Inde : au coeur du « Grand Jeu » énergétique

Louis Olivier

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Inde : au coeur du « Grand Jeu » énergétique

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ACTUALITE STRATEGIQUE enASIE

INDE: au cœur du « Grand Jeu » énergétique(1/2)

N°29 29 avril 08

Lorsque énergie rime avec diplomatie et (quasi) frénésie. Alors que la projetdegazoducTAPI(Turkménistan,Afghanis‐ tan,Pakistan,Inde) région bruisse en ce printemps 2008 du son redouté du canon, s’é- branle sous les coups de boutoir de la rébellion et des attentats terroris- projetdegazoducIPI(Iran,Pakistan,Inde) tes (Afghanistan, Sri Lanka, Pakistan) et s’interroge sur les facétieux coups d’arrêt portés au traitement de grands dossiers (cf. nucléaire nord-coréen), l’Asie se révèle également capable de soudaines avancées diplomatiques qu’il convient ici de saluer. Actuellement en visite en Asie méridionale (successivement au Pakistan lundi, puis au Sri Lanka et enfin en Inde), le président iranien Ahmadine- jad en est un témoin privilégié... et intéressé.Dans la capitale pakistanai- Achgabat se Islamabad, en compagnie de son homologue Pervez Musharraf, le Kaboul chef de l’Etat iranien s’est ainsi employé à rappeler la pertinence du pro- Téhéran Islamabad jet régional de gazoducIPI(Iran, Pakistan, Inde), dit « pipeline de la paix » par ses promoteurs en ce qu’il associe, dans une trame énergétique aux Delhi fortes implications stratégiques, les fébriles voisins iraniens, indiens et pakistanais. Ces 2 derniers entretiennent depuis 2004 des rapports certes apaisésetprofiteraient, par la construction d’un pipeline long de 700 km, des généreux sous-sols du champ gazier de South Pars (Iran), pour satisfaire leurs demandes intérieures et, dans le cas indien tout Turkménistan,Afghanistan, TAPI particulièrement, alimenter une croissance économique particulière- Pakistan,Inde e ment gourmande en énergies (l’Inde est déjà le 6consommateur mon- origineSignatured’unMoUen1995 dial de pétrole). longueur1680km Accélérations en série. Longtemps bloqué sur un différend indo- pakistanais relatif aux droits de transit (jusqu’à fin 2007, Islamabad ré- sourceDauletabad(Turkménistan) clamait une redevance de 57 cents parMBTU,New Delhi proposant destinatairefinalFazilka(front.Inde‐Pakistan) pour sa part 15 cents…), le « peace pipeline » suscite à nouveau l’opti- misme de ses principaux promoteurs, diplomates et ministres indiens et coût7.6milliards$ pakistanais étant semble-t-il parvenus le week-end dernier à aplanir cet débutdestravaux2010 égard de redevances jusqu’alors rédhibitoire. « L’accord IPI pourrait se conclure prochainement » s’enthousiasme M. Deora, l’hyperactif minis- entréeenservice2015 tre indien du pétrole et du gaz naturel (The Hindu, 28.04). Une bonne 3 capacité33milliardsm /an nouvelle qui succéda, dans un registre très proche, à une autre annonce collégiale émise peu avant, fédérant elle aussi les pays détenteurs de IPI Iran,Pakistan,Inde gaz naturel, transitaires potentiels et destinataires finaux. origineDébutdesdiscussionsen1994 Renaissance et relance. Réunis en début de semaine dernière dans la longueur2700km fébrile Islamabad, des émissaires indiens, afghans, turkmènes et pakista- nais jetèrent les bases d’un accord énergétique régional ambitieux, initié sourceSouthPars(Iran) lui aussi une douzaine d’années plus tôt : legazoduc Turkménistan- destinatairefinalInde Afghanistan-Pakistan-Inde(TAPI). Esquissé dès 1995 par les gouverne- ments turkmène et pakistanais, il a pour dessein d’extraire des abondan- coût7.6milliards$ tes réserves gazières turkmènes la précieuse ressource naturelle pour débutdestravaux2009 la destiner, en transitant par le territoire afghan, aux marchésdu sous- entréeenservice2013 continent indien. Une entreprise qui se relance à point nommé au prin- 3 temps 2008, période de grande tension sur le cours mondial des hydro- capacité600millionsm /jour carbures (voir graphique ci-contre). On notera avec gourmandise qu’en 1996, un consortium (Central Asia Gas Pipeline Ltd.) piloté par Unocal — société pétrolière américaine —se forma pour défendre la viabilité politi- Evolutionduprixdepétrole que et la faisabilité technique du projet. Deux ans plus tard, les talibans (en$;barildeBrent) afghans, régnant sur Kaboul (jusqu’en 2001), sélectionneront ce consortium au détriment d’un compétiteur brésilien... Après le renverse- ment du régime obscurantiste taliban et le retrait d’UNOCAL du projet, une période de flottement fut observée. Un préaccord confirma en 2002 les (bonnes) intentions d’Achgabat, de Kaboul et Islamabad, avant que la porte ne s’ouvre à l’Inde peu après. Source:www.wtrg.com 1