Maya l Arbre Guaimaro et Monsieur 1
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Maya l'Arbre Guaimaro et Monsieur 1

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Description

Rencontre entre un arbre Guaimaro et un monsieur dans la jungle colombienne en 2019.

Informations

Publié par
Publié le 04 février 2020
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maya L’Arbre Guaimaro ColombieSierra Nevada Mai 2019 Écrit et illustré par Marylou MATHIAS
Voici l’histoire de Maya, l’arbre Guaimaro de Colombie, aussiappelé Noyer-Maya. Maya la Guaimaro se promène à travers la jungle colombienne. C’est une journée d’un ton gris, bien que nous sommes durant la saison sèche.
1
Les oiseaux viennent se poser sur ses branches pour y chanter en tranquillité. Maya apprécie la mélodie des oiseaux et se met à chanter aussi.
2
Dans la forêt, les sons s’intensifient et retentissent de plus belle. Les vibrations réveillent uns à uns les serpents, les singes, les écureuils, les ratons laveurs, les vers de terre et la rivière. Tous, un peu étourdis au début, bougent l’orteil, frétillent des fesses, clignotent des yeux et bientôt la jungle entière danse. Entrainées par le rythme, la rivière accélère son flux et les racines des arbres se développent.
3
Le tronc de Maya pousse, pousse, pousse… Jusqu’à ce que son feuillage touche les plus hauts nuages. Les nuages, abasourdis par la vibration gigantesque, deviennent vaporeux et se détachent les uns des autres.
4
La lumière jaillie sur les feuilles de Maya. Sa canopée devient éblouissante. Toute la forêt profite du bain de soleil. Même les poissons de la rivière tournoient, réfléchissant la lumière en haut puis en bas, jusqu’aux écrevisses qui dorment sous leurs pinces.Surprisespar ce rayonnement intense, elles crient à l’attaque et s’échappent en creusant dans le sol argileux jusqu’à en être totalement recouvertes.
5
L’une d’entre elle trouve l’entrée d’une grotte. Elle se frotte les pinces pour appeler ses camaradesafin qu’ellespuissent toutes se mettre à l’abri. Dans le noir, les écrevisses joignent leurs queues au centre et ne sachant que faire, décident de méditer. Maya dans le ciel est en extase. Elle sourit si fort que sa bouche devient un grand trou noir. Tout là-haut, M.1 passe par là sur sa bécane spatiale. M.1 est un homme droit qui exige des laisser-passer au nom de la loi qu’il s’efforce de faire respecter. Il est intransigeant. Serré dans son costume carré, il ne rate rien et s’il n’attrape pas sur le coup, il se rattrape par lettre recommandée. Il est en possession de milliers de papiers, tenus comme un secret bien gardé, dans son sac fermé à clé.
6
C’est alors qu’il aperçoit au loin, juste à côté d’une étoile scintillante, quelque chose qu’il ne parvient pas à identifier. Intrigué et appliquant son devoir, il décide de se rapprocher. M.1 se fait aspirer par la grande bouche de Maya ! Et poursuit son chemin à l’intérieur du tronc. Il arrive telle une feuille, dans un mouvement de balancement, sur la toile formée par les queues des écrevisses. Il y rebondit comme sur un trampoline. Quittant l’état méditatif dû à la secousse, les écrevisses se mettent en mouvement, laissant retomber M.1 au sol. Atterré, il retire de ses poches, tel un robot, ses milliers de papiers, en baragouinant des mots. Il en sort tellement qu’une fleur multicolore prendforme autour de ses mains. Maya ressent des chatouilles à ses racines. Elle gigote, vibrote, soubresaute et ne tarde pas à perdre en stabilité et en hauteur, pour se retrouver à nouveau dans l’atmosphère terrestre. Le soleil l’attendpour prendre le thé. A l’intérieur de la grotte, la fleur de M.ͳ s’illumine de mille feux.Les écrevisses sont enchantées par le spectacle ! Dans leurs yeux, un arc en ciel se dessine. A en oublier qu’elles ne touchent plus le sol. Il sembleraitmêmequ’elles volent. Et M.1 aussi ! Et les vers de terre ! Et les cloportes ! Et les fourmis ! Et la terre, les feuilles, le bois ! Le soleil fait des blagues pendant que Maya boit son thé. Et voilà qu’elle avale de travers. Ellea comme une touffe d’herbe, toutesèche, coincé dans la gorge. Elle tousse, tousse, tousse jusqu’à extraireune écrevisse qui crie : Eau secousse ! -Un nuage croyant à la soif, fait une danse au-dessus d’elle et quelques gouttes de pluie tombent. Pince-tu-crus, t’as assez ! Queue neni! Et vice, crabement tordu ! Homargod ! -Maya n’a pas tout compris, mais elle a toujours la sensationque l’écorce et l’aubier1ont échangé de placeou qu’un conifères’accroche à sa houppe.Elle continue de tousser, éjectant nos amis un à un.
1 Paƌtie iŶteƌŶe du tƌoŶĐ eŶtƌe le ďois du Đœuƌ et le phloğŵe. L͛auďieƌ est ĐoŶstituĠ de vaisseaux paƌ lesƋuelles l͛eau est aĐheŵiŶĠes des ƌaĐiŶes jusƋu͚aux feuilles.
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M.1 se réveille en sursaut ! Il brandit un papier carré rouge. - Stop, dit-il. Vous ne pouvez pas passer! Je suis le gardien de l’espace, du ciel et de… Il ne se souvint plus… Bref, reprit-il, vous n’avez aucune autorisation pour faire ce que vous faites. Il est interdit d’ouvrir la bouche aussi grande lorsque vous êtes tout en haut. Tout le monde reste immobile,estomaqué. Personne n’a le temps de répondre.D’ailleurs, les écrevisses et les vers de terre n’ont pas le droit d’être sur des nuages, -ni les cloportes ! Vous êtes nés dans le sol forestier, vous devez y rester ! Le temps se fige, le rythme enivré n’estplus. En bas, la forêt devient sombre. Le ruisseau s’estarrêté de couler et les animaux se sont cachés. Maya se sentraccourcir sans qu’elle n’aitle temps d’attraper tousles gaz carboniques à effet de serre qui stagnent la haut en trop grand nombre. CͲʹ c’est o dieux, pense-t-elle très fort. -Elle parvient tout de même à en capturer certains dans sa couronne, qu’elle fera glisser jusqu’à sesinnombrables pieds. On entend alors un bruit sourd, entre craquèlement et démantèlement, suivi d’un pic aigu. Le sol s’aère! Les vers de terre et les cloportes remercient Maya pour son apport de carbone. Cela contribue au décompactage du sol acide de Colombie. Les oiseaux aussi peuvent voler avec aisance, l’atmosphèreterrestre est désengorgée de métaux lourds.
8
Maya réfléchie à une technique pour tenter de parler avec M.1.L’énergietransmise par tout l’écosystème lui donne de l’aplomb. Ce doit être un intellectuel, je vais donc procéder de la même manière. Langage de -Molière activé, ou presque…hihi, rigole-t-elle en son for intérieur.
9
Alors les nuages se glissent sous son feuillage pour la soutenir. M.1 vous semblez être furieux. Pourtant nous chantions simplement. Vous faites -votre travail, mais au-delà de cette fonction, ne ressentez-vous pas un sentiment fantaisiste ? Pour ma part, je me suis sentie grandir car le chant m’a enivré. Alors j’ai poussé. Mes racines sont devenues vigoureuses. Épanouie, mon sourires’est étendu. Par mégardes, vous avez étéaspiré lorsque le vent m’a fait partager son souffle. Écartant les nuages lors de mon passage, la lumière du soleil a jaillie à travers la foret jusqu’à illuminer les poissons, et leurs écailles l’ont réfléchie jusqu’aux écrevisses. Pour se protéger, elles ont creusé le sable et se sont abritées àl’intérieur de mon tronc, juste au-dessus de mes racines. Chatouilles perçues lorsque vous les avez rejoint, je suis redescendue d’un étage et là j’ai dégus-thé avec mon ami le soleil. Riant avec entrain, je me suis quelque peu étouffée. Et voilà comment vous êtes atterris ici. Bien sûr, vous m’arrêtez si je metrompe, mes chers compatriotes, termine Maya avec un regard circulaire envers ses amis. M.1 piétined’impatience après ce long monologue ; il déclare : - Regardez, Madame Maya.J’ai un carton violet pour circulation interdite des écrevisses en dehors du périmètre restreint de la rivière. Un carton jaune car les vers de terre ont stoppés leur travail consistant à fabriquer de l’humus.Et un carton rouge pour présence à quelconque forme humaine non enregistrée au-delà des nuages. Puis un carton…Un des nuages soutenantMaya, attristé par ce discours, décide d’aller se glisser sous M.ͳ.Un autre nuage fait de même et puis un autre jusqu’à ce que M.ͳ soitcontenu de nuages. Vous ne m’aurez pas comme ça! Je n’ai pas besoin de vous. Je dois faire respecter -la loi.
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