Présentée et soutenue publiquement le 08 Décembre 2009
DEPISTAGE SYSTEMATIQUE DU CANCER DE LA PROSTATE PAR LE DOSAGE DU PSA : PRATIQUE DES MEDECINS GENERALISTES
Président du Jury : Mr le Professeur Marc ZERBIB
Jury : Mme le Docteur Isabelle BOUTRON Mr le Professeur Hector FALCOFF
Directeur de Thèse : Mr le Professeur Serge GILBERG
RESUME
Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme et la deuxième cause de mortalité par cancer en France. Cependant, il n’existe pas de consensus quant à la généralisation de son dépistage et les organismes de santé et les organismes professionnels sont toujours dans l’attente des résultats définitifs de deux grandes études randomisées (ERSPC et PLCO).
Ce travail a pour but d’évaluer la prescription des PSA par les médecins généralistes parisiens tout d’abord par l’intermédiaire d’une étude descriptive par questionnaires téléphoniques puis grâce aux données du service médical de la sécurité sociale.
Sur les 117 médecins contactés, 70 ont répondu au questionnaire. On peut noter une modification de la façon de dépister le cancer de la prostate chez 35.7 % des médecins interrogés. Le dépistage systématique du cancer de la prostate par dosage de PSA est effectué ...
Année 2009 N° THESE pour le DOCTORAT EN MEDECINE Diplôme dEtat Par Lise BOUET Née le 21 Novembre 1979 à Soissons Présentée et soutenue publiquement le 08 Décembre 2009 DEPISTAGE SYSTEMATIQUE DU CANCER DE LA PROSTATE PAR LE DOSAGE DU PSA : PRATIQUE DES MEDECINS GENERALISTES
Président du Jury : Mr le Professeur Marc ZERBIB Jury : Mme le Docteur Isabelle BOUTRON Mr le Professeur Hector FALCOFF Directeur de Thèse : Mr le Professeur Serge GILBERG
RESUME Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez lhomme et la deuxième cause de mortalité par cancer en France. Cependant, il nexiste pas de consensus quant à la généralisation de son dépistage et les organismes de santé et les organismes professionnels sont toujours dans lattente des résultats définitifs de deux grandes études randomisées (ERSPC et PLCO). Ce travail a pour but dévaluer la prescription des PSA par les médecins généralistes parisiens tout dabord par lintermédiaire dune étude descriptive par questionnaires téléphoniques puis grâce aux données du service médical de la sécurité sociale. Sur les 117 médecins contactés, 70 ont répondu au questionnaire. On peut noter une modification de la façon de dépister le cancer de la prostate chez 35.7 % des médecins interrogés. Le dépistage systématique du cancer de la prostate par dosage de PSA est effectué par 72% des praticiens. Ce dépistage concerne principalement les hommes entre 50 et 75 ans mais 16 à 30.8 % des médecins le prescrivent également aux hommes de 80 ans. Le nombre de remboursements des dosages de PSA total et PSA libre augmente encore chaque année avec plus de 4.7 millions de dosages de PSA total en 2008. Les médecins généralistes sont les principaux prescripteurs de PSA total et de PSA libre en France. MOTS CLES Dépistage Cancer de la prostate Dosage de PSA DISCIPLINEmédecine générale UFRUniversité Paris Descartes 12 rue de lécole de médecine 75270 Paris cedex 06
REMERCIEMENTS Je remercie sincèrement : Monsieur le Professeur Serge GILBERG pour avoir dirigé cette thèse et pour son enseignement tout au long de mes années dinternat Monsieur le Professeur Marc ZERBIB pour avoir accepté de présider mon Jury de thèse Madame le Docteur Isabelle BOUTRON et Monsieur le Professeur Hector FALCOFF, membres de mon Jury de thèse, pour leur disponibilité Les médecins généralistes parisiens et les internes de Paris 5 qui ont accepté de participer à ce travail Le service médical de la CNAMTS pour ses précieuses informations Lensemble de léquipe du département de médecine générale de Paris 5 pour leurs conseils avisés et leurs aides administratives Ma famille et mes amis pour leur soutien quotidien. 2
TABLE DES MATIERES
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ABREVIATIONS...6 INTRODUCTION..........7 HISTOIRE NATURELLE DU CANCER DE LA PROSTATE9 EPIDEMIOLOGIE10 MOYENS DE DEPISTAGE 1/DOSAGE DU PSA12 2/TOUCHER RECTAL12 3/NOUVEAU TEST DIAGNOSTIQUE..13 RECOMMANDATIONS FRANCAISES 1/ASSOCIATION FRANCAISE DUROLOGIE(2002).15 2/ HAUTE AUTORITE DE SANTE (2004).16 3/COMMUNICATIONS DE LAFU (2009)19 RECOMMANDATIONS ETRANGERES 1/ EN FAVEUR DUN DEPISTAGE ORGANISE...21 2 /CONTRE LE DEPISTAGE ORGANISE..21 3 /EN PRATIQUE..21 APPORT DES DEUX GRANDES ETUDES RANDOMISEES 1/ETUDE PLCO..22 2/ETUDE ERSPC23 3/COMPARAISON DES DEUX ETUDES26
4 TRAITEMENTS DU CANCER DE LA PROSTATE 1/INDICATIONS THERAPEUTIQUES ACTUELLES..28 2/PERSPECTIVES THERAPEUTIQUES31 MATERIEL ET METHODE 1/PREMIERE PHASE : QUESTIONNAIRE ECRIT...322/ DEUXIEME PHASE : QUESTIONNAIRE ORAL.33 3/QUESTIONNAIRE TELEPHONIQUE....33 4/DONNEES DE LA CAISSE NATIONALE DASSURANCE MALADIE..34 RESULTATS 1/ TAUX DE REPONSE...35 2/ POPULATION ANALYSEE37 3/ DOSAGE DU PSA38 4/ DONNEES DE LA CNAMTS..43 DISCUSSION1/ METHODOLOGIE..50 2/VALIDITE DU DEPISTAGE....51 3/SYNTHESE DES RESULTATS...61 4/RELATION MEDECIN-MALADE.65 CONCLUSION...67 BIBLIOGRAPHIE.69 ANNEXES...71
5 ABREVIATIONS ACE = Antigène Carcino-Embryonnaire ADECA = Association pour le DEpistage des CAncers AFU = Association française dUrologie ANAES = Agence Nationale dAccréditation et dEvaluation de Santé ARN = Acide Ribo-Nucléique ASA = American Society of Anesthesiology AUA = American Urological Association BIOLAM = information sur les actes de biologie médicale remboursés par le régime général en France métropolitaine hors sections locales mutualistes BMJ = Britsh Medical Journal CC = Centimètre Cube CNAMTS = Caisse Nationale dAssurance Maladie des Travailleurs Salariés EAU = European Association of Urology EMC = Encyclopédie Médico-Chirurgicale EPIB = Echantillon Permanent de Personnes Protégées par lAssurance Maladie Gy = Gray HAS = Haute Autorité de Santé HIFU = High Intensity Focused Ultrasound INSEE = Institut National de Statistiques et Etudes Economiques NAMB = Nomenclature des Actes de Biologie Médicale OMS = Organisation Mondiale pour la Santé OPEPS = Office Parlementaire dEvaluation des Politiques de Santé PSA = Prostate Specific Antigen ou antigène spécifique de prostate RCP = Réunion de Concertation Pluridisciplinaire SAS-PAS = Stage Ambulatoire en Soins Primaires en Autonomie Supervisée SNIIRAM = système national dinformation inter-régimes de lassurance maladie TR = Toucher Rectal VPN = Valeur Prédictive Négative VPP = Valeur Prédictive Positive
6 INTRODUCTION Alors que les programmes de dépistage du cancer du sein et du cancer colorectal se généralisent dans la population de 50 à 74 ans en France, lintérêt du dépistage du cancer de la prostate reste un sujet de controverse majeur. Le cancer de la prostate est devenu le cancer le plus fréquent chez lhomme et la deuxième cause de mortalité par cancer en France. Son incidence a été multipliée par quatre en moins de 25 ans et le taux de mortalité a augmenté de 40% dans notre pays ces dernières années (1). Ces modifications épidémiologiques semblent en rapport avec le vieillissement de la population mais aussi probablement avec lutilisation massive du dosage sérique du PSA à visée de dépistage depuis quelques années. Malgré labsence de campagne de dépistage officielle du cancer de la prostate par dosage de PSA, sa pratique est néanmoins très répandue et soutenue par les sociétés scientifiques durologie européennes et nord-américaines. Lassociation Française dUrologie recommande, en effet, la réalisation dun toucher rectal ainsi que le dosage de PSA annuellement pour tous les hommes de 50 à 75 ans ayant une espérance de vie de plus de 10 ans afin de diagnostiquer les cancers à un stade curable et de réduire la mortalité liée au cancer de la prostate (2). Les organismes de santé gouvernementaux, quant à eux, ne recommandent pas la pratique dun dépistage de masse car, pour le moment, la diminution de la mortalité spécifique due au cancer de la prostate na pu être démontrée par des études à la méthodologie irréprochable. Ils restent donc dans lattente des résultats définitifs de deux grandes études prospectives randomisées prévus vers 2010 (3). Leur but est dévaluer les conséquences du dépistage systématique sur la mortalité qui lui est imputable, la qualité de vie des malades, la valeur seuil du PSA, le délai entre deux dosages et la stratégie thérapeutique à mettre en place si un cancer est diagnostiqué. Néanmoins les sociétés scientifiques durologie ainsi que les organismes de santé gouvernementaux sont en accord sur la nécessité dune information claire du patient avant tout dosage de PSA afin que le dépistage reste un choix individuel et éclairé (4).
7 Dans ce contexte assez confus et alors que lintérêt dun dépistage du cancer de la prostate en France reste vivement débattu, la prise de position du médecin traitant est très délicate bien que primordiale. Il est effectivement en « première ligne » face au patient et à lorigine de 85% des dosages de PSA recensés par la Caisse Nationale dAssurance Maladie des Travailleurs Salariés en 2003 (5). Ce travail a pour but dévaluer la prescription des PSA par un échantillon de médecins généralistes parisiens entre Janvier et Avril 2009. Nous nous sommes également interrogés sur ce qui, en cette période dagitation concernant le dépistage du cancer de la prostate, motive leur pratique actuelle. Comment se positionner au sein de cette controverse active lorsque lon est en consultation et que le patient est directement face à nous ?
URELLE DU CANCER DE LA
8 HISTOIRE NAT PROSTATE Lhistoire naturelle du cancer de la prostate est en général très longue et la progression nest pas inévitable durant la vie dun patient(4). Par contre, aucune régression spontanée ne semble exister. Ladénocarcinome représente environ 95% des cancers de la prostate et son développement est sous la dépendance des androgènes. La majorité des cancers (70%) se développe en zone périphérique de la prostate, 10% en zone centrale et 20% en zone transitionnelle. Lextension se fait vers la capsule prostatique, les vésicules séminales et la vessie, puis par les chaînes lymphatiques iliaques externes, obturatrices et lombo-aortiques, avant de gagner les os, le foie, les poumons et le cerveau. La classification TNM sappuie, en partie, sur le mode dextension du cancer de la prostate (Annexe 1). Il est inhabituel quil soit symptomatique au stade localisé et les manifestations cliniques apparaissent souvent secondairement au retentissement extra-prostatique. Lévolution et le pronostic dun cancer de la prostate sont liés au volume tumoral, au taux de PSA, au stade TNM et surtout au degré de différenciation histologique (score de Gleason-Annexe 2) au moment du diagnostic. Le délai moyen entre le diagnostic et lapparition de métastases varie de 5 ans pour les scores de Gleason élevés (entre 8 et 10) à plus de 15 ans pour les scores de Gleason faibles (≤4). Le décès survient en moyenne 2 à 3 ans après lapparition des métastases. En France, le taux de survie spécifique pour les cancers de la prostate localisés (ceux les plus fréquemment diagnostiqués lors dun dépistage) quelque soit le degré de différenciation est : Supérieur à 90 % à 5 ans Supérieur à 80 % à 10 ans De lordre de 80 % à 15 ans De lordre de 55 % à 20 ans.
EPIDEMIOLOGIE
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Le cancer de la prostate représente indéniablement un problème de santé publique. Il sagit du cancer le plus fréquent chez lhomme en France et représente 33.9% de lensemble des cancers incidents(6). Son incidence a été multipliée par six en 25 ans passant denviron 10 0000 nouveaux cas au cours de lannée 1980 à plus de plus de 62 000 nouveaux cas en 2005 en France. Elle a augmenté en moyenne de 6.3% par an entre 1980 et 2005. Les incidences les plus élevées sont retrouvées dans les pays du nord de lEurope : Finlande, Suède et Pays-Bas avec une exception pour le Danemark ou lincidence est parmi les plus basses dEurope avec lEspagne et lItalie. Avec 9202 décès en 2005, ce cancer se situe au 2èmerang des décès par cancer chez lhomme après le cancer du poumon. La mortalité a faiblement augmenté chaque année jusquen 1995 puis nous avons pu observer une discrète diminution probablement en rapport avec lamélioration de la prise en charge. Lévolution de lincidence et de la mortalité du cancer de la prostate depuis le début des années 80 est résumée sur le graphique suivant :