Jérusalem
138 pages
Français

Jérusalem

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Description

Pierre Loti, agnostique notable, promène son regard dans Jérusalem et nous présente le Saint Sépulcre, la mosquée d'Omar, le Dôme du Rocher, le Mur des Lamentations ou la vallée de Josaphat. Bien qu'il n'y ait pas retrouvé la foi qu'il était venu chercher, il en donne un compte rendu vibrant. Jérusalem est le deuxième volet d'un triptyque, les deux autres étant Le Désert et La Galilée. Extrait : Vraiment, mon livre ne pourra être lu et supporté que par ceux qui se meurent d’avoir possédé et perdu l’Espérance Unique 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 24
EAN13 9782824710938
Langue Français

Extrait

P I ERRE LO T I
JÉRUSALEM
BI BEBO O KP I ERRE LO T I
JÉRUSALEM
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1093-8
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok. , à mes frèr es inconnus, je dé die ce liv r e — qui n’ est
que le jour nal d’un mois de ma vie , é crit dans un grand effortA de sincérité .
P I ERRE LO T I
n
1CHAP I T RE I
O cr ux, av e , sp es unica  !
  !. . . O  ! ’  mourant de ce nom  !. . . Comme il ray onne
encor e , du fond des temps et des p oussièr es, tellement que je meJ sens pr esque pr ofanateur , en osant le placer là , en tête du ré cit de
mon pèlerinag e sans foi  !
Jér usalem  ! Ceux qui ont p assé avant moi sur la ter r e en ont déjà é crit
bien des liv r es, pr ofonds ou magnifiques. Mais je v eux simplement
essay er de noter les asp e cts actuels de sa désolation et de ses r uines  ; dir e
quel est, à notr e ép o que transitoir e , le degré d’ effacement de sa grande
ombr e sainte , qu’une g énération très pr o chaine ne v er ra même plus. . .
Peut-êtr e dirai-je aussi l’impr ession d’une âme — la mienne — qui fut
p ar mi les tour menté es de ce siè cle finissant. Mais d’autr es âmes sont p
ar eilles et p our r ont me suiv r e  ; nous sommes quelques-uns de l’ang oisse
2Jér usalem Chapitr e I
sombr e d’à présent, quelques-uns d’au b ord du tr ou noir où tout doit
tomb er et p our rir , qui r eg ardons encor e , dans un inappré ciable lointain,
planer au-dessus de tout l’inadmissible des r eligions humaines, ce p ardon
que Jésus avait app orté , cee consolation et ce céleste r e v oir . . . Oh  ! il n’y
a jamais eu que cela  ; tout le r este , vide et né ant, non seulement chez les
pâles philosophes mo der nes, mais même dans les ar canes de l’Inde
millénair e , chez les Sag es illuminés et mer v eilleux des vieux âg es. . . Alor s,
de notr e abîme , continue de monter , v er s celui qui jadis s’app elait le
Rédempteur , une vague adoration désolé e . . .
V raiment, mon liv r e ne p our ra êtr e lu et supp orté que p ar ceux qui
se meur ent d’av oir p ossé dé et p erdu l’Esp érance Unique  ; p ar ceux qui, à
jamais incr o yants comme moi, viendraient encor e au Saint-Sépulcr e av e c
un cœur plein de prièr e , des y eux pleins de lar mes, et qui, p our un p eu,
s’y traîneraient à deux g enoux. . .
n
3CHAP I T RE I I
Lundi, 26 mar s.
’   Pâques. Ar rivés du désert, nous nous é v eillons sous
des tentes, au milieu d’un cimetièr e de Gaza. P lus de Bé douinsC sauvag es autour de nous, plus de chame aux ni de dr omadair es.
Nos nouv e aux hommes, qui sont des Mar onites, se hâtent de seller et de
har nacher nos nouv elles bêtes, qui sont des che vaux et des mulets  ; nous
le v ons le camp p our monter v er s Jér usalem.
Pré cé dés de deux g ardes d’honneur , que nous a donnés le p acha de
la ville et qui é cartent de vant nous la foule , nous trav er sons longuement
les mar chés et les bazar s. Ensuite , la banlieue , où l’animation du matin
se lo calise autour des fontaines  : tout le p euple des v endeur s d’ e au est là ,
emplissant des outr es en p e au de mouton et les char g e ant sur des ânes.
Inter minables débris de murailles, de p ortes, amas de r uines sous des p
al4Jér usalem Chapitr e I I
mier s. Et enfin, le silence de la camp agne , les champs d’ or g es, les b ois
d’ olivier s sé culair es, le commencement de la r oute sablonneuse de Jér
usalem, où nos g ardes nous quient.
Nous laissons cee r oute sur notr e g auche , p our pr endr e , dans les
or g es v ertes, les simples sentier s qui mènent à Hébr on. Notr e ar rivé e dans
la ville sainte sera r etardé e de quarante-huit heur es p ar ce détour , mais
les pèlerins font ainsi d’habitude p our s’ar rêter au tomb e au d’ Abraham.
Envir on dix lieues de r oute aujourd’hui, dans les or g es de v elour s,
coup é es de régions d’aspho dèles où p aissent des tr oup e aux. D e loin en
loin, des camp ements arab es, tentes noir es sur le b e au v ert des herbag es.
Ou bien des villag es fellahs, maisonnees de ter r e grise ser ré es autour de
quelque p etit dôme blanchi à la chaux, qui est un saint tomb e au pr ote
cteur .
Sur le soir , le soleil, qui avait été très chaud, se v oile p eu à p eu de
br umes tristes, semble n’êtr e plus qu’un pâle disque blanc  ; alor s, nous
pr enons conscience du chemin déjà p ar cour u v er s le nord.
En même temps, nous sortons des plaines d’ or g es, p our entr er dans
une contré e montagneuse , et bientôt la vallé e de Beït-Djibrin, où nous
comptons p asser la nuit, s’ ouv r e de vant nous.
V raie vallé e de la T er r e Pr omise , où « coulent le lait et le miel ». Elle
est v erte , d’un v ert délicieux de printemps, de prairie de mai, entr e ses
collines, que des olivier s vig our eux et sup erb es r e couv r ent d’un autr e v ert,
magnifiquement sombr e . On y mar che sur l’ép aisseur des herbag es, p ar mi
les anémones r oug es, les iris violets et les cy clamens r oses. Elle est r
emplie d’un p arfum de fleur s et, au centr e , mir oite un p etit lac, où b oiv ent à
cee heur e des moutons et des chè v r es.
Sur l’une des collines, est p osé le vieux p etit villag e arab e où l’ on
ramène p our la nuit des tr oup e aux innombrables  ; tandis que l’ on dr esse
notr e camp , sur l’herb e haute et fleurie , c’ est de vant nous un défilé sans
fin de b œufs et de moutons, qui montent s’ enfer mer là , der rièr e des mur s
de ter r e , et que conduisent des b er g er s en longue r ob e et en turban, p
ar eils à des saints ou des pr ophètes  ; des p etits enfants suiv ent, p ortant
av e c tendr esse des agne aux nouv e au-nés. Les der nièr es, v ont s’ eng
ouffr er entr e les étr oites r ues de b oue sé ché e , plusieur s centaines de chè v r es
noir es, qui cheminent en masse comp acte , comme une longue traîné e
in5Jér usalem Chapitr e I I
inter r ompue , d’une couleur et d’un luisant de corb e au  ; c’ est inouï, ce que
ce hame au de Beït-Djibrin p eut contenir  !. . . Et, au p assag e de toutes ces
bêtes, une saine o deur d’étable se mêle au p arfum de la tranquille
camp agne .
La vie p astorale d’autr efois est ici r etr ouvé e , la vie biblique , dans toute
sa simplicité et sa grandeur .
n
6CHAP I T RE I I I
Mardi, 27 mar s.
   du matin, quand la nuit pèse de sa plus grande
ombr e sur ce p ay s d’arbr es et d’herbag es, de longs cris chan-V tants e xtrêmement plaintifs, e xtrêmement doux, p artent de
Beït-Djibrin, p assent au-dessus de nous, p our se rép andr e au loin dans
le sommeil et la fraîcheur des camp agnes  : app el e x alté à la prièr e , r
emettant en mémoir e aux hommes leur né ant et leur mort. . . Les muézins, qui
sont des b er g er s, deb out sur leur s toits de ter r e , chantent tous ensemble ,
comme en canon et en fugue — et toujour s c’ est le nom d’ Allah, c’ est le
nom de Mahomet, sur pr enants et sombr es, ici, sur cee ter r e de la Bible
et du Christ. . .
Nous nous le v ons à l’heur e matinale où sortent les tr oup e aux p our
se rép andr e dans les prairies. La pluie , la bienfaisante pluie , inconnue
7

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