprise Symbios qui fabrique des prothèses et qui est bien placée pour entrer en résonnance avec l’imaginaire, vaste, de l’homme prothétique qui a cours en science-fiction depuis le début des années 1980. Mettons ces éléments en contexte et en contact. La culture a, et a toujours eu, un rôle politique ; une démocratie ne peut, en effet, pas exister sans culture. XV : Aujourd’hui, il est nécessaire, avec l’augmentation rapide de la population urbaine, de pouvoir fédérer les communes, avec des projets tels qu’AggloY, pour qu’elles réalisent ensemble ce que chacune ne peut concevoir individuellement. Nous ne sommes pas dans l’utopie.
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