La place de la femme chez saint Paul
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Description

  • leçon - matière potentielle : édifiantes et d' exhortations moralisantes
  • exposé - matière potentielle : aujourd' hui
  • cours - matière potentielle : l' histoire de l' église
  • cours - matière potentielle : des derniers siècles
  • exposé
1 / 19 Festival de la Bible 2008, Pierre-René Côté, saint Paul La place de la femme chez saint Paul Se parler droit dans les yeux de certains problèmes Festival biblique du Montmartre Canadien Pierre-René Côté Faculté de théologie et de sciences religieuses 30 août 2008 1. Paul n'est-il pas misogyne? La seule évocation du nom de Paul provoque un malaise. Suggérer à des fiancés de proclamer à leur mariage Éphésiens 5, 21 «Femmes soyez soumises à vos maris» est perçu comme malveillant! S'il faut ajouter que le mari est le chef de la femme et que le corps de la femme ne lui
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1 / 19 Festival de la Bible 2008, Pierre-René Côté, saint Paul

La place de la femme chez saint Paul

Se parler droit dans les yeux de certains problèmes

Festival biblique du Montmartre Canadien

Pierre-René Côté
Faculté de théologie et de sciences religieuses
30 août 2008



1. Paul n’est-il pas misogyne?

La seule évocation du nom de Paul provoque un malaise. Suggérer à des fiancés de proclamer à
leur mariage Éphésiens 5, 21 «Femmes soyez soumises à vos maris» est perçu comme malveillant! S’il
faut ajouter que le mari est le chef de la femme et que le corps de la femme ne lui appartient pas, mais il
est à son mari (1 Co 7,4) et là… c’est l’arrière grand-mère qui va nous suggérer le mariage civil! C’est un
fait que certaines citations de Paul ont profondément blessé la relation des hommes et des femmes.

Se mettre à l’étude de saint Paul, exige de s’intéresser en priorité à ces textes embarrassants. Ce
que nous croyons être la pensée paulinienne est-il vraiment ce que Paul a voulu dire? C’est aussi ce qu’il
faut faire pour plusieurs autres préjugés; ne claironne-t-on pas aussi que Paul est contre la libération des
esclaves (1 Co 7,21), c’est bien connu; il est aussi pour la soumissions aux autorités politiques, n’a-t-il pas
déclaré que toute autorité venait de Dieu (Rm 13,1)? Aussi bien le dire tout de suite, Paul n’est pas
intéressant. On perd son temps à vouloir se tourner vers ses lettres pour savoir quelque chose d’éclairant
au sujet de la femme; au mieux y trouverait-on l’origine de tous les asservissements de la femme
chrétienne, des manques de considération, du mépris…


2. Relire saint Paul


Vous devinez bien que ce ne sera pas mon propos aujourd’hui. Je confesse que j’ai partagé les
préjugés communs au sujet de saint Paul. Étudiant, je m’intéressais aux études qui distinguaient les
textes authentiques et inauthentiques de Paul. C’était donc un autre auteur, probablement disciple de
Paul et connu des destinataires, dont le nom nous était généralement inconnu, qui avait rédigé ces lettres
où nous trouvions les textes les plus désagréables. D’autres commentateurs, plus pastoraux, s’ingéniaient
à préciser que Paul parlait pour les gens de son époque avec la mentalité de son époque… notre
contexte contemporain nous permettait d’oublier les recommandations de Paul et de ne plus en tenir
compte dans nos relations.
2 / 19 Festival de la Bible 2008, Pierre-René Côté, saint Paul

Je ne peux que vous inviter tous et toutes à relire saint Paul. À neuf! Comme une première fois.
Imposez-vous une lecture continue d’une lettre; je vous suggère même de la lire à voix haute pour bien
faire attention à tous les mots, à toutes les idées. Après l’avoir lu, reposez-vous un peu… puis
réfléchissez! Cet exercice, je l’ai fait lorsque les lettres apostoliques sont tombées dans ma charge de
travail! Allais-je enseigner mes préjugés, sur un auteur que je méprisais sans le connaître? Je m’étais
presque attaché à mon siège pour lire la lettre aux Éphésiens d’un bout à l’autre à haute voix.

Ce fut immédiatement ma conversion! Les propos que je jugeais impertinents venaient à leur
place, sans choquer. Ils ne constituaient pas le sujet principal de la lettre. Plus encore, la lecture complète
du texte m’a fait ressentir une «relation» que je ne soupçonnais pas. Paul parlait avec la fougue d’un
cœur vivant qui a rencontré LE Vivant. Les passages que je craignais davantage pour leur virulence me
semblaient tout à coup pertinents, pire… replacés dans leur contexte, j’avais l’impression qu’on avait fait
dire à Paul (et je l’avais répété moi-aussi) ce qu’il n’avait jamais voulu dire et qu’on n’avait pas compris ce
qu’il disait!


3. Le scandale d’une «haute trahison»!


Depuis une cinquantaine d’années, plusieurs experts se sont penchés sur l’acte de lecture. Une
évidence est vite apparue. Nous lisons un texte avec une culture, une pensée, des préjugés… Nous «pré-
lisons» un texte, en quelque sorte. Nous avons parmi nous des spécialistes fameux de ce type d’analyse.
Paul de Tarse, est éminemment victime de ces difficultés de lectures. C’est vrai pour toute lecture, même
celle d’auteurs contemporains; le défi est simplement plus grand lorsqu’on lit un texte écrit dans un
contexte historique, social, religieux, psychologique qui nous est étranger.

S’il s’agissait d’un phénomène privé, intime à chacun de nous, nous aurions un peu de
compassion pour notre faiblesse et nous pourrions mettre sur pied rapidement des cercles de lecture et
apprendre – ensemble – à rectifier les réflexes pervertis. Mais c’est plus grave, plus profond et beaucoup
plus dérangeant… surtout lorsqu’il s’agit des enseignements de saint Paul et de ce qu’on en a fait dans
l’histoire de l’Église.

Au risque d’anticiper sur les conclusions de mon exposé, je vous dirai que Paul est
essentiellement un évangélisé évangélisateur. Il a été saisi par le Christ, par la révélation du dessein
bienveillant de Dieu, de son amour, de son incarnation, de sa «descension», de sa «kénose». Paul s’est
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fait mère (1 Th 2,5-8) et père (1 Co 4, 14-15) de toute personne intéressée à l’écouter pour l’engendrer

1 1 Th. 2,5-8 : «Jamais mon plus nous n’avons eu un mot de flatterie, vous le savez, ni une arrière pensée de cupidité, Dieu en
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est témoin; ni recherché la gloire humaine, pas plus chez vous que chez d’autres, alors que nous pouvions, étant apôtres du Christ,
vous faire sentir tout notre poids. Au contraire, nous nous sommes faits tout aimables au milieu de vous. Comme une mère nourrit
ses enfants et les entoure de soins, telle était notre tendresse pour vous que nous aurions voulu vous livrer, en même temps que
l’Évangile de Dieu, notre propre vie, tant vous nous étiez devenus chers.» 3 / 19 Festival de la Bible 2008, Pierre-René Côté, saint Paul

à la plénitude de son humanité. Paul est un libérateur. Il porte un message de libération pour tout être
humain enfermé dans une servitude où que ce soit dans le monde entier! Nous ne pouvons pas retenir
notre indignation, notre colère devant cette trahison de Paul, de sa mission, de son message.

Qu’est-il arrivé pour que, au cours de l’histoire de l’Église, surtout depuis trois siècles, toute
revendication d’autonomie, de liberté apparaisse comme révolutionnaire dans l’Église. Comment les
sujets-individus, les citoyens, les masses ouvrières, les pauvres, les femmes… n’aient jamais pu parler de
respect, de dignité, d’autonomie, de liberté sans voir se dresser parmi leurs ennemis la sainte institution
de l’Église du Christ… son clergé, ses autorités… drapées pourtant de multiples couvertures nobles:
service, vérité, infaillibilité? L’histoire, hélas, porte les cicatrices de ces errements dans tout le monde
chrétien de l’Occident comme de l’Orient, chez les catholiques comme chez les protestants!

En septembre prochain, Radio Galilée, transmettra une série d’émissions sur les enseignements
de saint Paul sur les femmes. Il manquait un titre au projet. C’est l’abbé Denis Veilleux qui l’a trouvé! En
voyant le plan des exposés, la relecture étonnamment libératrice qu’on trouve dans les lettres de Paul, le
titre a surgi dans une exclamation! Le bon, le doux abbé Denis Veilleux a suggéré : «haute trahison»! Le
titre est énorme. Pourtant il est juste.

Nous n’aurions pas fait œuvre de théologie est lançant seulement les énormités que je viens de
vous énoncer, des phrases choquantes. Il faut aussi essayer de comprendre ce qui s’est passé pour
trouver ensuite le chemin de la relecture et entrevoir les chantiers qui s’ouvriront à notre participation au
Règne de Dieu. Qu’est-il donc arrivé à Paul et à ses épîtres pour qu’il soit si mal jugé, mal compris et que
son enseignement libérateur soit devenu instrument d’asservissement?

Nous retiendrons, pour de temps limité de l’exposé d’aujourd’hui, une explication parmi plusieurs.
Depuis cinq siècles, dans le monde «chrétien», nous avons pris pour acquis que nous savions ce qu’était
l’Évangile. Dans un effort de Réforme et de Contre Réforme, nous

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