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Université Charles de Gaulle Lille3
Ecole Doctorale Sciences de l’Homme et de la Société
Equipe d’accueil 4073 GERIICO
Sylvain QUIDOT
Thèse de doctorat
en Sciences de l’Information et de la Communication
La conversation banale :
Représentations d’une sociabilité quotidienne
Sous la direction du Professeur Olivier Chantraine,
présentée et soutenue devant un jury composé des professeurs :
Jean-Jacques Boutaud (Université de Bourgogne)
Stefan Bratosin (Université Toulouse 3)
Olivier Chantraine (Université Charles de Gaulle – Lille 3)
Eric Delamotte (Université Charles de Gaulle – Lille 3)
- Lille, 26 Novembre 2007-
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Je tiens à remercier particulièrement le Professeur Olivier Chantraine
pour sa confiance et son engagement pendant ces années.
Merci également à ma famille et mes proches
pour le soutien et l’aide précieuse qu’ils m’ont apportés.
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tel-00345192, version 1 - 10 Dec 2008tel-00345192, version 2 - 10 Dec 2008SOMMAIRE
Première partie : le « paysage » de la conversation banale
Chapitre 1 : Le banal dans le paradigme quotidien 20
Section 1 – Balises sémantiques 23
Section 2 - L’œuvre du banal 36
Chapitre 2 : Esthétique de la conversation banale 52
Section 1 – Figurations narratives de la vie quotidienne 56
Section 2 – Représentations symboliques du banal 68
Deuxième partie : Passerelles théoriques pour une approche
communicationnelle de la conversation banale
Chapitre 3 : Figures de l’interaction en conversation banale 98
Section 1 – Les ethnosociologies face à la banalité 98
Section 2 – La conversation banale comme « jeu de langage » : perspectives de genre 116
Chapitre 4 : Dialectique de représentation en conversation banale 132
Section 1 – Dispositifs d’action des relations ordinaires 137
Section 2 – La conversation banale remise en scène : une socio-sémiotique du quotidien 137
Troisième partie : Essai socio-sémiotique d’une sociabilité quotidienne
Chapitre 5 : Une écologie de la conversation banale 150
Section 1 – Comment braconner le banal ? 152
Section 2 – Herméneutique d’un corpus de récits 159
Chapitre 6 : Evaluation communicative : de la prosaïque à la poétique 172
Section 1 – « Les complications extraordinaires » de la conversation banale 175
Section 2 – Variations idéologiques 195
Conclusion 193
Table des matières 208
Bibliographie 220
Table des illustrations 230
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tel-00345192, version 1 - 10 Dec 2008tel-00345192, version 2 - 10 Dec 2008INTRODUCTION
La conversation banale :
Représentations d’une sociabilité quotidienne
I) La quotidien de la conversation banale
II) Le genre banal
III) Hypothèses
IV) Conceptions et représentations
« En général dès qu’une chose devient utile, elle cesse d’être belle. »
Théophile Gautier, (1832) préface aux Poésies Complètes
6
tel-00345192, version 1 - 10 Dec 2008tel-00345192, version 2 - 10 Dec 20081I) Le quotidien de la conversation banale
Dans la vie quotidienne, il n’est pas rare d’avoir des conversations avec des inconnus. Un
échange qui se terminera aussi rapidement qu’il avait commencé en fonction des affinités et des
disponibilités de chacun. Du plus anodin des événements au plus profond des sentiments, le
2« monde social » n’est pas avare d’échanges spontanés et de moments propices de communication
3avec « les gens » tissant une toile, une concaténation de relations éphémères qui fait de la
conversation banale, le lieu par excellence de la confrontation publique d’arguments. Ainsi balisée,
la conversation banale sera considérée dans cette étude comme – une conversation entre inconnus
dans les espaces de libre circulation -.
a) Distribution spatiale
Si certains lieux privilégiés de la conversation banale sont traditionnellement identifiés : les
transports en commun, les abris bus ou les marchés, d’autres moins visibles comme les musées, les
bibliothèques, ou tout simplement la piscine municipale sont tout aussi favorables à l’échange
banal. La conversation banale est indissociable de la vie quotidienne, potentiellement présente à
4tous moments de notre circulation , et, si elle est conditionnée par certains effets de routine,
entretient un caractère exceptionnel car produite au cours d’un événement unique avec des
« individus uniques » que sont « les inconnus ». Les conditions d’existence de l’échange banal sont
assujettis à des normes à la fois informelles et communes, et relayées par des sensibilités
personnelles. Un trottoir rendu glissant par la neige sera l’occasion de donner aux autres passants
conseils et recommandations, conduisant potentiellement à des remarques connexes introduisant
chez certains un sens plus personnel, de l’humour, ou bien une vision critique.
Les lieux spécifiques de la conversation banale ne se matérialisent ni par une notion de
frontière, ni par une opposition entre public et privé, mais par une mise en action, une « mise en
5situation banale » qui ne prend forme que dans son rapport au temps. Laplantine souligne la
distinction entre le topos et choros dans son modèle chorégraphique du social. Le topos décrit
l’endroit stable et défini dans lequel l’individu se déplace, le choros désigne au-delà du lieu,
1
On utilise conversation quotidienne, échange quotidien, échange banal comme équivalent a conversation
banale.
2
« Le monde social » au sens goffmanien du terme : « Toute personne vit dans un monde social qui l’amène
à avoir des contacts, face à face ou médiatisés, avec les autres » et, lors de ces contacts, « l’individu tend à
extérioriser ce que l’on nomme parfois une ligne de conduite, c’est à dire un canevas d’actes verbaux et non-
verbaux qui lui sert à exprimer son point de vue sur la situation, et par-là l’appréciation qu’il porte sur les
participants, et en particulier sur lui-même » (Goffman, 1974, p9)
3 « Les gens » représentent l’acception populaire de « l’inconnu social » ou du « passant ordinaire »
l’importance de ce terme sera soulignée tout au long de l’étude.
4 Ce terme sera détaillé plus tard
5
Laplantine F., Le social et le sensible, Introduction à une anthropologie modale, Paris, Tétraèdre, 2005.
pp42
7
tel-00345192, version 1 - 10 Dec 2008tel-00345192, version 2 - 10 Dec 2008« l’intervalle de la mobilité du spatial et celle de la transformation dans le temps ». Cette relation
du temps et du lieu structure les situations de conversation banale. Il est tentant de parler de
« communication