Introduction Section 1. Les délocalisations, de quoi parle-t-on ?
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Introduction Section 1. Les délocalisations, de quoi parle-t-on ?

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Introduction La question des délocalisations est largement étudiée dans la littérature économique et débattue sur la scène publique. Or, parler de délocalisation n’est pas chose aisée. On sait combien cette notion est floue et pose des problèmes de mesure (Arthuis , 2005 ; Aubert et Sillard, 2005 ; Bouba-Olga, 2006 ; Mouhoud, 2006)2. « Les délocalisations : une réalité controversée » se propose de poser la question de la France face au phénomène des délocalisations. Pour en saisir les enjeux et présenter les objectifs de notre analyse spécifique à l’Aquitaine, sa structure suit celle des principales études réalisées sur la question. Dans un premier temps, nous précisons ce qu’il faut entendre par « délocalisations » (section 1). En cherchant ensuite à proposer un bilan chiffré des délocalisations, nous sommes conduits à exposer les problèmes de mesure posés et à envisager les enjeux sous-jacents du phénomène, non mesurables (section 2). Sont ensuite discutés les déterminants (autrement dit les motivations) des délocalisations que nous nous proposons d’envisager dans le temps et en tenant compte des contextes sectoriels et territoriaux dans lesquels les firmes s’inscrivent (section 3). Enfin, nous résumons les principales recommandations couramment formulées en termes de politique publique (section 4).
*    * * Section 1. Les délocalisations, de quoi parle-t-on ? Plusieurs réalités aux impacts sociaux et économiques différenciés cohabitent sous le terme unique de délocalisation. Parler des délocalisations nécessite donc de préciser le sens qu’on leur donne, autrement dit de revenir sur la définition même du phénomène. 1.1. La définitionstricto sensudes délocalisations La définition la plus étroite considère qu’il y a délocalisation si un espace de production « étranger » se substitue totalement à un espace de production national : Une délocalisation se définit comme la fermeture d’une unité de production sur le territoire national suivie de sa réouverture à l’étranger, en vue de réimporter sur le territoire national les biens produits et/ou de continuer à fournir les marchés 3 d’exportations à partir de cette implantation(Fontagné et Lorenzi, 2005) . Le phénomène est facilement repérable donc aisément mesurable. Elle est d’ailleurs fréquemment mobilisée en Europe et aux Etats-Unis où le débat se focalise sur la question des emplois supprimés. La définition se heurte toutefois à la qualité et à l’incomplétude des sources de données, mais ce n’est pas sa principale limite.
                                                 2Arthuis, 2005,La globalisation de l'économie et les délocalisations d'activité et d'emplois, Rapport au Sénat ; Aubert P., Sillard P., 2005, Délocalisations et réduction d’effectifs dans l’industrie française, Insse ; Bouba-Olga O., 2006, Les nouvelles géographies du capitalisme, Comprendre et maîtriser les délocalisations, Seuil ; Mouhoud el M., 2006, Mondialisation et délocalisation des entreprises, Repères, La Découverte. 3et Lorenzi, 2005, Désindustrialisation, Délocalisations, Rapport du Conseil d’Analyse Economique.Fontagné
 
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Son principal défaut est de sous-estimer le phénomène : elle ne prend en compte ni les déplacements partiels d’activité, ni le recours à la sous-traitance internationale (Benaroya, 2005)4. Cette définition est ainsi qualifiée de restrictive. Il est en outre impossible d’identifier dans quelle mesure les firmes font, dans le cadre de la délocalisation, appel à leurs filiales historiquement implantées à l’étranger et orientées pour ce marché. Or, l’ensemble de ces éléments relève bien des logiques de la délocalisation. Pour en tenir compte, il est nécessaire de partir d’une définition élargie. 1.2. Elargir la notion de délocalisation : proposition de définition L’élargissement de la définition se fait en abandonnant la logique de pure substitution, autrement dit de fermeture/ouverture. Dans cette perspective, l’OCDE (OCDE, 2007)5 propose de définir une délocalisation de la manière suivante : Déplacement total ou partiel d’une activité industrielle (manufacturière ou de services) à l’étranger, soit auprès d’une filiale existante ou nouvelle, soit à travers une sous-traitance auprès de firmes non affiliées. La partie de l’activité délocalisée qui auparavant été destinée au marché intérieur est ensuite importée. Cette définition permet d’appréhender des réalités connexes à celle que recouvre la définition stricto sensuet conduit à préciser un ensemble de termes qui font désormais partie du débat public (cf.encadré 1.1).  Encadré 1.1. Les termes associés aux délocalisations selon l’OCDE Externalisationoutsourcin à l’extérieur de: utilisation de biens ou services roduits l’entreprise. - Si elle a lieu à l’intérieur du a s où est localisée l’entre rise :domestic outsourcin; - Si elle a lieu à l’étran er :outsourcin abroad. Délocalisation (offshoring) : externalisation à l’étranger. On distin ue deux formes de délocalisations : - L’Offshore-inhouse sourcing: au sein du même groupe, soit des filiales préexistantes, soit des filiales créées à artir de zéroex nihilo, filiales «reen ields» - Le transfert au rès d’une entre rise non affiliéeo shore outsourcin: c’est de la sous-traitance à l’étran ersubcontractin aboard.  On se situe néanmoins dans une acception encore trop restrictive car seuls sont pris en compte lestpnéaslecedm(complets ou partiels) d’activités.  une proposition de définition « extensive »Les délocalisations : L’approche retenue par la Commission des Finances française permet de tenir compte des cas de « non localisation », autrement dit de resituer le phénomène dans l’ensemble du processus décisionnel de l’entreprise :  
                                                 4 In Fontagné et Lorenzi, 2005,op. cit. 5Les délocalisations et l’emploi : tendances et impacts, Emploi, OCDE, 2007, pp. 1-216.
 
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Sur un plan micro-économique, la délocalisation regroupe tous les arbitrages réalisés par les entreprises dans un sens défavorable à la localisation des activités et des emplois sur le territoire national(Arthuis, 2005 ; Brunel, 20066).
  La « délocalisation » désigne alors toute localisation réalisée à l’étranger qui s’effectue aux dépens d’une localisation domestique. La définition suppose un lien mécanique et négatif entre délocalisation et emploi dans le pays émetteur et elle nous autorise à exclure les stratégies de localisation à l’étranger à des fins de desserte du marché local. Trois types de délocalisations peuvent maintenant être distingués : -  transfert  :direct vers un pays étranger d’activités réalisées surLa délocalisation pure le territoire national (entraînant la fermeture ou la réduction forte de l’activité des sites sur ce territoire) ; - La délocalisation diffuse (ou partielle) : transfert et regroupement vers un pays étranger d’une activité répartie sur un ou plusieurs sites sur le territoire national (et n’entraînant pas nécessairement de fermeture) ; -  La non-localisation ouverture à l’étranger d’activités qui auraient pu être ouvertes : sur le territoire national (elles sont par nature très difficiles à évaluer). Cette définition (extensive) pose un véritable problème de mesure. Il devient difficile de repérer et donc de quantifier ce qui relève réellement des délocalisations dans les stratégies d’internationalisation des firmes. Mais elle offre l’avantage indéniable de refléter la complexité du phénomène.  1.3. L intérêt de la définition : la prise en compte de la complexité du phénomène Les délocalisations concernent aussi bien les transferts d'activités que les localisations d'unités nouvelles (avec ou sans prise de participation en capital) ayant pour objectif de réexporter la production. La volonté d’envelopper ces différentes réalités dans ce qu’elles ont de commun renvoie à la question de la prise de décision, autrement dit à un choix de nature micro-économique. C’est dans cette différence avec les analyses macroéconomiques que réside l’intérêt de l’approche extensive des délocalisations :la délocalisation est le fait des firmes. La complexité des délocalisations se retrouve dans les formes organisationnelles multiples qu’elles peuvent prendre. Elles vont de la sous-traitance, aux Investissement Directs à l’Etranger (IDE), en passant par des créations de filiales. Proposé par Van Welsum et Vickery (2004) et repris par l’OCDE7tableau à double entrée croisant la localisation de la firme, un (nationale ou internationale) avec son mode d’approvisionnement (externe ou interne), permet de mieux situer les délocalisations par rapport aux logiques plus larges de l’externalisation (figure 1.1).                                                  6Arthuis, 2005,op. cit ;,Brunel, 2006,Les délocalisations, Rapport d’informations à l’Assemblée Nationale. 7Molnar M., Pain N., Taglioni D., 2007, The Internationalisation Of Production, International Outsourcing And  Employment In The OECD, Economics Department Working Papers N°.561.
 
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