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ETUDE D’UNE ŒUVRE LONGUE
Réflexions pour construire une séquence fondée sur un parcours dans une œuvre longue
TARTUFFE OU L’IMPOSTEUR de MOLIERE
Premier cadrage
J’ai déjà abordé l’objet d’étude « Des goûts et des couleurs, discutons-en », dans une première
séquence courte à partir d’un groupement de documents. Celle-ci développait une réflexion centrée
surtout sur l’interrogation « Comment faire partager ses goûts dans une démarche de dialogue et
de respect ». Je souhaite désormais amener les élèves à s’interroger sur la variation des goûts
d’une génération à l’autre et à saisir comment la réception d’une œuvre peut changer selon le
contexte et la connaissance de l’œuvre. Les deux interrogations du programme vont donc se
croiser dans cette séquence : « les goûts varient d’une génération à l’autre. Ceux d’aujourd’hui
sont-ils meilleurs que ceux des générations précédentes ? » et « la connaissance d’une œuvre et
de sa réception aide-t-elle à former ses goûts et/ou à s’ouvrir à ceux des autres ? »
Approfondissements
Je souhaite amener les élèves à s’interroger sur leurs goûts et/ou dégoûts en leur montrant
1comment des œuvres, dites « classiques" , n’ont peut-être pas toujours eu cette reconnaissance. Je
souhaite également que les élèves remettent en question leurs représentations sur certaines
œuvres classiques, perçues comme n’étant que scolaires et qu’en les étudiant, ils les envisagent
autrement parce qu’ils y trouveront une voie/voix pour répondre à leurs préoccupations et un écho
aux sujets qui leur sont proches.
J’ai bien conscience que le contexte de réception est un élément central de cet objet d’étude et de
son questionnement. Je réfléchis à ce contexte de réception : il s’agit de l’époque où l’œuvre a été
créée mais aussi de l’époque où elle a été reconnue. Je sais que je trouverai des témoignages, des
commentaires, des réactions permettant de travailler ce contexte de réception. Enfin le contexte scolaire
est celui dans lequel les élèves reçoivent une œuvre. Ce cadre influence, d’une manière ou d’une
autre, leur perception. C’est à partir de cette expérience scolaire de l’oeuvre que je pense avoir plus
de chance de sensibiliser les élèves à cet objet d’étude : en m’appuyant sur leurs représentations,
en sollicitant leurs ressentis et l’évolution de ce ressenti au cours de la séquence. En effet, il me
semble important, pour respecter l’esprit de cet objet d’étude, de ne pas évoquer seulement les
discussions des « autres » (critiques, contemporains d’une œuvre, personnalités littéraires etc.).
Les goûts des élèves doivent être exprimés, entendus et pris en compte dans la démarche
pédagogique. L’expression de leurs goûts, dans une démarche de dialogue et de respect, permet la
discussion. Je me dis aussi que les goûts des professeurs déterminent en partie leurs choix
pédagogiques (pourquoi étudier cette œuvre plutôt qu’une autre ?), je pense en faire part, à la
classe et confronter mon choix à leur goût. Je réponds ainsi à une des finalités du programme :
entrer dans l’échange oral, écouter, réagir, s’exprimer. Je choisis donc dans le programme les
capacités suivantes :
1
Œuvres classiques : classique au sens de Furetière (1689)où ces œuvres sont reconnues comme appartenant au
patrimoine -littéraire ou artistiques, dont le statut n’est plus remis en cause et qui sont pour cela étudiées à l’Ecole.
1
- Exprimer à l’oral et à l’écrit une impression, un ressenti, une émotion.
- Situer une production dans son contexte, identifier les canons esthétiques qu’elle sert et
qu’elle dépasse.
L’étude d’une œuvre ou d’une production artistique en donne une meilleure connaissance. Les
objectifs visés dans le programme permettent d’acquérir une culture littéraire et artistique, mais
aussi de se servir des ces connaissances pour dépasser ses premières représentations,
développer ses centres d’intérêts et diversifier ses goûts. Je pense que l’analyse et l’interprétation
d’une œuvre permet de construire une appréciation esthétique plus élaborée et qui dépasse le seul
ressenti. C’est pourquoi, en conduisant une étude d’œuvre intégrale ou un parcours dans une
œuvre, les élèves auront de la matière pour justifier leur appréciation esthétique et intellectuelle.
Pour faciliter cette expression orale et écrite, je veillerai à poursuivre l’acquisition du lexique de la
l’adhésion et du refus, du plaisant et de l’ennuyeux.
La réflexion menée sur les réceptions d’une œuvre, personnelles ou collectives, nécessitera de
travailler la modélisation, par l’identification des termes mélioratifs ou péjoratifs et par l’incitation à
utiliser ces modalisateurs.
2
Je sélectionne donc les différents éléments du programme qui organiseront ma séquence.
Capacités
Connaissances Attitudes
Analyser et interpréter une Champ littéraire : Être conscient de la
production Périodes : au choix, une période de subjectivité
artistique. rupture esthétique, en littérature et dans de ses goûts.
d’autres formes artistiques :
Exprimer à l’oral et à l’écrit une - la Renaissance (poètes de la Pléiade) ;
impression, un ressenti, une - le XVIIe siècle (théâtre classique) ; Être curieux de différents
émotion. - Modernité et « Esprit Nouveau » langages artistiques.
(Apollinaire, Jacob, Cendrars …).
Construire une appréciation
esthétique à travers un échange Notions d’individualité et d’universalité,
d’opinions, en prenant en compte de canons et de modes, de réception.
les goûts d’autrui.
Champ linguistique :
Situer une production artistique Lexique : beau/laid, utile/inutile,
dans son contexte, identifier les plaisant/ennuyeux.
canons qu’elle sert ou qu’elle
dépasse. Lexique de la perception et de la
sensibilité, de la plaisanterie et de
l’humour, de l’adhésion et du refus.
Déterminants.
Substituts lexicaux et grammaticaux.
Connecteurs d’énumération.
Connecteurs qui introduisent l’analogie,
la ressemblance.
Modalisation : termes péjoratifs et
mélioratifs.
Histoire des arts :
Périodes historiques : XVIe, XVIIe
siècles.
Thématiques : « Arts, sociétés, cultures
», « Arts, goûts, esthétiques ».
Recherche de supports
Le cours de ma réflexion m’amène à chercher un auteur connu des élèves, jouissant d’une
légitimité institutionnelle et faisant autorité. Je cherche un auteur classique du XVIIe (qui est un
champ littéraire préconisé dans le programme) fréquemment étudié dans les établissements
scolaires. Je cherche aussi un auteur qui, à son époque, a suscité la polémique et dont la
reconnaissance fut source de tension. Corneille et Molière me viennent à l’esprit. Je choisis Molière
qui est mieux connu des élèves, la plupart ayant étudié une de ses pièces ou au moins plusieurs
extraits, au collège. Je préfère Molière à Corneille car le registre comique peut être l’objet de
discussions avec les élèves : l’humour, le comique est-il une question de génération ? Peut-on
encore rire aujourd’hui de ce qui amusait les générations précédentes ? J’ai à plusieurs reprises
constaté que les élèves ne perçoivent pas toujours ce qui est drôle dans certaines répliques ou
dans la peinture de certains caractères.
3
Il me faut maintenant choisir une pièce de Molière. Je fais attention de ne pas répéter ce qui a déjà
pu être fait au collège. Il me semble que Dom Juan, Le Misanthrope, Tartuffe, L’école des femmes
ou Les femmes savantes font partie des pièces qui y sont le moins étudiées. J’écarte Le
Misanthrope. En effet le sujet de cette pièce me semble trop éloigné de l’univers et surtout de l’âge
d’élèves de seconde, je crains qu’ils manquent de maturité. L’école des femmes a l’avantage d’être
une pièce novatrice (parce qu’elle allie la farce et la grande comédie – 5 actes, en vers-) et a