Léon TOLSTOÏ (1828-1910
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Description

  • redaction - matière potentielle : guerre
Léon TOLSTOÏ (1828-1910) [Portrait par Ilya Repine (1887), détail] INTRODUCTION
  • sujet de méditation infinie sur la question existentielle par excellence
  • enseignement scolaire de fond en comble
  • question de paix dans le roman
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INTRODUCTION
Léon TOLSTOÏ(1828-1910)
[Portrait parIlya Repine(1887), détail]
1 Léon Tolstoï est l’auteur d’un des plus grands romans jamais écrits:Guerre et Paix(en russe:Война и мир:Voyna i mir). Publié quelques années seulement après Les Misérables, en 1869, ce roman est d’une longueur et d’une complexité inhabituelles. On y entre cependant sans peine « comme dans une autre vie, parallèle à la nôtre. » (Zoé Oldenbourg). Le livre refermé, les personnages continuent de vous accompagner longtemps. Pourquoi ? Parce que, explique Henri Troyat, Tolstoï possède le pouvoir d’évocation de la vie plus que tout autre.Le miracle de Léon Tolstoï, c’est ce don de vie qu’il transmetà des centaines de créatures, toutes différentes, dessinées avec légèreté et pourtant inoubliables : soldats, paysans, généraux, grands seigneurs, jeunes filles, femmes du monde… Il passe de l’un à l’autre, changeant d’âge, de sexe, de condition sociale sans effort. Il donne à chacun une façon de penser, de parler, une complexion physique, un poids de chair, un passé et jusqu’à une odeur. (Léon Tolstoï, 1965, p. 373). Ce miracle est cependantle fruit d’un immense travail. Tolstoï met sept ans (1862-1869) pour écrire ce roman où évoluent près de 600 personnages. Comme l’indique son titre,Guerre et Paixest une histoire où il est beaucoup question de la guerre. Les faits relatés (temps de l’action) vont de 1805 à 1813, soit, de la bataille er d’Austerlitz à la Retraite de Russie. Autrement dit: de l’apogée de Napoléon I à son déclin. Contrairement à ce que laisse entendre le titre, il n’est en revanche nullement question de paix dans le roman. Ce mot trompeur désigne en réalité la vie civile qui se poursuit parallèlement à la vie militaire. Tandis en effet que les soldats se battent sur le front, la vie continue dans les villes, et en particulier la vie amoureuse.L’intrigue centrale concerne essentiellement troisCette personnages. intrigue, Daniel Pennac la résume ainsi : «C’est l’histoire d’une fille qui aime un type et qui en épouse un troisième. » (Comme un Roman) La « fille» c’est Natacha Rostov, adolescente gracieuse, pleine de vie, un peu fofolle (elle a 13 ans au début du roman). Le « type» c’estle Prince André, un homme droit, grave, soucieux, foncièrement pessimiste. Le troisième c’est Pierre Bézoukhov, un être timide, pataud, influençable, dépressif, en quête perpétuelle de sens à son existence. Le deuxième, passé sous silence, est Anatole Kouraguine, jouisseur impénitent et séducteur sans scrupule. Natacha tombe amoureuse d’André, mais une foisque celui-ci est parti sur le front, la jeune femme cède aux avances d’Anatole. Elle se reprend, mais trop tard, et c’estPierre, amoureux depuis toujoursde Natacha, qui l’épouse sur le fil… Tel est, sur fond de combats titanesques entre l’empereur Napoléon et le général Koutouzov, l’intrigue sentimentale de ce roman. Ce qui fait la supériorité deGuerre et Paixsur d’autres romans qui mêlent pareillement les événements militaires et les épisodes sentimentaux (La Chartreuse de
1 Le roman est cité parWilliam Somerset Maughamen1954, dans son essaiTen Novels and Their Authorsparmi les dix plus grands romans.
Parme,Les Misérables), c’est que Tolstoï ymarie mieux que quiconque la petite histoire et la grande Histoire, le destin sublime des nations et la vie ordinaire des gens. Grâce àses talents d’illusionniste, les figures de l’Action (Napoléon, Koutouzov) côtoient les figures de la Fiction (Natacha, Pierre, André), sans que le lecteur y trouve à redire. Cet art consommé du trompe-l’œil aurait suffi à faire de Guerre et Paixun romand’exception. Sa profondeur philosophique en fait un chef-d’œuvre:Guerre et Paixne donne pas seulement à rêver, il donne aussi à penser. Mille réflexions, incorporées avec grâce au récit, jalonnent la narration, faisant de ce roman un sujet de méditation infinie surlaquestion existentielle par excellence : le sens de la vie. Trouver un sens à l’existence, tel est justement le fil conducteur de la biographiede Tolstoï, qui n’a cessé d’hésiter entre plusieurs voies. Pour quoi suis-je fait ? Que dois-je faire ? Toute sa vie durant, l’homme est tourmenté par cette idée, à l’image de l’indécis Pierre Bézoukhov, incapable de se fixer nulle part.I. UNE VIE TOURMENTEE Léon Tolstoï (enrusse:ЛевНиколаевичТолстой), est né le 9septembre1828. Contemporain de Flaubert, Zola et Hugo, c’est un auteur de la e seconde moitié du XIX siècle. Il est né àIasnaïa Poliana200 km au sud de (à Moscou), vaste domaine champêtre de 380 hectares, où l’auteur passe une enfance heureuse, et où il reviendra, à l’âge adulte, pour écrireGuerre et Paix. Sa tombe, un simple monticule, sans croix, ni pierre tombale, ni inscription,s’y trouve encore aujourd’hui. Ses parents, de riches propriétaires terriens d’ancienne noblesse, meurent alors que l’enfant n’a que neuf ans. Léon Tolstoï et ses frères sont donc élevés par leur tante, qui confie leur instruction à des précepteurs français et allemands. À seize ans, Tolstoï entre à l’université de Kazan. Il en sort sans diplôme : à l’enseignement officiel Tolstoï préfère ses propres lectures, notamment celle de Rousseau qui l’influence énormément, en particulier dans le domaine de la pédagogie et de l’égalité sociale. Très tôt, Tolstoï a l’intuition qu’il faut revoir l’enseignement scolaire de fond en comble (il créera des écoles) et abolir l’esclavage (il émancipera les serfs de son domaine). Malgré son sens moral exacerbé, le jeune Tolstoï est tenté par la vie de débauche, et mène à Moscou une existence désordonnée et légère. Sa fibre humanitaire se retrouve dans le personnage de Pierre Bézoukhov, soucieux d’améliorer le sort des démunis. Son goût du libertinage se manifeste à travers le personnage d’Anatole, amateur de femmes et de jeu…
[Portrait de Tolstoi réalisé par le peintre russe Ivan Kramskoi en 1873]En 1851, pour trouver un sens à sa vie, Tolstoï décide de s’engager dans l’armée. Parallèlement, le jeune homme (il a 25 ans) commence à écrire. Il mène une carrière militaire dans le Caucase (contre les Turcs) et à Sébastopol (contre les français), en même temps qu’une carrière littéraire, en publiant des souvenirs de ses première années (Enfance, 1852,Adolescence, 1854, etJeunesse, 1855). Son expérience de la guerre lui inspire égalementRécits de Sébastopol (1854-1855)etLes Cosaques (publié seulement en 1863). Deux thèmes s’affirment déjà qui seront amplement développés par la suite, celui de la « formation de soi » (Guerre et Paixraconte comment Natacha, de fillette étourdie devient femme accomplie), et celui de la guerre, qui chamboule l’organisation sociale.Dégoûté par la guerre (dont il dénoncera le mécanisme aveugle dans maintes scènes deGuerre et Paix), Tolstoï rentre chez lui, à la recherche de stabilité. Mais sa curiosité insatiable le pousse à voyager : il passe deux années en Europe à observer les systèmes pédagogiques. Ses convictions humanitaires se renforcent au spectacle du matérialisme et de l’injustice qui règnent là-bas. Rentrant dans son domaine en 1862, toujours en quête d’une vie exemplaire, il fonde une école, invente des
principes éducatifs, s’occupe des serfs, et… se marie avec Sophie Behrs dont il a treize enfants. 1862 c’est aussi l’année où Tolstoï se lance dans la rédaction deGuerre et Paix(il mettra sept ans à l’écrire).Son intention, au départ,est d’écrire un roman sur l’insurrection décembristes de 1825. Mais s’apercevant que cet événement n’est pas compréhensible sans le rappel des faits qui précèdent, Tolstoï décide de reprendre les chosesà la base, ce qui l’amène à remonter à 1805. Finalement, il n’écrira que quelques pages sur les décembristes, et plus de 1200 sur les guerres opposant la France à la Russie de 1805 à 1814 ! A sa sortie, le roman connaît un succès colossal, qui provoque la jalousie de Dostoïevski. Strakhov, un critique, se montre quant à lui dithyrambique : Aucune littérature ne nous offre rien de semblable. Des milliers de personnages, des milliers de scènes, les sphères gouvernementales et celles de la vie intime, l’histoire, la guerre, toutes les horreurs possibles sur la terre, toutes les passions, tous les instants de la vie humaine depuis le cri du nouveau-né jusqu’à la dernière bouffée de sentiment d’un vieillard moribond… Et cependant, aucune figure n’en cache uneautre, aucune scène, aucune impression ne gâche une autre scène, une autre impression, tout est clair, tout est harmonieux, dans les parties comme dans l’ensemble.Guerre et Paixressemble en effet à une immense fresque picturale, dont la composition d’ensemble n’apparaît que lorsqu’on embrasse le tout.Après la publication de son livre, Tolstoï connaît une nouvelle crise existentielle : dans sonJournal, à la date de septembre 1869, le romancier écrit : Brusquement, ma vie s'arrêta... Je n'avais plus de désirs. Je savais qu'il n'y avait rien à désirer. La vérité est que la vie est absurde. J'étais arrivé à l'abîme et je voyais que, devant moi, il n'y avait rien que la mort. Moi, homme bien portant et heureux, je sentais que je ne pouvais plus vivre. Cette crise débouchera sur une conversion religieuse. Mais en attendant, Tolstoï n’abandonne pas l’écriture. Il se lance, après une pause de quelques années, dans un roman de mœurs qui dénonce l’adultère: c’estAnna Karénine, publié en 1877. L'auteur y oppose le calme bonheur d'un ménage honnête formé par Lévine et Kitty Chtcherbatski aux déboires qui frappent la passion coupable d’un couple formé d'Alexis Vronski et d'Anna Karénine. Jeune femme de la haute société de Saint-Pétersbourg mariée à Alexis Karénine, un haut fonctionnaire de l'administration impériale, Anna rencontre par hasard le comte Vronski, officier brillant, mais frivole. Elle en tombe éperdument amoureuse. D’abord, la jeune femme résiste à l’adultère, par amour de son fils etfidélité envers son époux, par mais finit par céder. S’ensuit une liaison coupable, qui va jeter le couple dans l’opprobre et la marginalité. La femme adultère et son amant décident de vivre leur amour, envers et contre tous. Lorsqu’elle comprend que celui pour qui elle a
sacrifié sa situation et son fils ne l’aime plus, Anna Karénine met fin à ses jours en se jetant sous un train. Parallèlement, le couple légitime (Lévine et Kitty) s’épanouit dans le mariage… Le roman connaît un succès aussi foudroyant queGuerre et Paix, Tolstoï est mondialement célèbre.
Les trente dernières années de la vie de Tolstoï sont encore plus tourmentées que celles qui ont précédé. D’athée qu’il était, l’écrivain devient croyant. Faisant siens les principes de l’Évangile qui prônent l’amour du prochain et la non-violence, il produit une importante œuvre philosophique (Ma confession, 1879-80, publiée en 1884 ;?Quelle est ma foi ; 1882-1884 Que devons-nous donc faire ?, 1882-1886 ;l'Esclavage de notre temps, 1899-1900), qui illustre sa foi religieuse et ses convictions sociales nouvelles. Tolstoï croit enfin avoir trouvé un sens à sa vie. Ses prises de position extrémistes sur le rôle de l’Église entraînent cependant son excommunication par le Saint-Synode en 1901. Ses opinions politiques très progressistes (ilcondamne l’inégalité sociale, fustige les classes privilégiées, et dénonce le pouvoir coercitif du gouvernement) lui valent la réprobation de l’Etat. Marginalisé religieusement et politiquement, Tolstoï le devient aussi littérairement. L’écrivain renie ses propres chefs-d’œuvre etrejette en blocl’art pour l’art au nom d’un art inspiré par la morale. Son très réactionnaire essaiQu’est-ce que l’art? (1898) lui met à dos toute l’élite intellectuelle européenne. À ses yeux, l'œuvre d'art ne se justifie que lorsqu'elle favorise le progrès moral. Ses théories expliquent la veine didactique des œuvresultimes :la Mort d’Ivan Ilitch(1886), description d’une terrible agonie débouchant sur le « salut » ;la Sonate à Kreutzer(1889), réquisitoire contre
l’amour physique;Résurrectionvaste démonstration romanesque sur la (1899), nécessité de vivre en accord avec ses idéaux. A soixante-dix ans, Tolstoï s’efforce plus que jamais d’adapter sa conduite à ses idées, ce quil’amèneà adopter un mode de vie marginal, qui creuse le fossé avec ses semblables (rejet de la vie civilisée et oisive des villes) et avec sa famille (fréquentes querelles avec son épouse). En revanche, son érémitisme séduit de jeunes gens, férus d’égalité, qui voient en luiun gourou. Désormais, l’homme porte une longue barbe, se vêt d’habits confectionnés de ses propres mains, prône une éthique sévère, faite de frugalité, de chasteté et de pauvreté. Farouchement opposé à toute idée de domination, il vit à la manière des moujiks, participe à leurs travaux. Dans la nuit du 27 au 28octobre 1910, après avoir rédigé une lettre d’adieu à sa femme, Tolstoï quitte brusquement le domicile conjugal, et part pour la gare. Trois jours plus tard, il tombe malade ; il meurt à la gare d'Astapovo, le 7 novembre, sous le regard de ses adeptes, accourus de toute la Russie.
[Tolstoï photographié en 1908 (il a 80 ans) parSergueï Prokoudine-Gorski]
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