Lecture analytique de L île des esclaves, Marivaux
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Lecture analytique de L'île des esclaves, Marivaux

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Lecture analytique ayant pour problématique : Comment Marivaux offre-t-il une exposition qui remplit les attentes du lecteur ou du spectateur ? Tout cela au format PDF, sans aucune obligation d'inscription et gratuit !

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Marivaux,L’île des esclaves.Lecture analytique. Scène 1 1La pièce est très courte, un seul acte, d’où la nécessité d’une exposition rapide. Pour Marivaux , qui est encore dans un contexte où la représentation théâtrale est mouvementée: on n’éteintpas les lumières, on vient au théâtre pour voir comme pour être vu; l’exposition doit informer, certes, mais aussi souvent, surprendre afin de capter d’emblée l’attention d’un spectateur indocile.2Marivaux écrit en général pour la troupe des Italiens à Paris ; il est donc inspiré par la Comédie italienne et il a dans la troupe??? (retrouver son nom)qui joue Arlequin en permanence: d’ailleurs à la mort du comédien, Marivaux cessera de créer un personnage d’Arlequin.3Composition de la scène : jusqu’à «je vous plains de tout mon cœur; cela est juste » : exposition des éléments essentiels constitutifs del’intrigue + rapport encore entre traditionnel entre maître est esclave jusqu’à la chanson début de modification des rapports: Arlequin esquive les ordre jusqu’à la fin la supériorité d’Arlequin est mise en place jusqu’à la leçon finale d’ArlequinProblématique : comment Marivaux offretil une exposition qui remplit les attentes du lecteur ou du spectateur ? IUne exposition rapide et plaisante.1Les circonstances de l’action sont rapidement esquissées aMarivaux plante un décor dépaysant dont on comprend vite qu’il va jouer un rôle fondamental dans l’intrigueLa didascalie initiale signale un décor exotique « une mer et des rochers d’un côtéet de l’autre, quelques arbres et des maisons» : le décor est donc minimaliste mais aussi symbolique: d’un côté se trouve l’espace maritime et sauvage et dangereux ( voir la connotation des « rochers») et de l’autre un espace apparemment civilisé suggéré par les maisons. L’Ile des esclavessignale un « nonlieu» dont le lecteur sait que c’est une utopie; l’île comme utopie est un topos ( que Marivaux utilisa également dansLa Colonie) : espace d’autarcie sociale mais aussi laboratoire comme dansLa Disputeoù il s’agitd’observer une société «primitive » pour savoir qui des hommes ou des femmes a commis l première infidélité.
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Au cours du dialogue des précisions sont apportées par Iphicrate luimême qui renseigne le lecteurspectateur : « des esclaves de Grèce révoltés contre leur maître » : l’île est donc peuplée de ressortissants grecs –dont appartenant à la même civilisation dqu’Arlequin et Iphicratemais c’est un monde qui comporte une inversion des valeurs ( voir les utopies au XVIIIème; Voltaire, Montesquieu…) Quelques éléments du décor sont évoqués par les personnages, notamment les « cases » évoquées par Iphicrateil y a donc l’idée d’une architecture moins évoluéemais aussi «quelque endroit de l’île» ou « faisant une demilieue sur la côte » Enfin on voit que l’île est pour Iphicrate une source d’inquiétude: « nous nous embarquerons avec eux »  bLasituation dans laquelle les personnages sont placées est elle aussi rapidement évoquée Marivaux ne s’embarrasse pas de détail et livre dans cette scène le résultat d’une action qui a déjà commencé auparavant : in medias res.Le choix du metteur en scène pouvait éclairer cette action : Strelher par exemple suggérait le naufrage Iphicrate propose un court récit qui explique le passé : choix du passé composé et sommaire : «notre vaisseau s’est brisé» « ont eu le temps » «l’ont enveloppée»…Les informations les plus importantes sont donc rapidement esquissés : les personnages sont placés dans un cadre exotique, dans une situation dramatique car il s’agit d’éveiller très vite l’intérêt du spectateur2L’exposition fonctionne sur un couple de personnages ( VS une exposition type Tartuffedans laquelle on a un grand nombre de personnages) . Le couple est très rapidement structuré par un jeu de contraste. L’opposition est sensible dans le nom des personnages: alors que la plupart des personnages de la pièce tire leur nom du grec , on voit se distinguer deux personnages qui appartiennent eux à la tradition du théâtre italien et ont pour origines leszannide la commedia dell’arte: Trivelin et Arlequin. aL’un nommé d’emblée est porteur d’une tradition: il se caractérise ici par une certaine légèreté , une sorte d’indifférence qui va l’opposer radicalement à son maître avant même que le rapport de force ne soit inversé. Il est d’emblée lié à un accessoire: «la bouteille de vin qu’il a à la ceinture» : elle est présente dès la première didascalie, il est question de boire dans le discours de Arlequin et il boit effectivement comme l’indique une didascalie. Outre qu’elle suggère la condition sociale du personnage , elle est aussi symboliquement l’accessoire qui montre que pour Arlequin, la vie continueIl n’envisage d’ailleurs le «drame » de ce naufrage que dans une perspective alimentaire : « nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts de faim. » : l’accumulation, la gradation montrent une certaine distance.
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Le « eh viton » = on est vivant après tout montre que dans ces circonstances, Arlequin est capable de prendre la vie comme elle vient. On voit donc qu’il est d’une certaine façon bien moins fragile que ne l’est son maître dans une situation dramatique ou inhabituelle. La vivacité du personnage qui peut être accentuée par la gestuelle ( si l’on fait jouer Arlequin à l’italienne) est également marquée par le discours : usage de phrases généralement courtes, emploi répété d’interjections; « eh » « eh » « oh oh ». Usage d’un langage populairepar ma foi » « badin »: « Elle est également sensible par le fait qu’il dispose de moyens d’expressions diverses ( o y reviendra): il siffle, chante, ce qui a d’abord pour effet démontrer la gaieté du personnage Enfin son « insouciance » va crescendo dans la scène et change de sens: puisqu’elle va devenir persiflage et se muer en véritable insolence. bIphicrate, quant à lui affiche une réaction radicalement opposée face aux événements auxquels il est confronté sa vulnérabilité vient aussi de cela et elle préexiste finalement à «l’Ile des esclaves» et au renversement social qu’elle suppose.Les didascalies insistent sur son accablement et accentuent le jeu de contrastes entre els personnages : «s’avance tristement sur la scène » « après avoir soupiré » Son discours est marqué par une résonance tragique :  interrogationrhétorique qui trahit la détresse : « Que deviendrons nous dans cette île ? »  lexiquede la mort : «nous sommes seuls échappés du naufrage, tous nos camarades ont péri, et j’envie maintenant leur sort» : usage de propositions indépendantes, lexique de la tragédie: à la différence d’Arlequin qui se réjouit d’être en vie, Iphicrate aspire à la mort.  voir également l’utilisation du rythme ternaire : « si je ne me sauve, je suis perdu, je ne reverrai jamais Athènes » : forme négative, lexique tragique, juxtaposition des étapes de la « catastrophe » Il est ensuite placé dans une situation périlleuse dès lors que l’on comprend où l’on est :  «je suis en danger de perdre la liberté, et peutêtre al vie, cela ne suffitil pas pour me plaindre ? » : Iphicrate se pose en héros tragique dont la situation va de mal (le naufrage) en pis ( une menace de mort » 3Une action à venir propre à susciter la curiosité du spectateurCertains éléments retiennent l’attention du spectateur et annoncent la suite de l’action:
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 interrogation sur la présence éventuelle d’autres rescapés: « je ne sais ce qu’elle est devenue» « mais peutêtre aurontils eu le bonheur d’aborder» « quelquesuns des nôtres ont eu le temps de se jeter…»  l’usage de la modalisation annonce les autres rescapés pendant féminin du couple masculin présent dans cette première scène dès la scène suivante. Marivaux écrit donc une exposition rapideet animée fondée sur un couple traditionnel de la comédie: le maître et le valet. ce couple qui définit d’emblée le genre auquel appartient cette courte pièce est aussi ce qui va permettre les enjeux sociaux de l’œuvre.II Une pièce qui ouvre une réflexion socialeSi les personnages se distinguent par leur attitude, ils sont également opposés par leur statut social et ce sont les fluctuations dans ce rapport social qui créent la dynamique de la scène, l’orientant vers une véritable inversion.1Le début de la scène monte un couple traditionnel de comédie avec les rapports que cela implique même s’il apparaît très vite perturbéaUn rapport hiérarchique attendu C’est sensible dès les premières répliques ( on peut penser qu’un metteur en scène peut le souligner par les costumesemprunt possible au costume traditionnel d’Arlequin ou par une transposition historique : dans sa mise en scène, Elisabeth Chailloux fait jouer un acteur noir : Nadylam ou Bankolé )  L’onomastique annonce le valet facétieux de la commedia dell’arte l’adresseà Iphicrate : « Mon patron » La disparité sociale est également sensible dans le tutoiement/ vouvoiement : Iphicrate tutoie alors qu’Arlequin vouvoie ( sauf à la fin dela scène ) même si l’emploi du «nous» est censé donner le sentiment d’une destinée commune à l’issue du naufrage L’emploi de l’impératif d’abord discret est toutefois sensible et appuie la disparité sociale : « dismoi » « ne perdons point de temps » « suismoi, ne négligeons rien » bMais très vite le lecteurspectateur mesure la fragilité de ce rapport Si Iphicrate jouit de la supériorité sociale , il fait dans cette scène la démonstration de sa naïveté: en effet il donne à Arlequin les éléments d’information qui vont lui permettre d’amorcer dès cette première scène un renversement L’information est aussi destinée aux spectateurs mais seul Arlequin pourra en faire vraiment son profit : «leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu’ils rencontrent, ou de les jeter dans l’esclavage».
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Il semble qu’à ce stadelà, Iphicrate soit incapable d’envisager une révolte de la part de son esclave. l’apostrophe « mon cher Arlequin » donne le sentiment de gommer les différences sociales; toutefois on voit à d’autres indices que l’opposition sociale n’est évidemment pas gommée.  de fait le lecteur ou le spectateur voit d’emblée comment le lieu est susceptible de modifier le rapport social : Iphicrate se retrouve en dangerce qu’il formule luimême ( voir plus hautalors qu’Arlequin se retrouve protégé: là encore le discours des personnages met en relief cette nouvelle donne : «on dit qu’ils ne font rien aux esclaves comme moi » On constate aussi chez Arlequin une propension à l résistance mais il s’agit d’abord d’une sorte de force d’inertie plutôt qu’une opposition franche et directe. l’abattement d’Iphicrate modifie déjà la répartition du pouvoir d’ailleurs on voit que la parole se répartit peu à peu de façon égale jusqu’à la fin de la scène où Arlequin domine clairement  voirla réplique «Cherchons mais…» : Arlequin reprend le verbe employé par Iphicrate et semble d’abord se rendre à l’ordre qui lui est intimé + « mais » introduit l’oppositionet l’antithèse: « reposonsnous auparavant » : face à l’empressement d’Iphicrate, on sent ici la nonchalance du valet.‘j’en boirai les deux tiers, comme de raison, et puis je vous donnerai le reste» : la réplique contribue au comique de caractère; il s’agit de montrer chez les personnages un goût pour la boisson + il y a un élément héroïcomique qui suit : «j’ai sauvé ma pauvre bouteille » : Arlequin utilise le lexique et la tonalité de son maîtrequ’il consacre lui à la situation de … sa bouteille. . Toutefois, on voit que la répartition de la boisson ne se fait pas selon l’ordre social; le « et puis » marque la chronologie 2L’inversion des rapports sociauxA partir de « Suismoi donc » et dela révélation de la nature de l’Ile les rapports sociaux vont être bouleversés puis s’inverser.a Arlequin passe de la nonchalance au persiflage C’est sensible dans le comportement du personnage:  au« suismoi «d’Iphicrate, il répond par un sifflement « hu hu »  à l’interrogation «comment donc, que veuxtu dire » il répond par le chant «tara…»  auxinterrogations , il répond par le rire « en riant » ou parle jeu de l’indifférence: « distrait » « badinant » puisdans la toute dernière phase de la scène « indifféremment» qui montre qu’il ne prend même pas la peine de considérer les propos de son maître: le choix d’une chanson populaire et gaillarde est aussi significatif d’une certaine insolence: Arlequin est en somme ici chez lui
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 enfin, il y a parfois contradiction entre ce qu’il dit et ce qu’il fait «Ah je vous plains » mais « prenant sa bouteille »qui fait passer son discours pour une sorte d’habitude polie .. ou déjà pour une forme de persiflage.Il s’oppose aussi verbalement aux ordres qui lui sont donnés :  au« Marchons de ce côté » il répond par «j’ai les jambes» engourdies  Ilappelle son « patron » : « Monsieur Iphicrate » ce qui traduit  unecertaine familiaritémême si les origines de « monsieur »  sontnobles On sent donc que les frontières sociales basculent Enfin il se moque de son maître en commentant ces propos comme s’il assistait à une sorte de représentation ;  ilsemble se présenter comme une sorte de spectateur : « je vous plais mais je ne puis m’empêcher d’en rire». la situation  quiparaît comme une véritable tragédie chez Iphicrate est une  comédiepour Arlequin.  ilrépète les propos de son maître en les commentant : «je t’en prie, je t’en prie» « comme vous êtes civil et poli »  ilse moque de lui en feignant de prendre le changement de ton d’Iphicrate pour un e effet du climat: «c’est l’air du pays» ; un peu plus tard il accusera Iphicrate de continuer à  parler«la langue d’Athènes» Arlequin persifle et montre donc à Iphicrate qu’il n’est nullement dupe de la comédie que son maître entend lui jouer. bIphicrate perd son pouvoir C’est marqué par la répartition de la parole dans la scène, elle est favorable à Arlequin et particulièrement dans la dernière partie de la scène Cette perte depouvoir est sensible puisque son esclave n’exécute de fait plus aucun des ordre qui lui sont donnés. Même lorsqu’il parle, Iphicrate ne voit ses discours suivis d’aucun effet: il parle à vide. Iphicrate perd pied peu à peu :  c’est sensible à la fretenant saois dans les didascalies «  colère» , « un peu ému »  c’est sensible également dans le discours: multiplication de s impératifs et des interrogatives ; amorce des répliques par
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 «mais » : « mais je ne te comprends point » «mais j’ai besoin d’eux» pour jouer la comédie de l’amitié sont vains et se concluent dans uneSes efforts explosion de colère :  emploirépété du « nous » censé exhiber la cohésion entre les  deuxpersonnages : « notre chaloupe « nous embarquerons »  adressespolies « mon cher Arlequin » ( ensuite singée par l’esclave en «mon cher patron »  déclaration d’affection: « ne saistu pas que je t’aime» sous la détruite par l’ironie d’Arlequin.forme d’une question rhétorique là aussiTout cela se solde par l’explosion de colère impuissante: « Esclave insolent ! » En outre plusieurs éléments montrent qu’ Iphicrate est conscient de la situation: En outre plusieurs éléments montrent qu’ Iphicrate est conscient de la situation:  l’aparté: « le coquin abuse de ma situation » : cet aparté montre en outre au spectateur que le personnage va ensuite jouer la comédie ce qui probablement place le lecteur ou le spectateur du côté d’Arlequin «méconnaistu ton maître et n’estu plus mon esclave » : question rhétorique là aussi: Iphicrate tente un ultime rappel à l’ordremais son interrogation équivaut à la prise de conscience que cet ordre social est déjà bouleversé. 3Mais l’inversion est sensible au fait qu’apparaît sur scène un nouvel Arlequin aun valet qui a de l’espritC’est particulièrement manifeste dans la manière qu’il a de manier l’ironie dans la dernière partie de la scène : « mon cher patron, vos compliments me charment » Il témoigne aussi d’une certaine faculté à jouer des images:  «vous avez coutume de m’en faire à coups de gourdin qui ne  valentpas ceuxlà » : les cops de gourdin sont par antiphrase assimilés  àdes compliments. Il file l’image: « les marques de votre amitié tombent toujours  surmes épaules , cela est mal placé »  Enfinil trouve une image qui résume la perte de pouvoir d’Iphicratele gourdin est dans la chaloupe »: «: l’image rend
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 concrètela perte de pouvoir et rattache celuici au passé : la  chaloupeappartient au monde grec dont le naufrage les prive. bMais aussi un valet moralisateur qui annonce l’éducation morale que vont devoir subir les maîtres Le nouveau statut d’Arlequin est sensible à la toute fin de la scène:  Marivauxaccorde à son personnage une tirade qui constitue laconclusion de l’échange et permet d’entériner l’évolutiondont lespectateur a été témoin. la didascalie insiste sur le changement : «se reculant d’un airsérieux » :  Arlequinquitte donc son statut de Zanni venu de la commedia dell’arte pour être investi d’une autre fonction l’usage du tutoiement là aussi matérialise le changement des  rapportssociaux qui sera encore accentué dans la scène suivante par l’échange des noms et des vêtements. l’échange se termine par une véritable menaceà l’impératif etsigne aussi l’inversion des rapports: «je ne t’obéis plus, prendsygarde » Le nouveau sérieux d’Alequin se manifeste par le surgissement d’un être moral bien plus profond que ne le laissait présager sa nonchalance ou son persiflage :  lexiquedes sentiments : « à ta honte » « je te le pardonne » :  enmême tempos ce pardon initial annonce sans doute le  dénouementcar on voit les qualités morales du personnage.  utilisationdu présent de généralité : « les hommes ne valent rien » : on voit donc qu’Arlequin écarte la rancœur personnellepour sesituer sur le plan de la réflexion générale. C’est donc tout unsystème qu’il s’agit de mettre en question. la logique du discours d’Arlequin montre un monde régi par la  loidu plus fort : «Dans le pays d’Athènes, j’étais ton esclave,  tume traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela  étaitjuste parce que tu étais le plus fort » : le « parce que » , la retranscription des propos d’Iphicrate montrent qu’Arlequin estengagé dans un raisonnement, dans une réflexion.. On notera que par connotation il y a quelque chose d’étonnant làdedans puisqu’Athènes est censée être le berceau de la démocratie.  Le raisonnement se poursuit en opposant « dans Athènes « et  «ici » et en reprenant exactement la même construction et « tu  vastrouver plus fort que toi »
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On voit donc qu’Arlequin ne dénonce pas seulement les désagréments causés à lui par son maître mais qu’il pointe l’injustice d’un ordre social exclusivement fondé sur la force. Enfin il lance le thème de la vertu éducative de l’île des esclaves qui sera ensuite précisée par Trivelin :  «quand tu auras souffert tu seras plus raisonnable , tu sauras mieux ce qu’il est possible de faire souffrir aux autres»  Onvoit donc pour Marivaux qu’il s’agit de modifier la conscience des maîtres non pas par le discours mais en les faisant éprouver directement un statut; éducation par l’expérience et par le cœur.Là encore la généralisation est frappante : « Tout en irait mieux dans le monde , si ceux qui te ressemblaient recevaient la même leçon que toi » C’est ce dont va finalement se charger le théâtre puisqu’à travers les personnages , il doit permettre aux spectateurs d’éprouver la situation de tous.CONCLUSION : Vivacité de la scène : Marivaux réussit une exposition enlevée ; il surprend le lecteur par le décor exotique ; le charme par le recours à des personnages connus auxquels il donne ici une dimension nouvelle (Arlequin) et annonce ici une comédie légère fonctionnant sur un dialogue lui aussi enlevé. Il assure la vivacité de l’ensemble: l’exposition ne fait pas qu’exposer: les informations essentielles sont fournies très rapidement mas la scène montre un mouvement de bascule sociale. Le lecteur spectateurcomprend d’emblée que cette utopie va bouleverser l’ordre social: le théâtre fonctionne donc comme une sorte de laboratoire social dans lequel on est invité à expérimenter un autre fonctionnement. Le lecteur est invité à partager le diagnostic : dénonciation d’un ordre social fonctionnant par la force et à éprouver via la comédie la situation de l’autre / Le théâtre remplit donc pour le spectateuret par procuration la tâche que rempli l’utopie pour les personnages.dansLa ColonieMarivaux fait également du théâtre et d e l’utopie un laboratoire pour examiner cette fois les rapportes entre els hommes et les femmes enfin il faudra attendre la scène 9 pour que ce rapport ici modifié retourne à « la normale», ce qui montre que ce bouleversement n’est qu’une parenthèse destinée à susciter l’interrogation.
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