Prépositions et primante du spatial : de l expression de relations dans l espace à l expression de relations non-spatiales - article ; n°9 ; vol.5, pg 221-234
15 pages
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Prépositions et primante du spatial : de l'expression de relations dans l'espace à l'expression de relations non-spatiales - article ; n°9 ; vol.5, pg 221-234

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Faits de langues - Année 1997 - Volume 5 - Numéro 9 - Pages 221-234
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 68
Langue Français
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Extrait

Marie-Line Groussier
Prépositions et primante du spatial : de l'expression de relations
dans l'espace à l'expression de relations non-spatiales
In: Faits de langues n°9, Mars 1997 pp. 221-234.
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Groussier Marie-Line. Prépositions et primante du spatial : de l'expression de relations dans l'espace à l'expression de relations
non-spatiales. In: Faits de langues n°9, Mars 1997 pp. 221-234.
doi : 10.3406/flang.1997.1159
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/flang_1244-5460_1997_num_5_9_1159et primarité du spatial : de Prépositions
l'expression de relations dans l'espace à de non-spatiales
Marie- Line Groussier*
"In this chapter I will assume (following the locationists...) that the prepositions
of English have a spatial (or, in one or two instances, temporal) sense as their
basic meaning and that the other meanings are derived by metaphor."!
La position localiste exprimée ainsi à propos des prépositions de l'anglais est
devenue extrêmement banale. Cependant, une telle option théorique continue à
susciter des réactions d'opposition, découlant souvent d'un malentendu sur ce que
peut être aujourd'hui un localisme argumenté compte tenu des progrès de la
psychologie cognitive. On va s'efforcer de définir ici ce que, de nos jours, on doit
entendre par primarité du spatial. Il est évidemment tout à fait exclu de prétendre
démontrer que, dans les langues dotées de prépositions, toute expression de
relations au moyen de prépositions soit l'expression de relations spatiales, tout
autant que d'attribuer, en synchronie, aux sens spatiaux des prépositions, un
quelconque rôle dominant: primarité n'est pas primauté.
Après avoir exposé les principaux arguments en faveur d'une primarité de la
représentation des relations dans l'espace et fait état des objections que ces
arguments ont pu susciter, on tentera de dégager une fonction archétypale des
représentations spatiales.
Enfin, on précisera la signification qu'il convient de donner, dans ce cas, au
terme de métaphore et on tentera de formuler les conditions d'une intégration des spatiales en tant qu'archétypes à la théorie de la notion d'Antoine
CULJOLI en introduisant le concept de "scheme relationnel".
Université Paris 7 - Denis Diderot.
lO'KEEFE 1996: 281-282. Marie-Line Groussier 222
1 / ARGUMENTS EN FAVEUR DE LA PRIMARITÉ DU SPATIAL
L 1. L'argument diachronique : En diachronie, la présence ou l'absence de
valeurs spatiales pour une préposition donnée obéit à des règles interprétables
comme des indices de primarité.
1.1.1. Le sens d'origine de la majorité des prépositions2 est spatial. Sur une
liste de 60 prépositions de l'anglais actuel, seulement sept ne remontent pas à
une indication de relation dans l'espace3.
1.1.2. Les valeurs spatiales des prépositions, du moins dans les langues indo
européennes, sont dans l'énorme majorité des cas, chronologiquement antérieures
aux autres valeurs4. J'ai pu m'en rendre compte en recherchant l'origine des
prépositions du vieil-anglais (GROUSSIER 1984). Même mid, qui ne conservait
pratiquement pas d'emploi d'indicateur de relations dans l'espace en vieil-anglais,
a la même origine indo-européenne que le grec metá, l'indication d'un repérage
par rapport à des repères multiples (="parmi").
1.1.3. L'origine de bon nombre des prépositions les plus anciennes remonte,
comme celle des cas, à la préhistoire, ce qui n'autorise que des reconstructions
plus ou moins controversées. Mais l'inventaire actuel des prépositions de
langues comme l'anglais ou le français inclut plusieurs éléments dont la 1ère
apparition est datée avec précision, à la période historique. C'est ce qui se
produit, en vieil-anglais, pour tous les composés d'innan (ininnan, oninnan,
birman, wipinnan) ou pour into. En moyen-anglais, on note l'apparition de in
front of, locution prépositive formée autour d'un emprunt au français datant du
12ès.
Ces composés et dérivés sont constitués à partir de prépositions à sens
d'origine spatial, comme si c'était là la condition de la productivité.
1.1.4. Le comportement des quelques prépositions à valeur d'origine non-
spatiale est également révélateur de la primarité du spatial. En vieil-anglais, on
peut citer œr, "avant", en moyen-anglais tardif during, toutes deux à valeur
initiale temporelle. En moyen anglais, on voit également apparaître, entre
2 La dénomination sens d'origine d'une préposition signifie "valeur notionnelle de
l'élément le plus ancien auquel remonte étymologiquement la préposition", sans prise
en compte d'une quelconque identité syntaxique. Ainsi, en indo-européen, l'élément
en cause ne pouvait être une préposition puisqu'il n'y en avait pas en proto-indo
européen. Cf. l'article de Françoise BADER dans ce recueil.
3 as, during, except, like, owing to, save et since.
4HEINE, CLAUDI et HUNNEMEYER (1991: 51-52) citent, en pidgin des Iles Salomon, la
préposition fastaem (> anglais first time) qui a le sens temporel de l'anglais before
mais qu'un petit groupe de locuteurs (âgés, semble-t-il) emploie avec le sens de
l'anglais in front of. Reste à savoir s'il s'agit ou non d'un reste d'un état plus ancien,
comme pourrait le faire croire l'indication de l'âge des locuteurs. S'il en était ainsi, ce
cas ne serait pas un contre-exemple pour l'antériorité des valeurs spatiales. Prépositions et primante du spatial 223
autres, save et except et en anglais moderne owing to, indicateurs de relations
logiques. On remarque d'une part que ces prépositions à valeur d'origine non-
spatiale sont en nombre trop petit pour enlever à l'indication des relations
spatiales la position privilégiée qu'elle occupe dans les valeurs originelles des
prépositions, d'autre part, que certaines d'entre elles sont suffisamment anciennes
pour que leur sens ait évolué et que cette évolution soit connue. Or, on observe
que toutes se comportent différemment des prépositions à sens d'origine spatial.
- Elles ne produisent pas de dérivés ni de composés comme si l'absence d'un
sens d'origine spatial les frappait, en quelque sorte, de "stérilité" lexicogénétique.
- Elles n'acquièrent pas non plus de sens dérivés non-spatiaux ou si peu que le
blocage de ce type d'extension n'en apparaît pas moins réel. JEr, la plus
ancienne, n'a, en vieil-anglais, qu'un seul emploi non-temporel: c'est l'indication
de la relation de "préséance", directement dérivée de la valeur temporelle5.
Devenue ere en moyen-anglais, puis à la Renaissance, cette préposition
n'acquerra jamais d'autres valeurs que les deux ci -dessus et disparaîtra finalement
au profit de before, sa concurrente à valeur d'origine spatiale. Pour during,
apparue au 14è s., six siècles d'emploi n'ont pas suffi à lui faire acquérir de sens
dérivés. Quant aux indicateurs de relations logiques save , except, et owing to,
datant respectivement des 13è et 14è s. et du début du 19è s., ils n'ont pas
encore, à ce jour, donné de signes d'évolution sémantique et save, actuellement
archaïque, disparaîtra probablement sans avoir évolué. En revanche, butan,
prédécesseur à valeur d'origine spatiale ("à l'extérieur de") de save et except dans
l'expression de la relation à l'exception, a eu une évolution longue et diversifiée
qui a abouti de nos jours à la conjonction/préposition but. Enfin, il n'y a
apparemment en anglais aucune préposition à valeur d'origine non-spatiale qui
ait acquis une valeur secondaire spatiale. Tout se passe donc comme si une
valeur d'origine d'indication de relation dans l'espace était, pour une préposition,
la condition sine qua non de la diversification sémantique et comme si, en
revanche, un sens d'origine non-spatial condamnait la valeur de la préposition à
ne pas évoluer.
1.1.5. Parmi les positions actuellement hostiles au principe localiste de la
primante diachronique du spatial, deux argumentations émergent.
a) Selon la 1ère, pour une préposit

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