Vues sur les Problèmes de la Phllosophie
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  • dissertation - matière potentielle : sur le droit naturel
  • cours - matière potentielle : seances de spirillsme
  • dissertation - matière potentielle : analogues
  • dissertation - matière : physique
TUES SUR LES PROBLEMES IN w PHlLOSOPHIE 1 De toutes les illusions qui ont égaré gravement I'intelligonce dans notre civilisation occidentale, l'une des plus funestes a eté, sans doute, celle qui consiste B prendre la philosophie pour une sorte de science, ayant son domaine propre, decouvrant des principes et aboulissant, par la déduction, B des propositions que nous devrions tous accepter. Cette perversion de la reflexion ne peut &tre parfai- tement comprise que si l'on remonte aux moyens qu‘employhrent les anciens penseurs pour soumettre B la disciplme de leur logique les idees populaires qui offraient le plus d‘int6r&, sulvaat l'opinion de leurs contemporains.
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Extrait

TUES SUR LES PROBLEMES IN w PHlLOSOPHIE
1
De toutes les illusions qui ont égaré gravement I’intelligonce dans
notre civilisation occidentale, l’une des plus funestes a eté, sans
doute, celle qui consiste B prendre la philosophie pour une sorte de
science, ayant son domaine propre, decouvrant des principes et
aboulissant, par la déduction, B des propositions que nous devrions
tous accepter. Cette perversion de la reflexion ne peut &tre parfai-
tement comprise que si l’on remonte aux moyens qu‘employhrent
les anciens penseurs pour soumettre B la disciplme de leur logique
les idees populaires qui offraient le plus d‘int6r&, sulvaat l’opinion
de leurs contemporains.
Les philosophes ioniens avaient une profonde veneration pour
le savoir des Orientaux qui leur semblaient &re devenus les mailres
du ciel, en prédisant les éclipses; mais l’espr~t moqueur, subtil et
artistique des Grecs ne pouvait accepter les cosmogonies asiatiques,
toutes peupldes de monstres ; des hommes particulleremen t ingénieux
surent découvrir dans ce chaos quelques inventions qui méritaient
d’être conservées; ils simplifì6rent ce que les Barbares avaient com-
pliqué h l’exces et 11s presenterent des conceptions du monde dignes
de prendre rang h cbté des théories medicales helleniques, qui Btaient
deja en voie de grand progrès. La maniere dont les Grecs conçurent
l’examen de la nature, dépendit toujours Btroitemeu’t de ces origines
mythologiques : les hypotheses sur la constitution des corps, sur
leurs transformations périodiques, sur leur production ou leur
destruction, occuphrent une place pleinement prépondérante dans
ce que l’antiquité nommait la physique; à c6te de ces doctrines
ghérales, les quelques notions exp&imentales, vagues, incoor-
donnees et parfois meme incoherentes, que fournissaient de
médiocres methodes d’observation, ne pouvaient faire que bien
REV. M~A. - T. XVIll (o0 5-19!0) 39 $82 REVUE UE M~TAPXYSIQUE ET DE MOIIALE.
triste figure; les travaux entrepris par les géomètres sur I’astro-
* nomie, l’optique, l’équilibre des fluides, n’étaient pas regardes
comme appartenant B la science de la nature La vkritable science
de la nature était composée de dissertations analogues celles qu’on
lit dans le TLmde ou dans la Physique; science et philosophie s’iden-
tifiaient donc, quand elles s’occupaient de la nature.
I1 paraît aujourd’hui bien démontré par les recherches de M. Fou-
cart que l’Egypte a transmis B la Grèce les idées relatives & la vle
d’outre-tombe qui donnerent une si grande autorité aux mystères
d’Eleusis*. C’est certainement en Egypte qu’il hut chercher les
sources des doctrines de Platon, qui a travaillé sur des emprunts
faits aux religions de l’hgypte par les pythagoriciens et déjk fort
hellénisés par ceux-ci; ainsi se constitua une autre philosophie qui
fuut une science de l’%me, des choses divines et du gouvernement
que Dieu exerce dans le monde. Les stolciens et plus lard les néo-
blatoniciens verdrent daos la pensée hellénique tan t d’afflrmatlons
empruntées aux religions orientales qu’on a pu regarder souvent la
phllosophie des premiers slhcles de notre &re comme étant deJh
presque une théologie.
La seule philosophie que l’on puisse appeler specifiqúement
hellénique, est celle qui a pour obJet la morale: cette morale €ut
construite d‘une manihre tres particulière, en raison des conditions
politiques au milieu desquelles vivaient ses fondateurs. Lorsque les
vieux usages commenctwent a perdre leur autorité, que les sophisles
apprirent aux jeunes gens riches qu’il n’y avait rien au-dessus du
succhs obtenu par d’habiles pardes, que les démagogues eurent
entrain6 les républiques grecques B adqter une conduite pleine de
violences, soit envers les autres cités, soit envers leurs citoyens
rlches, de courageuses protestations s’6ievkrent contre cette corrup-
tion de L‘%me.
A partir de Socrate, beaucoup de philosophes se pr4oecupdrent
de prbenter aux Grecs des codes de l’ducation civique, destin& B
leur apprendre comment ils pourraient se conshtuer une nature
i. Archimede fut systematlquement p318 de cdte par ICE phllosophes (Reuw
arch&logtque, janvier 1869, p. 47, et fbrzer, p. iii).
2. Foucart, Recherches surl’a*ipne et Ia notum dea mgst8res d’Ekzcsu, pp.82-83.
- HBrodote avart d#$& signale Ia grande influence que les crojancee rehgleuses
des Bglptlens avaient eue sur la Grbce tres ancienne (hvre I!, 50-52, 58, 81,
i23, ilí); II attribuenotamment aux Egjptiens i’honneurd’avoir etc les premiers
B enselgaer la survie des hommes (i-23). G. SOREL. - VUES SUR LES PROBLhES DE LA PAILOSOPHIE. 583
morale propre 8 leur assurer une vie que ne pourraient critiquer les
gens raisonnables, qui serait conforme aux sentiments d’honneur
contenus dans la tradition nationale et qni leur donnerait plus de
bonheur sérieux que les dévergondages de leurs instincts. Comme
les vices des institutions dhmagogiques entrainaient trBe facilement
les hommes B s’&carter de la prudence, les philosophes cherchaient
h montrer comment une société pouvait &tre organisée, en vue de
rendre plus facile l’application complbte de lenr code.
Nous avons aujourd’hui quelque peine h comprendre comment
les moralistes grecs ont pu regarder les fautes comme &ant impu-
tables 9 l’ignorance, c’est-b-dire les ranger dans le domaine de
l’intelligence, alors que nous sommes habitues b les rapporter 8 la
volonté. Leur doctrine tient b ce qa’h leurs yeux la morale 6talt un
code de I’éducation, qui devait s’apprendre comme on apprend lo
code du metier de navigateur.
Le christianisme augmenta encore la valeur qn’on attribuait aux
affirmations des diverses dogmatiques qn’il s’annexa. Il les subor-
donna toutes B la theologie et il fit de celle-ci quelque chose d’ana-
logue & la science juridique, puisqu’el?e s’appuyait sur des inter-
prétalions donnees b des textes sacds par des autorit& souveraines.
Les conceptions de la physique generale furent choisies de manière
B pouvoir faciliter l’exposition des mysthes i ; la morale devint une
Jurisprudence des tribunaux pénitentiels, propre 8 conduire l’Arne
sur la voie du salut*.
La Renaissance opera, dans une certaine mesure, comme avaent
op&$ les philosophes grecs : elle emprunta B l’antiquile,, dont la * gloire la fascinait, comme les anciens avaient emprunté a l’Orient et
B I’Egypte, dont la civilisation leur semblait si avancee par rapport
g, la leur; elle opposa ainsi aux théories scolastiques, d4sormais
condamnees comme barbares, des affirmations qu’elle Jugeait pro-
pres & &re accept6cs comme trbs vraisemblables par des gens fami-
Ilers avec la bonne litterature; il lui fut ainsi impossible d’indiquer
la voie sur laquelle se sont engagés tes hommes de notre temps
pour acqukrir les connaissances regardées aujourd’hui comme étant
i. Au x1.11. siecle les carthiens eurent beaucoup h faire pour essayer d’accom-
lnoder leur theorie de la matuere au dogme de la presence delle.
2. Les chretiens qui sutraient les princlpes de la we spirituelle, s’Inspiraient
plus directement des moralistes grecs, puisque toute leur philosophle consik
tait dans un code de l’ascbtisme, destine B rendre l’homme parfalt chrdtien et
B lui-procurer la paix parfaite. 584 REVLL DE MILTAPHYSIQUE ET DE MORALE.
vraiment &rieuses sur la physique, les religtons ou le droit.
Descartes que l’on a si souvent représente comme le premier
maitre moderne, est tout B fait un ancien dans son attitude devant
la physique : avec beaucoup plus de connaissances qu’Aristote, il
vogue, comme lui, au milieu de ces hypothhsescosmiques que notre
science repousse comme inutiles.
Si la philosophie de la nature subit alors un profond changemen t,
cela tint aux conditions nouvelles de la guerre : les hommes de ce
temps etaient si pr6occupCs des effets obtenus par l’artillerie que le
lancement des bombes prit pour eux une importance aussi grande
que celle qu’avaient eues les rotations des cieux pour les Chaldeensi
on appliqua, en conséquence, aux corps pesants les propriétés qui
avaient jadis cté attribuées aux torps cdestes, c’est-&dire qu’ils
furent reputés éternels et qu’ils conserverent indefiniment leur
qouvement; In matière fut ami diuinisde et grace B cette divinisa-
tion, elle devint apte B fournir l’explication compliite du monde.
Los dissertations de physique génerale n’ont pas cess& dans les
temps modernes, d’&e empreintes de matérialisme.
Les philosophes spiritualistes crurent qu’ils rendraienl un sérieux
service R l

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