Christophe BRUNO M2 Langage et sémiologie USTV UFR Lettres Sciences Humaines
111 pages
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Description

Niveau: Supérieur, Master, Bac+5

  • mémoire


Christophe BRUNO M2 Langage et sémiologie, USTV, UFR Lettres & Sciences Humaines LA MACHINE à IMAGES Stéréotypes et métaphores Dossier de mémoire, année 2008/2009, dirigé par Michèle Monte du m as -0 04 01 49 1, v er sio n 1 - 2 2 Se p 20 09

  • dossier de mémoire

  • images stéréotypes

  • élèves des beaux-arts de toulon

  • sciences humaines

  • inventions délirantes

  • inépuisable source


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Langue Français

Extrait

Christophe BRUNO
M2 Langage et sémiologie, USTV, UFR Lettres & Sciences Humaines
LA MACHINE à IMAGES
Stéréotypes et métaphores
Dossier de mémoire, année 2008/2009, dirigé par Michèle Monte
dumas-00401491, version 1 - 22 Sep 2009dumas-00401491, version 1 - 22 Sep 2009Christophe BRUNO
M2 Langage et sémiologie, USTV, UFR Lettres & Sciences Humaines
LA MACHINE à IMAGES
Stéréotypes et métaphores
Dossier de mémoire, année 2008/2009, dirigé par Michèle Monte
dumas-00401491, version 1 - 22 Sep 2009dumas-00401491, version 1 - 22 Sep 2009REMERCIEMENTS
A Daniel Bilous, pour avoir enduré le premier mes inventions délirantes,
A Michèle Monte, pour avoir repris le flambeau ; ainsi que pour ses commentaires
peu nombreux et avisés,
A Dairine O’Kelly, pour m’avoir dispensé le temps libre nécessaire à l’agencement
de ce mémoire,
A André Joly, dont le regard dubitatif sera, j’en suis sûr, une inépuisable source
de motivation,
A Johanna « Mémé » Gossart, pour m’avoir soufflé il y a cinq ans ce qu’était
un Revolver à cheveux blancs,
Aux élèves des Beaux-Arts de Toulon, notamment pour m’avoir fait connaître Deleuze.
dumas-00401491, version 1 - 22 Sep 2009Il me dit ce que signifiait l’expression « signifier » :
« Quelqu’un qui va bientôt sortir de prison et qui se met à
parler de sa date de libération, on considère qu’il
« signifie » aux autres gars qui doivent rester. On le
prend par le cou et on dit : « Gare à ne pas me
signifier ! » Sale truc, signifier, tu piges ? »
— Jack Kerouac, Sur la route
En tant que spécialistes de la langue, notre familiarité à celle-ci nous pousse à
interpréter chaque énoncé par le biais d’un savoir qui excède largement l’espace balisé de la
communication. Les conséquences de ce phénomène sont probablement nombreuses et
difficiles à évaluer. Mais de toutes la plus grande semble être la conception d’un sens propre.
Dans une série américaine récente que j’éviterai de nommer, un des personnages
possède un quotient intellectuel si élevé qu’il reconstruit coup sur coup le sens littéral de
n’importe quel énoncé, et s’avère incapable d’entendre les sarcasmes, les images et les sous-
entendus qu’on lui sert (ce qui donne lieu à une série de gags très ennuyeux à la longue).
Le linguiste n’a pas ce défaut. Là où l’individu ne perçoit que du sens, tout au plus imagé, lui
perçoit une impertinence, une allotopie, un écart sémantique ainsi qu’une ou plusieurs
significations, elles-mêmes déterminées par réduction de ce même écart. Notre erreur
interprétative, qui consiste à superposer un état « logique » de la langue au discours que nous
recevons, est due à une pratique quotidienne que l’urbain moyen ne possède pas.
Les sciences du langage sont toujours parties de ce constat, en apparence logique, que
les mots ont une signification propre, qu’à eux seuls ils forment soit des unités de sens, soit
des signifiés de puissance. Or un mot est rarement saisi dans son acception propre au sein de
l’énoncé, il n’existe ainsi qu’isolé de son contexte, superposé à ce que l’auditeur perçoit,
d’une façon imparfaite, inachevée, voire complètement imaginative. Ce que perçoit l’auditeur,
c’est l’énoncé, c’est son contexte, c’est l’attitude du locuteur, la masse envahissante
d’hypothèses qui affaiblit son attention, toute déduction qui raye au fur et à mesure le surplus
sémantique dans lequel s’est perdu l’interprète, qui achève de donner à l’ensemble, le
message, un sens effectif. Le sens d’un énoncé est souvent saisi avant le sens des mots, et ceci
n’a rien d’un paradoxe, puisque c’est entre autres le cas des expressions dites « figées », telles
que « il pleut des cordes », « chercher midi à quatorze heure » ou « Il était une fois ».
Aujourd’hui, on distingue ce type d’expressions, figées ou lexicalisées, des énoncés
plus construits, qu’ils soient de circonstance ou d’invention. Cette découverte a notamment
impliqué (et implique toujours) que la saisie d’un énoncé s’effectue différemment selon que
l’expression soit figée ou selon qu’elle réclame un minimum d’interprétation. C’est sur la
base d’une telle distinction que se définit aujourd’hui la métaphore. Selon l’énoncé analysé,
on parlera de métaphore « morte », pour marquer une expression rentrée dans l’usage, et de
métaphore « vive » ou « vivante », lorsque cette dernière fait la part belle à l’invention. Ce
processus, vie et mort de la figure, qui ferait les délices d’un joueur de Go, s’explique en
partie par le phénomène de lexicalisation, que l’on vient de définir métaphoriquement comme
le vieillissement d’une expression dans la langue, à force d’usage et de répétitions.
L’on peut se ranger à l’évidence et admettre l’existence du processus de lexicalisation.
Mais ce faisant, nous enterrons du même coup l’opération qui consiste à séparer le sens
propre du sens figuré. Si, par exemple, De noirs desseins est une expression lexicalisée, une
métaphore morte, alors son usage est attesté dans la langue, le sens propre est ici effacé par le
sens figuré. Mais sachant que noirs ne signifie ni « logiquement » ni lexicalement mauvais ou
machiavéliques dans la langue, le sens qu’il détient dans certaines lexies (humour noir, idées
- 1 -
dumas-00401491, version 1 - 22 Sep 2009noires, ambiance noire) n’a de valeur qu’au sein d’une communauté culturelle, capable
d’associer un sens figuré à cet item lexical. Dans ce cas, est-il encore possible de parler de
sens propre pour ce genre de lexies ? A-t-on déjà vu, ailleurs qu’en B-D, des intentions
colorées ? Dans cet exemple, comme dans tous les exemples issus d’expressions déjà
entendues, le sens propre devient une reconstruction, non pas de la signification, mais de
l’interprétation lexicale, c’est-à-dire terme à terme, de l’énoncé. Or ceci demeure une
opération fastidieuse, nullement automatique et, raisonnablement, consciente. La question qui
se pose en toute bonne foi est la suivante : entend-t-on du sens propre ? Sachant que notre
parler est fondé en partie, sinon en totalité, sur des phrases entendues, sur des situations de
communications reconnues, voire stéréotypées, est-il toujours raisonnable de penser que le
décryptage du code linguistique s’effectue d’après des données aussi complexes (pour
l’allocutaire, non pour l’analyste) que l’association systématique signifiant/signifié ?
Vincent Nyckees, dans un article encore récent « Quelle est la langue des
métaphores ? » (2000), propose une analyse de la métaphore fondée sur la recherche
d’attestations dans la langue. Qu’il s’agisse d’attestations idiolectales, sociolectales ou
proprement linguistiques (fondées sur l’ordre et la nature des termes), il remarque à juste titre
que forme, sens et références de nombreuses métaphores se font écho, et qu’en définitive
rares sont les métaphores d’invention pure. Dans ce premier article, il propose, comme point
de fuite, d’étendre ce type d’analyse à d’autres emplois, pas nécessairement figuratifs. Dans
un article plus récent (2005), il développe ce postulat sur les limites sémantiques de l’analyse
métaphorique. A la question posée par Georges Kleiber (1999a) : Quels sont les mécanismes
1permettant d’expliquer l’interprétation adéquate des énoncés métaphoriques ? les deux
auteurs conviennent qu’il n’existe aucune réponse proprement sémantique, qui vaille pour
n’importe quel énoncé métaphorique. Du moins, il n’existe aucune réponse qui puisse rendre
compte des données véhiculées par la sémantique lexicale, c’est-à-dire d’une sémantique
associant à chaque mot une ou plusieurs significations propres. Et Nyckees, reprenant Paul
Ricoeur, reprenant I.A. Richards, de réintroduire cette remarque :
Les mots n’ont pas de signification propre, parce qu’ils n’ont pas de signification en
propre : et qu’ils ne possèdent aucun sens en eux-mêmes, parce que c’est le discours,
pris comme un tout, qui porte le sens de manière indivise.
22005 : 17
C’est en effet à partir de ce constat que se peut développer une science du sens, qui ne
tiendrait plus les signifiés pour la face cachée de la lune signifiante, mais pour des consensus
plus ou moins établis (en perpétuelle évolu

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