Niveau: Supérieur
M A R I E R AY N A L Pierre Encrevé, vous êtes linguiste, professeur de linguistique à l'École des hautes études en sciences socia- les. Vous êtes spécialisé en phonologie et en sociolinguistique et c'est précisément ce qui nous intéresse, car cette linguistique, en France, n'est pas très connue et reste peu diffu- sée dans le système éducatif. P I E R R E E N C R E V E Il faut tout d'abord lever un malentendu concernant la linguis- tique: elle n'a pas d'application directe dans l'enseignement de la langue française. On entend souvent des plaintes selon lesquelles les linguistes auraient détruit l'apprentissage de la grammaire avec leurs théories absconses et leurs mots savants, mais la recherche linguis- tique, qu'il s'agisse de la linguistique formelle ou de la sociolinguistique, ne fait pas partie des sciences destinées à trouver un prolongement «naturel» en pédagogie de la langue. L'impor- tation des hypothèses théoriques des linguis- tes dans les grammaires scolaires est déplacée. Car ce ne sont que des hypothèses, destinées à être réfutées, périmées – et, généralement, quand on les retrouve dans des manuels, elles ont déjà été abandonnées par les linguistes. Il n'est pas raisonnable de parler aux enfants de phonèmes, d'arbres syntaxiques ou de la dimension illocutoire du langage. La linguistique a pour objectif de décrire le fonctionnement des langues et, au-delà, de la «faculté de langage», puis de poser des hypo- thèses explicatives de ce fonctionnement.
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- question de la pédagogie de l'anglais pour les enfants
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