R & D publique, R & D privée et efficacité du processus d innovation : quelles perspectives ?
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Faut-il ou non procéder à un rééquilibrage entre effort de R & D publique et effort de R & D privée ? Si oui, dans quel sens ? Et avec quelle amplitude ? C'est à ces questions que tente de répondre cette étude réalisée pour le groupe de projet Piéta (Prospective de la propriété intellectuelle pour l'Etat). Cette étude juge, qu'à montant donné de dépense, l'effort total de R & D est dans l'ensemble aussi productif dans l'Union européenne - et notamment en France - qu'aux États-Unis, compte tenu du nombre de brevets sur lequel il débouche. Selon cette étude, la France gagnerait à rééquilibrer son effort global de R & D en direction du secteur privé.

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Publié le 01 août 2005
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Langue Français

Extrait

R & D PUBLIQUE, R & D PRIVÉE ET EFFICACITÉ DU PROCESSUS DINNOVATION : QUELLES PERSPECTIVES ?
Étude réalisée par Marc Baudry et Béatrice Dumont université de Rennes-I, CREM-CNRS pour le groupe de projetPiéta
n° 10 Août 2005
AVANT-PROPOS
La notion de propriété a toujours été lobjet de controverses idéologiques et politiques. Quand il réforme les pro-grammes dinstruction civique du col-lège avec Luc Ferry, François Bayrou introduit judicieusement un program-me spécifique sur les droits de lHomme. Mais il exclut de cet ensei-gnement la notion de propriété pour-tant bien inscrite dans la Déclaration historique. Il craint que les ensei-gnants résistent à expliciter cet aspect des droits de tout homme.
Dès lors que le Plan a pour objet la prospective de lÉtat stratège, la notion de propriété le concerne directement. En effet, la transformation de la simple possession (actede facto) en propriété (actede jure), implique une reconnaissance du droit qui repose sur une législation mise en place par lÉtat selon ses procédures constitu-tionnelles. Dailleurs, nous avons pu constater, lors des processus de natio-nalisation ou de privatisation, la vigi-lance du Conseil Constitutionnel sur cette notion de propriété. En effet, cette notion, surtout après léchec des pays communistes, paraît bien comme au fondement même de nos libertés. La propriété, cest la reconnaissance de ce qui mest propre. La sphère pri-vée repose sur le respect de la pro-priété dans les limites dun intérêt général qui ne peut attenter aux liber-tés privées reconnues par notre Constitution. Pendant des décennies, les débats publics se sont concentrés autour de la propriété privée ou de lappropria-tion collective des moyens de produc-tion. Ils ne sont pas achevés et trou-vent encore quelques objets de polé-mique. Les lignes de fracture restent très politiques. Mais dans l«économie de la connaissance» qui marque notre siècle  et sur laquelle le Plan a pro-duit de nombreux textes , les débats se sont déplacés. La propriété intellec-
tuelle se situe au cur des débats sans quune ligne de fracture politique soit aussi aisément identifiable.
Nommé Commissaire au Plan, je sug-gère à chaque expert de cette maison de proposer des objets davenir aux groupes de projet que nous lançons dans le cadre dune nouvelle organi-sation. Rémi Lallement propose un groupe de projet surlÉtat et la pro-priété intellectuelle. Lidée nous a immédiatement semblé pertinente et excellente. En effet, lÉtat est directe-ment concerné tandis que lEurope et les régions sont également impli-quées, que ce soit par les directives qui simposent aux États membres ou par les appellations régionales qui relèvent directement des questions de propriété intellectuelle. Quelquefois, quelques technologues avancés exaltent la transmission des idées sur le thème suivant : Notre société est une économie de la connaissance, cest merveilleux. Quand on donne un verre deau, on perd le verre deau. Quand on échan-ge une idée, on garde son idée tout en la partageant. Rien de plus faux. Les idées, les textes, les projets, les ima-ges, les discours, les sons, les concepts constituent aujourdhui la richesse principale dun homme, dune entreprise ou dun État. Le rêve dun échange gratuit est une utopie dangereuse car elle menace nos liber-tés élémentaires. On argue souvent que la diffusion de tous ces éléments immatériels est une garantie dégalité, on presse les labo-ratoires pharmaceutiques doffrir leurs brevets, on veut photocopier et dupli-quer à lenvi, sous prétexte dusages sociaux, de diffusion pour tous, dac-cès universel. Mais ces désirs sont des revendications de court terme. Lexigence dexpropriation universelle qui sexprime ainsi est fondamentale-
ment dangereuse. Elle lest pour nos libertés mais aussi pour nos capacités dinnovation et de création. Un ensei-gnant bien intentionné sera toujours porté à montrer à ses élèves un grand film utile pour leur culture ou à photo-copier des textes nécessaires pour leur formation. Mais lenfer est pavé de mauvaises intentions. La bonne foi des uns ne peut tuer la créativité et linno-vation des autres.
Cest pourquoi nous devons, au Plan, travailler sur les questions de proprié-
té intellectuelle et sur leur devenir. LÉtat est au cur des processus, des décisions et des intérêts contradictoi-res. La question de lintérêt général justifie son intervention. Elle doit tou-jours être pensée dans le temps long et non dans les urgences dun service immédiat. La tâche nest pas aisée. Mais lÉtat doit convaincre, sexpli-quer, cest-à-dire communiquer.
Alain Etchegoyen
PRÉSENTATION
La présente étude a été effectuée à la demande du groupe de projetPiéta (Prospective de la propriété intellec-tuelle pour lÉtat stratège). Lancé au Plan au second semestre 2003, ce groupe a choisi dexplorer les perspec-tives dévolution du système de pro-priété intellectuelle, pour la France, dici 2020. Au-delà de lidentification des enjeux sous-jacents et des princi-paux scénarios susceptibles dadvenir au cours des quinze prochaines années, il sagit de la sorte dalerter les pouvoirs publics sur la nécessité de définir et mener à bien une stratégie cohérente, en la matière, et de lui pré-senter les options de politique publique les plus appropriées, dans ces différents scénarios.
Forcément juridique, par bien des aspects, lapproche retenue par ce groupe emprunte également à dautres disciplines, dont principalement les sciences économiques ou, si lon pré-fère, léconomie politique. Elle décou-le de la conviction que, pour la France comme pour tout pays comparable, la propriété intellectuelle constitue un instrument crucial pour une insertion réussie dans le contexte mondial de ce quil est convenu dappeler lécono-mie (et la société) du savoir.
À cet égard, de toute évidence, les questions de recherche et développe-ment (R & D) constituent un champ dinvestigation privilégié. Sachant quau sommet de Lisbonne, en mars 2000, lUnion européenne sest donné lobjectif ambitieux de devenir léco-nomie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique, la question se pose en particulier de savoir où en est la France par rapport à ses principaux pays partenaires, sur ce plan. Plus précisément, il sagit dap-précier dans quelle mesure il convient de modifier le partage de cet effort de R & D, entre le secteur public et le sec-teur privé.
Parmi les interrogations majeures qui se posent, à ce propos, figure aussi celle des indicateurs de performance pertinents. Or il est bien clair que les données de brevet ne sauraient consti-tuer lunique référence en la matière. En effet, certaines inventions ou cer-tains résultats issus des activités de R & D ne sont pas brevetables. Au sein même de la propriété intellectuelle, dautres outils simposent ainsi parfois, dont les droits dauteur, dans un domaine comme celui des logiciels informatiques (tout du moins en Europe) ou encore les certificats dobtention végétale (COV), dans le domaine de lagronomie. Pour les entreprises, en outre, des méthodes de protection ne relevant pas strictement de la propriété intellectuelle peuvent être préférées, dont le secret des affai-res ou lavance technologique sur les concurrents. Les organismes publics (denseignement et) de recherche, de même, peuvent parfois préférer diffu-ser certains de leurs résultats par la voie de publications  cest-à-dire en alimentant le domaine public  plutôt que par celle des brevets, qui divul-guent, certes, ces résultats mais en réservent lexploitation industrielle et commerciale aux seuls ayants droit ou à ceux qui peuvent y être autorisés par ces derniers, moyennant des licences. Dans certains cas, à linverse, certai-nes inventions brevetées ne sont pas exploitées. Elles ne débouchent alors pas sur une véritable innovation au sens de lOCDE et dEurostat (manuel dit dOslo), cest-à-dire naboutissent pas à la mise en uvre du nouveau savoir technologique considéré, que ce soit à travers une introduction sur le marché (innovation de produit) ou dans le processus de production (inno-vation de procédé). Plus générale-ment, linnovation nesta prioripas seulement technologique car, dans certains secteurs, elle passe aussi  ou
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