humapsy, un combat en psychiatrie...en conversation avec son psychiatre
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Description


Nous avons décidé de nous constituer en association afin de recueillir des idées, des doléances et des témoignages en vue de préparer des propositions que nous soumettrons pour les assises de la psychiatrie.C’est le moment de se mobiliser parce que la loi doit être réformée avant le 1er octobre 2013 suite aux QCP posées par le CRPA.
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« - Impossible, docteur, répondit Fernand sur un ton qui n’admettait pas de réplique. Je suis schizophrène. Et les schizophrènes ne peuvent pas vivre en dehors. Tout le monde sait ça. Il m’arrive de … me prendre pour le pape, vous savez. Vous ne trouvez pas ça drôle?
- Mais non.
- Ben, vous me surprenez! ».
  [Moins]

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Langue Français

Extrait

Association créée par des patients suivis en psychiatrie, inquiétés par le discours du Président de la République à Antony en décembre 2008, la mise en place de la loiHPSTla, puis celle de loisur les soins sans consentement.
Après avoir tenté de nous faire entendre auprès des différentes parties concernées (Sénat, Assemblée Nationale…) par le biais de meeting, manifestations et actions diverses en collaboration avec toutes sortes de professionnels, psychiatres, soignants, hommes de loi, patients, familles, artistes … Nous avons décidé de nous constituer en association afin de recueillir des idées, des doléances et des témoignages en vue de préparer des propositions que nous soumettrons pour les assises de la psychiatrie.
contact : humapsy@mailoo.org
N’hésitez pas à nous contacter pour tous renseignements complémentaires.
C’est le moment de se mobiliser parce que laloidoit être réformée avant le 1er octobre 2013 suite auxQCPposées par leAPRC.
Nous devons prendre part aux débats et nous faire reconnaitre comme interlocuteurs légitimes parles parties concernées.
Serencontrerpourenparler?
C’était le SAMEDI 2 JUIN 2012 au Centre des Congrès de Reims:
FORUM du collectif des 39 contre « La Nuit Sécuritaire ». Pour une psychiatrie fondée sur l’hospitalité
Le dimanche 15 Avril 2012 … C’était au Petit bain ! A Paris.
humapsy
LE FORUM FOU
Merci à tous ceux qui sont passés ce jour là, environ 200 personnes. Merci à ceux qui ont su profiter de cet espace de parole pour partager leurs sentiments, leurs émotions, leurs informations… Merci à ceux qui sont venus de loin, de Paris, de Reims, de tours, de montpellier, des facs, des services de psychiatrie, d’ailleurs, à tous ceux qui n’ont pas pu venir et qui nous ont fait parvenir des témoignages.
Encore tous nos remerciements à tous les PATIENTS, USAGERS, MALADES, HANDICAPES, mais citoyens qui sont venus des cmp, gems, hôpitaux pour partager ce premier rendez-vous. Merci aussi aux professionnels, parents, anonymes, soutiens divers. Merci à tous ceux qui ont collaboré à ce projet un peu Fou, à François pour sa créativité et sa patience.
Merci au Collectif des39contre la nuit sécuritaire pour son soutien. A la VjMIDRIAZet au groupe “POTENTIEL” pour leurs prestations. Aux membres d’humapsy.
Une vidéo:HumaPsyradio libertaire: Sur Ici (diffusion le 13avril2012) Une chanson douce ?acmlreavvuosaç
L’idée de cette association est née dans la tête de quelques agités du bocal, plus communément appelés: tarés, fous, barges ou encore cinglés… Mais aussi schizos, bipolaires, psychos… Mais nous sommes avant tout des hommes, des femmes.
Bref nous voilà, patients suivis en psychiatrie à Reims, dans un service plutôt ouvert vers le monde et non refermé sur lui-même. Depuis fin 2008 nous avons pris part à diverses
manifestations contre les lois envisagées dans le domaine de la psychiatrie à l’époque, avec des professionnels, qui au début ne savaient pas trop de quelle manière recevoir notre présence.
La loi votée le 5 juillet 2011 instaurant des soins sous contrainte même en ambulatoire nous semble liberticide (sachant que certains psychiatres ont communiqué aux commissariats des listes de malades «à risque» au mépris du secret médical). Nous avons aussi par la suite constaté que nombres de services psychiatriques usent de méthodes inhumaines que nous n’avons jamais rencontrées dans notre service, comme des entraves, des camisoles de force, électrochocs (pudiquement cachés sous le terme sismothérapie), isolement, infantilisations, des douches froides, humiliations et autres traitements dégradants…
Nous nous sommes donc donné pour but de défendre et de promouvoir une psychiatrie plus humaine où les patients sont traités dans le respect de la dignité et non comme des sous-hommes que l’on pourrait maltraiter à l’envie.
Le plus dur reste à faire, quelques idées en vrac: aller dans les différents services pour parler avec les patients de leurs conditions d’hospitalisation et leur communiquer les adresses et les horaires des lieux (Gem, clubs, associations) vers lesquels ils peuvent se tourner pour rompre l’isolement ou au moins passer du temps hors des murs. Ou encore: regrouper des témoignages d’éventuels maltraitances ou abus de pouvoir, mais aussi écouter, conseiller et rassurer. Nous voulons aussi porter la voix du plus grand nombre auprès des autorités représentatives afin de faire évoluer les mentalités et faire changer les regards sur cette branche de la médecine.
En outre, forts de nos expériences personnelles, persuadés que l’expression a des vertus thérapeutiques , nous aimerions développer un réseau pour à la fois diffuser et soutenir les talents sous toutes leurs formes qui nous seraient révélés.Par le biais d’exposition, de diffusions radiophonique ou de court-métrages, d’éditions diverses, de manifestations, de vitrine virtuelle (web)…
TaggedHUMAPSY REIMS CHAMPAGNE PARIS PSYCHIATRIE GEM ARTAUD
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Par courrier postal:
Humapsy 19 rue aubert 51100 Reims
ou par mail :
humapsy@mailoo.org
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Extrait
Fernand est en conversation avec son psychiatre, le Dr Saad.
.. Le docteur Saad demanda à Fernand Charbonneau :
« - Est-ce que vous vous plaisez sur votre unité actuelle? »
Fernand aspira une longue bouffée de cigarette puis rejeta la fumée qui forma un léger nuage entre lui et le Dr Saad.
« - Pas trop mal! Pas trop mal! Mais je trouve que le préposé qui fait le service des cabarets au dîner met beaucoup de légumes dans les assiettes. Au souper, c’est moins pire … Mais c’est pas le même préposé. - Ah, bon! - Vous savez, docteur, reprit Fernand, au fait … vous êtes ben un docteur? »
Le docteur Saad posa sur lui un regard interrogateur.
« - Mais oui … - Le docteur … quoi? - Saad! Docteur Saad. - Quoi? “Sale”? - Non. “S-A-A-D”! - Ah, bon! Je m’excuse, Docteur! Encore cette maudite oreille gauche …qui me joue des tours. Alors, vous êtes le docteur Saad, et vous êtes psychiatre. Ça fait combien de temps que vous travaillez ici? »
Le docteur Saad réfléchit quelques secondes avant de déclarer :
«- Ça fait … Mais oui! Ça va bientôt faire trois mois, monsieur Charbonneau. J’espère que ça ne vous dérange pas. - Mais non! Au contraire. Ça me déplaît pas du tout. Sauf que moi, ça fait dans les vingt-cinq ans … - Vingt-sept, corrigea le docteur Saad, pour être précis. C’est la preuve que vous vous plaisez vraiment dans ce département? - Vous savez que je suis fou, moi … Vous le savez certainement parce que c’est écrit dans mon dossier et qu’on vous paie pour le savoir …Et on vous paie pour écrire dans mon dossier que je suis un «schizophrène paranoïde chronique». Ça veut dire que je suis fou, docteur! L’autre nuit, j’ai vu la Vierge Marie qui descendait du plafond du dortoir; c’était ben Elle, vous savez, et Elle me l’a dit. Elle m’a dit aussi que ma place était ici, à l’asile des malades mentaux, et que j’y passerais toute ma vie … - Avez-vous réellement vu la Vierge, l’interrompit le docteur Saad qui voulait reprendre l’initiative de l’interrogatoire, ou n’était-ce qu’un rêve? - C’était un rêve aussi réel que vous, docteur. Mais peut-être que vous croyez pas en Dieu. Ça, c’est une autre histoire … Voyez-vous, moé, j’ai une mission à remplir sur la terre … - Ah, oui? fit le docteur Saad dont la curiosité à l’égard de ce singulier personnage augmentait de minute en minute. - Je paie pour les péchés du monde. - Que voulez-vous dire? - Y a des gens qui font une mauvaise vie : ils vendent des drogues, courent avec les prostituées, boivent beaucoup d’alcool, et sont quand même heureux. Moé, j’ai rien; je fais rien. Seulement des poids et haltères de temps en temps pour me rendre plus fort et, quelquefois, des mots-croisés pour entretenir mon esprit malade. Je lis un petit peu mais pas beaucoup. ça m’endort. J’ai rien qu’un défaut : je suis fou et malheureux. - Vous êtes malheureux? reprit le docteur Saad. - Pas vraiment. C’est parce que ma mission c’est « d’être malheureux et de souffrir » comme les bonnes sœurs me l’ont toujours dit. Mais vous, êtes-vous heureux? »
Le docteur Saad prit un air songeur et, pendant un moment, il se demanda si, oui ou non, il était heureux. Puis il réalisa qu’il était en train de se perdre dans le délire de son patient et qu’il était grand temps qu’il reprenne le contrôle. Il voulut parler mais Fernand continua son monologue.
« …vous êtes pas heureux, docteur, et je le vois ben dans votre regard, dans votre comportement. Actuellement, vous aimeriez être ailleurs … et non dans ce petit bureau en face de moé … En tout cas, quand on est heureux comme moé d’être à l’asile, on est sûrement fou, vous pensez pas? - Je ne sais pas, murmura le docteur Saad, stupéfait. - Ma tête fonctionne pas comme la vôtre, vous savez. - Et comment! s’exclama le docteur Saad, de plus en plus abasourdi. - C’est vrai. Y a des choses que je suis le seul à voir et entendre; vous, vous les verrez jamais, ces choses, et vous les entendrez jamais, non plus. Je sais des choses que vous savez pas, comme vous savez des choses que je sais pas. Vous sentez aussi des choses que je sens pas. Mais, de nous deux, c’est vous le moins fou … et c’est pour ça que vous
avez une femme, des enfants peut-être, une belle maison, une auto et autant de cigarettes que vous en désirez. Vous avez lu mon dossier avec beaucoup d’attention, hein? - Oui, admit le docteur Saad, qui avait maintenant décidé de se laisser entraîner volontairement dans le dérèglement psychologique de son patient, curieux, tout de même, de constater où cela aboutirait. - Et alors, docteur, en ce qui me concerne, quelles sont vos conclusions? »
Celui-ci était perplexe. Cette entrevue avait pris une tournure dangereuse. Le moindre de ses mots pouvait avoir des conséquences graves sur l’esprit perturbé de Fernand Charbonneau. C’est pourquoi il déclara prudemment et sur un ton serein :
« - Vous savez, monsieur Charbonneau, j’ai découvert une foule de contradictions dans votre dossier. - C’est que, au fil des années, en vieillissant, docteur, ma folie a changé, comme votre façon de voir la vie va changer quand vous allez vieillir. Quand je roule une cigarette, je suis pas fou, et pas plus quand je la fume comme je fais présentement. C’est quand je parle avec vous que « je deviens schizophrène » et c’est ben simple : c’est parce que vous n’arrivez pas à me comprendre. Je pense pas comme vous et j’agis pas comme vous. Quand il m’arrive de faire une bonne affaire, un bon « bargain » avec d’autres patients, j’ai l’impression d’être le plus rusé des marchands. Quand je trouve de la monnaie dans une distributrice, je me sens magicien. Je suis capable de faire apparaître des pièces de cinq sous dans les machines, vous savez, mais pas tous les jours. Cela dépend …
- Après tant d’années passées ici, au Centre Hospitalier Gilbert Savard, vous n’avez jamais pensé, M. Charbonneau, à aller vivre ailleurs, en dehors de cet hôpital? se hasarda à demander le docteur Saad. »
Un sourire ineffable apparut sur le visage hâlé de Fernand et, pendant quelques instants, le Dr Saad lui-même ne put résister à l’emprise séduisante du regard gris posé sur lui. Il y avait, dans ce regard, une simplicité, une humanité, une poésie presque, qu’il n’avait vue chez personne.
« - Impossible, docteur, répondit Fernand sur un ton qui n’admettait pas de réplique. Je suis schizophrène. Et les schizophrènes ne peuvent pas vivre en dehors. Tout le monde sait ça. Il m’arrive de … me prendre pour le pape, vous savez. Vous ne trouvez pas ça drôle? - Mais non. - Ben, vous me surprenez! ».
Source :
Les auteurs
Alain Riouxest psychologue et gestionnaire au Centre Hospitalier Robert-Giffard de Québec. Dans le cadre de ses études de doctorat en psychologie, il s'intéresse depuis
plusieurs années à la schizophrénie et à ses manifestations subjectives.
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Illustration
Jean-Eudes Riouxest romancier et professeur de français à la retraite. Il a publié, en 1983, le romanOù est passé Monsieur Murphy?et en 1980, le romanLe fonctionnaire.Il travaille actuellement sur une quatrième roman:Les tribulations d'Antoine.
Jean Lapointeest un artiste qui participe au ProgrammeVincent et moi.Ses oeuvres illustrent avec sensibilité et poésie le cheminement intérieur du héros du livre. -Version agrandie de la page couverture ...
Vincent et moi
Pour chaque livre vendu, un dollar sera versé au ProgrammeVincent et moi. Vincent et moiest un programme d’accompagnement artistique et de prêt d’œuvres d’art réalisées par des personnes qui reçoivent des soins au Centre hospitalier Robert-Giffard ou dans la communauté. Site Web deVincent et moi: -http://www.rgiffard.qc.ca/vincent_moi/.
Préface
François Bertrand, psychologue Responsable du Programme Vincent et moi -Lire la préface ..
Éditeur
Les Éditions Option Santé, Québec, Québec, Canada Site Web :http://www.optionsante.comCollection : Collection Roman-Santé
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