La gestion du risque accidents du travail et maladies professionnelles
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Description

Dans une première partie, le rapport de la Cour des comptes traite de l'évolution des risques professionnels et des limites de leur connaissance. Une deuxième partie évoque la contribution des régimes de sécurité sociale à la prévention. Les parties suivantes présentent le système de la réparation pour les victimes d'accident du travail, les résultats financiers et les outils de gestion et enfin l'organisation générale de l'action des pouvoirs publics et de la sécurité sociale contre les risques professionnels.

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Publié le 01 février 2002
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

COUR DES COMPTES
__________
LA GESTION DU RISQUE ACCIDENTS DU TRAVAIL ET MALADIES PROFESSIONNELLES _______
RAPPORT AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE SUIVI DES RÉPONSES DES ADMINISTRATIONS ET DES ORGANISMES INTÉRESSÉS
FÉVRIER 2002
Sommaire
Délibéré........................................................................................................................
Introduction et présentation générale du système de prévention et de réparation...............................................................................................................
IDéfinitions.......................................................................................................... IIHistorique........................................................................................................... III  Les différents régimes ........................................................................................ IV  Une branche particulière du régime général ...................................................... V  Des règles spécifiques de financement .............................................................. VI  Le cadre densemble dans lequel interviennent les organismes de sécurité sociale et les responsabilités des divers intervenants ........................................
Chapitre I :Lévolution des risques professionnels et les limites de leur connaissance................................................................................................................
I  Lévolution des risques dans les statistiques de la CNAMTS et de la MSA .... II  Les limites des systèmes statistiques et des connaissances disponibles............ Chapitre II : La contribution des régimes de sécurité sociale à la prévention.....
ILescotisations.................................................................................................... II  Les actions du régime général et de la MSA en faveur de la prévention .......... III  LInstitut national de recherche et de sécurité (INRS) ...................................... IV Laction de prévention face aux risques induits par lamiante ..........................
Chapitre III : La réparation......................................................................................
I Les procédures de déclaration, de reconnaissance et dindemnisation ............. II  La nature et les modalités de la réparation.........................................................
Chapitre IV : Les résultats financiers et les outils de gestion................................
I  Les résultats financiers ....................................................................................... IILesoutilsdegestion...........................................................................................
Chapitre V : Lorganisation générale de laction des pouvoirs publics et de la sécurité sociale contre les risques professionnels.......................................
I  Lorganisation et la coordination au plan national ............................................ II  La coordination régionale et locale ....................................................................
Conclusion générale....................................................................................................
Liste des abréviations.................................................................................................
Glossaire....................................................................................................................... Réponses des administrations et des organismes concernés...................................
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DÉLIBÉRÉ _____
La Cour des comptes publie, sous la forme dun fascicule séparé, un rapport concernant LA GESTION DU RISQUE ACCIDENTS DU TRAVAIL ET MALADIES PROFESSIONNELLES. Conformément aux dispositions législatives et réglementaires du code des juridictions financières, la Cour des comptes, délibérant en chambre du conseil, a adopté le présent rapport public. Ce texte a été arrêté au vu du projet qui avait été communiqué au préalable, en totalité ou par extraits, aux administrations et organismes concernés, et après quil a été tenu compte, quand il y avait lieu, des réponses fournies par ceux-ci. En application des dispositions précitées, ces réponses sont publiées ; elles engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Etaient présents : M. Logerot, premier président, MM. Marmot, Berger, Mignot, Ménasseyre, Collinet, Delafosse, Gastinel, présidents de chambre, MM. Mathieu, Blondel, Chartier, Limouzin-Lamothe, Capdeboscq, Murret-Labarthe, Sallois, Carrez, Vianès, Giquel, Mme Legras, MM. Bonacossa, Bady, Billaud, Recoules, de Mourgues, Malingre, Paugam, Babusiaux, Mayaud, Hespel, Richard, Devaux, Bayle, Bouquet, Adhémar, Mme Boutin, MM. Chabrol, Picq, Ganser, X-H. Martin, Bertrand, Silberzhan, Mme Cornette, MM. Lefoulon, Cardon, Thérond, Mme Ruellan, M. Pallot, Mme Bellon, MM. Gasse, Frèches, Duchadeuil, Attali, Moulin, Mme Bazy-Malaurie, MM. Raynal, Thélot, Lesouhaitier, Lefas, Mme Pappalardo, MM. Gauron, Lafaure, Dieffenbacher, Banquey, Braunstein, Auger, Delin, conseillers maîtres, MM. Fernet, David, Rannou, Lazar, dAlbis, conseillers maîtres en service extraordinaire, M. Cieutat, conseiller maître, rapporteur général. Etait présente et a participé aux débats, Mme Gisserot, procureur général de la République, assistée de M. Frentz, avocat général.
M. Ory-Lavollée, secrétaire général, assurait le secrétariat de la chambre du conseil.
Na pas pris part aux délibérations : M. Briet.
Fait à la Cour, 7 février 2002.
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COUR DES COMPTES
Intr
oduction
et
présentation générale du système de prévention et de réparation
COUR DES COMPTES _____________________________________________________________
En 1999, dernière année pour laquelle les chiffres ont été publiés, 717 000 accidents du travail entraînant plus dun jour darrêt de travail, 89 000 accidents sur le trajet entre le domicile et le lieu de travail, et 24 000 maladies professionnelles ont été reconnus. Parmi les premiers, 46 700 étaient considérés comme graves et 717 avaient été mortels. Parmi les seconds, 9 700 étaient graves et 633 avaient été mortels. 201 des victimes de maladies reconnues comme professionnelles étaient décédées1. Le nombre daccidents du travail a certes fortement chuté sur le très long terme, mais cette baisse sest ensuite ralentie et la hausse constatée de 1997 à 1999 se serait, selon des données provisoires, poursuivie en 2000. Celui des maladies reconnues comme dorigine professionnelle est en forte croissance, notamment les maladies mortelles. Les risques professionnels sont donc un enjeu de santé publique.
Ils sont considérés, depuis 1946, comme relevant dune prise en charge collective. Même si les pouvoirs publics dune part, les entreprises dautre part ont également des rôles importants, notamment dans la prévention, la sécurité sociale a donc une place éminente et qui sest progressivement accrue. La loi lui a confié en 1946 la gestion de ce risque. En 1994, lautonomie de cette branche du régime général des salariés, a été renforcée bien quelle demeure gérée, comme la maladie, par la caisse nationale dassurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS). Les partenaires sociaux, qui gèrent ces institutions, ont dénommé « institution prévention » lensemble constitué par la CNAMTS, les caisses régionales dassurance maladie et linstitut national de recherche et de sécurité (INRS), essentiellement financé par la CNAMTS. LINRS représente une très large part des moyensdétude et de recherche sur la santé et la sécurité au travail, et des moyens dassistance, de formation et dinformation aux entreprises dans ces domaines. La CNAMTS a dépensé, en 2000, 8,13 Md pour les risques professionnels.
Lorientation vers une prise en charge collective apparaît encore dans la loi adoptée, en 2001, pour créer une « nouvelle branche de la
1 Ces chiffres sont ceux des statistiques publiées pour les salariés du régime général. Cf. infra Chapitre I. Il sagit des accidents de travail ayant occasionné un arrêt de travail dépassant le jour de laccident et déclarés aux caisses primaires dassurance maladie. Le nombre total daccidents déclarés est de 1,4 million. Pour les décès consécutifs à des maladies professionnelles, le chiffre est celui des décès survenus avant attribution dune rente, donc rapidement.
INTRODUCTION ET PRÉSENTATION GÉNÉRALE9
sécurité sociale », garantissant les exploitants agricoles contre ces mêmes risques.
Or, simultanément, les débats se développent sur les conditions dans lesquelles les risques professionnels donnent lieu à réparation. De nouveaux systèmes dindemnisation se multiplient, parallèlement à celle accordée par la sécurité sociale. Des polémiques se font jour sur les conditions dans lesquelles ont été prévenus et gérés des risques comme ceux tenant à lamiante en milieu professionnel, ou à lusage des éthers de glycol dans des processus professionnels.
La Cour des comptes a donc décidé dexaminer le fonctionnement et la gestion de cette branche de la sécurité sociale, ce quelle avait fait pour la dernière fois en 1988-1989.
Lexamen avait alors porté dune part sur certains aspects de la prévention (le fonds national de prévention des accidents du travail, géré par la CNAMTS), dautre part sur la gestion des prestations par certaines caisses primaires, enfin sur le transfert anormal des excédents de la branche au profit de lassurance maladie. Les conclusions de la Cour avaient figuré dans son rapport public de 1989.
Dans lintervalle, aucune enquête densemble na été menée par dautres institutions de contrôle et aucune étude densemble na été publiée par un autre organisme2.
La Cour a mené en 2000 et 2001 un ensemble denquêtes. Celles-ci ont concerné les deux principaux régimes de salariés, le régime général et celui des salariés agricoles. Elles ont porté sur les principaux aspects de leur action : la prévention, la tarification et la gestion des cotisations, lorganisation et le fonctionnement des caisses. Elles ont comporté lexamen des comptes et de la gestion des principaux organismes (CNAMTS, INRS, caisse régionale dassurance maladie dIle-de-France -CRAMIF) et des enquêtes sur place dans divers organismes3. Elles se sont appuyées sur les observations formulées par les comités régionaux dexamen des comptes des organismes de sécurité sociale (COREC) sur des échantillons importants de caisses régionales dassurance maladie
2 Dans la période récente, lINRS a fait lobjet dun rapport de lIGAS en 2000 et un rapport sur lindemnisation a été établi en 2001 par M. MASSE à la demande de la ministre de lemploi et de la solidarité. Un rapport, notamment sur les conditions dindemnisation, avait été établi en 1991 par un groupe de travail créé par le ministre chargé de la sécurité sociale et présidé par M. DORION. 3 Caisse centrale de MSA, CRAM de Rennes et de Limoges, CPAM du Morbihan et de Limoges.
10 COUR DES COMPTES
(CRAM), de caisses primaires dassurance maladie (CPAM) et de caisses de mutualité sociale agricole (CMSA)4.
Sagissant dun sujet dont les aspects techniques sont importants, le présent rapport comprend dabord un chapitre préliminaire résumant lorganisation générale du dispositif de prévention et de réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles. Il part ensuite de lanalyse des conditions concrètes de fonctionnement du système, pour aller progressivement vers une appréciation plus globale de ses bases et de son organisation générale et une évaluation des actions menées en ce domaine. Il examine ainsi successivement lévolution des risques professionnels et les limites dans leur connaissance (chapitre I), la contribution des régimes de sécurité sociale à la prévention (chapitre II), la réparation des préjudices subis (chapitre III), la gestion de la branche (chapitre IV), enfin lorganisation générale de laction contre les risques (chapitre V).
4 Au total 46 caisses, dont 8 CRAM (Clermont-Ferrand, Dijon, Orléans, Toulouse, Lille, Rouen, Nantes, Marseille), 18 CPAM (Strasbourg, Mont-de-Marsan, Le Puy, Mâcon, Rennes, Tours, Reims, Montbéliard, Nanterre, Montpellier, Nancy, Montauban, Lille, Angers, Amiens, Poitiers, Nice, Valence), 20 CMSA (Albi, Amiens, Angers, Blois, Bordeaux, Chambéry, Dijon, Lille, Le Puy, Lons-le-Saunier, Nancy, Nîmes, Paris, Poitiers, Rouen, Saint-Brieuc, Saint-Lô, Strasbourg, Troyes, Tulle).
INTRODUCTION ET PRÉSENTATION GÉNÉRALE11
I  Définitions
Lexpression « risques professionnels » désigne trois types dévénements définis par le code de la sécurité sociale : laccident du travail, laccident de trajet et la maladie professionnelle.
Laccident du travail est un accident, « quelle quen soit la cause, survenu par le fait ou à loccasion du travail à toute personne salariée ou travaillant à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs »5. Cest « un fait précis survenu soudainement au cours ou à loccasion du travail et qui est à lorigine dune lésion corporelle »6. Il se caractérise donc notamment par son lien avec le travail, sa soudaineté et lexistence dune lésion corporelle.
Laccident de trajet est celui qui se produit entre la résidence ou le lieu où le travailleur se rend de façon habituelle pour des motifs dordre familial, ou encore son lieu de repos, et le lieu de travail7.
Une maladie est dite professionnelle lorsquelle est la conséquence directe de lexposition dun travailleur à un risque physique, chimique, biologique ou si elle résulte des conditions dans lesquelles il exerce dune façon habituelle son activité professionnelle.
La jurisprudence des tribunaux tient une place importante dans linterprétation de ces définitions. Son évolution progressive a contribué à étendre le champ couvert par cette législation.
II  Historique
La gestion des risques professionnels demeure profondément marquée par son histoire.
Avant toute législation spécifique, la réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles seffectuait sur la base du code civil : la victime était dans une situation difficile car elle devait établir la preuve de la faute de lemployeur ainsi que du lien entre cette faute et le dommage. Elle était en outre exposée à la lenteur de la procédure et au
5 Code de la sécurité sociale (CSS), art. L 411-1. 6 Cour de cassation, arrêt du 24 avril 1969. 7 Code de la sécurité sociale (CSS), art. L 411-2.
12 COUR DES COMPTES
déséquilibre entre les moyens quelle pouvait mobiliser et ceux à la disposition de lemployeur8. La loi du 9 avril 1898 constitua une avancée sociale que chacun saccorde encore à considérer comme très importante : elle crée une responsabilité sans faute, lemployeur étant présumé responsable ; les lenteurs, les frais et les très forts aléas dun procès sont ainsi épargnés à la victime ; en contrepartie, lemployeur échappe à toute action en réparation que pourraient exercer à son encontre la victime ou ses ayants-droits en application du droit commun de la responsabilité. Ce principe ne connaît que quelques exceptions, notamment dans le cas de faute inexcusable ou intentionnelle de lemployeur. La loi9 institue donc un compromis qui permet une réparation rapide.
La loi du 25 octobre 1919 mit en place un système voisin pour les maladies professionnelles.
La loi du 30 octobre 1946 intégra les textes relatifs aux accidents du travail et aux maladies professionnelles dans la législation de la sécurité sociale. Cette dernière se voyait chargée de la gestion et était ainsi substituée aux employeurs et à leurs assureurs privés dans la responsabilité vis-à-vis des victimes, moyennant le paiement de cotisations par les employeurs. Un lien était dautre part établi entre le taux de cette cotisation et le niveau du risque afférent à lactivité de lentreprise, et donc entre la prévention et la réparation, la cotisation versée devenant un instrument de prévention.
III  Les différents régimes
La couverture du risque accidents du travail-maladies professionnelles est morcelée entre un grand nombre de régimes et de gestionnaires.
Pour les salariés, le gestionnaire le plus important est le régime général, qui couvre environ 87 % du total. Cependant, 23 entreprises, collectivités et établissements publics assurent directement la charge totale ou partielle (cest-à-dire à lexclusion des incapacités permanentes)
8 Au moment du vote de la loi de 1898, 88 % des accidents restaient à la charge des ouvriers. 9 La loi fut complétée dès 1905. En effet, le législateur de 1898 avait prévu lintervention du juge de paix qui devait procéder à une enquête contradictoire, et du tribunal civil, qui fixait lindemnité. La loi de 1905 institua la mise en uvre directe de la responsabilité devant lassureur privé.
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