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GEORGES DUBAL
BIOLOGIE
COMPORTEMENTALE
2008
1La Biologie comportementale
2Georges Dubal
PREMIÈRE QUESTION
l n’est pas indifférent pour un ouvrage concernant “ LA BIOLOGIE DU COM-
PORTEMENT “ de connaître les sources de l’auteur et de quel bois il se chauffeIpour attiser sa flamme. Or, la meilleure définition revient encore à présenter son
portrait bio-psychologique.
C’est une jeune amie, Sandra, qui s’en est chargée dans ce qu’elle appelait “un
portrait floral” :
“Pour Georges, qui, à l’aube de ses 80 ans, a su garder la verve printanière d’un
jeune homme. Puissent encore beaucoup de roses s’épanouir au contact de ce fabuleux
psychanalyste, théologien, cinéaste, écrivain, philosophe, musicien, conférencier,
métaphysicien et chercheur, explorateur”.
Devant cette liste exhaustive, je ferai deux remarques : A côté de “théologien” il
faudrait ajouter “athée” et dans le terme de “métaphysicien” supprimer le “méta”; ainsi
mon narcissisme personnel serait satisfait.
Dans une lettre adressée au pasteur Pfister, en 1918, Freud s’interrogeait ainsi :
“Pourquoi la Psychanalyse n’a-t-elle pas été créée par l’un de tous ces hommes pieux,
pourquoi a-t-on attendu que ce fût un Juif tout à fait athée ?”
Cette remarque me touche profondément, car si je n’étais pas athée moi-même,
j’aurais attribué à Dieu le Père ou à la Mère Nature les astuces du Comportement ani-
mal. Renonçant à ce type d’explication, j’ai été obligé de chercher ailleurs, et ainsi j’ai
pu m’identifier à l’animal dans ses réactions comportementales – fonction de sa struc-
ture et de celle du milieu, selon une boucle cybernétique.
L’INTENTION de ce Prologue a sans doute pour effet de mieux nous faire com-
prendre le style de l’auteur.
Loin du sytème académique nous cantonnant de la Crèche à l’Université, il a su
voir le monde ne serait-ce qu’à travers ses observations en Afrique, aux Indes et en
Amérique latine.
Cette orientation dans l’Espace et ses voyages dans le Temps nous explique l’as-
pect encyclopédique de sa recherche alimentée par une capacité de lecture peu ordi-
naire.
Le piment des citations bibliques nous rappellent le fondement inconscient de la
pensée européenne, et il nous découvre nos racines biologiques inclues dans l’Univers
astrophysqiue.
Pour parler plus directement de Psychologie, son cheminement s’éclaire comme
dans un film où le sens de la trame est illustré par de nombreux exemples. Ainsi son
goût du cinéma trouve un écran pour ses remarques contrastées en noir et blanc ou
pour son texte vivement coloré.
Malgré son âge, il n’aime pas que l’on parle au nom de l’autorité de l’expérience,
3La Biologie comportementale
et, comme Laborit et Morin, il ne quitte pas le plan expérimental tourné vers la pros-
pective de demain, évitant ainsi de tomber dans le piège du Finalisme.
Deux pensées illustrent bien l’esprit de cette recherche sur le fondement biologi-
que et cybernétique de l’homme dans le monde animal et végétal : “Efforce-toi, disait
Marc Aurèle, de découvrir le but de tes propos”. N’est-ce pas aussi l’un des buts de la
psychanalyse. Et, il convient pour Dubal de citer Béjart : “Les hommes se tapent des-
sus parce qu’ils n’osent pas se caresser”.
Pr. Mary Vuanaz
4Georges Dubal
LA BIOLOGIE UTILITAIRE OU LE MOT DE LA FAIM
LE PETIT CHAPERON ROUGE
- Tire la chevillette, la bobinette cherra.
Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit. Le loup, la
voyant entrer, lui dit, en se cachant dans le lit sous la couverture :
- Mets la galette et le petit pot de beurre sur la bûche, et viens te coucher avec
moi.
Le Petit Chaperon rouge se déshabille et va se mettre dans le lit, où elle fut bien
étonnée de voir comment sa mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit :
- Ma mère-grand, que vous avez de grands bras !
- C’est pour mieux t’embrasser, ma fille.
- Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes !
- C’est pour mieux courir, mon enfant.
- Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles !
- C’est pour mieux écouter
- Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux !
- C’est pour mieux voir, mon enfant.
- Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !
- C’est pour mieux te manger.
Et, en disant ces mots, ce méchant loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et la
mangea.
5
La Biologie comportementale
ADAPTATION UNIVERSELLE DES ORGANISMES (1877)
AU BON PLAISIR DE
BERNARDIN DE SAINT- PIERRE
“Si l’on vient à examiner les animaux, on n’en trouve aucun de défectueux dans
ses membres si on a égard à ses mœurs et aux lieux où il est destiné à vivre.”
Le long gros bec du Toucan et sa langue faite en plumes étaient nécessaires à un
oiseau qui cherche les insectes éparpillés dans les sables humides de rivages de
l’Amérique. Il lui fallait à la fois une longue pioche pour fouiller, une large cuiller
pour les ramasser et une langue frangée de nerfs délicats pour y sentir sa nourriture.
Il fallait de longues jambes et un long cou aux hérons, aux grues, aux flamants et
autres oiseaux qui marchent dans les marais et qui cherchent leur proie au fond des
eaux... aucun animal n’a manqué d’un membre nécessaire et n’en a reçu d’inutiles. Ce
qui nous apparaît, au premier coup d’oeil, une défectuosité dans les animaux, est, à
coup sûr, une compensation merveilleuse de la Providence, et ce serait souvent une
exception à ses lois générales si elle en avait d’autres que l’Utilité et le Bonheur des
êtres”.
Finalité ou Causalité ?
Vingt siècles avant ce texte, Lucrèce, en parlant “De la Nature” écrit : “Ce sys-
tème de la Nature que j’expose est une découverte récente” (V/385). (Cette remarque
aurait pu paraître après l’exposé de Bernardin de Saint-Pierre). Il savait que “la Nature
n’a nullement été créée pour nous par une volonté divine” (V/20), et que “dans leur
ignorance des Causes, les hommes sont contraints à tout remettre à l’autorité des
dieux” (VI/55).
Lucrèce avait réalisé que “c’est l’organe qui crée l’usage” (IV/830-55) et non
l’inverse comme le voulait Lamarck (1800).
Lucrèce (98-55 av. J.C.)
6Georges Dubal
INTRODUCTION
our situer notre problème – sans nous laisser piéger par des théories “toutes fai-
tes”, ayant l’évidence des lieux communs – nous devons nous rappeler lePcontexte cosmique dans lequel notre explication doit figurer. Ainsi nous dispo-
serons de tous les éléments à envisager.
Il y a 175.000 années lumière explosait une supernovae bleue comme une formi-
dable bombe atomique de 1’ univers.
Un observateur l’aperçut sur un cliché de la constellation de Magellan qu’il
venait de prendre, et la chance permit à un collègue d’observer une salve de neutrons
pendant une dizaine de secondes, et, le déroulement de l’ explosion se déroula selon
les probabilités de la structuration de la pensée scientifique.
Les réactions des astrophysiciens qui se focalisèrent sur ce phénomène démon-
trent donc bien le fait d’une implication de notre pensée dans le Cosmos.
(Comme l’aurait fait une équipe de radio-reporters, tous se sentaient responsables
de faire part au monde des hommes de ce qui se passait aujourd’hui et il y a 175.000
ans.)
Cette adéquation possible de notre réflexion à la structure de l’univers nous mon-
tre bien que la Pensée est issue des possibilités offertes par notre Terre aux manifes-
tions biologiques réflexives propres à l’esprit humain.
Pour que cette pensée puisse expliciter les phénomènes biologiques, il importe
qu’elle ne s’enferme pas dans son cadre social mais qu’elle suive la même trajectoire
qui lui fit voir le jour. Cette recherche causaliste nous permet d’entrevoir le parcours
aboutissant à la Biologie comportementale. Ainsi nous sommes protégés contre la ten-
tation d’expliquer un aboutissement comportemental par une “cause finale” divine ou
naturelle, ou encore un instinct vital propre à la conservation de l’espèce.
Armés de patience, nous pourrons suivre les modifications comportementales à
travers la boucle cybernétique du feed back reliant le milieu biologique interne au
milieu écologique externe.
Notons, en terminant cette introduction, que Piaget avait déjà précisé les rapports
de l’intellect avec l’âge de l’enfant et l’influence du milieu social.
“I1 ne faut pas se demander si nous percevons un monde,
il faut dire au contraire : le monde est cela que nous percevons”
(Merleau-Ponty : Structure du comportement).
7La Biologie comportementale