L’argent
394 pages
Français

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Description

L’Argent est le dix-huitième volume de la série les Rougon-Macquart. L’Argent aborde le thème de la Bourse, de la spéculation financière qui s’y déroule et des scandales qui en découlent. Extrait : Ainsi, il en était là, après la débâcle qui, en octobre, l'avait forcé une fois de plus à liquider sa situation, à vendre son hôtel du parc Monceau, pour louer un appartement : les Sabatanis seuls le saluaient, son entrée dans un restaurant, où il avait régné, ne faisait plus tourner toutes les têtes, tendre toutes les mains. Il était beau joueur, il restait sans rancune, à la suite de cette dernière affaire de terrains, scandaleuse et désastreuse, dont il n'avait guère sauvé que sa peau. Mais une fièvre de revanche s'allumait dans son être 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 57
EAN13 9782824702469
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
L’ARGEN T
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
L’ARGEN T
1876
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0246-9
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
   de sonner à la Bour se , lor sque Saccard
entra chez Champ e aux, dans la salle blanc et or , dont les deuxO hautes fenêtr es donnent sur la place . D’un coup d’ œ il, il p ar
cour ut les rangs de p etites tables, où les conviv es affairés se ser raient coude
à coude  ; et il p ar ut sur pris de ne p as v oir le visag e qu’il cher chait.
Comme , dans la b ousculade du ser vice , un g ar çon p assait, char g é de
plats  :
― Dites donc, monsieur Hur et n’ est p as v enu  ?
― Non, monsieur , p as encor e .
Alor s, Saccard se dé cida, s’assit à une table que quiait un client, dans
l’ embrasur e d’une des fenêtr es. Il se cr o yait en r etard  ; et, tandis qu’ on
chang e ait la ser viee , ses r eg ards se p ortèr ent au-dehor s, épiant les p
assants du tr ooir . Même , lor sque le couv ert fut rétabli, il ne commanda p as
tout de suite , il demeura un moment les y eux sur la place , toute g aie de
cee clair e jour né e des pr emier s jour s de mai. A cee heur e où le monde
1L’ar g ent Chapitr e I
déjeunait, elle était pr esque vide  : sous les mar r onnier s, d’une v erdur e
tendr e et neuv e , les bancs r estaient ino ccup és  ; le long de la grille , à la
station de v oitur es, la file des fiacr es s’allong e ait, d’un b out à l’autr e  ; et
l’ omnibus de la Bastille s’ar rêtait au bur e au, à l’angle du jardin, sans
laisser ni pr endr e de v o yag eur s. Le soleil tombait d’aplomb , le monument
en était baigné , av e c sa colonnade , ses deux statues, son vaste p er r on, en
haut duquel il n’y avait encor e que l’ar mé e des chaises, en b on ordr e .
Mais Saccard, s’étant tour né , r e connut Mazaud, l’ag ent de chang e , à
la table v oisine de la sienne . Il tendit la main.
―  Tiens  ! c’ est v ous. Bonjour  !
― Bonjour  ! rép ondit Mazaud, en donnant une p oigné e de main
distraite .
Petit, br un, très vif, joli homme , il v enait d’hériter de la char g e d’un de
ses oncles, à tr ente-deux ans. Et il semblait tout au conviv e qu’il avait en
face de lui, un gr os monsieur à figur e r oug e et rasé e , le célèbr e Amadieu,
que la Bour se vénérait, depuis son fameux coup sur les Mines de Selsis.
Lor sque les titr es étaient tombés à quinze francs, et que l’ on considérait
tout acheteur comme un fou, il avait mis dans l’affair e sa fortune , deux
cent mille francs, au hasard, sans calcul ni flair , p ar un entêtement de
br ute chanceuse . A ujourd’hui que la dé couv erte de filons ré els et
considérables avait fait dép asser aux titr es le cour s de mille francs, il g agnait
une quinzaine de millions  ; et son op ération imbé cile qui aurait dû le
fair e enfer mer autr efois, le haussait maintenant au rang des vastes
cerv e aux financier s. Il était salué , consulté surtout. D’ailleur s, il ne donnait
plus d’ ordr es, comme satisfait, trônant désor mais dans son coup de g énie
unique et lég endair e . Mazaud de vait rê v er sa clientèle .
Saccard, n’ayant pu obtenir d’ Amadieu même un sourir e , salua la table
d’ en face , où se tr ouvaient réunis tr ois sp é culateur s de sa connaissance ,
Pillerault, Moser et Salmon.
― Bonjour  ! ça va bien  ?
―  Oui, p as mal. . . Bonjour  !
Chez ceux-ci encor e , il sentit la fr oideur , l’hostilité pr esque . Pillerault
p ourtant, très grand, très maigr e , av e c des g estes saccadés et un nez en
lame de sabr e , dans un visag e osseux de che valier er rant, avait d’habitude
la familiarité d’un joueur qui érig e ait en princip e le casse-cou, dé clarant
2L’ar g ent Chapitr e I
qu’il culbutait dans des catastr ophes, chaque fois qu’il s’appliquait à
réflé chir . Il était d’une natur e e xubérante de haussier , toujour s tour né à la
victoir e , tandis que Moser , au contrair e , de taille courte , le teint jaune ,
ravag é p ar une maladie de foie , se lamentait sans cesse , en pr oie à de
continuelles craintes de catacly sme . ant à Salmon, un très b el homme
luttant contr e la cinquantaine , étalant une barb e sup erb e , d’un noir d’ encr e ,
il p assait p our un g aillard e xtraordinair ement fort. Jamais il ne p arlait, il
ne rép ondait que p ar des sourir es, on ne savait dans quel sens il jouait, ni
même s’il jouait  ; et sa façon d’é couter impr essionnait tellement Moser ,
que souv ent celui-ci, après lui av oir fait une confidence , courait chang er
un ordr e , démonté p ar son silence .
D ans cee indiffér ence qu’ on lui témoignait, Saccard était r esté les
r eg ards fié v r eux et pr o v o cants, ache vant le tour de la salle . Et il n’é
chang e a plus un signe de tête qu’av e c un grand jeune homme , assis à tr ois
tables de distance , le b e au Sabatani, un Le vantin, à la face longue et br une ,
qu’é clairaient des y eux noir s magnifiques, mais qu’une b ouche mauvaise ,
inquiétante , gâtait. L’amabilité de ce g ar çon ache va de l’ir riter  : quelque
e x é cuté d’une Bour se étrangèr e , un de ces g aillards my stérieux aimés des
femmes, tombé depuis le der nier automne sur le mar ché , qu’il avait déjà
v u à l’ œuv r e comme prête-nom, dans un désastr e de banque , et qui p eu à
p eu conquérait la confiance de la corb eille et de la coulisse , p ar b e aucoup
de cor r e ction et une b onne grâce infatig able , même p our les plus tarés.
Un g ar çon était deb out de vant Saccard.
― ’ est-ce que monsieur pr end  ?
― Ah  ! oui. . . Ce que v ous v oudr ez, une côtelee , des asp er g es.
Puis, il rapp ela le g ar çon.
―  V ous êtes sûr que monsieur Hur et n’ est p as v enu avant moi et n’ est
p as r ep arti  ?
―  Oh  ! absolument sûr  !
Ainsi, il en était là , après la débâcle qui, en o ctobr e , l’avait for cé une
fois de plus à liquider sa situation, à v endr e son hôtel du p ar c Monce au,
p our louer un app artement  : les Sabatanis seuls le saluaient, son entré e
dans un r estaurant, où il avait régné , ne faisait plus tour ner toutes les
têtes, tendr e toutes les mains. Il était b e au joueur , il r estait sans rancune ,
à la suite de cee der nièr e affair e de ter rains, scandaleuse et désastr euse ,
3L’ar g ent Chapitr e I
dont il n’avait guèr e sauvé que sa p e au. Mais une fiè v r e de r e vanche
s’allumait dans son êtr e  ; et l’absence d’Hur et qui avait for mellement pr omis
d’êtr e là , dès onze heur es, p our lui r endr e compte de la démar che dont
il s’était char g é près de son frèr e Roug on, le ministr e alor s triomphant,
l’ e x asp érait surtout contr e ce der nier . Hur et, député do cile , cré atur e du
grand homme , n’était qu’un commissionnair e . Seulement, Roug on, lui qui
p ouvait tout, était-ce p ossible qu’il l’abandonnât ainsi  ? Jamais il ne s’était
montré b on frèr e . ’il se fût fâché après la catastr ophe

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