Toxicité des médicaments anti-VIH sur le tissu adipeux à l origine des causes du syndrome mixte de lipodystrophie
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Niveau: Supérieur
MINISTERE DE LA JEUNESSE, DE L'EDUCATION NATIONALE ET DE LA RECHERCHE ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES Sciences de la Vie et de la Terre MEMOIRE Présenté par Christel GENTIL Pour l'obtention du diplôme de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes TITRE : Toxicité des médicaments anti-VIH sur le tissu adipeux à l'origine des causes du syndrome mixte de lipodystrophie Soutenu le devant le jury suivant : Dr Lacour Bernard - Président Dr Demignot Sylvie - Rapporteur Dr Feve Bruno - Examinateur Dr Carrière Véronique – Examinateur Dr Piétri-Rouxel France – Tuteur Scientifique Laboratoire de Pharmacologie Cellulaire et Moléculaire de l'EPHE Inserm U505 Centre de recherches biomédicales des cordeliers 15 rue de l'école de médecine 75006 Paris Laboratoire de : Institut Cochin Inserm U567, CNRS UMR8104, Université Paris 5 EPHE Banque de Monographies SVT 1

  • protéase virale

  • virus de l'immunodéficience humaine

  • préadipocytes exprimant le marqueur d'hypoxie hif1

  • syndrome de l'immunodéficience acquise

  • inhibiteurs de la protéase virale

  • u505 centre de recherches biomédicales des cordeliers

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MINISTERE DE LA JEUNESSE, DE L’EDUCATION NATIONALE ET DE LA RECHERCHE   ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES Sciences de la Vie et de la Terre    MEMOIRE  Présenté par  Christel GENTIL
  Pour l’obtention du diplôme de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes  TITRE : Toxicité des médicaments anti-VIH sur le tissu adipeux à l’origine des causes du syndrome mixte de lipodystrophie     Soutenu le devant le jury suivant :                              Dr Lacour Bernard - Président                 Dr Demignot Sylvie - Rapporteur  Dr Feve Bruno - Examinateur                                    Dr Carrière Véronique – Examinateur  Dr Piétri-Rouxel France – Tuteur Scientifique      Laboratoire de Pharmacologie Cellulaire et Moléculaire de l'EPHE Inserm U505 Centre de recherches biomédicales des cordeliers 15 rue de l'école de médecine 75006 Paris Sylvie.Demignot-u505@bhdc.jussieu.fr  Laboratoire de : Institut Cochin Inserm U567, CNRS UMR8104, Université Paris 5 pietri@genethon.fr  
ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES SCIENCE DE LA VIE ET DE LA TERRE
 TOXICITE DES DROGUES ANTI-VIH SUR LE TISSU ADIPEUX A L’ORIGINE DES CAUSES DU SYNDROME MIXTE DE LIPODYSTROPHIE                                                          Christel GENTIL   RESUME La trithérapie est le protocole le plus souvent utilisé dans la thérapie anti-VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine). Ce traitement est composé généralement d’un Inhibiteur de Protéase (Ip) et de deux inhibiteurs de la Reverse Transcriptase Nucleosidique (NRTI) ou Non Nucleosidique (NNRTI). Toutefois, un effet secondaire lié à la trithérapie, appelé syndrome de lipodystrophie, apparaît chez une large majorité des patients traités. Afin d’étudier les effets opposés du traitement (lipoatrophie et lipohypertrophie) en fonction du tissu adipeux touché, nous nous sommes intéressés au contexte métabolique des dépôts adipeux et plus particulièrement à la pression partielle d’oxygène (pO 2 ).  Nos études in vitro  ont été réalisées sur des cultures primaires d’adipocytes humains. Nous observons que les conditions de faible pO 2  (hypoxie) inhibent l’accumulation des triglycérides au cours de la différenciation adipocytaire et modulent l’expression de facteurs adipocytaires. De plus, nous montrons que la leptine est principalement exprimée dans les préadipocytes exprimant le marqueur d’hypoxie HIF1-a (Hypoxia Inductible factor 1). Ces résultats suggèrent que les variations de pO 2 peuvent agir sur le métabolisme lipidique. Nous nous sommes donc intéressés à la toxicité des NRTI en prenant en considération les différences de pO 2 . Nos résultats montrent, pour la première fois, des effets différentiels des NRTI en fonction de la pO 2 . En effet, ils induisent une forte déplétion de l’ADNmt uniquement en normoxie mais n’ont pas d’effet en hypoxie. De plus, ils lèvent l’inhibition de l’accumulation des triglycérides induite par l’hypoxie.  Si l’on considère que la pO 2  varie en fonction de la localisation anatomique, alors l’impact des traitements par les NRTI ne sera pas le même en fonction des dépôts adipeux touchés. Pour valider cette hypothèse dans un contexte plus physiologique, nous avons étudié l’expression d’ANGPTL4, adipokine montrée comme induite par l’hypoxie, sur des coupes de tissus adipeux issus de différentes localisations. Nos études montrent des différences d’expression d’ANGPTL4 entre les tissus, ce qui suggère que ces tissus ne se trouvaient pas dans le même état métabolique in vivo  et pourraient répondre par conséquent différemment au traitement par les NRTI.            Mots clés : Trithérapies anti-VIH, tissu adipeux, lipodystrophie, pression partielle d’oxygène Table des matières  1.Introduction                                                                             5  1.1 Le Syndrome d’ImmunoDéficience Acquise 5  1.1.1 Apparition et évolution de la maladie 5
1.1.2 Virus de l’Immunodéficience Humaine 5                 Structure du VIH  6 ·                 Cycle de multiplication viral  6 ·        1.2 Les thérapies anti-VIH  6  1.2.1 Les cocktails antiviraux 6 ·          Les inhibiteurs de la Réverse Transcriptase virale  6                           Les inhibiteurs de la Protéase virale  7 ·  1.2.2 Toxicités des cocktails antiviraux 7              1.3 Le syndrome de lipodystrophie 8                   1.3.1 La lipodystrophie : une redistribution anormale du tissu adipeux 8  1.3.2 La lipodystrophie : des troubles du métabolisme 9                                           1.4 Physiologie du tissu adipeux 9                                        1.4.1 Description 9 ·           Le tissu adipeux brun  9 ·           Le tissu adipeux blanc  10  1.4.2 Processus de différenciation adipocytaire 10  1.4.3 Métabolisme lipidique 12 ·           Apport des triglycérides et des acides gras par l’alimentation 12 ·           La lipogénèse de novo dans l’adipocyte 12 ·           Hydrolyse des triglycérides dans l’adipocyte 13  1.4.4 Le tissu adipeux : un organe endocrine 13 ·           Les adipokines 13 ·           Autres cytokines et hormones 14  1.4.5 Différences métaboliques entre les tissus adipeux issus de 15  localisations différentes          1.4.6 Influence de l’angiogénèse induite par l’hypoxie sur l’adipogénèse 16  1.4.7 Influence de l’oxygène sur le fonctionnement mitochondrial 17 ·    Les mitochondries 17 ·    La phosphorylation oxydative 18 ·    Production de ROS 18  1.5 Objectifs 19   
  
Abréviations 
ADD1 Adipocyte Determination and Differenciation factor 1 ADNc ADN complémentaire ANGPTL4 Angiopoïétine Like 4 AEC Amino ethylcarbazole ADN Acide Désoxyribonucléique ARN Acide Ribonucléique ATP Adenosine Tri Phosphate
AZT Azidothymidine BSA Albumine Bovine Serum C/EBPa CCAAT/Enhancer Binding Proteina CREB cAMP Response Element Binding protein CREM cAMP Response Element Modulator  ddC 2’3’ didésoxynucléoside           DFO Déféroxamine mésylate DHODH Dihydroorotate déshydrogénase    EAO Espèces actives de l’oxygène EDTA Ethylene Diamine Tetraacetic Acid  FIZZ   Found in Inflammatory Zone  Gp Glycoprotéine HIF Hypoxia Inductible Factor-1 IBMX 3-Isobutyl-1-Méthylxanthine Il Interleukine IP Inhibiteur de Protéase KID Kinase Inductible Domain MCP-1 Monocyte Chemoattractant Protein 1 NNRTI Non Nucleoside Reverse Transcriptase Inhibitors  NRTI Nucleoside Reverse Transcriptase Inhibitors PAF Paraformaldéhyde PBS Phosphate Buffered Saline PCR Polymerase Chain Reaction PAI-1 Plasminogen-Activator Inhibitor-1 PKA Protéine Kinase A pO 2  Pression partielle en Oxygène PPARg     Peroxisomes Proliferator Activated Receptorg RT Reverse Transcriptase SIDA Syndrome de l’Immunodéficience Acquise SREBP-1 Sterol Regulatory Element Binding Protein-1 SV Sérum de Veau Fœtal F TNFa   Tumor Necrosis factor-a UCP-1 Uncoupling protein-1 VEGF Vascular Endothelial Growth Factor VIH Virus de l’Immunodéficience Humaine                                                          1.1 Le Syndrome d'ImmunoDéficience Acquise (SIDA)  1.1.1 Apparition et évolution de la maladie  C'est le 5 juin 1981 que le bulletin des centres de contrôle et de prévention des maladies des Etats-Unis a signalé les cinq premières personnes atteintes d'une forme de maladie rare, connue
1. Introduction
aujourd'hui sous le sigle SIDA (Syndrome d'immunodéficience Acquise) et dont le système immunitaire était complètement détruit. Par la suite, les découvertes se sont succédées. En 1983, les chercheurs identifiaient le virus responsable du syndrome et dès 1985, le premier test de dépistage sérologique était commercialisé. Les premiers essais cliniques avec l'AZT (Zidovudine), inhibiteur de la réverse transcriptase virale, ont débuté en 1986 mais le découragement fut total lorsque les chercheurs se sont aperçus que le virus mutait et échappait donc au traitement. Il fallut attendre 1996 avec l'arrivée des inhibiteurs de la protéase virale pour redonner un peu d'espoir aux malades. En effet, la combinaison des inhibiteurs de la réverse transcriptase virale associés aux inhibiteurs de la protéase virale entraîna une baisse de la mortalité de plus de 80%. Cependant, vingt ans après, la maladie perdure, vingt millions de personnes sont décédées à travers le monde et quarante millions vivent aujourd’hui avec le virus.  1.1.2     Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH)           L'agent responsable du SIDA est le Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH). C'est un rétrovirus appartenant à la sous-famille des lentivirus. Les isolats peuvent être divisés en deux types, VIH-1 et VIH-2 selon leurs propriétés sérologiques et leurs séquences génomiques.       ·      Structure du virus La capside virale est à symétrie icosaédrique, de 110 à 120 nm de diamètre comprenant deux copies identiques d'ARN simple brin positif, de 9,2 kb. L’enveloppe du virus est constituée d’une bicouche lipidique d’origine cellulaire hérissée de spicules glycoprotéiques, la gp41 et la gp120.  ·      Cycle de multiplication viral Les principales cibles du VIH sont les lymphocytes exprimant le récepteur CD4 à leur surface. Le cycle viral débute par la liaison spécifique de la glycoprotéine d’enveloppe virale, la gp120, au récepteur CD4 présent sur la cellule cible. Le changement de conformation de la gp120 induit le changement conformationel d'une autre protéine virale, la gp41, qui permet l'introduction du contenu de la capside dans le cytoplasme de la cellule. L’ARN viral peut alors être rétrotranscrit en ADN complémentaire (ADNc) grâce à la réverse transcriptase virale. L’ADNc est ensuite intégré au génome cellulaire grâce à l’intégrase virale. Il est transcrit puis traduit en polyprotéines qui seront clivées par la protéase virale. Le matériel viral est encapsidé puis bourgeonne à la membrane cellulaire. La protéase virale agit à nouveau en permettant la maturation des virions qui seront libérés à l’extérieur de la cellule.  
    L se inhibiteurs del aP orétsaev riale
1.2     Les thérapies anti-VIH  Au vu de la grande variabilité du virus VIH ainsi que de son tropisme pour les cellules du système immunitaire, les chercheurs se sont orientés vers une stratégie thérapeutique visant le cycle de multiplication du virus. Dès 1986, les premiers inhibiteurs de la réverse transcriptase étaient testés. Les inhibiteurs de la protéase virale quant à eux, ne virent le jour que 10 ans après. L’utilisation de l’association de ces deux classes de médicament a entraîné une nette augmentation de l'efficacité du traitement.  1.2.1 Les cocktails antiviraux  ·      Les inhibiteurs de la Réverse Transcriptase virale   Les inhibiteurs de la réverse transcriptase virale sont des analogues nucléosidiques (Nucleoside Reverse Transcriptase Inhibitors ou NRTI) ou non nucléosidiques (NNRTI). Les analogues nucléosidiques agissent par inhibition compétitive avec les nucléosides endogènes au niveau du site de fixation de la transcriptase inverse, s’opposant à la synthèse d’ADNc viral. Les analogues non nucléosidiques agissent en se fixant au niveau d’un site très proche du site catalytique de la transcriptase inverse. Ce sont des inhibiteurs non compétitifs.  ·  Les inhibiteurs de la protéase virale (IPs) agissent en se fixant sur le site actif de l’enzyme et bloquent la phase tardive de maturation virale intracellulaire. L’absence de protéase fonctionnelle aboutit à des particules virales non infectieuses. Les premiers traitements étaient composés des NRTI et/ou des NNRTI seuls. Mais l'étude des propriétés de la réverse transcriptase a permis de montrer qu'elle ne possédait pas de mécanisme de correction. Il émergeait ainsi des virus mutants à la fin de chaque cycle de multiplication permettant une dérive progressive de la population virale et l'émergence de particules virales résistantes aux antirétroviraux. Les IPs sont venus renforcer l’efficacité du traitement et ont permis de limiter ce phénomène de résistance. La trithérapie à base d'un ou deux NRTI ou NNRTI associés à un IP constitue actuellement le traitement anti-rétroviral de base largement utilisé à travers le monde développé. Mais malgré une capacité réelle à améliorer l’état de santé des malades, à rétablir une fonction immunitaire satisfaisante avec des taux de CD4 subnormaux et à contrôler la réplication virale avec des charges virales qui peuvent devenir indétectables, les trithérapies ne guérissent pas de l’infection par le VIH. En effet, il existe des réservoirs viraux dans lesquels le virus est en état de latence et est ainsi à l'abri des traitements. De plus, les antiviraux présentent tous une certaine toxicité pour l’organisme et sont responsables d’importants effets secondaires.   1.2.2     Toxicités des cocktails antiviraux
        Les effets secondaires sont variés, bénins ou graves et diffèrent selon le moment de leur apparition et le type ou la classe de molécules utilisées. Les effets secondaires transitoires comme les nausées, les troubles digestifs, les vertiges, la sécheresse cutanée ou autres désagréments disparaissent en général rapidement. A moyen terme, il a été observé une toxicité mitochondriale induite par les NRTI (Martin, Hammond et al. 2003). Les NRTI sont conçus pour inhiber la réverse transcriptase virale du VIH, mais ils inhibent également une enzyme humaine, appelée polyméraseg mitochondriale, qui est nécessaire à la réplication de l’ADN mitochondrial (ADNmt). Une erreur du nombre de copies de l’ADNmt peut être provoquée par une exposition prolongée des patients VIH à ces agents antiviraux, il se produit alors une déplétion de l’ADNmt. Enfin, les effets à long terme le plus souvent permanents, se présentent sous la forme de troubles du métabolisme des lipides avec modification de la répartition des graisses nommé syndrome de lipodystrophie.  Dans le travail présenté dans ce rapport, nous nous intéresserons particulièrement au syndrome de lipodystrophie.  1.3     Le syndrome de lipodystrophie Il s’agit là d’un problème de santé publique, environ 50% des patients traités par les trithérapies sont touchés par ce syndrome dont les effets sont irréversibles. La vie sociale des patients s’en trouve perturbée et leur santé menacée. Ce syndrome a été dans un premier temps, associé à la prise des IPs mais aujourd’hui des patients sous NRTI seuls développent aussi une lipodystrophie.              1.3.1 La lipodystrophie: une redistribution anormale du tissu adipeux  La lipodystrophie se caractérise par une redistribution anormale du tissu adipeux. Il peut s’agir d’une lipoatrophie se caractérisant par une fonte adipeuse au niveau des membres induisant une visualisation anormale des veines et des muscles. On retrouve aussi une atrophie des boules de Bichat donnant au visage un aspect émacié. La persistance de la masse musculaire avec une force conservée est caractéristique, et permet de distinguer cette disparition du tissu adipeux de celle observée en cas de dénutrition. A cette disparition du tissu adipeux, peut être associée une lipohypertrophie située dans d’autres zones anatomiques. On assiste alors à une augmentation du tissu adipeux intrapéritonéal, cervico-dorsal et mammaire. Enfin, les deux phénotypes peuvent être associés chez un même patient. Il s’agit alors de la forme mixte de lipodystrophie. Malheureusement, on ne peut déterminer la chronologie d’apparition des hypertrophies et hypotrophies. Le processus d’atrophie paraît seulement dominant et durable avec une tendance à l’aggravation.    
1.3.2 La lipodystrophie: des troubles du métabolisme
 Sont associés à cette redistribution du tissu adipeux, de nombreux désordres métaboliques :  * Métabolisme glucidique: Les troubles de la glycorégulation sont particulièrement fréquents. On décrit des cas de diabètes de type II non-insulino dépendant sous inhibiteurs de la protéase virale chez au moins 5% des patients, un état d’insulinorésistance chez 30% des patients ou une intolérance aux hydrates de carbone (Louvain Med. 121 :200-204, 2002). * Métabolisme lipidique: On retrouve chez 30 à 40% des patients, une hypertriglycéridémie due à une augmentation de la synthèse des triglycérides, à une diminution de leur clairance et à une diminution de l’activité de la lipoprotéine lipase (Louvain Med. 121 :200-204, 2002).  Même s’il est encore difficile d’identifier précisément les cibles des molécules anti-virales, on peut néanmoins affirmer que le tissu adipeux est impliqué directement dans l’établissement du syndrome de la lipodystrophie. Son étude dans un contexte physiopathologique est primordiale afin de mieux adapter les traitements.                                                                                                                               1.4 Physiologie du tissu adipeux  1.4.1 Description  Le tissu adipeux qui apparaît faiblement au cours du deuxième trimestre de la grossesse puis plus fortement au cours du dernier trimestre (Poissonnet, Burdi et al. 1983) se développe essentiellement après la naissance. Il est principalement un tissu de stockage des triglycérides et est impliqué dans l’homéostasie lipidique. Ce tissu représente environ 20% de la masse corporelle totale d'une personne mince et son développement constitue un processus physiologique nécessaire. Il est constitué majoritairement de deux types de tissus.  ·      Le tissu adipeux brun Surtout abondant chez les mammifères hibernants, le tissu adipeux brun est néanmoins présent dans l’espèce humaine, principalement au début de la vie. Chez le fœtus et le nouveau-né, il se répartit dans la région interscapulaire, autour des gros vaisseaux, autour des reins et du cœur. Le tissu adipeux brun possède une fonction de thermogénèse dépendant de l’expression dans la mitochondrie de UCP-1 (uncoupling protein-1). UCP-1 a pour fonction de découpler la chaîne respiratoire de la synthèse d’ATP par dissipation du gradient de protons sous forme de chaleur. (Matthias, Jacobsson et al. 1999); (Boss, Muzzin et al. 1998). Sa localisation au contact immédiat des principaux vaisseaux sanguins facilite la diffusion dans tout l’organisme de la chaleur qu’il produit. Les adipocytes bruns ont un noyau central et un cytoplasme rempli de petites vacuoles lipidiques et de nombreuses mitochondries.  ·      Le tissu adipeux blanc Le tissu adipeux blanc constitue la majorité de la masse adipeuse chez l’homme adulte. C’est un tissu dynamique en perpétuel remaniement et biologiquement très actif, participant à la régulation de l’homéostasie énergétique. Les adipocytes du tissu adipeux blanc sont des cellules sphériques, d’un
diamètre d’une centaine de micromètres en moyenne. Leur cytoplasme renferme une volumineuse vacuole lipidique, entourée par une mince couronne cytoplasmique contenant un appareil de Golgi, du réticulum endoplasmique granulaire, du réticulum endoplasmique lisse et des mitochondries.  1.4.2 Processus de différenciation adipocytaire  Les précurseurs des adipocytes (adipoblastes) sont des cellules mésenchymateuses qui sont des précurseurs communs aux chondroblastes, ostéoblastes et myoblastes. La première étape d'engagement mène l'adipoblaste au préadipocyte capable de proliférer. Les préadipocytes se différencient selon un processus séquentiel en adipocytes. Les principaux facteurs de transcription impliqués dans de ce processus sont les membres de la famille CREB (cAMP Response Element Binding protein), les CCAAT/Enhancer binding Proteina (C/EBPa), le Peroxisome Proliferator Activated Receptorg (PPARg) et le Sterol Regulatory Element Binding Protein-1 (SREBP-1) (Feve 2005).  * La famille des facteurs CREB (cAMP Response Element Binding protein) comprend un large groupe de protéines qui peuvent être regroupées en trois sous-familles. Les facteurs ATF (Activating Transcription Factors), CREB et CREM (cAMP Response Elément Modulator). La structure primaire des membres de la famille CREB révèle un domaine kinase inductible (KID), qui contient un site de phosphorylation PKA. La phosphorylation de ces facteurs régule leur activité et module l'expression de gènes cellulaires en réponse aux facteurs de croissance (Reusch, Colton et al. 2000).  * Les C/EBPs (CCAAT/ Enhancer Binding Proteina) sont des facteurs de transcription qui appartiennent à la famille des leucine-zipper de type basique. Six isoformes ont été décrits, formés à partir d'un domaine bZIP hautement conservé. C/EBP beta et delta interviennent précocement dans la mise en place de la différentiation avec SREBP alors que CEBP alpha joue un rôle dans les stades plus tardifs en maintenant l’expression de PPARg (Darlington, Ross et al. 1998); (Ramji and Foka 2002).  * Les SREBPs ( Facteurs Sterol Regulatory Element Binding Protein) sont des facteurs de transcription qui appartiennent à la famille leucine-zipper double hélice de type basique. Trois membres ont été décrits mais seul SREBP1 est retrouvé dans le tissu adipeux initialement nommé ADD1 (Adipocyte determination and differenciation factor 1). SREBP1 est induit précocement au cours de la différentiation adipocytaire (Eberle, Hegarty et al. 2004).  * PPAR g  (Peroxisome Proliferator Activated Receptorg) est un facteur de transcription qui appartient à la superfamille des récepteurs nucléaires des hormones thyroïdiennes, de la vitamine D et de l'acide rétinoïque. PPARg existe sous deux isoformes, PPARg1 et PPARg2, ce dernier étant la forme la plus abondante dans le tissu adipeux. Après activation par liaison avec ses ligands
physiologiques, les molécules de la famille des prostaglandines, il forme un hétérodimère avec les récepteurs de l'acide rétinoïque 9-cis (RXR). Il se lie alors à la région régulatrice d'un certain nombre de gènes adipocytaires et en contrôle la transcription. PPARg joue ainsi un rôle clé  dans la différenciation  adipocytaire et dans le développement du tissu adipeux, (Lazar 2005), raison pour laquelle nous nous intéresserons davantage à ce facteur lors de nos analyses de la différenciation adipocytaire.   L'expression séquentielle de ces facteurs de transcription conduit à l’expression de gènes permettant l'acquisition par l'adipocyte de fonctions caractéristiques comme la capacité à synthétiser et à hydrolyser les triglycérides mais aussi à sécréter des adipokines comme la leptine et l’adiponectine (Rangwala and Lazar 2000).     1.4.3 Métabolisme lipidique        e tissu adipeux est doté d'une très grande plasticité tissulaire. Il est en effet capable de    L modifier sa composition cellulaire au cours de la vie d'un individu. La croissance du tissu adipeux peut s'effectuer grâce au recrutement de nouveaux adipocytes issus de précurseurs, il s'agit de l'hyperplasie, ou par l'augmentation de la quantité de triglycérides par adipocyte déjà existant, c’est l’hypertrophie.  Le tissu adipeux blanc renferme la quasi-totalité des triglycérides stockés dans l’organisme. Les triglycérides peuvent soit être apportés par l’alimentation ou bien, être synthétisés de novo  par l’adipocyte.  Apport des triglycérides par l’alimentation En période absorptive, les triglycérides de l’alimentation sont émulsifiés par l’action des acides biliaires, puis digérés dans l’intestin par la lipase pancréatique en acides gras libres. Après internement de ces composés, l’entérocyte reforme des triglycérides et les intègre dans les chylomicrons qui sont exportés dans la circulation. En période post-absorptive, la glycémie diminue, ce qui interrompt la sécrétion d’insuline et stimule celle du glucagon et de l’adrénaline. Tous deux activent leurs récepteurs spécifiques et augmentent la concentration cytosolique en AMPc. La lipoprotéine lipase endothéliale, particulièrement active dans les vaisseaux capillaires du tissu adipeux, hydrolyse le contenu en triglycérides des chylomicrons en acides gras libres. Ceux-ci sont transportés dans le sang dans des poches hydrophobes d’une protéine sanguine, l’albumine. Les complexes albumine–acides gras sont endocytés par le foie, les muscles et d’autres tissus où ils sont soumis selon les besoins, àune dégradation oxydative ou réestérifiés en triglycérides.  
La lipogénèse de novo  dans l’adipocyte Dans l’adipocyte, la fixation de l’insuline sur son récepteur membranaire spécifique stimule la transcription du gène codant pour GLUT4. Grâce à deux protéines transmembranaires qui servent de transporteurs, GLUT1 et GLUT4, le glucose pénètre dans l’adipocyte par diffusion facilitée. Le glucose est d’une part, dégradé en pyruvate par la voie de la glycolyse dans le cytoplasme et le pyruvate est carboxylé par la pyruvate carboxylase avec formation de l’oxaloacétate dans la mitochondrie. L’oxaloacétate se condense à l’acétyl-CoA pour former du citrate capable de traverser la membrane mitochondriale interne. Sous l’action d’une citrate synthase ATP-dépendante, le citrate est clivé afin d’assurer la régénération du pyruvate. D’autre part, le glucose initie la synthèse des triglycérides qui débute par la réaction de deux acyl-CoA sur le glycérol 3-P pour donner l’acide phosphatidique. Un hydrolase permet la formation de diacylglycérol qui réagit enfin avec un acyl-CoA pour donner le triglycéride.  Hydrolyse des triglycérides  dans l’adipocyte L’utilisation des triglycérides comme source d’énergie débute par une hydrolyse par les lipases qui libèrent le glycérol, et les acides gras. Le glycérol peut être réutilisé comme précurseur de la synthèse des lipides ou du glucose. Les acides gras sont ensuite activés par l’acyl-CoA synthétase puis dégradés par b-oxydation avec formation d’un NADH, d’un FADH 2  et d’un acétyl-CoA. Les acétyl-CoA sont complètement oxydés en CO 2 dans le cycle de Krebs.  Ces dernières années, la mise en évidence du rôle endocrine et sécrétoire du tissu adipeux en fait un acteur essentiel dans de nombreuses réponses physiologiques de l’organisme.   1.4.4 Le tissu adipeux: un organe endocrine   Les adipocytes blancs sont des cellules endocrines, autocrines, paracrines de facteurs hormonaux et de cytokines (Ailhaud 2000). Ces facteurs, les adipokines, modulent l’état de différenciation, la prolifération et l’apoptose cellulaire ainsi que l’expression des enzymes intervenant dans le métabolisme lipidique.  ·      Les adipokines -La leptine est une protéine de 16 kDa codée par le gène ob . Les adipocytes sont les plus grands producteurs de leptine et sa concentration plasmatique est directement proportionnelle à la masse adipeuse. Son rôle essentiel est le contrôle de la prise alimentaire. En effet, des souris présentant des mutations entraînant l’absence de leptine ou de son récepteur sont obèses. D’autre part, elle a été décrite comme pouvant jouer un rôle dans les réponses immunes et inflammatoires. Enfin, la leptine présente un caractère pro-angiogénique. En effet, elle a été montrée comme interagissant avec les cellules endothéliales par des récepteurs spécifiques et ainsi module la croissance cellulaire et le
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