Sur la génèse et les caractères de plusieurs grandes inondations récentes - article ; n°329 ; vol.62, pg 18-36
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Description

Annales de Géographie - Année 1953 - Volume 62 - Numéro 329 - Pages 18-36
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Pardé
Sur la génèse et les caractères de plusieurs grandes
inondations récentes
In: Annales de Géographie. 1953, t. 62, n°329. pp. 18-36.
Citer ce document / Cite this document :
Pardé M. Sur la génèse et les caractères de plusieurs grandes inondations récentes. In: Annales de Géographie. 1953, t. 62,
n°329. pp. 18-36.
doi : 10.3406/geo.1953.14034
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1953_num_62_329_1403418
SUR LA GENÈSE ET LES CARACTÈRES
DE PLUSIEURS GRANDES INONDATIONS RÉCENTES
Depuis avril-mai 1950, date d'une inondation catastrophique dans la
région de Winnipeg, des inondations remarquables, ou même grandioses,
ont affligé les États-Unis, le Canada, l'Italie, la France et l'Angleterre. Nous
avons pu obtenir sur elles des renseignements nombreux, imprimés ou
manuscrits, ces derniers inédits, les uns et les autres envoyés par de très
aimables correspondants, pour la plupart directeurs ou ingénieurs en chef
des services hydrologiques et météorologiques dans les pays sus-indiqués.
Grâce à ces informations longuement « repensées » par notre méditation
personnelle, il nous est possible de définir, pour les lecteurs des Annales
de Géographie, les traits principaux des phénomènes en question, extrême
ment variés, ainsi qu'on va le voir, par leurs causes, comme par leur évolu
tion et leur ampleur.
Dans le présent article, nous examinerons ceux d'entre eux qui ont sévi
en Europe.
I. — La crue de la Garonne et de l'Adour
EN FÉVRIER 1952
" La crue de février 1952 en Aquitaine fut un vrai désastre, bien qu'on
n'ait point eu à déplorer plus de six à sept victimes humaines. Sur l'Adour
à Dax (fig. 1), le maximum de 6 m. 52, supérieur de 0 m. 28 à, celui de
février 1879, n'a été dépassé de mémoire d'homme qu'en avril 1770 (6 m. 80
et 1 800 à 2 000 m3). Sur la Midouze à Mont-de-Marsan, on a eu 6 m. 55,
contre 7 m. 00 et 450 m3 en janvier 1843, 6 m. 00 en février 1879. Le phéno
mène a été encore plus spectaculaire sur la Garonne (fig. 2), bien que le flot
soit resté très loin des records jusqu'au confluent avec le Tarn (4 m. 40 et
3 300 m3 à Toulouse1, contre 8 m. 32 et 8 000 m3 lors du cataclysme mons
trueux de juin 1875). Mais en aval du Tarn, dont la participation, due sur
tout à l'Agout, ne fut cependant que modérée (4 m. 45 à Montauban, contre
un record de 11 m. 50 en mars 1930), le sinistre fut bien plus imposant. Dire
qu'à Agen le maximum resta à 1 m. 32 au-dessous de celui de juin 1875
(6 500 à 7 000 m3, contre 8 500 m3), et à 0 m. 48 au-dessous de celui de
mars 1930 ne signifie en rien que la crue fut bénigne dans ce secteur, puisque
à Agen, dont les deux tiers furent inondés, la cote de débordement est à peu
près 7 m. et que le niveau atteignit 10 m. 38 ! En aval du Lot, la submers
ion commence aussi à peu près partout vers 6 m. 50 à, 7 m. 00. Or on eut,
avec 10 m. 26 à Tonneins (quelque 7 000 m3) et 10 m. 81 à La Réole,
seulement 46 et 44 cm. de moins que les records, lesquels appartiennent
1. Dans les conditions d'écoulement existant en 1875 et 1879, on aurait eu, semble-t-il,
4 m. 75. GRANDES INONDATIONS RÉGENTES 19
ici à mars 1930. D'ailleurs l'aggravation relative de la crue de février 1952
en aval du confluent avec le Lot tient, non à l'intervention de cette rivière
qui se gonfla encore bien moins que le Tarn, mais à la participation remar
quablement puissante et soutenue de la Baïse. D'une façon générale, celle-ci,
les autres rivières du Lannemezan (Gers, Save, Arrats), le Grand Hers,
affluent de l'Ariège, puis les petites rivières du creux aquitain vers Toul
ouse, à savoir Г Hers Mort, le Girou, le Touch, la Louge, etc., furent
dans tout le réseau les organismes les plus grossis par l'averse. Dans
17 h.
7 1
-
IV 5 -
3 - ANNALES DE GÉOGRAPHIE 20
mars 1930, ou la haute Garonne en juin 1875, ou le Lot en mars 1783, est
formidable, ou bien aucun élément principal ne se gonfle de façon très
impressionnante.
Les crues néfastes de type 10 m. ont eu lieu sept fois à Agen et plus
souvent en aval du Lot et de la Baïse depuis 1827. Et l'on n'imagine pas
10
4-56
Fig. 2. — Grande crue de la Garonne, en février 1952.
Les courbes indiquent les hauteurs (échelle à gauche, en mètres) atteintes, au cours des
journées du 1er au 7 février (marquées sur le cadre inférieur à la division correspondant à 12 h.),
par les eaux de la Garonne (G) à Cazères, Toulouse, Verdun, Malause, Agen, Marmande et
La Béole, et de ses affluents : Grand Hers (H) à Mazères, Save (S) à Lombez, Tarn (T) à Mon-
tauban, Gers (Gs) à Auch, Baïse (B) à Condom, Lot (L) à Cahors.
facilement quelle catastrophe résulterait de phénomènes en soi très impo
sants simultanés sur toutes les branches du réseau. Cette nocivité de la
Garonne a pour causes essentielles la rapidité de l'écoulement (fait dû au
caractère saillant du relief et à l'inclinaison des thalwegs) pour toutes les
branches principales du système, et la concentration de celui-ci, dessiné
de telle manière que les maxima de la haute Garonne, du Tarn et du Lot
tendent à coïncider ou à ne connaître entre eux, aux confluences, que des GRANDES INONDATIONS RÉCENTES 21
décalages très insuffisants. En outre, en février 1952, la longue durée des
étales sur les rivières plus courtes du Lannemezan a permis à celles-ci de
renforcer, par des débits encore peu diminués, et par conséquent moins
modérés que de coutume aux moments les plus critiques, le flot principal
de la Garonne.
Signalons encore que la crue de février 1952 se classe dans l'espèce
océanique pyrénéenne, par ses origines météorologiques, à savoir : l'extension
régionale de l'averse, surtout violente sur les Pyrénées, leur avant-pays et
la Montagne Noire ; puis l'origine ONO du vent qui charriait les nuages
pluvieux ; notons encore la tiédeur1 de l'air humide, ainsi poussé oblique
ment contre les Pyrénées, cet air de NO étant en réalité un flux tropical de
SO dévié. Ce genre de crues est le plus typique pour la Garonne. Mais celle-ci
connaît aussi des crues océaniques classiques, par vent d'OSO (comme en
mars 1927), avec poussées médiocres ou minimes de la haute Garonne, parti
cipation plus active du Tarn, et encore plus puissante du Lot, protagoniste
de ces drames. Enfin les crues méditerranéennes de plusieurs sous-catégories
(averses concentrées surtout sur les Cévennes ou sur la Montagne Noire,
ou englobant ces deux régions, et limitées à elles ou empiétant plus ou moins
profondément vers le NO, au delà du rebord Sud-oriental du Massif Central)
sont amenées par des vents pluvieux du SE. Et elles sont nulles ou insigni
fiantes à Toulouse, très fortes sur le Tarn et donc déjà sensibles à Agen, et
plus redoutables encore en aval du Lot qui y participe toujours, et assez
souvent avec violence. Mais pour la gravité sur la Garonne, l'inondation
de mars 1930 représente une rare exception, tellement elle a été supérieure
aux plus grandes crues précédentes de cette espèce.
Tableau I. — Cotes maxima de quelques crues garonnaises
classées par catégories.
Crues Crues
Crues méditerranéennes océaniques OCÉANIQUES
CLASSIQUES PYRENEENNES
Sept. Sept. Mars Janv. Mars Juin Févr. Févr. Record 1875 1900 1930 1912 1927 1875 1879 1952
1,00 1,05 0,73 2,35 8,32 Garonne à Toulouse 8,32 1,00 4,87 4,75
très très 10,30 8,60 6,40 4,60 3,00 faible Tarn à Millau 10,30 faible faible
7,85 4,60 11,49 4,10 7,10 6,50 4,70 4,45 Tarn à Montauban. 11,49 7,302 très rien 4,80 rien rien faible 5,00 5,14 Gers à Auch faible Juil. 1897
6,29 4,55 5,74 11,70 10,86 8,57 11,70 10,20 10,38 Garonne à Agen . .
très 16,06 Lot à Villeneuve. . 9,97 6,46 8,80 11,55 13,60 4,80 5,60 Mars 1783 faible
Garonne à Tonneins 10,72 7,50 5,27 10,72 8,88 10,02 9,97 10,56 10,26
1. En mai-juin, date la plus commune pour les grandes crues de ce type, l'air humide est
au contraire relativement frais.
2. Cote exagérée par des obstructions, semble-t-il.
3 * 22 ANNALES » DE GÉOGRAPHIE
Pour en revenir aux pluies pyrénéennes atlantiques de février 1952,
sig

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