Sans une égratignure !
47 pages
Français

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Description

Les aventures rocambolesques et pleines de tendresse d’une famille pas comme les autres, qui, en vacances à Rome, égare ses valises, se perd à Saint-Pierre, et se venge sur les glaces.


Sujets

Informations

Publié par
Publié le 26 février 2016
Nombre de lectures 18
EAN13 9782728923441
Langue Français

Extrait

Chapitre 1
Ça ne commence pas bien !

Où l’on ne comprend pas tout de suite ce qui se passe, où l’on se dit que ça pourrait mal finir avant même que ça ait commencé, où l’on se demande si papa n’aurait pas mieux fait de rester à la maison.
« Biiiiip-biiiiipppppp-bippppppp ! »
La machine se met à sonner ! Une sonnerie stridente, une de ces sonneries qui vous font regretter de ne pas être sourd. Au-dessus de la machine, une lumière rouge commence à clignoter et à tourner sur elle-même, un peu comme le gyrophare d’une voiture de police.
Alors, tous les yeux se tournent vers papa. Lui, seul sous le portique de détection, a l’air bien embêté…
– Videz vos poches, ordonne le douanier avec l’air sympathique d’un pitbull qu’on réveille en lui marchant sur la queue sans lui apporter son petit déjeuner au lit.
– C’est déjà fait, dit papa en montrant trois pièces et un trousseau de clés échoués dans une bassine en plastique.
Le douanier soupire. Visiblement, papa commence à lui poser un problème.
– Retirez votre ceinture !
– Déjà fait ! lui répond papa, trop heureux.
Il a l’air béat du bon élève qui sait faire plaisir à son professeur.
– Hum, s’étonne l’homme en uniforme. Hum, ce doit être votre pantalon.
– Mon pantalon ? répète papa. Mon pantalon ferait sonner le détecteur de métaux ? Vous n’allez peut-être pas me croire, dit papa, demi-sourire aux lèvres et yeux plissés du farceur qui sait qu’il en a une bonne, mais j’ai laissé chez moi ma cotte de mailles, je n’ai qu’un malheureux vêtement de toile qui, je le crois, ne serait d’aucun secours dans un tournoi de chevalerie, mais jamais ne ferait sonner votre terrible engin !
L’homme de loi, le cerbère des frontières, celui qui nous protège des invasions et sait reconnaître la valise à double fond d’un seul coup d’œil, celui qui repère à coup sûr les fraudeurs, les passeurs et tous les méchants de la Terre, cet homme-là ne semble pas, en plus de tous ces dons, être doté de celui de l’humour… Il regarde papa avec l’air du prof qui a senti venir le zéro en dictée, la tête du tigre qui vient de renifler la chèvre qui lui servira de dîner. Il ressemble soudainement au crocodile qui voit s’avancer le nageur imprudent. Le douanier a dans l’œil l’étincelle qui dans le film annonce la tempête et fait comprendre au téléspectateur que le méchant est de sortie.
– Enlevez votre pantalon ! ordonne l’homme en fermant les yeux, sur un ton qui aurait fait reculer Attila et tous ses Huns avec lui.
– Pardon, s’étonne papa, que je quoi ?
– … répond l’autorité soudain faite homme.
– Bon, bon…
Et papa s’exécute. C’est dans un caleçon orné de très jolies petites têtes de nounours et en essayant de garder le maximum de dignité qu’il repasse le portique.
La sonnerie retentit de nouveau !
– Stop ! hurle le fonctionnaire zélé. Ne bougez plus !
Il a l’air de ne pas rire du tout…
– Reculez ! Si ce n’est pas votre pantalon, c’est votre pull. Retirez votre pull, il doit y avoir quelque fermeture Éclair qui fait sonner la machine. Retirez-le et repassez, qu’on en finisse !
Papa semble inquiet. Tout autour de lui, l’aéroport tout entier s’est arrêté et des milliers de paires d’yeux sont braquées sur lui. Nous, avec maman, nous sommes passés sans problème et attendons de l’autre côté d’une vitre. Maman secoue la tête sans rien dire, mais je vois bien qu’elle se demande comment papa a encore pu réussir un truc pareil.
C’est donc en chemise et caleçon que papa repasse pour la troisième fois le portique de sécurité… qui pour la troisième fois se met à sonner !
– Votre chemise !
– Quoi, ma chemise ? demande papa.
– Retirez votre chemise ! crie le douanier.
– Alors là, non ! Je refuse ! répond papa. Je garde ma chemise et ma dignité. C’est tout ce qu’il me reste, vous m’avez pris tout le reste ! Et on n’a jamais vu une chemise faire sonner un portique.
– Vous avez raison, admet le douanier soudain plus calme. Ce ne peut pas être votre chemise, c’est vrai. On n’a jamais vu une chemise faire sonner un portique de détection… Vous avez mille fois raison.
– Ah, vous voyez, dit papa en récupérant son pantalon, nous sommes d’accord !
– Mais alors, si ce n’est pas la chemise, si ce n’est pas le pantalon, si ce n’est pas le pull… Alors, dites-moi ce qui fait sonner ma machine !
– Je ne sais pas, moi, c’est vous le spécialiste, l’homme de l’art !
– Avez-vous une hanche en titane ? demande le douanier.
– Non, répond papa.
– Une rotule en acier peut-être ?
– Pas plus !
– Des broches dans une jambe, des vis dans un bras, des plaques sur le crâne ?
– Non, je suis désolé, je n’ai rien de tout cela, je ne suis malheureusement fait que de chair et d’os et je ne me suis jamais rien cassé.
Le douanier s’assombrit de nouveau. Voilà qui ne semble pas l’arranger. Une rotule métallique et voilà que tout eût été expliqué, un tibia en tungstène et notre homme eût été rassuré. Il tourne autour de papa, l’air suspicieux.
– Vous me mentez, monsieur, vous cachez quelque chose ! Cela ne se passera pas comme ça ! Je vais vous faire arrêter, je vais vous faire disséquer comme une grenouille de laboratoire, je vais vous faire découper en tranches, mais je vais trouver ce qui cloche chez vous et qui fait sonner mon appareil ! S’il le faut, je vous viderai comme un lapin, mais je trouverai !
– Écoutez, s’impatiente papa, j’ai un avion qui part dans un quart d’heure, ma famille est déjà de l’autre côté dans la salle d’embarquement, alors vous allez surtout être très gentil et me laisser passer pour que je puisse prendre mon vol !
Quand les gens sont très en colère, ils réagissent de plusieurs façons : madame Henriette, notre voisine, devient toute rouge ; monsieur Leduin, le prof de sport, lui, il a les oreilles qui se mettent à vibrer et il plisse son nez comme un petit cochon ; papa, il ferme les yeux et il respire comme s’il allait plonger pour traverser la Manche à la nage ; maman, elle penche la tête, elle se gratte l’oreille et elle hausse les épaules… Le douanier, lui, c’est encore autre chose. Ses yeux deviennent énormes et globuleux, comme s’ils cherchaient à sortir de sa tête ! Sa mâchoire se met à claquer comme un volet pas bien accroché un jour de tempête et, avec sa tête, il fait un petit mouvement d’avant en arrière qui le fait ressembler à une poule qui a avalé un ver de travers…
– Allllllerrrrtttttttte ! crie le douanier tout en appuyant sur un gros bouton rouge près de sa machine. Allertttttttttte !
De tous les côtés arrivent alors d’autres douaniers comme lui, mais en beaucoup plus costauds.

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