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INSTITUT UNIVERSITAIRE DE FORMATION DES MAITRES DE L’ACADÉMIE DE LYON
CENTRE LOCAL DE SAINT ETIENNE
CONCOURS DE RECRUTEMENT PROFESSEUR CERTIFIÉ
L’ORALISATION DE LA POESIE
Comment développer l’oralisation de la poésie, en classe de seconde, à travers deux groupements de textes ?
Patrick Héritier
Lettres Modernes Sous la direction de Mme Agnès Castiglione.
1999-2000
Introduction
SOMMAIRE
I / Présentation du projet a) Le constat du problème b) Un écrit qui se dit c) Les objectifs et lesInstructions Officielles d) La démarche adoptée et son inscription dans le projet pédagogique
II/ Organisation et progression des séquences a) Présentation tabulaire de la première séquence b) Commentaire de la séquence et déroulement c) Présentation tabulaire de la deuxième séquence d) Commentaire de la séquence et déroulement
III / Bilan et analyse critique a) Les évaluations, les compétences développées et les réussites b) Les difficultés rencontrées et les limites c) Si c’était à refaire : les solutions éventuelles
Conclusion
Références bibliographiques et bibliographie
Annexes
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INTRODUCTION
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Lorsque j’ai abordé pour la première fois la poésie avec mes élèves, ceux-ci ont manifesté un réel dynamisme pour lire le poème, dans la mesure où beaucoup se portaient volontaires, mais un certain manque d’enthousiasme à l’idée que nous allions étudier de la poésie pendant deux mois environ. Derrière la lecture qui était proposée des sonnets du XVI e siècle, j’ai aussitôt mesuré la nécessité de travailler l’aspect oral de la poésie, qui est souvent occulté de notre enseignement, alors qu’un réel besoin existe en la matière. Cette classe de seconde avait fait preuve de résultats tout à fait honorables lors de l’évaluation de début d’année et lors de la séquence initiale de révisions sur les types de texte. Il s’agissait en effet d’une classe à dominante européenne, composée de 32 élèves de niveau assez homogène, à quelques exceptions près. Ces élèves manifestaient d’emblée une certaine vivacité d’esprit et une certaine subtilité dans les raisonnements qui allaient me permettre un certain niveau d’exigence. Néanmoins comment expliquer un tel « renoncement » devant la poésie et une telle artificialité de sa lecture ? Cette réaction a été pour moi assez déterminante, en ce sens que j’espérais modifier cette attitude et montrer aux élèves un aspect de la poésie qui paraît évident mais que l’on aborde peu : l’oralisation. J’étais donc amené à me demander comment développer l’oralisation de la poésie, en classe de seconde, à travers deux groupements de texte ? Il importe à ce point de notre étude de préciser ce que nous devons entendre par « oralisation ». Nous pourrions aussi bien parler de diction ou de prononciation mais ces termes sont à mon sens un peu réducteurs par rapport à ce que j’avais l’intention de développer chez les élèves. La diction se définit en effet, d’après le dictionnaire Robert, comme « la manière de dire, quant au choix et à l’agencement des mots. » En ce sens elle s’apparente au style ou à l’élocution. La prononciation, quant à elle, est définie comme « la manière dont les phonèmes sont articulés, dont un mot est prononcé (…) la manière d’articuler, de prononcer. (…) l’art, la manière de prononcer les mots d’une langue conformément aux règles, à l’usage ». En revanche, au verbe « oraliser » , nous trouvons la définition suivante : « dire à voix haute un texte lu ou appris ». L’oralisation fait donc bien appel à la manière de prononcer, au style, donc elle est diction et prononciation mais elle suppose avant tout un passage par la voix. C’est la transformation d’un texte écrit en texte dit, par l’intermédiaire de la voix, qui inscrit donc ce texte dans un corps et une subjectivité. Il s’avérait donc plus facile, lors de la lecture des élèves, de repérer les lacunes que d’y remédier. Aussi décidai-je de travailler dans le temps, en inscrivant mes efforts dans deux séquences sur la poésie. Mais il importait de bien connaître le problème avant d’y remédier. Dans
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un premier temps, je m’attacherai donc à présenter mon projet, en faisant le point sur ce qu’était
au départ l’oralisation de la poésie en classe, et ce qu’elle aurait dû être, afin de mettre en
évidence ma démarche. Puis je développerai le contenu de mes deux séquences sur la poésie,
avant d’en établir un bilan critique mettant en lumière les points forts de la démarche et ses
limites, tout en envisageant d’éventuelles remédiations à ces limites et aux problèmes subsistants.
I. Présentation du projet
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a) sources du projet : le constat du problèmeAux 1. Les symptômes Après avoir réalisé une séquence de révisions sur les différents types de textes, en tout début d’année, j’ai décidé de mener une séquence sur la poésie du XVIe siècle. Or dès la lecture du premier poème du corpus, « Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle », de Ronsard, j’ai pu remarquer que les élèves éprouvaient quelques difficultés pour lire ce sonnet, difficultés de natures différentes, qui se sont confirmées à la lecture du deuxième sonnet étudié de Ronsard, « Je vous envoie un bouquet ». Les principales lacunes concernaient tout d’abord les liaisons entre les mots : certaines liaisons n’étaient pas réalisées, comme au onzième vers : « Vous serez au foyer une vieille accroupie », ou encore au treizième vers du poème : « Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain ». Mais le phénomène inverse se produit parfois, quoique je ne l’ai pas constaté dans l’étude du premier sonnet de Ronsard : certaines liaisons sont faites alors qu’elles n’ont pas lieu de l’être. Une autre difficulté tient au phénomène du « e muet », dont la non-prononciation entraîne inévitablement un déséquilibre dans le rythme du vers et perturbe le décompte des syllabes. J’ai encore été sensible au rythme de la diction des élèves qui devaient lire à voix haute ce poème. La lecture était, chez deux élèves sur les trois qui lisaient, beaucoup trop rapide. Ce problème s’est amplifié à la récitation du premier sonnet. Un autre problème, lié au précédent toutefois, concerne le respect de la ponctuation : certains élèves ne marquaient pas une pause suffisamment longue pour le point et le point virgule, ou ne tenaient pas compte de la présence de virgules, ou encore enchaînaient des phrases de façon incohérente, perturbant ainsi la compréhension du texte. Prenons pour exemple le deuxième sonnet abordé, « Je vous envoie un bouquet » de Ronsard . Un élève qui lisait ce texte a enchaîné les vers 2 et 3, puis marqué une pause après ce vers 3 : « Je vous envoie un bouquet que ma main Vient de trier de ces fleurs épanies—Qui ne les eût à ce vespre cueillies (pause) Chutes à terre elles fussent demain ». Ce non respect de la ponctuation a donc pour effet d’entraîner une rupture du sens en associant les deux vers qui ont pourtant deux sujets différents et de provoquer l’isolement du vers 4. Je peux citer aussi dès à présent un problème relatif au poème d’Apollinaire, « Le Pont Mirabeau », même si cette difficulté concerne le deuxième groupement de textes, donc la deuxième séquence. Il s’agit du problème de la diérèse, dû cette fois à une méconnaissance du phénomène chez les élèves. Enfin on peut déplorer le caractère artificiel de la diction poétique ; mais il s’agit d’une difficulté fréquente chez les élèves. Beaucoup de poèmes sont prononcés comme par obligation, parce que le professeur le demande, donc sur un ton complètement artificiel, voire contraire au
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sens du poème, et qui manifeste une véritable distance entre le texte et son lecteur. Or on ne lit pas un poème lyrique dont le thème principal est l’amour comme on lit l’annuaire téléphonique ou l’enseigne d’une boutique . Dans la mesure où la poésie est une affaire de sentiments, il est nécessaire de les montrer , de les faire surgir dans sa lecture ou sa récitation. Ce phénomène, quoique facilement repérable, trouve plus difficilement une remédiation, dans la mesure où il est question d’une mise en voix, donc d’une mise en corps, et d’une adhésion entre le texte et son lecteur, de ce que j’ose appeler un investissement personnel. Le lecteur de poésie, comme au théâtre, doit effectivement prêter son corps au poème, comme le confirme Alain Frontier, dansLa Poésie: « faire entendre sa voix, c’est en effet montrer son corps ; c’est reconnaître que l’esprit se commet avec la matière… »1. Ces difficultés, qui transparaissaient à la lecture des textes, étaient généralement amplifiées lors de leur récitation.
2. La recherche des causes Ayant donc observé un certain nombre de « symptômes », j’ai décidé ensuite de chercher les causes de ces problèmes afin d’y remédier le plus efficacement possible. Par conséquent, j’ai procédé à un petit sondage écrit des élèves de cinq classes différentes : des élèves de seconde, dont la mienne, et des élèves de première. Ce bref sondage avait pour support un questionnaire à compléter dans un délai d’une semaine, avec les questions suivantes : 1) Pour vous, qu’est-ce que la poésie ? 2) En lisez-vous, en dehors des études en classe ? Pourquoi ? 3) Quel est le poète / le mouvement que vous préférez ? 4) Quels sont les poètes / mouvements que vous avez le plus étudiés dans votre scolarité ? 5) Au moyen de quels exercices les avez-vous abordés ? 6) arrive-t-il d’écrire de la poésie ?Vous Il s’est avéré qu’en dehors des cours rares sont les élèves qui lisent de la poésie par plaisir personnel alors que plus nombreux sont ceux qui en écrivent. En ce qui concerne la définition personnelle de la poésie (question 1) beaucoup de réponses mentionnaient l’expression de sentiments, des jeux de mots, des figures stylistiques, des images, mais peu mentionnaient le caractère oral de ce genre, abordé surtout par le biais des récitations et des explications de textes à l’école. J’ai mis en rapport ces résultats avec la revuePratiquesdu mois de mars 1997. Or cette confrontation a montré que ces résultats confirmaient réellement ceux émis par la revue en question : les auteurs les plus étudiés sont Baudelaire, Hugo, Verhaeren, Vigny et Lamartine, et les pratiques poétiques sont essentiellement « l’audition de textes poétiques, [la] récitation, [les] jeux d’écriture, [la] lecture de plus en plus « méthodique » de poèmes2 » .
                                               1Alain Frontier,La poésie, Collection sujets, Belin, p. 338. 2 Pratiques, n° 93, mars 1997, p. 21
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