Gaudissart II
17 pages
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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième et quatrième livres, Scènes de la vie parisienne et scènes de la vie politique - Tome XII (sic, erreur pour le tome IV). Douzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Savoir vendre, pouvoir vendre, et vendre ! Le public ne se doute pas de tout ce que Paris doit de grandeurs à ces trois faces du même problème. L’éclat de magasins aussi riches que les salons de la noblesse avant 1789, la splendeur des cafés qui souvent efface, et très-facilement, celle du néo-Versailles, le poème des étalages détruit tous les soirs, reconstruit tous les matins 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 46
EAN13 9782824709765
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
GA U DISSART I I
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
GA U DISSART I I
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0976-5
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.GA U DISSART I I
A MAD AME LA P RI NCESSE DE BELGIOJOSO , N ÉE
T RI V U LCE.
   ,   v endr e , et v endr e  ! Le public ne se doute
p as de tout ce que Paris doit de grandeur s à ces tr ois faces duS même pr oblème . L’é clat de mag asins aussi riches que les salons
de la noblesse avant 1789, la splendeur des cafés qui souv ent efface , et
très-facilement, celle du né o- V er sailles, le p oème des étalag es détr uit tous
les soir s, r e constr uit tous les matins  ; l’élég ance et la grâce des jeunes
g ens en communication av e c les acheteuses, les piquantes phy sionomies
et les toilees des jeunes filles qui doiv ent air er les acheteur s  ; et enfin,
ré cemment, les pr ofondeur s, les esp aces immenses et le lux e bab ylonien
des g aleries où les mar chands monop olisent les sp é cialités en les
réunissant, tout ce ci n’ est rien  !. . . Il ne s’agit encor e que de plair e à l’ or g ane
le plus avide et le plus blasé qui se soit dé v elopp é chez l’homme depuis
la so ciété r omaine , et dont l’ e xig ence est de v enue sans b or nes, grâce aux
efforts de la civilisation la plus raffiné e . Cet or g ane , c’ est l’œil des
Parisiens  !. . . Cet œil consomme des feux d’artifice de cent mille francs, des
p alais de deux kilomètr es de longueur sur soix ante pie ds de hauteur en
1Gaudissart I I Chapitr e
v er r es multicolor es, des fé eries à quator ze théâtr es tous les soir s, des p
anoramas r enaissants, de continuelles e xp ositions de chefs-d’ œuv r e , des
mondes de douleur s et des univ er s de joie en pr omenade sur les
Boulevards ou er rant p ar les r ues  ; des ency clop é dies de guenilles au car naval,
vingt ouv rag es illustrés p ar an, mille caricatur es, dix mille vignees,
lithographies et grav ur es. Cet œil lamp e p our quinze mille francs de g az
tous les soir s  ; enfin, p our le satisfair e , la Ville de Paris dép ense
annuellement quelques millions en p oints de v ues et en plantations. Et ce ci n’ est
rien encor e  !. . . ce n’ est que le côté matériel de la question. Oui, c’ est, selon
nous, p eu de chose en comp araison des efforts de l’intellig ence , des r uses,
dignes de Molièr e , emplo yé es p ar les soix ante mille commis et les
quarante mille demoiselles qui s’achar nent à la b our se des acheteur s, comme
les millier s d’ablees aux mor ce aux de p ain qui floent sur les e aux de la
Seine .
Le Gaudissart sur place est au moins ég al en cap acités, en esprit, en
raillerie , en philosophie , à l’illustr e commis-v o yag eur de v enu le ty p e de
cee tribu. Sorti de son mag asin, de sa p artie , il est comme un ballon sans
son g az  ; il ne doit ses facultés qu’à son milieu de mar chandises, comme
l’acteur n’ est sublime que sur son théâtr e . oique , r elativ ement aux
autr es commis-mar chands de l’Eur op e , le commis français ait plus
d’instr uction qu’ eux, qu’il puisse au b esoin p arler asphalte , bal Mabille
(Mabile ), p olk a, liératur e , liv r es illustrés, chemins de fer , p olitique , chambr es
et ré v olution, il est e x cessiv ement sot quand il quie son tr emplin, son
aune et ses grâces de commande  ; mais, là , sur la corde r oide du
comptoir , la p ar ole aux lè v r es, l’ œil à la pratique , le châle à la main, il é clipse
le grand T alle y rand  ; il a plus d’ esprit que D ésaugier s, il a plus de finesse
que Clé opâtr e , il vaut Monr ose doublé de Molièr e . Chez lui, T alle y rand
eût joué Gaudissart  ; mais, dans son mag asin, Gaudissart aurait joué T
alle y rand.
Expliquons ce p arado x e p ar un fait.
D eux jolies duchesses babillaient aux côtés de cet illustr e prince , elles
v oulaient un bracelet. On aendait, de chez le plus célèbr e bijoutier de
Paris, un commis et des bracelets. Un Gaudissart ar riv e muni de tr ois
bracelets, tr ois mer v eilles, entr e lesquelles les deux femmes hésitent.
Choisir  ! c’ est l’é clair de l’intellig ence . Hésitez-v ous  ? . . . tout est dit, v ous v ous
2Gaudissart I I Chapitr e
tr omp ez. Le g oût n’a p as deux inspirations. Enfin, après dix minutes, le
prince est consulté  ; il v oit les deux duchesses aux prises av e c les mille
facees de l’incertitude entr e les deux plus distingués de ces bijoux  ; car , de
prime ab ord, il y en eut un d’é carté . Le prince ne quie p as sa le ctur e , il ne
r eg arde p as les bracelets, il e x amine le commis. ― Le quel choisiriez-v ous
p our v otr e b onne amie  ? lui demande-t-il. Le jeune homme montr e un des
deux bijoux. ― En ce cas, pr enez l’autr e , v ous fer ez le b onheur de deux
femmes, dit le plus fin des diplomates mo der nes, et v ous, jeune homme ,
r endez en mon nom v otr e b onne amie heur euse . Les deux jolies femmes
sourient, et le commis se r etir e aussi flaé du présent que le prince vient
de lui fair e que de la b onne opinion qu’il a de lui.
Une femme descend de son brillant é quip ag e , ar rêté r ue Vivienne ,
devant un de ces somptueux mag asins où l’ on v end des châles, elle est
accomp agné e d’une autr e femme . Les femmes sont pr esque toujour s deux
p our ces sortes d’ e xp é ditions. T outes, en semblable o ccur r ence , se pr
omènent dans dix mag asins avant de se dé cider  ; et, dans l’inter valle de
l’un à l’autr e , elles se mo quent de la p etite comé die que leur jouent les
commis. Ex aminons qui fait le mieux son p er sonnag e , ou de l’acheteuse
ou du v endeur  ? qui des deux l’ emp orte dans ce p etit vaude ville  ?
and il s’agit de p eindr e le plus grand fait du commer ce p arisien,
la V ente  ! on doit pr o duir e un ty p e en y résumant la question. Or , en
ce ci, le châle ou la châtelaine de mille é cus causer ont plus d’émotions
que la piè ce de batiste , que la r ob e de tr ois cents francs. Mais, ô Étrang er s
des deux Mondes  ! si toutefois v ous lisez cee phy siologie de la factur e ,
sachez que cee scène se joue dans les mag asins de nouv e autés p our du
barég e à deux francs ou p our de la mousseline imprimé e , à quatr e francs
le mètr e  !
Comment v ous défier ez-v ous, princesses ou b our g e oises, de ce joli
tout jeune homme , à la joue v elouté e et coloré e comme une pê che , aux
y eux candides, vêtu pr esque aussi bien que v otr e . . . v otr e . . . cousin, et
doué d’une v oix douce comme la toison qu’il v ous déplie  ? Il y en a tr ois
ou quatr e ainsi.
L’un à l’ œil noir , à la mine dé cidé e , qui v ous dit  : ― «  V oilà  ! » d’un
air imp érial.
L’autr e aux y eux bleus, aux for mes timides, aux phrases soumises, et
3Gaudissart I I Chapitr e
dont on dit  : ― « Pauv r e enfant  ! il n’ est p as né p our le commer ce  !. . . »
Celui-ci châtain-clair , l’ œil jaune et rieur , à la phrase plaisante et doué
d’une activité , d’une g aieté méridionales.
Celui-là r oug e-fauv e , à barb e en é v entail, r oide comme un
communiste , sé vèr e , imp osant, à cravate fatale , à discour s br efs.
Ces différ entes espè ces de com

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