Un récit (La chute du royaume wisigothique d Espagne dans l historiographie chrétienne des VIIIe et IXe siècles) - article ; n°1 ; vol.11, pg 11-42
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Un récit (La chute du royaume wisigothique d'Espagne dans l'historiographie chrétienne des VIIIe et IXe siècles) - article ; n°1 ; vol.11, pg 11-42

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Annexes des Cahiers de linguistique hispanique médiévale - Année 1997 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 11-42
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 86
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Georges Martin
Un récit (La chute du royaume wisigothique d'Espagne dans
l'historiographie chrétienne des VIIIe et IXe siècles)
In: Annexes des Cahiers de linguistique hispanique médiévale, volume 11, 1997. Histoires de l'Espagne médiévale
(historiographie, geste, romancero). pp. 11-42.
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Martin Georges. Un récit (La chute du royaume wisigothique d'Espagne dans l'historiographie chrétienne des VIIIe et IXe
siècles). In: Annexes des Cahiers de linguistique hispanique médiévale, volume 11, 1997. Histoires de l'Espagne médiévale
(historiographie, geste, romancero). pp. 11-42.
doi : 10.3406/cehm.1997.2180
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cehm_0180-9997_1997_sup_11_1_2180UN RÉCIT
(la chute du royaume wisigothique d'Espagne
dans l'historiographie chrétienne
des VIIIe et IXe siècles) *
Je me propose d'examiner avec vous ' le corpus des premières
versions historiographiques de la chute du royaume wisigothique
d'Espagne. Ce corpus est constitué de textes écrits entre le milieu
du VIIIe siècle et la fin du IXe, voire les premières années du
Xe siècle. Il ne présente pas d'homogénéité spatiale: les textes de la
deuxième moitié du VIIIe siècle et ceux des premières années du IXe,
notamment, naissent à distance et ne portent aucune trace de dépen
dance ou d'influence. La chronologie cependant les isole avec force:
à leur suite, l'épisode ne fera l'objet d'aucun renouvellement pendant
Première publication: «La chute du royaume wisigothique d'Espagne dans l'hist
oriographie chrétienne des VIIIe et IXe siècles. Sémiologie socio-historique»,
Cahiers de linguistique hispanique médiévale, 9, 1984, pp. 198-114.
Cet article reproduit un exposé présenté au Séminaire d'historiographie médiév
ale dirigé par Bernard Guenée (École Pratique des Hautes Études) en janvier
1984. Principaux travaux consacrés aux textes étudiés ici: R. Menéndez Pidal,
Floresta de Leyendas heroicas españolas, 2 t., Madrid, Espasa-Calpe, 1926; Manuel
Gómez Moreno, «Las primeras crónicas de la Reconquista: el ciclo de Alfonso
III», Boletín de la Academia de la Historia, 100(2), Madrid, 1932, pp. 562-599;
Pierre David, Études historiques sur la Galice et le Portugal du VF au XIIe siècle,
Coïmbre, Institut Français au Portugal, 1947; Claudio Sánchez-Albornoz, Inves
tigaciones sobre historiografía hispana medieval (siglos VIII al XII), Universidad
de Buenos Aires, 1967; M. C. Díaz y Díaz, «La historiografía hispana desde la inva
sión árabe hasta el año 1000», Settimane..., 17,1, Spolète, 1970, pp. 313-343; Abilio
Barbero et Marcelo Vigil, La formación del feudalismo en la Península ibérica,
Barcelona, Crítica, 1978, notamment chapitres 5, 6 et 7. Plus récemment, le thème
de la chute du royaume wisigothique a été étudié, dans d'autres textes, par: Madel
eine Pardo, «Le roi Rodrigue ou Rodrigue roi». Imprévue, 1983 (1), pp. 61-95;
Georges Tyras, La perte de l'Espagne: de l'idéologie à la narration, Université
de Grenoble, 1983. 12 GEORGES MARTIN
plus de deux siècles 2. D'autre part, les textes asturiens de la fin du
IXe siècle provoquent une forme de cohérence sémantique en
s'employant à tresser, en une synthèse partielle, les fils des product
ions historiographiques antérieures.
Ces textes, j'entends les aborder d'un point de vue sémantique
en manifestant, dans la chronologie, leurs significations contextuelles.
Mon projet est de décrire et d'interpréter les configurations d'un
imaginaire historique forgé autour d'un événement majeur de
l'histoire d'Espagne et sur lequel — c'est en fait là l'essentiel — s'est
constituée l'historiographie espagnole chrétienne post-wisigothique —
du moins au nord-ouest de la Péninsule. C'est bien sûr le poids du
présent de sa rédaction — de Yénondation — sur le récit des événe
ments passés — sur Y énoncé — que je tenterai de mettre en lumière.
Les limites de cet exposé me contraindront malheureusement à
rester à la surface des choses et notamment à évacuer l'argumentat
ion philologique qui permet de fonder la datation des textes 3; elles
me condamnent également à éliminer de mon étude les bilans sémio-
tiques qui, dans ma perspective, devraient sanctionner chaque palier
de l'analyse. Les historiens, j'en suis sûr, ne m'en voudront pas de
privilégier la présentation des textes et leur interprétation historique.
2) C'est la Crónica silense — datée traditionnellement des environs de 1115, et par
Antonio Ubieto Arteta des années 1147-1153 — qui présente le premier remanie
ment de la version proposée dans les Chroniques d'Alphonse III. Entre-temps,
la Chronica Gothorum pseudo isidoriana (publiée par Mommsen, M.G.H., A.A. 11,
Chr. min. 2, pp. 372-388), mozarabe, avait peut-être introduit, de façon originale,
les traditions historiographiques arabes dans l'historiographie chrétienne. Mais
la datation de cette chronique fait problème. SAnchez-Albornoz, suivant
Menéndez Pidal, la datait de la première moitié du XIe siècle dans «La crónica
del moro Rasis y la Continuatio hispana» (Investigaciones..., pp. 267-296); après
lecture des travaux de Lévy Della Vida, il fut enclin à la dater de la fin du
XIe siècle («San Isidoro, Rasis y la Pseudo isidoriana», Investigaciones..., p. 338,
n. 4). Lévy Della Vida, dans «The 'Bronce Era' in Moslem Spain», Journal of the
American Oriental Society, 63, 1943, p. 180, en situait la rédaction au XIIe siècle.
3) On en trouvera en note un exposé succinct. HISTOIRES DE L'ESPAGNE MÉDIÉVALE 13
I. DISPERSION
Jusque dans les années quatre-vingt du IXe siècle l'historiogra
phie de la chute du royaume wisigothique se présente comme
une dispersion de récits émanant de trois espaces: la communauté
mozarabe, la Septimanie gothique passée sous domination franque,
le royaume naissant des Asturies.
1. La Chronique mozarabe de 754
Le premier en date de ces textes est écrit dans la communauté
mozarabe, vraisemblablement en 754 4. Il s'agit de la continuatio
d'une version elle-même prolongée de la chronique de Jean de Biclare,
et de YHistoria Gothorum d'Isidore de Seville. L'essentiel de la
4) L'édition de référence sera celle de Mommsen, M.G.H., A. A., 11, Ch. min. 2,
pp. 334-368. Les arguments plaidant en faveur de cette datation sont les suivants.
Le récit s'achève en 754, ère 792. Cette date donne lieu à une longue digression
finale qui la situe relativement à divers computs de l'histoire du monde, et
notamment aux repères symboliques de l'an 6000 de la création et de l'an 800
de la naissance du Christ dont on sait l'importance pour les mentalités des
VIIe et VIIIe siècles (là-dessus, Barbero et Vigil, La formación..., p. 253). D'autre
part, le chroniqueur anonyme fait référence (p. 364, 1. 29; 365, 1. 16; 367, 1. 12)
à une œuvre qu'il aurait écrite concernant les conflits intestins qui déchirèrent
Âl-Andalus dans les années 740-750. Enfin, la date de 754 ne paraît pas constituer
un tournant de l'histoire d' Al-Andalus suffisamment important pour qu'un
historien très postérieur décidât d'y interrompre son récit. Pour un contempor
ain, en revanche, et notamment pour un mozarabe, l'année 754, qui marque le
sommet de la crise politique, pouvait apparaître comme grosse de promesses et
d'espérance — à cet égard il est hautement illustratif que le chroniqueur ne fasse
aucune référence aux collaborateurs gothiques de l'Islam, à Ardebast notamment,
qui joua le rôle que l'on sait dans les équilibres politiques andalous des années
740. Si l'interruption du récit en 754 était au contraire l'indice d'un refus du
chroniqueur — dont il faudrait alors élucider les raisons — de relater le règne
d'Abd al-Rhaman Ier, qui prend le pouvoir en 756, mais qui en entreprend la
conquête dès 755, la rédaction du texte serait à situer sous ce règne, entre 756
et 778, seule période où ce silence aurait un sens: la différence est négligeable
au regard du niveau où je situe mon interprétation du texte. Au fond, mon opinion
est la su

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